Tsutomu Yamaguchi, l’homme qui survécut à deux bombes atomiques
Y’a des gens, comme ça, dont on ne saurait trop dire s’ils sont les hommes les plus malchanceux au monde ou, au contraire, s’ils ont le cul bordé de nouilles. Vous ne voyez absolument pas ce que je veux dire? Alors l’histoire de Tsutomu Yamaguchi (山口 彊 pour les intimes) devrait vous éclairer…
Tsutomu Yamaguchi est âgé d’une petite trentaine d’années lorsqu’il est à Hiroshima pour affaires, un certain 6 août 1945… Son employeur, Mitsubishi Heavy Motors, peut être fier de lui: depuis 3 mois qu’il est dans la ville, il a passé de beaux et juteux contrats et c’est le cœur léger qu’il s’apprête enfin à rentrer chez lui avec ses deux collègues de travail.
7h45 du matin. Fringant et joyeux, Tsutomu sort de son hôtel et se dirige vers la gare la plus proche.
8h00 du matin. Il réalise qu’il vient d’oublier ses papiers au bureau. Gros coup de stress, il fait demi-tour en courant, se demandant s’il parviendra à monter dans le prochain train malgré ce contre-temps.
8h15 du matin. Le bombardier américain Enola Gay vient de larguer Little Boy, le surnom très sympathique donné à la toute première bombe nucléaire de l’Histoire lâchée sur une population civile.
Au loin, Tsutomu voit un étrange objet tomber du ciel à seulement 3 kilomètres de lui. Deux petits parachutes amortissent sa chute. Le temps semble s’être arrêté l’espace de quelques secondes. Bientôt, le ciel devient blanc, comme un énorme flash d’appareil photo boosté aux stéroïdes. Et puis… plus rien.
♪ Que se passe-t-il? J’n’y comprends rien. Y’avait une ville, il n’y a plus rien… ♫ (Il y avait une ville, Claude Nougaro)
9h00 du matin. Tsutomu ouvre les yeux. Depuis combien de temps est-il allongé là, au milieu des gravats? Aucune idée. Un bourdonnement insupportable l’empêche d’entendre quoi que ce soit autour de lui. Peu à peu, il remet ses idées en place. Le corps meurtri et couvert de blessures, il rampe vers un abri de fortune pour se mettre en lieu sûr.
En l’espace de quelques secondes, Hiroshima vient d’être rayé de la carte. Bienvenue dans l’ère de la destruction massive! Mais la mort n’a pas voulu de Tsutomu Yamaguchi. Il devient un hibakusha, nom donné aux survivants des bombardements d’Hiroshima et de Nagazaki, et ne fait pas partie des 140.000 victimes (voire 250.000 selon les sources) que Little Boy a fauchées ce jour-là.
Tsutomi panse rapidement ses plaies, se remet incroyablement vite d’aplomb et rentre dès le lendemain chez lui, à… Nagazaki. Pour s’y reposer? Non! En bon japonais qui se respecte, il retourne bosser pour son vénérable employeur deux jours à peine après la tragédie.
Nagazaki, le 9 août 1945.
11h00 du matin. Tsutsomi Yamaguchi, les mains encore tremblantes, raconte à son supérieur l’horreur de la scène qu’il a vécu trois jours plus tôt. C’est le moment que choisit le bombardier américain Bockscar pour larguer Fat Man au-dessus de la ville.
Cet honnête Japonais est pour la seconde fois de sa vie plongé dans l’enfer d’un bombardement atomique. 70.000 victimes sont à déplorer cette fois. Aura-t-il autant de chance qu’à Hiroshima et sortira-t-il indemne de ce carnage? Oui! Du moins, physiquement…
Tsutsomi Yamaguchi est officiellement le seul être humain au monde a avoir survécu à deux bombes atomiques. Il meurt 65 ans plus tard, le 4 janvier 2010, à l’âge de 93 ans.
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eh ben ! quand ça veut pas… 😯
Dans le même genre d’idées, une certaine Violet Jessop qui était hôtesse d’accueil à bord du Titanic a été une survivante de la catastrophe (jusque là, rien de bien particulier).
Sauf qu’elle était également à bord du Britannic, le bateau jumeau du Titanic qui sombra lui aussi!
Et pour couronner le tout, elle était à bord lord de la collision d’un troisième énorme paquebot, l’Olympic.
La pendante occidentale de Tsutomu Yamaguchi!
La seconde ville ne se nomme pas « Nagazaki » mais « Nagasaki », avec un « s » prononcé en tant que tel (à prononcer « Nagassaki », donc).
Certes, un « s » entre deux voyelles se prononce « z », mais cela ne vaut que pour les mots français, ce qui n’est pas vraiment le cas de « Nagasaki » (ni, d’ailleurs, de « wasabi », qui se prononce donc « wassabi » et non « wazabi »).