Catherine de Médicis, victime de la propagande historique
Ce que vous apprendrez
- Que Catherine de Médicis est LE personnage qui a marqué de son empreinte le XVIe siècle
- Qu’ elle n’est pas la reine noire et malfaisante que l’on croit
- Que le massacre de la Saint-Barthélémy, c’était pas du joli-joli
Épouse d’un roi et mère de trois autres (rien que ça!), Catherine de Médicis (1519 – 1589) traîne depuis longtemps une réputation de « reine noire », tout simplement pour son rôle actif dans les guerres de religion. Mais mérite-t-elle vraiment cette réputation sulfureuse qu’on lui colle sur le dos? La réalité historique est-elle vraiment si manichéenne?
C’est parti!
Catherine fait une entrée fracassante à la Cour de France en épousant le deuxième fils de François Ier, à l’âge de 14 ans. Cette jeune italienne fraîchement débarquée impressionne pour ses qualités physiques et intellectuelles… Surtout, elle apporte dans ses bagages une dot de 100 000 écus d’argent et 28 000 écus de bijoux, une véritable fortune qui lui vaudra beaucoup de jalousie et le surnom peu flatteur de « la Fille des Marchands »… Qu’importe, ce n’est pas une poignée de persifleurs qui va remettre en question les ambitions démesurées de la belle Italienne.
Car Catherine se verrait bien reine de France, mais, hélas, on ne lui fait pas épouser le bon fils de François Ier! C’est bien sûr le grand frère de son mari qui est censé monter sur le trône…
– Ma, yé né vraiment pas dé bol, moi.
Elle bénéficie néanmoins d’un petit coup de pouce du destin quand ce dernier meurt en 1536 alors qu’il n’a que 18 ans… Youpi, c’est maintenant son mari l’héritier de la Couronne de France!
Il ne reste plus qu’à attendre patiemment que François Ier passe de vie à trépas, ce qui arrivera onze ans plus tard. Le fiston du défunt roi sera couronné dans la foulée sous le nom de Henri II de France, alors que Catherine de Médicis vient de fêter son 27e anniversaire.
Douze ans plus tard, Henri II meurt bêtement dans un tournoi, en se prenant une lance en pleine poire. Ça lui apprendra, à ce malotru, de ne pas avoir écouté son épouse qui lui avait pourtant bien dit qu’il se faisait trop vieux pour ce genre de bêtises! C’est maintenant le fils aîné d’Henri II et de Catherine de Médicis, François II, qui s’empare du pouvoir à l’âge de 15 ans.
François II sera-t-il un bon fils qui écoutera les conseils avisés de sa maman pour gouverner le royaume? Non! Ce petit con écarte peu à peu sa mère du gouvernement, lui préférant l’ultra-catholique famille des Guises. Les Guises, c’est un peu ce qui se fait de pire en matière d’ouverture d’esprit. Sans surprise, le pays bascule peu à peu dans une répression tous azimuts des nombreux protestants présents sur le sol français… Pire! L’influence des Guises est telle qu’ils parviennent à exclure le roi du pouvoir politique. En voilà un qui aurait mieux fait d’écouter sa mère! Le pire, c’est que François II ne se rend compte de rien… non, non, merci, tout va bien dans le meilleur des mondes, les Guises sont mes amis et ils sont gentils, je ne vois pas de quoi tu parles.
La conjuration d’Amboise: une exfiltration qui tourne mal
Cette situation énerve légèrement les protestants… Un an seulement après l’arrivée sur le trône de François II, en 1560, des activistes huguenots projettent l’enlèvement du jeune roi dans le but de le ramener à la raison et de le soustraire à l’influence néfaste des Guises! Le projet est culotté et l’issue bien incertaine! L’histoire s’en rappellera sous le nom de la conjuration d’Amboise. Le complot va-t-il réussir?
*** Roulement de tambour ***
…
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Ben non, la conjuration d’Amboise échoue lamentablement. Même pas foutus de kidnapper un gamin de 16 ans, fut-il roi de France, non mais j’vous jure (la prochaine fois, vous mettrez au point une vraie stratégie, les gars. Parce que forcer l’entrée d’un château-fort lourdement gardé avec une poignée d’hommes n’est PAS une stratégie viable.)
Cette tentative d’enlèvement a quand même une vertu: François II comprend enfin que quelque chose ne tourne pas rond dans son royaume. Il va pleurer dans les girons de sa mère qui l’aide à se soustraire de l’influence néfaste des Guises.
Enfin réhabilitée, Catherine de Médicis règne aux côtés de son fils et mène une politique souple et modérée. Son but? Concilier protestants et catholiques, pour que tout le monde vive en harmonie. Bon, l’harmonie, ça semble un peu compliqué, on est d’accord. Que les deux camps arrêtent de s’entre-tuer, ça serait déjà un bon début.
La politique menée par Catherine est donc aux antipodes de la répression sanglante voulue par les Guises. Hélas, quelques mois plus tard, le 5 décembre 1560, François II meurt d’une maladie mystérieuse (empoisonnement? méningite? on ne sait pas.) Il n’a aucune descendance et c’est donc son jeune frère âgé alors de 10 ans, Charles IX, qui prend le relais sur le trône. Outre le chagrin provoqué par la mort de son fils, cela fait les affaires de Catherine de Médicis qui devient régente du Royaume (parce qu’à 10 ans, un gamin est plus fait pour jouer aux Pokemon que diriger un pays, on est d’accord.)
