[Vidéo] Pourquoi la démocratie, ça craint (selon Socrate)
Et que ça ne vous empêche pas d’aller voter demain!
Le texte:
Dans l’esprit de beaucoup de monde, (dans l’esprit de TOUT le monde, même) la démocratie est le parangon de vertu des sociétés modernes. Son symbole, c’est bien sûr la Grèce antique, la civilisation qui lui a donné naissance… beaucoup d’hommes politiques aiment d’ailleurs se faire prendre en photo devant le Parthénon. Ça mange pas de pain, et c’est toujours bon pour l’image médiatique.
Bon, pourquoi pas.
Mais, à propos du Parthénon, saviez-vous que Socrate, un des pères fondateurs de la philosophie grecque, était fondamentalement opposé au concept même de démocratie ? Ses arguments, vous allez voir, sont assez intéressants.
Allez, c’est parti.
[Générique]
Dans le livre VI de la République, Platon transcrit une conversation entre Socrate et un personnage du nom d’Adimante. Le philosophe tente de montrer les faiblesses de la démocratie en comparant la société à un bateau en pleine tempête.
Si on devait faire un voyage en mer et traverser des tempêtes, qui aimerait-on qui soit aux commandes du bateau ? Un homme qui a appris l’art de la navigation, ou juste un quidam qui n’a aucune expérience ?
La réponse est évidente: on veut bien sûr quelqu’un d’expérience, capable de nous amener à bon port. Dans ce cas, rétorque Socrate, pourquoi laisser les commandes à la multitude qui n’a, par définition, aucune expérience en la matière ?
En fait, le fond de la pensée de Socrate, c’est que l’action de voter est une véritable aptitude, pas l’affaire d’une simple intuition. On ne devrait pas voter pour untel « parce qu’il a l’air sympa », parce qu’on « l’aime bien », parce qu’il est « bien habillé ». Voter, c’est engager tout son pays sur un chemin dont il est impossible de faire demi-tour. Donc laisser voter des gens sans aucune formation particulière, ni aucune éducation politique, c’est une action totalement irresponsable, au moins aussi irresponsable que de laisser quelqu’un qui n’y connaît rien aux commandes d’un bateau en pleine tempête.
La multitude, selon Socrate, ne sait pas ce qui est le mieux pour elle. Il faut donc des individus désintéressés et compétents pour la gouverner.
Il faut dire que Socrate a eu une amère expérience de la démocratie… En 399 avant Jésus-Christ, il a été accusé de corruption de la jeunesse et de négation des dieux ancestraux et il passa donc devant l’Héliée, l’équivalent de nos tribunaux d’aujourd’hui. 501 jurés tirés au sort parmi les citoyens athéniens ont eu en charge de le juger… La démocratie adaptée à la Justice, en quelque sorte…
Un vote a lieu: il est jugé coupable à 281 voix contre 220.
Reste à décider de la peine qu’il encoure. Les jurés doivent choisir entre la mort ou une simple amende: et, finalement, la mort est choisie… avec 60 voix de plus !
On le contraint donc à boire la cigüe, un poison violent, à la suite de quoi il meurt dans d’atroces souffrances.
Dans un tel contexte, on peut comprendre que le concept de démocratie lui soit resté en travers de la gorge… et ce procès inique, en quelque sorte, justifie les griefs de Socrate contre ce système. Mais il n’était pas pour autant un « élitiste » au sens propre et ne pensait pas que seule une petite élite devait gérer la cité. Il pensait simplement que le droit de vote devait être justifié par une certaine éducation et que seuls ceux qui faisaient l’effort de réfléchir de façon approfondie aux problèmes de la société devrait avoir ce privilège.
Aujourd’hui, on donne à tous le droit de vote. Bon, en soi, c’est une bonne chose. La démocratie est certainement le « moins pire » des systèmes politiques. Faut dire que les alternatives ne font pas vraiment rêver…
Entre… Anarchie, Autoritarisme, Autocratie, Tyrannie, Communisme, Démocratie, Oligarchie, Gérontocratie ou Théocratie… le choix est vite fait !
Le monde qui nous entoure devient de plus en plus complexe. Gouverner, c’est prendre les « bonnes » décisions, et prendre les bonnes décisions c’est bien souvent devoir évaluer des centaines de paramètres pour trouver au final un simple compromis.
Mais le peuple n’aime pas la complexité… On rejoint un peu le principe de l’heuristique de jugement qu’on retrouve en psychologie sociale : le cerveau humain a besoin de simplifier plein de choses, d’aller au plus court, pour tirer des conclusions rapides mais bien souvent erronées, bien sûr… On est tous comme ça. la complexité nous rebute, nous aspirons à la simplicité
Or, pour être élus, les hommes politiques doivent avant tout être POPULAIRES… et ils donnent donc au peuple ce qu’on attend d’eux: des discours caricaturaux, parfois stigmatisants, souvent erronés.
