[Elles ont fait l’Histoire] Jeanne d’Arc, la bergère devenue chef de guerre
Jeanne d’Arc est une fille de paysans. A priori, absolument rien ne la destine à entrer dans l’histoire et à se voir consacrer un article sur EtaleTaCulture…
La petite Jeanne naît à Domrémy, dans les Vosges, commune qui s’appelle d’ailleurs Domrémy-la-Pucelle aujourd’hui. Elle mène une vie paisble dans une famille ni vraiment pauvre, ni vraiment riche.
Un jour, alors qu’elle est âgée de 13 ans, elle entend « une voix venant de Dieu pour l’aider à gouverner ». Puis, ce sont de véritables apparitions qui l’implorent d’agir : « Jeanne, va au secours du roi de France, et tu lui rendras son royaume ! »
(Si vous lisez cette histoire à voix haute, n’oubliez pas de prendre une voix d’outre-tombe – votre public, surtout s’il a moins de 6 ans, sera abasourdi.)
Réalité ou hallucinations ? Chacun se fera son propre avis selon ses convictions en matière religieuse. Le plus important, au fond, c’est que Jeanne est désormais convaincue d’être investie d’une mission divine. Et cette conviction va changer sa vie… et faire basculer le destin du royaume de France par la même occasion !
Le destin d’exception commence maintenant
Jeanne prend le taureau par les cornes et, en 1428, part pour Vaucouleurs, une petite ville située à une dizaine de kilomètres de chez elle, demander au capitaine Robert de Baudricourt de la conduire jusqu’à Charles VII.
On peut aisément imaginer la tête de ce capitaine, rompu à la guerre, quand il vit arriver une gamine illuminée qui lui ordonne de la mener au roi ! Petite précision : Charles VII réside alors dans son château de Chinon… à plus de 500 kilomètres de là ! Mais, sans doute ébahi par la force de conviction de la jeune femme, il s’exécute. Jeanne d’Arc dispose d’une escorte de 6 hommes pour traverser le pays. Ce seront ses premiers compagnons d’armes…
Deux petits mots sur le contexte historique de l’époque sont nécessaires pour comprendre le rôle que Jeanne d’Arc s’apprête maintenant à jouer.
Contexte historique
En 1428, année du début de l’épopée Jeanne d’Arc, la France est encore en plein cœur de la guerre de Cent ans. Pour faire simple, le pays est divisé en deux camps : celui des Bourguignons, pro-anglais, opposé à celui des Armagnacs, qui apportent leur soutien au roi de France… une lutte intestine trouvant ses origines dans la rivalité entre le duc de Bourgogne et le duc d’Orléans.
Le royaume de France est donc envahi par les Anglais menés par le duc de Bourgogne. Affaibli, Charles VII est désigné ironiquement par le sobriquet de « petit roi de Bourges ». À moins d’un miracle, le royaume de France est perdu…
Jeanne d’Arc est d’abord prise pour une folle furieuse par le roi (en même temps, on le comprend…). Mais Jeanne, persuadée de recevoir ses instructions directement de Dieu, possède une aura tellement puissante qu’elle parvient à instiller le doute dans son esprit. Et si c’était vrai ? Si Dieu se rangeait réellement de son côté par l’intermédiaire de cette jeune provinciale ? Après tout, les voies du Seigneur sont impénétrables…
Dans le doute, et n’ayant plus grand chose à perdre, Charles VII lui confie donc une petite armée dans le but de délivrer Orléans des mains des Anglais.
Et le miracle se produit ! Au terme d’un siège éprouvant, Jeanne parvient à libérer la ville, mettant un terme à une longue série de défaites.
C’est après cette bataille qu’elle se forge le surnom de « Pucelle d’Orléans » (qui sonnait mieux, sans doute, que « Pucelle de Domrémy »…)
D’autres batailles s’ensuivent, toutes menées et gagnées par la Pucelle. En 1429, c’est la consécration : au terme d’une chevauchée folle à travers un territoire contrôlé par l’ennemi, elle amène Charles VII à Reims où il peut renouer avec la tradition séculaire et se faire sacrer roi de France.
Tous les espoirs sont désormais permis…
Malheureusement, un an plus tard, alors qu’elle tente de reproduire l’exploit d’Orléans en libérant Compiègne, elle est faite prisonnière. Les Bourguignons la vendent aux Anglais.
