Vespasien, la taxe sur l’urine et… les vespasiennes
Vespasien est un empereur ayant régné sur l’empire Romain de l’an 69 à 79. Son règne est donc relativement court, mais cela ne l’a pas empêché d’inscrire son nom dans le vocabulaire courant… Les vespasiennes, ces urinoirs publics pour hommes, sont ainsi nommées en son honneur ! Explications.
69, année électrique !
Après la mort de l’empereur mal-aimé Néron en 68, Rome est marquée par une période d’instabilité : en un peu plus d’un an, pas moins de 4 empereurs vont se succéder ! Le 15 janvier 69, Galba est assassiné par les Prétoriens qui proclament Othon empereur.
Le 15 avril, après une victoire militaire de Vitellius, Othon se donne la mort.
Quant à Vitellius, il subit à son tour une lourde défaite militaire face aux troupes de Vespasien. Le 20 décembre, alors qu’il tentait de se cacher dans Rome pour éviter d’être arrêté, il est reconnu par les partisans de Vespasien… Lapidé par la foule, son corps sans vie est finalement jeté dans le Tibre.
Et voici donc Vespasien à la tête de Rome
Vespasien parvient à remettre un peu d’ordre dans l’Empire et à restaurer le prestige impérial, tout en caressant les Sénateurs dans le sens du poil en les associant aux prises de décisions.
La principale difficulté à laquelle il doit faire face, ce sont les caisses de l’État qui sont vides… Selon Suétone, il lui manquerait pas moins de 4 milliards de sesterces pour faire fonctionner l’État ! Une somme énorme, et peut-être surestimée, quand on sait que le « PIB » (une notion certes anachronique pour l’époque) de l’ensemble de l’Empire est estimé, selon les historiens, entre 10 et 20 milliards de sesterces !
Il est vrai que Vespasien, pourtant réputé avare, ne lésine pas sur les dépenses publiques. Rome ayant été ravagé en 64 (sous le règne de Néron) par un incendie, un ambitieux plan de reconstruction de la ville est lancé.
Dès l’an 70, par exemple, la construction du Colisée est lancée… Ce monument devenu emblématique de la ville sera achevé en une petite dizaine d’années !
Des sesterces, toujours des sesterces
Certes, cette politique de grands travaux a le mérite de lutter contre le chômage et de relancer l’économie. Mais surtout, elle coûte cher !
Vespasien doit se montrer inventif pour renflouer les caisses… quitte à instaurer un impôts pour le moins… saugrenu ! Parmi eux, l’Histoire se souviendra surtout de l’impôt sur l’urine.
Oui, oui, sur l’urine ! Les gens avaient l’obligation d’acquitter cette taxe en urinant dans des lieux prévus à cet effet. L’intérêt est double pour Vespasien : il fait rentrer de l’argent grâce à un impôt qui concerne tout le monde et il permet de constituer des stocks importants d’urine, utile pour traiter les tissus avant de les teindre. Les teinturiers se frottent les mains !
Cet impôt a été rendu célèbre par Suétone, qui écrit:
Son fils Titus lui reprochait d’avoir institué un impôt sur les urines. Il lui mit sous le nez le premier argent qu’il perçut de cet impôt, et lui demanda s’il sentait mauvais. Titus lui ayant répondu que non : ‘C’est pourtant de l’urine’, dit Vespasien.
Suétone, Vie de Vespasien, XXIII
Naissance d’un proverbe
Contrairement à ce que l’on peut croire, les urinoirs publics n’ont donc pas été installés par soucis sanitaires, mais bien pour faire tourner l’économie !
Par la suite, le célèbre proverbe est né : « L’argent n’a pas d’odeur ». Son sens est on ne peut plus clair : peu importe d’où provient l’argent, l’essentiel étant d’en avoir plein les fouilles !
Et aujourd’hui ?
Il faudra attendre le XIXé siècle pour que Paris se voit doter de tels lieux d’aisance. D’abord appelées « colonnes Rambuteau », du nom du préfet qui les a mises en place, elles se voient ensuite décerner le nom de vespasiennes en hommage à l’empereur romain. 478 vespasiennes sont ainsi installées sur les trottoirs parisiens.
Màj : À l’heure où j’écris ces lignes (mai 2019), il ne reste plus qu’une unique vespasienne à Paris. Combien de temps faudra-t-il avant que ce vestige du XIXe siècle soit à son tour démoli ?
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Mais pourquoi Hollande n’y-a-t-il pas encore pensé?
Voilà qui renflouerait à coups sûr les caisses de l’état. 😐
Je fais parti du front de défense du caca et votre article m’a profondément choqué.
Pourquoi une telle discrimination envers ce matériau si noble?
Un lendemain de cuite, deux copains discutent de leur soirée.
L’un d’eux déclare:
– Hier j’étais dans un bistrot où il y avait des chiottes en or!
L’autre ne le croit pas, et le premier était trop bourré pour se rappeler exactement de quel bar il s’agit.
Ils décident de refaire la tournée des bars de la ville en demandant à chaque fois au patron du bistrot s’il a des chiottes en or.
Arrivés chez Marcel la réponse fut:
– Georges j’ai trouvé le con qui a pissé dans ton saxo !
(légèrement hors-sujet, mais je la trouve excellente!
Le nom de « colonne Rambuteau » est une raillerie de l’opposition politique.
Pour contre-attaquer, le pouvoir en place parle plutôt de « vespasiennes » en exhumant ce vieil empereur romain… C’est cette dernière expression qui est restée.
D’autres sobriquets se multiplient. Contemporains de Proust, des homosexuels du 16e arrondissement utilisaient le terme codé de « baies », plus chic que l’argotique « tasses », d’autres, plus populaires, les avaient baptisées « Ginette ».
Celui de « pissotière », en référence au « trou dans la muraille d’un navire pour laisser s’écouler l’eau de surface », est resté.
Lu sur Facebook : Le chrysargyre était payable tous les quatre ans par tous les chefs de famille, au prorata des personnes vivants sous leur toit , même des animaux (chiens, ânes, bêtes de trait, etc.…) qui pourtant n’utilisaient pas lesdits urinoirs !!!
Titus le fils de l’empereur protesta contre cette nouvelle taxe et en poussant une pièce de monnaie sous son nez , Vespasien lui a rappelé que « l’or n’a pas d’odeur ».
Phrase proverbiale , légèrement modifiée au cours du temps, et qui nous est parvenue sous la forme de : » l’argent n’a pas d’odeur » !!!
Il ne faut pas oublier que c’est depuis ce temps-là qu’on parle des règlements en liquide !
Et surtout nous devons à cet empereur la fameuse expression chère à nos percepteurs contemporains :
les règlements en … LIQUIDE !