Socrate déjà avait conscience que les hommes politiques chercheraient à exploiter le désir du peuple d’avoir des réponses simples.
Et le philosophe savait déjà exactement où cela nous mènerait: au populisme ou, pour employer un terme un peu savant, à l’ochlocratie, c’est à dire le règne de la médiocrité et de la vulgarité.
(non, non, Trump, je ne pense pas du tout à toi…)
Et c’est dommage, parce que le populisme met en danger le concept même de démocratie qu’il prétend défendre…
(et là, je ne parlerai pas de l’arrivée démocratique d’Hitler au pouvoir en 1933. Non, non… Cet exemple serait beaucoup trop facile…)
CONCLUSION
Platon va même plus loin quand il parle du concept de l’anacyclose: selon lui, les systèmes politiques se succèdent selon un ordre bien défini et de façon irrémédiable. La démocratie n’est qu’un des maillons de ce cycle et n’est en aucun cas éternelle… J’en avais fait une petite bande dessinée l’année dernière que je vous invite à aller lire…
Bon, honnêtement, il n’y a aucune solution miracle à la crise que traverse notre démocratie. En fait, la solution est en chacun d’entre nous. En éveillant notre conscience politique et celle de nos enfants, en nous informant avant de prendre position, en refusant de tomber bêtement dans le piège des discours populistes, peut-être qu’on arrivera à mettre un jour au pouvoir des gens compétents, de ceux capables d’engager notre pays vers un avenir beaucoup plus serein…
Peut-être…
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De toute façon, il est abusif de dire que nous sommes en démocratie. … il s’agit plutôt d une oligarchie. …..et voter tous les 5 ans, on peut pas dire que ce soit démocratique !!!! Regardez plutôt nos amis suisses, avec leurs référendums très fréquents ou leurs initiatives populaires. … mais I faudrait faire un vrai sujet sur les systèmes politiques !! 🙂
D’accord avec vous.
Quant à la métaphore avec le bateau et son capitaine, il ne semble pas légitime que seul le capitaine puisse choisir la destination…
Dit autrement :
Il y a 95% de cons en France (statistiques officielles)
Leur donner le droit de vote ne peut que mener à la catastrophe…
CQFD
Je serais curieuse de savoir quelle est votre définition du mot « con » ?
Un film populaire (Le Dîner de cons) devrait vous faire comprendre qu’en général, le vrai con n’est pas celui auquel on pense tout de suite…
A bon entendeur.
Cordialement.
Le terme « Con » désigne le sexe féminin à l’origine ; il est utilisé très couramment pour désigner quelqu’un de Stupide ; c’est donc l’insulte Sexiste la plus banalisée qui soit.
La démocratie n’est qu’un formidable moyen pour les démagogues d’accéder au pouvoir en misant sur la connerie humaine
qui est comme chacun sait majoritaire un peu partout.
Adolf Hitler parle, dans Mein Kampf de « La démocratie des imbéciles » ; Mein Kampf n’ayant jamais été interdit en France malgré le procès de 1974 intenté par la LICA, autrement que part Hitler lui-même qui souhaitait en éditer une version expurgée des propos hostiles à la France. Le Ministère Français des anciens combattants en à commandité la traduction originale pour prévenir les Français ; préfacé « Les Français doivent savoir » – Maréchal Lyautey.
Je lève la main droite et je le jure… (Mein Kampf, wikipédia)
Dernier truc ; dans la publicité et la presse, il est enseigné systématiquement à demi-mots que les lecteurs sont des « imbéciles » et qu’il faut travailler à des formules courte et imagées.
Hitler à pu lire « Propaganda » d’Edward Bernays, ou « Psychologie des Foules » de Gustave Lebon étant donné l’antériorité.
(Dites donc, ça me fait un drôle d’effet d’avoir une typographie Elzévir sur votre blog ; j’ai l’impression de composer mon texte avec du plomb pour rédiger la première Bible typographiée de l’édition King James publiée à Londres vers 1750… c’est plutôt agréable).
Dès le premier exemple, on tourne autour d’un schéma hiérarchique, que Platon et Socrate considéraient comme coulant de source et que le vote est la face démocratique de ce modèle hiérarchique. Choisir un chef par un vote, c’est abdiquer sa propre compétence à décider pour soi et proposer aux autres, ce qui est par essence aux antipodes de la démocratie.
Antisthène et Diogène ne verraient certainement pas la chose sous le même angle, et verraient plus la participation de chacun au mieux de ses compétences aux besoins (changeants) de chaque instant que ce mortifère modèle pyramidal, élitiste et systématiquement illusoire du chef plénipotent.
Qui plus est, Socrate et Platon, non contents d’être de piètres philosophes, font de bien piètres marins car en tempête, ceux qui gèrent les voiles et ceux qui écopent sont au moins aussi important que le barreur.