Le procès de Jeanne d’Arc
Elle est emmenée au tribunal d’Inquisition de Rouen, que préside l’évêque de Beauvais, un allié des Anglais. Elle est condamnée à être brûlée vive comme hérétique. En fait d’hérésie, les Anglais cherchent surtout un prétexte valable pour l’exécuter et ainsi supprimer le symbole qu’elle représente… Le concept d’hérésie avait ce côté très pratique qui permettait de faire brûler les gens qui enquiquinaient le pouvoir…
Les chefs d’accusation contre Jeanne d’Arc sont assez légers. Après tout, c’était une militaire mandatée officiellement par son roi pour lutter contre un ennemi. Pas de quoi faire brûler quelqu’un…
Alors, on cherche des chefs d’inculpation plus originaux : on l’accuse notamment de porter des vêtements d’hommes, ce qui est interdit à l’époque. Selon la légende, lors de son incarcération chez les Anglais, ceux-ci l’auraient contraints à porter une nouvelle fois des vêtements masculins. Elle est donc déclarée « relapse » (récidiviste, quoi). C’est à cause de cela qu’elle sera brûlée vive !
Notons d’ailleurs l’absence totale de réactions de Charles VII. Il fait preuve d’une ingratitude peu reluisante envers cette femme grâce à qui il a pu reconquérir son trône. Mais, le gros du boulot déjà fait, il est en fait bien content de se voir débarrasser de cette illuminée qui fait de l’ombre à son prestige… Impossible pour lui d’admettre publiquement que Jeanne lui a été d’une quelconque aide militaire !
C’est à peine s’il parvient à dissimuler un rictus de satisfaction quand il apprend que Jeanne d’Arc a finalement été condamnée à mort au terme d’un procès inique…
La réhabilitation dans l’Histoire
C’est seulement 25 ans après sa mort que Jeanne d’Arc est réhabilitée dans l’Histoire. Cela ne vient pas d’une soudaine bonté d’âme du roi… En fait, ce dernier ne veut plus que les gens pensent qu’il a recouvré son trône grâce à une sorcière… et de deux maux choisi donc le moins pire.
Jeanne d’Arc sera finalement béatifiée en 1909, puis canonisée en 1920 par Benoît XV.
Étale ta culture! Mise en situation de l’Info du Jour
– Dis donc, Geneviève, tu aurais pu mettre une jupe aujourd’hui !
– Ah oui, et pourquoi je te prie ?
– Ben tu sais qu’au XVè siècle, avec le pantalon que tu portes, tu aurais pu te faire brûler vive !
– Ouais, ben retournes-y, au XVè siècle, connard!
[Zut, vous avez encore perdu une occasion de vous taire ! Vous y arriverez, un jour, à brillamment étaler votre culture en société… Persévérez !]
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Jeanne « la bougresse » (ligne 17) : Si longtemps après, l’accuserais-tu d’être hérétique ou sodomite ?
Étymologie de bougre/bougresse : http://www.encyclopedie-incomplete.com/?Bigre-Un-Bougre-et-sa-Bougresse
Bonjour Pascal!
Merci pour le lien! J’avoue ne pas avoir du tout pensé au sens premier du terme quand j’ai qualifié Jeanne de « bougresse » pour la simple et bonne raison que je ne le connaissais pas!
Merci pour cet éclairage… Je sens que ce mot va bientôt finir dans la rubrique « Le mot du jour »! 🙂
Vous savez qu’une theorie plutot convaincante circule, comme quoi elle aurait en fait jamais ete brulee vive, mais qu’on l’avait remplace par quelqu’un d’autre !
Et d’ailleur la personne presente sur le buche portait quelque chose sur la tete qui lui couvrait le visage !
Autre information pour briller en société :
Sur son bûcher, comme il est coutume de faire à l’époque et pour les quelques siècles qui suivirent, le bourreau se devait d’étrangler Jeanne d’Arc, mais ne le fit pas, soi-disant parce que le bûcher était trop haut… En réalité, c’est l’Inquisition qui lui interdit dans l’espoir que, grâce au supplice, elle « avoue son crime » : celui de n’être qu’une pauvre pucelle à moitié-folle, indigne des voix de Dieu, quoi. 🙂
sachant que dans ces temps (et mœurs) ce n’était JAMAIS des filles et encore moins des fillettes qui gardaient quelconques troupeaux, on se pose la question: et si jeanne s’appelait en fait philippe? ………….
les derniers mots de jeanne sur le bûcher? « il fait chaud ici ou c’est moi? »
je plussoie « moam », pour briller en société, on peut lire le livre « L’affaire Jeanne d’Arc » de Marcel Gay et découvrir combien on est crédule… comment depuis des générations peut-on croire à cette histoire de jeune bergère devenue chef des armées!
http://jaulny-chateau.com/html/jeanne.htm