La douloureuse histoire de Camille Claudel
Après vous avoir ému avec la Mort du Loup ou le destin tragique de Sapphô, je vais une fois de plus ruiner votre journée en vous racontant le triste destin de Camille Claudel. (Non, non, je ne suis pas actionnaire de Lilly et je n’ai aucun intérêt à l’augmentation des ventes de Prozac!)
Camille Claudel naît en 1864. Lorsqu’elle a une vingtaine d’années, elle devient l’élève d’Auguste Rodin, qui la repère très vite et la considère comme sa praticienne la plus douée. Elle aide même le maître à la réalisation de ses deux plus beaux chefs d’oeuvre, la Porte de l’Enfer et les Bourgeois de Calais. Bien sûr, Rodin ne daigne pas la mentionner et s’octroie la paternité exclusive des sculptures…
Leur collaboration artistique se transforme petit à petit en liaison amoureuse… Camille Claudel tombe follement amoureuse de son maître à penser, mais celui-ci refuse pourtant de quitter sa première maîtresse Rose Beuret.
En 1898, Camille Claudel comprend enfin qu’Auguste Rodin se moque d’elle, tant sur le plan artistique que sentimental et elle prend la décision de quitter le sculpteur.
Bien décidée à faire reconnaître son talent au monde entier, elle commence à sculpter ses propres oeuvres, dont la magnifique sculpture L’Age mûr qui évoque sa rupture avec Rodin: elle se représente à genoux, en pleurs, implorant un Auguste Rodin méprisant qui lui préfère son autre maîtresse Rose Beuret.
Son frère Paul Claudel (on est décidément très célèbre dans cette famille) dépeint la scène avec talent: « Ma soeur Camille, implorante, humiliée à genoux, cette superbe, cette orgueilleuse, et savez-vous ce qui s’arrache à elle, en ce moment-même, sous vos yeux, c’est son âme ».
L’histoire pourrait s’arrêter là et ce ne serait, ma foi, qu’une histoire d’amour qui finit mal comme on en trouve tant d’autres. Mais le sort s’acharne sur la pauvre Camille. L’Âge mûr, ce chef d’oeuvre, est fortement décrié: les critiques d’art n’y voient qu’un vulgaire plagiat sans intérêt du style d’Auguste Rodin.
C’en est trop pour Camille qui sombre dans la misère, puis dans la folie. En 1913, elle est conduite à l’asile par sa famille et y finira le reste de sa vie. Trente ans plus tard, c’est une vieille femme de 78 ans qui meurt, décharnée du fait d’une famine qui sévit sur les 40.000 malades mentaux internés en asile psychiatrique.
Camille Claudel connaîtra néanmoins une gloire posthume (ça lui fait une belle jambe!), et son talent sera reconnu à sa juste valeur à partir des années 1950.
– Bah alors, Kevin, on ne t’a pas entendu aujourd’hui? … Kevin? … Tu pleures?
– Mais non, c’est… c’est… c’est juste une poussière dans l’oeil…
L’Info du Jour qui te permet de briller en société
Camille Claudel vivra ses trente années d’enfermement dans la solitude. A l’exception de son frère Paul qui lui rend visite une dizaine de fois en trente ans, personne ne viendra jamais la voir, ni famille, ni amis, ni son ancien amant Auguste Rodin.
Certains intellectuels s’indignent pourtant de son internement… Une théorie se développe: ce serait sa famille qui a souhaité se débarrasser d’elle en la faisant passer pour une folle. Triste histoire…
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Je connaissais vaguement camille claudel de nom, mais je ne connaissais pas son destin si triste.
Merci pour l’info
A voir sur le sujet, le film Camille Claudel (1988) avec Isabelle Adjani et Gérad Depardieu, un classique.
plus fouillé que cet article, il faut lire la pièce (ou la voir jouer)
http://www.thebookedition.com/camille-claudel-de-frederic-viguier-p-90868.html
Merci pour l’info guido.
Ça a l’air intéressant tout ça
Je connais l’auteur qui m’a écrit une pièce suite à une commande (je m’occupe d’un cours de théâtre) et il m’a dit avoir eu accès aux archives détenues encore par l’asile de Montfavet (où C.C. a été internée jusqu’à sa mort)
édifiant
de nos jours on lui aurait juste donné des calmants et une bonne taloche sur les fesses. Elle ne fut jamais dangereuse physiquement ni envers elle, ni envers les autres (ce qui est la cause principale de l’enfermement, sinon pourquoi isoler une personne si elle n’est agressive avec personne).
Oui, cela confirme ce que je pensais.
Cette pauvre Camille Claudel a surtout subi une manipulation de sa famille dans un contexte où les hôpitaux psychiatriques n’étaient guère reluisants… [mais les camisoles chimiques utilisées aujourd’hui sont-elles vraiment plus humaines que les lobotomies et autres expérimentations réalisées à l’époque?)
