L’origine étonnante du mot travail… et les problèmes qui en découlent !
Scène de la vie ordinaire
Le réveil sonne, le lit est chaud, la chambre est froide. À tâtons, vous cherchez le bouton snooze de votre réveil et tentez de profiter des cinq dernières minutes d’un sommeil salvateur.
Et puis, le coussin tatoué sur la joue, vous vous arrachez enfin de la chaleur réconfortante de la couette. Fais ch***, faut aller bosser.
Vous vous levez de mauvais poil, comme tous les matins.
Ne pensez pas être le seul à ressentir ce sentiment de lassitude (que dis-je, de désespoir!)… Eh oui, il est bien normal, ce malaise typique des jours de boulot: le travail est inhumain et c’est l’histoire de ce mot qui nous le dit!
Des origines du mot travail
Le travail anime les jours de l’homme depuis la nuit des temps: dès qu’il a été capable de cultiver, élever des animaux ou fabriquer des objets, l’homme s’est mis en tête de bosser, bosser, encore bosser! Certes, pas de métro ni de réveil matin qui vous dézinguent les oreilles au temps des premiers hommes mais, déjà, il fallait travailler dur. Les premiers écrits n’étaient d’ailleurs pas consacrés à de la veine littérature poétique: les tablettes d’Uruk IV qui datent de -3300 environ (on peut les admirer au musée du Louvre), par exemple, étaient uniquement destinées à comptabiliser les mouvements de denrées, de bétail et du personnel. Passionnant…
On s’en serait douté, le mot travail vient du latin. Mais, là où ça devient intéressant, c’est qu’il n’est pas tiré du mot signifiant travail (labor, laboris), mais d’un autre terme au sens bien différent: le tripalium. Qu’est-ce donc que ce tripalium? Tout simplement… un instrument de torture! Le mot est composé de « tri » (« trois ») et de « palus » (« pieu »). Sorte de croix de Saint-André avant l’heure, il était surtout utilisé pour dompter les esclaves jugés trop paresseux. Charmant.
Tripalium va suivre son bonhomme de chemin dans le monde merveilleux de l’évolution linguistique et passer par différentes formes toutes aussi barbares les unes que les autres: tripalyo en latin vulgaire, trebayo à la fin du IVe siècle, trevalyo deux siècles plus tard, puis enfin travail, dès le début du VIIe siècle.
L’idée de souffrance inhérente au concept du travail, les mecs du Moyen-Age l’avaient bien compris: au XIIème siècle, le mot désigne un tourment ou une souffrance physique.
C’est d’ailleurs depuis cette époque qu’on dit d’une femme enceinte qu’elle est « en plein travail ». Bon, l’idée d’enfantement est attendrissante, certes, mais soyons bien clairs à ce sujet: les cris, la douleur, le sang, l’expropriation brutale d’un corps au prix du déchirement de la chair… Est-ce vraiment très réjouissant?
Et aujourd’hui?
Certes, aujourd’hui, il n’y a point de tripalium dans vos bureaux ou vos open-space (si c’est le cas, fuyez). Ceci dit, la chaise à la mousse affaissée, inconfortable, qui grince et qui détruit jour après jour vos lombaires, bien que moins encombrante, pourrait à juste titre recevoir le qualificatif d’instrument de torture… Et que dire du travail aliénant sur les chaînes de production, de la pression psychologique sur les épaules du commercial qui n’arrivent pas à remplir ses objectifs, du stress de l’ingénieur obligé de travailler la nuit pour tenir les délais, du désarroi de la caissière de Prisunic qui subit remarques désobligeantes des clients ET de son chef, de l’angoisse de l’artisan qui croule sous les charge sociales…
C’est du travail, ça? Ou de la put*** de torture digne du tripalium?
Donc non, ne culpabilisez plus d’être démotivé le matin quand il vous faut vous lever. Bras tendus pour éviter une éventuelle collision, démarche mal assurée, corps engourdi suite à une nuit agitée par les tracas professionnels… Vous êtes épuisé d’avance, rien qu’à penser à la semaine de boulot qui vous attend.
