C’est quoi donc, un hapax?
Un hapax est un mot que l’on ne retrouve qu’une seule fois dans la littérature. Étrange concept, n’est-ce pas? Pourtant, des hapax, on en rencontre beaucoup!
Un des hapax les plus connus est le mot ptyx. Ce mot n’a été employé qu’une seule fois par Stéphane Mallarmé (1842 – 1898), et celui-ci n’a jamais laissé le moindre indice sur sa signification:
Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L’Angoisse ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore
Sur les crédences, au salon vide: nul ptyx,
Aboli bibelot d’inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.)
(..)
Si vous voulez mon avis, Mallarmé s’est lancé dans un poème avec des rimes en -yx et il est tombé à court de rimes en cours de route! Allez hop, que j’te place un p’tit hapax ni vu ni connu pour sortir de cette situation très embêtante!
Étudions un autre exemple, plus proche de nous celui-là: l’adjectif abracadabrantesque. Rappelez-vous, c’est Jacques Chirac qui l’emploie lors d’une interview télévisée en septembre 2000 pour qualifier les accusations de financement occulte du RPR. Cet adjectif est-il un hapax? Non! Il était déjà employé 150 ans plus tôt par Rimbaud, dans son poème Le cœur supplicié et surtout, le mot s’est retrouvé sur toutes les lèvres dès le lendemain. Difficile, donc, de parler d’une unique utilisation dans ce cas particulier!
Ô flots abracadabrantesques
Prenez mon cœur, qu’il soit sauvé.
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs insultes l’ont dépravé !
Mais alors, quelle est la différence entre un néologisme et un hapax? C’est très simple, tous les deux sont des mots inventés par un homme de lettres. Si le mot rencontre du succès et qu’il est repris par d’autres, il devient un néologisme. S’il fait un flop et que personne ne s’en ressert plus jamais, c’est un hapax.
La langue française est décidément pleine de surprises!
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Un néologisme solitaire est donc un hapax.
Joli, je ne connaissais pas ce mot!
Donc si je comprends bien, en théorie, la « bravitude » est un hapax.
Lorsqu’on en parle c’est toujours en référence à la petite phrase sur la grande muraille, non?
Sauf si un jour quelqu’un l’a utilisé dans le sens « voulu » par l’auteure (si quelqu’un a des sources) auquel cas c’est un néologisme.
« Comme le disent les Chinois : qui n’est pas venu sur la Grande muraille n’est pas un brave, et qui vient sur la Grande muraille conquiert la bravitude »
Segolene Royale, 7 janvier 2007, lors d’une visite diplomatique sur la grande muraille de Chine.
Des barres de rire!
Mais je penche plus sur un néologisme, puisqu’ensuite plein de gens l’ont remploye pour se foutre de la gueule de Sego.
C’aurait été un hapax si jamais personne ne l’avait re-employé.
J’ai juste?
Pour être complet, le mot hapax vient du grec ἁπαξ qui signifie une seule fois. On en trouve pas d’ailleurs dans la litterature grecque ou latine (pas toujours voulu par l’auteur).
dans l’Ancien Testament, il y a des hapax ( écrit en hébreu), et mot difficilement traduisible avec notre vocabulaire
Le Jérimadeth de Victot Hugo en est-il un, né sous la plume du Victor comme le ptyx sous celle du Stéphane.
Exactement, c’est d’ailleurs une énigme qui a posé problème durant bon nombre d’années. Et si l’envie nous prend d’aller faire un tour outre-manche, ce cher Charles Dodgson (ou Lewis Caroll pour les intimes) a créé un nombre conséquent d’hapax dans son poème du Jabberwocky.
le mot abracadabrantesque a été écrit par J.N.Arthur Rimbaud en 1870 ou 1871, repris par J. Chirac (inspiré par D de Villepin).
Ce mot avait déjà été publié dans un roman de Mario Proth, les vagabonds publié en 1865. Mario Proth, 1832- 1891 : journaliste, écrivain et critique littéraire sous le pseudonyme Ernest Proth, moins connu maintenant que le poète merveilleusement inspiré que fut Rimbaud .
Chercher Mario Proth , roman « Les Vagabonds » sur Internet