Vous qui êtes apparemment un fan de Serge Reggiani, connaissez-vous sa chanson sur Camille Claudel? Elle s’appelle Camille, n’est pas tès connue mais est très jolie.
La petite drôle de fille
Avec des yeux trop grands
Pour ne pas être bleus,
La petite drôle d’anguille
Avalait en courant
La forêt quand il pleut
Et la terre sur laquelle elle jetait son corps
Comme on s’endort sur l’autre,
Ce lit où la vie se vautre,
Elle jurait que ses mains y défieraient la mort
Paul, mon petit Paul, tu vois
Ces branches que la pluie
Dessine sur le ciel ?
Il m’arrive quelquefois
D’imaginer la nuit
Des arbres artificiels
Et je sais très bien qu’un jour
J’animerai la pierre de mon ciseau-caresse,
Oui, le marbre a sa faiblesse
Et je veux lui donner la forme de l’amour.
Camille, la vie, c’est le seul vrai mélo
Ça part d’un grand éclat de pleurs
Ça rit avec des trémolos
Camille, la vie, c’est un superbe enfer
Et Dieu est un curieux sculpteur
Qui tue les statues qu’il préfère
La petite drôle de femme
Au fond de l’atelier
Du grand Monsieur Rodin,
La petite drôle de dame
En habit d’écolier
Ignorait le dédain
Et faisait sourire une âme
Aux lèvres de granit
Au milieu du grand vide
Où le temps sculpte des rides
Aux étangs de champagne
Et au front d’Aphrodite.
Oh, Monsieur Rodin, le feu
Le feu, je veux pouvoir l’enfermer dans la pierre !
Oh, Monsieur Rodin, mes yeux,
Pourquoi me font-ils mal le soir sous mes paupières ?
La mort, non, je n’ai pas peur d’elle
Mais j’ai peur que l’amour nous oublie en chemin.
Nous, les amants immortels,
Toi, Auguste Claudel,
Moi, Camille Rodin
Camille, la vie, c’est le seul vrai mélo
Ça part d’un grand éclat de pleurs
Ça rit avec des trémolos
Camille, la vie, c’est un superbe enfer
Et Dieu est un curieux sculpteur
Qui tue les statues qu’il préfère
Paroles: Claude Lemesle. Musique: Dominique Pankratoff
Magnifique et combien vrai, il faut que je la relise, je suis en train d’écrire une pièce de théâtre, je veux réhabiliter, Camille Claudel, un très grand talent, jalousé et injustement interné en enfer.
Merveilleuse chanson et surtout merveilleuse paroles.
Camille était loin, très loin d’être folle…c’était juste une artiste de génie.
Non, je ne la connaissais pas. Je viens de l’écouter, elle est magnifique. Merci pour cette découverte! 🙂
Je suis dans un lycée qui porte son nom, c est donc tout naturellement que j ai voulu en apprendre plus sur cette femme
Camille ne doit ps être oublier. Pouvez vous me dire où se procurer le texte de théâtre.
J aimerai aussi organiser des lectures à son sujet. merci pour le retour.
Une grande injustice! incompréhensible!!!, Camille était passionnée, et pouvait paraitre hystérique ,on le voit dans le film joué par isabelle Adjani, la fameuse « hystérie » qui fait peur aux hommes!!non elle ne l’était pas , mais c’est son désespoir de ne pas vivre cet amour , celui de Rodin, qui n’eut pas le courage d’assumer leur relation si forte, il pris peur , et se rassura aussi en la faisant passer pour folle, tout comme la famille de Camille, à l’époque on enfermait avec les personnes atteintes de graves troubles psychiatriques, avec des personnes qui souffraient de dépression appelée mélancolie…imaginer cette pauvre jeune femme trahie par sa famille, et par son amant tant aimé, abandonnée dans un milieu austère qui de surcroit était dépressive, quelle force la tenait, quand elle écrira malgré tout, en expliquant sa condition, la misère, la faim…Et cela au plus grands responsables capables de l’en faire sortir!!!comment , comment ont ils pu? La peur de ne pas maîtriser Camille qui était accablée d’injustices, et que personne , non personne, pas même son petit frère Paul adoré ne l’en sortira…Quel abandon, quelle solitude fut la sienne, si encore elle avait pu sculpter, mais non pour le coup , oui elle aurait pu devenir vraiment folle, mais il n’en fût rien. Elle mourra des privations qu’elle dut endurer, c’est atroce, révoltant, s’eut été un artiste homme, je ne sais si cela , se serait déroulé dans les mêmes conditions. Camille de tout mon cœur ,où que sois ton âme , je t’embrasse , je suis avec toi, puisses tu reposer en paix…
Je suis d’accord avec vous
Camille Claudel me fascine je viens de lire le livre de Anne Delbée superbe et tragique.J’avais vu le film
avec Isabelle Adjani qui m’avait marqué ,superbe interprétation. C’était un génie