C’est NORMAL.
« IL » est partout, et à tous les âges de la vie.
Sur les bulletins, les profs se plaisent à souligner le “manque de travail”, à la maison on râle à cause… du travail, à la retraite on regrette… le travail. Toute personne encore en activité, doutera bien entendu de cette petite marque d’hypocrisie socialement bienvenue. Mais elle évite aux retraités de ne pas trop s’attirer la jalousie de ceux qui sont obligés de se lever le matin et qui croient que « la peur de l’ennui est la seule excuse au travail » comme l’a écrit Jules Renard et qui rêvent en fait de se la couler douce.
Bref, de la prime enfance au dernier instant de la vie de l’homme, le travail tracasse tout le monde.
Avec l’arrivée des nouvelles technologies, les téléphones portables, les mails, les téléphones portables connectés, le monde du travail va toujours plus vite, et surtout il s’invite dans nos maisons et ne se cantonne plus forcément à la sphère professionnelle. Où que l’on soit, même en vacances, les joujoux high-techs permettent de recevoir les lol-cats hilarants de son collègue blagueur et les compte-rendu barbants de la réunion trimestrielle manquée. Tristesse.
Il vous suffit de taper les mots-clefs « déconnecter » et « travail » dans le moteur de recherche de votre choix pour voir apparaître un nombre incalculable de forums sur lesquels viennent chercher conseils ces accros au travail et de sites de développement personnel qui vous donnent les clefs de cette déconnexion.
« Le travail, c’est la santé », qu’il disait. Mouais… La médecine du travail et le gouvernement luttent activement contre les troubles musculo-squelettiques et le mal-être au travail. Le travail tue, c’est certain. Ou du moins, il ne fait pas du bien.
« Ne rien faire, c’est la conserver », qu’il disait…
Assez paradoxalement, quand on n’en a pas, le travail nous manque. Ce n’est pas pour rien que le chômage est aujourd’hui en tête des préoccupations des Français. Ceci pour des raisons pécuniaires évidentes, naturellement.
Sans travail, on meurt. Avec du travail, on souffre.
(des fois, on aimerait juste être ce petit chaton qui dort innocemment dans une pantoufle)
(ou une autruche? C’est bien, les autruches.)
Mais nombre de salariés sont contents de retrouver le travail même après des vacances ou un arrêt maladie un peu trop prolongés: n’avez-vous jamais entendu ce collègue vous dire qu’il « commençait à s’emmerder chez lui »? Il n’y a pas d’aspect financier qui rentre en jeu dans ce cas. Uniquement le plaisir de retrouver ses collègues, un environnement connu, du lien social. Mais attention! C’est le même collègue qui viendra se plaindre auprès de vous dans quelques jours en vous disant qu’il en a plein le cul et qu’il n’attend qu’une chose: les vacances!
Conclusion
Quand votre patron vous dira de vous remettre au travail parce que vous avez prolongé votre pause déjeuner de 2 minutes 40 secondes, répondez-lui que vous n’êtes pas un bourreau et que vous ne commettrez jamais d’acte de torture envers vous-mêmes. Au besoin, alliez le geste à la parole et flanquez-lui une gifle monumentale pour le remettre dans le droit chemin.
Ou bien, serrez les dents et bougez de haut en bas une tête flanquée d’un sourire niais et faites au moins semblant de travailler.
Bon, je vous laisse. Il est deux heures du matin et demain je dois me lever pour aller bosser.
Fais chier.
Note: Ce billet est (très librement) adapté d’un article paru pour l’#ETC Mag n°1 en mai 2013, écrit par Mélie Mini-Mélo.
____________________________________
Vous avez aimé cet article ? Alors j'ai besoin de vous ! Vous pouvez soutenir le blog sur Tipeee. Un beau geste, facile à faire, et qui permettra à EtaleTaCulture de garder son indépendance et d'assurer sa survie...