Durant les douze prochaines années, les tensions entre protestants et catholiques s’apaisent peu à peu, même si les Guises, toujours aussi influents, veillent au grain pour mettre de l’huile sur le feu. Le 22 août 1572, quelques jours après le mariage entre la sœur de Charles IX (catholique) et le roi de Navarre (protestant – le futur Henri IV!) , a lieu en représailles un attentat contre le chef du parti des huguenots, Gaspard II de Coligny. Si vous voulez mon avis, les Guises se cachent là-dessous…
Cet attentat met le feu aux poudres et contraint Charles IX a autorisé le massacre de la Saint-Barthélémy… Dans la nuit du 23 au 24 août 1572, des milliers de protestants sont passés par le fil de l’épée.
– Un genre de « Nuit de Cristal » quatre siècles plus tôt, quoi…
– Le film avec Bruce Willis?
– Pfff…
Déterminé à maintenir l’ordre, le roi ordonne l’arrêt des massacres dès le matin du 24 août. Malheureusement, il est trop tard pour enrayer la machine: une folie meurtrière s’empare de tout le royaume. Le bilan est terrible, plus de 10.000 morts.
ALERTE CLICHÉS!
On l’a vu, aussi surprenant que cela puisse paraître, Catherine de Médicis ne souhaitait pas le massacre des Protestants. Toute sa politique depuis des années le prouve. Pourtant, elle est souvent considérée comme l’instigatrice du massacre de la Saint-Barthélémy… Intox? Oui, assurément. C’est une campagne de dénigrement lancée par ses détracteurs et relayée à travers les siècles. Cette contre-vérité historique est même présente sur certaines peintures, où Catherine de Médicis est représentée en veuve noire surplombant un tas de cadavres. Par contre, la participation active d’Henri de Guise ne fait bien sûr aucun doute. Celle de Charles IX et du futur Henri III, les fils de Catherine de Médicis, est un peu plus discutée, mais plutôt vraisemblable…
Épilogue
À la mort de Charles IX en 1574, c’est le troisième fils de Catherine de Médicis, Henri III, qui arrive sur le trône. Lui décide d’écarter définitivement sa mère du pouvoir. Catherine de Médicis meurt à l’aube du XVIe siècle sans être parvenue à réaliser son objectif: celui du concordat religieux. Elle tentera également toute sa vie de lutter contre une funeste prophétie de son astrologue, mais ce fut peine perdue! (le lecteur curieux pourra poursuivre sa lecture sur le sujet: L’étrange prophétie de Ruggieri concernant la mort de Catherine de Médicis).
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Intéressant
il faut se méfier de l’histoire qui véhicule des fois des idées fausses.
Ca m’a permis d’en savoir plus sur cette période en tout cas.
[…] « Celle d’Henri IX et du futur Henri III » […]
Charles IX conviendrait mieux 😉
Bonne année à tous
Oups, boulette!
Merci pour la correction de cette étourderie 😀
Qu’on le veuille on non, Catherine de Médicis est mêlée au massacre de la Saint-Barthélémy. Elle est contrainte d’abandonner sa politique de concorde à cause des évenments dans le Royaume, et se rabat sur une politique plus violente et radicale.
Donc elle n’est pas toute noire, mais pas toute blanche non plus…
Ben oui, si tout était tout blanc ou tout noir, ca serait pas drôle du tout…
Alors je n’aime point les les gens qui comme kali la rennit un peut car elle a une cours qui l’a influencer et en plus c’est les catholiques le soire du mariage d’Henri de Navarre avec la fille de Catherine de Médicis , qui sont entrés dans une folie meurtrière et dans les siecles on l’a mêler dans a ce massacre et aussi on la traite d’empoisonneuse je ne supporte pas que l’on puissent dire des propos comme ça pour l’une des grandes reines qui a penser à tout prix à la paix dans son royaume et pour son peuple.
L’article est intéressant et j’ai beaucoup aimé la petite citation des Djinns. 😉
Ah ah! Merci beaucoup!
Heureux que le petit clin d’oeil à mon pseudo ne soit pas passé inaperçu!
Juste pour info, Catherine de Medicis est également la mère de Marguerite, mieux connue sous le nom de reine Margot.
Ceci vient s’ajouter à son pedigree!
Bien vu! La reine Margot qui était elle-meme l’epouse d’Henri IV.
Donc si on résume, Catherine de Medicis:
– a épousé un roi (Henri II)
– a donné naissance à 3 rois (Francois II, Charles IX, Henri III)
– est elle-meme régente du royaume de 1560 à 1563
– a donné naissance à une reine de France (la reine Margot, épouse d’Henri IV)
– sa cinquième fille, Élisabeth, est quant à elle reine d’Espagne!
Ça fait beaucoup pour une seule femme!
« Cet attentat met le feu aux poudres et contraint Charles IX a autorisé le massacre de la Saint-Barthélémy… » à autoriser !
« (…) meurt à l’aube du XVIème siècle »
Catherine de Médicis étant morte en 1589, ce ne serait pas plutôt à la FIN du XVIème siècle ?
La Saint-Barthélémy vue par Catherine de Médicis
« A Monsieur le Roy Catholique,
Monsieur, vous ressentez certainement comme nous le bonheur que Dieu nous a fait de nous donner le moyen au Roi mon fils de se défaire de ses sujets rebelles à Dieu. […] Nous sommes sûrs que vous en louerez Dieu avec nous, tant pour vous, que pour le bien qui en reviendra à toute la chrétienté […] et au service et honneur et gloire de Dieu. »
Extrait d’une lettre de Catherine de Médicis à Philippe II d’Espagne, en 1572, après la Saint-Barthélemy.
In Hachette, A monde ouvert. Histoire. Cycle 3 niveau 2, 1996