André Maginot, qui êtes-vous ?

Alors que l’Allemagne vient d’envahir la Pologne, en ce mois de septembre 1939, la France et le Royaume-Uni décident de marquer leur mécontentement en déclarant la guerre à leur tour à l’Allemagne.

Sauf que… l’Allemagne fait peur. Depuis le Traité de Versailles de 1919 et le musellement de son armée, c’est que le pays s’est largement armé ! Et, depuis les années 1870, l’agressivité lui coule dans les veines…

On charge alors André Maginot, ministre de la Défense dans les années 30, de trouver une solution pour sécuriser le pays. André Maginot prend une décision qui va le faire entrer dans le top 10 des pus grands stratèges de tous les temps : il fait fortifier la frontière entre la France et tous ses pays limitrophes, de la mer du Nord à la Méditerranée. Fier de sa trouvaille, il lui donne son nom : la « Ligne Maginot » devient le dernier rempart contre l’envahisseur nazi.

La frontière est ainsi découpée en 25 tronçons (appelés « secteurs »), chacun bénéficiant d’une protection selon trois types de fortifications, en fonction du degré de dangerosité de la zone : Fortifications de campagne (en gros, deux bouts de barbelés qui se courent après), Front fortifié sans artillerie (solution intermédiaire mais peu efficace), Front fortifié AVEC artillerie (personne de sensé n’oserait s’y confronter)

On peut simplifier en se disant que seul le front fortifié avec artillerie permet une protection efficace. Et devinez quoi ? Entre la Suisse et la Belgique, seuls 7 tronçons en bénéficient…

Au nord du Luxembourg, il y a la forêt des Ardennes. C’est une zone dangereuse en ce qu’elle est toute proche de l’Allemagne, mais André Maginot considère qu’il est impossible pour une armée de franchir une forêt aussi dense et accidentée…

Réponse du berger à la bergère : la ligne Siegfried

Les Allemands construisent leur propre ligne de défense, la ligne Siegfried, juste en face de la ligne Maginot ! Une célèbre chanson voit même vu le jour : On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried.

Dans un premier temps, les Allemands restent attentistes. Ils sont déjà forts occupés en Pologne et ne veulent pas disperser leurs forces sur deux fronts. Par précaution, la France fait évacuer l’Alsace-Lorraine. On n’est jamais trop prudents ! Strasbourg devient une ville-fantôme…

Pendant ce temps-là, donc, Hitler terrorise l’Europe en bombardant lourdement la Pologne.

URSS et Allemagne, l’alliance improbable

Et puis… l’incroyable se produit ! L’URSS de Staline collabore avec Hitler et envahit à son tour la Pologne par le front Est. Malgré la crainte du communisme, les Occidentaux comptaient sur Staline pour modérer les ardeurs d’Hitler. Espoirs déçus… Un pacte « germano-soviétique » avait été signé le 23 août, soit une semaine avant l’invasion du pays.

Prise en tenaille entre l’Allemagne nazie et l’URSS, la Pologne ne tient pas bien longtemps… Elle est très vite dépecée et ses territoires partagés entre les deux chefs d’Etat.

L’Allemagne et la Russie ont donc maintenant une frontière commune. Ce que Staline ignore encore, c’est que cela fait bien les affaires d’Hitler qui compte l’envahir par la suite. Mais chut, un peu de patience, l’opération Barbarossa n’est pas pour tout de suite…

En attendant, l’URSS de Staline attaque la Finlande le 30 novembre 1939, sans même une déclaration de guerre en bonne et due forme. Décidément, tous les coups sont désormais permis… De son côté, la Wehrmacht s’empare en deux jours d’Oslo (Norvège). Ces régions nordiques sont stratégiques notamment pour leurs ressources en fer, minerai indispensable à l’industrie de guerre.

Winter 1939 is coming

Résumons la situation ! Depuis plusieurs mois, les Français consolident leurs frontières entre la Suisse et le Luxembourg, attendant de pied ferme l’invasion allemande. La Pologne vient de se faire digérer par Hitler et Staline. RIP.

La Russie vient de s’attaquer à la Finlande, l’Allemagne à la Norvège. Des lieux hautement stratégiques sont dans les mains du mauvais camp !

Et tout le monde attend. S’observe. Se défie.

L’hiver qui s’installe sur l’Europe est l’un des plus froids du siècle. Qu’ils soient Allemands ou Français, les soldats attendent un assaut inéluctable le long de la ligne Maginot… Mais l’assaut ne surviendra qu’au printemps. Contournant les fortifications avec artillerie de la ligne Maginot (ben oui), l’Allemagne passe à l’offensive le 10 mai 1940 et se rue vers la Belgique.

Mais ce n’est qu’une diversion, en quelque sorte… Car le gros des troupes allemandes franchit la forêt des Ardennes, pourtant jugée infranchissable par André Maginot et l’État-Major français !

Profitant de l’effet de surprise, Hitler laisse les Français s’enfoncer profondément en Belgique pour les prendre ensuite à revers. En quelques jours, la ligne André Maginot vient de démontrer son inefficacité totale.

La suite ressemble à un parcours de santé pour les Nazis : Les villes du Nord et de l’Est de la France sont bombardées, Rotterdam brûle: rien ne va plus pour les Alliés! Les 13 et 14 Mai 1940, les Allemands construisent un pont sur la Meuse, ouvrant en grand la route vers Paris… La boucherie ne fait que commencer.