L’arrestation inique de Jacques Coeur
An de grâce 1451. Dix ans pile poil après la mort de Jeanne d’Arc, le roi de France Charles VII fait arrêter son plus proche conseiller, Jacques Coeur.
– Qu’est-ce qu’il a encore fait celui-là?
– Si tu arrêtais de m’interrompre tout le temps, Kevin, je pourrais peut-être le dire!
– Pfff…
Jacques Coeur, donc, est arrêté et accusé de tous les méfaits, dont l’assassinat d’Agnès Sorel!
– Agnès Sorel? C’est qui, elle?
– … [regard menaçant]
– Ok, ok, j’me tais…
Agnès Sorel est la favorite de Charles VII (sa maîtresse, quoi) à qui elle donne quatre enfants. Elle meurt soudainement le 9 février 1450. Si subitement, d’ailleurs, que les médecins du Roi soupçonnent un empoisonnement.
Jacques Coeur est le coupable idéal! Il est passé à la question (mot très politiquement correct pour désigner la torture), et forcément, il avoue tout ce qu’on lui demande d’avouer. Au terme d’un procès qui dure plus de deux ans (la lenteur de la Justice était déjà d’actualité!), il est condamné à mort en 1453.
– Mais il était coupable, oui ou non?
-… [regard plus que menaçant]
– Oups… Désolé…
Jacques Coeur, évidemment, est innocent des horreurs dont on l’accuse. Mais sa fortune personnelle est colossale! Avant d’être au service du Roi, il s’est bâti un patrimoine gigantesque en exerçant les métiers de négociants, d’armateurs, de banquier, etc…
Cette fortune, Charles VII en a besoin… Un procès vite expédié lui permet de récupérer la totalité des biens de son ex-conseiller et de renflouer les caisses de l’Etat.
Eh oui, ma brave Jeanne d’Arc, c’est pour cet homme peu vertueux que tu as donné ta vie! Il faut dire que cette technique de faire accuser un homme riche pour s’emparer de sa fortune n’est pas nouvelle… Philippe le Bel s’en est servi contre les Templiers et Louis XIV s’en servira contre son surintendant Fouquet. Les années passent mais l’Homme reste fidèle à lui-même…
Pour l’anecdote, Jacques Coeur parvient à s’enfuir du château dans lequel il est emprisonné. Il est recueilli chez le Pape Nicolas V et meurt en exil en 1456.
Pour approfondir…
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Tiens, ça me fait penser à Gilles de Rais à la même époque environ.
En tout cas bravo pour tes articles !
Il est vrai qu’il y a quelques analogies avec Gilles de Rais, qui a été condamné à peine une dizaine d’années après Jacques Coeur. Mais la principale différence tient au fait que Gilles de Rais était sans doute coupable des horreurs dont on l’accusait… (des doutes subsistent encore, c’est vrai…)
Je t’invite à aller lire l’article qu’on lui a consacré: Gilles de Rais
Merci pour tes encouragements!