Objectif: 50 donateurs
Récompense: du contenu exclusif et/ou en avant-première
Je vous remercie pour tout le soutien que vous m'apportez depuis maintenant 5 ans, amis lecteurs!
Djinnzz
PS: ça marche aussi en cliquant sur l'image juste en dessous ↓↓↓↓
Haha ! Excellent !
Je le savais, qu’il y avait anguille sous roche avec le travail… Demain, je démissionne !!!
C’est bien, les autruches.
Y’a un article sur mediapart qui démythifie cette origine il s’appelle l’arnaque de l’étymologie du mot travail et se base sur différents travaux de linguistes.
Oui j’ai lu cette article aussi, alors d’où vient le mot travail finalement ?
Bravo Maestro, bel article
Discours fortement idéologique… Il est difficile d´affirmer comme « vérité » une étymologie qui fait débat entre linguistes. Il aurait été plus juste de présenter cet article comme un point de vue.
Bravo pour ce travail ou cette recherche:
Puisque cette mémoire vient de choses très lointaine ,donc présente dans notre inconscient:
peut être il suffit de changer le mot travail pour qu’il n’occasionne plus de maux… alors tous à notre imagination…
Le mot travail est un mot très positif, au contraire de ce que votre article suggère. La meilleure source d’info du net à propos de ce mot reste https://blogs.mediapart.fr/flebas/blog/240316/l-arnaque-de-l-etymologie-du-mot-travail que je conseille de lire. Même le « travail » d’une femme en train accoucher est quelque chose qui mène si réussi au bonheur. Le travail est ce qui permet à un effet de pouvoir se produire de manière sûre ou assurée. En sciences ou ailleurs on l’utilise pour décrire l’effort nécessaire à un accomplissement. Sa connotation est extrêmement POSITIVE. Que notre employeur nous rende la vie difficile n’a rien à voir avec la signification du mot travail, car bien souvent au « travail » on nous empêche malheureusement de « bien travailler ». Travailler ce n’est pas être exploité…Je rajouterai qu’un « travail » bien effectué et qui nous sert et nous enrichit intérieurement, est la source de toute vraie satisfaction dans la vie…
Chacun prendra la source qui lui plaira, mais il n’y a pas de vérité absolue. En revanche, le rédacteur ici parle de choses concrètes qui se vérifient dans le quotidien et qui alimentent clairement cette hypothèse que le travail est encore largement une contrainte et pas du tout une activité choisie.
De toute façon, l’exploitation et l’aliénation commencent à partir du moment où l’on est obligé d’exercer une activité pour survivre, activité dont il s’avère qu’elle est la plupart du temps subie (du fait d’un marché de l’emploi capricieux, couplé au chantage aux prestations sociales de la part de l’Etat). Tout le reste c’est de l’hypocrisie. On peut s’accomplir de bien des manières. Les personnes qui s’accomplissent dans une activité marchande et qui régit leur vie du matin au soir, plus de 40 ans de leur vie, se font rares. C’est un luxe, surtout aujourd’hui en plein triomphe du néolibéralisme où on encourage en permanence à désengager l’Etat de ses missions premières, à commencer par celle qui est de garantir une vie digne à chaque individu.
En fin de compte, si l’emploi est aujourd’hui érigé en vecteur de bonheur, c’est parce que nous sommes dans une économie marchande, dans laquelle on ne survit pas sans argent, et dans laquelle les valeurs glorifiées sont primitives (axées sur la compétition, la prédation et l’esclavage). De fait, l’espèce évoluée que nous prétendons souvent être devrait commencer par utiliser l’automatisation et le progrès technologique pour créer l’abondance et changer radicalement de paradigme social et économique. Alors, les êtres humains choisiraient véritablement leur mode de vie et leurs activités, qui seraient à ce moment-là davantage tournées vers la créativité et le développement personnel, et donc une vie sociale bien plus saine et pas pervertie par les considérations mercantiles et matérialistes qui privilégient l’orgueil et l’Avoir au détriment de l’Être.