C’est un fait, la police d’écriture Comic Sans MS fait l’unanimité contre elle. La pauvre.
Haïe par des millions de graphistes à travers la planète, elle a même été incluse dans la liste des 50 pires inventions de tous les temps dressée par le très sérieux magazine Time.
Utiliser cette police sur un document – que ce soit dans le cadre professionnel ou personnel, c’est faire montre d’un amateurisme flagrant et nous expose à la risée de tous nos collègues et/ou amis. Comble du ridicule, la Comic Sans MS fut créée par un certain Vincent CONNARE…

Mais pourquoi tant de haine? Retour sur l’histoire d’une police qui déchaîne les passions.

En 1994, Microsoft se lance dans le projet un peu débile d’offrir une version de Windows qui soit accessible à tous (notamment aux enfants), sans qu’il soit nécessaire d’avoir la moindre notion en informatique. Il est vrai que l’interface de Windows 95 est austère et son fonctionnement peu intuitif… Le projet s’appelle Microsoft BOB (un nom débile pour un projet débile, c’est raccord) et ne survivra que quelques mois avant d’être jeté définitivement aux oubliettes.

Cachez ce Comic Sans que je ne saurais voir

Un certain Vincent CONNARE fait partie du projet. Il a en charge de créer un écran d’accueil avec un petit chien cartoonesque qui s’adresse aux utilisateurs dans une bulle de texte. Le problème, c’est que la police utilisée alors est le Times New Roman, jugée bien trop austère et peu dans l’esprit du projet. Monsieur CONNARE (j’adore) se met alors en tête de créer une nouvelle police qui soit plus attrayante, un peu dans le style des comics des années 80, ces bandes dessinées américaines très populaires. Ainsi naquit Comic Sans MS.

Jusque là, aucun problème à l’horizon. Cette police est clairement destinée aux enfants pour embellir les bulles de texte à l’écran.
Mais les choses dérapent très vite… le projet Microsoft BOB est rapidement jeté aux oubliettes mais la police, elle, est jugée de bonne qualité par Microsoft qui l’intègre par défaut dans son système d’exploitation. Bientôt, les gens l’adoptent en masse et l’insèrent dans leurs créations « graphiques » faites maison. Tracts, publicités, menus de restaurant… en quelques années, la Comic Sans envahit tout notre espace visuel. Microsoft et d’autres éditeurs tiers surfent sur cette vague populaire: messageries instantanées, mails,… il n’est décidément plus possible d’y réchapper.

Des voix commencent à se faire entendre pour arrêter l’expansion frénétique de cette police. Jugée puérile, ne possédant ni version italique ni gras, ayant un alignement des caractères irréguliers… la Comic Sans MS cumule les mauvais points. En 1999, un mouvement signé par des milliers d’internautes demande son éradication pure et simple. Et son créateur d’être pointé du doigt pour avoir inventé cette « immondice ».

– Hé, les gars, j’y suis pour rien, moi! A la base, c’était destiné à une interface pour ENFANTS!

Le pauvre CONNARE (j’adore bis) se défend comme il peut, allant même jusqu’à publier un manifeste de 40 pages pour défendre son « œuvre ».
Et c’est ainsi que, d’une popularité extrême à la fin des années 90, la Comic Sans MS tombe dans une disgrâce absolue dans les années 2000.
Devenue d’une banalité affligeante, ne possédant pas de personnalité susceptible de faire passer ou d’incarner une marque ou un message, elle est aujourd’hui la risée des graphistes du monde entier.

Malgré tout, des vestiges de sa gloire passée subsistent encore… Hé oui, la Comic Sans MS est encore installée dans nos machines et certains, par méconnaissance sans doute de son histoire chaotique, continuent à s’en servir, à la maison comme au boulot, parfois même sur des documents officiels.
Ces utilisateurs se rendent-ils compte à quel point ils sont la risée de tous ceux qui connaissent cette histoire? Probablement pas…