L’épopée de Gilgamesh, premier mythe homosexuel de l’histoire de l’humanité ?
La légende de Gilgamesh est très, très, TRÈS vieille: elle a été rédigée il y a presque 4000 ans, soit plus de mille ans AVANT l’Iliade et l’Odyssée d’Homère! On en retrouva une version datée du VIIIe siècle avant Jésus-Christ, écrite sur des tablettes d’argile en écriture cunéiforme, dans les années 1870, lors de fouilles archéologiques à Ninive.
Gilgamesh est le roi d’Uruk (prononcez « Ourouk »), une ville située sur les rives de l’Euphrate, en plein cœur de la Mésopotamie (soit l’équivalent de l’Irak actuel). On pourrait s’attendre d’un héros de légende qu’il soit bon et juste envers ses sujets, mais en réalité, c’est tout l’inverse. Il est violent, cruel et règne sur son peuple par la terreur. Tous les habitants de la région prient pour que leur roi passe de vie à trépas, histoire d’avoir enfin la paix… Mais Gilgamesh est doté d’une force colossale et personne n’ose défier son autorité.
Voyant la détresse des hommes, la déesse Aruru décide d’agir: elle façonne dans l’argile un personnage nommé Enkidu, seul être au monde capable de vaincre le tyran.
Enkidu est jeté sur Terre, non loin d’Uruk, où il ne tarde pas à rencontrer Gilgamesh. Horreur! Ce dernier s’apprête à coucher de force avec une jeune mariée selon une coutume qu’il a instaurée il y a bien longtemps déjà: lui le premier, le mari ensuite…
Enkidu, horrifié, empêche Gilgamesh d’entrer dans la chambre où est étendue la jeune femme. Entre les deux hommes, le combat s’engage…
Le combat dure longtemps, très longtemps! A bout de force, Gilgamesh et Enkidu se rendent compte qu’ils sont de force exactement égale et que jamais l’un des deux ne parviendra à prendre l’avantage sur l’autre.
Dans ces conditions, à quoi bon lutter?
Pleins de bon sens, ils décident finalement de devenir amis… Au moment de conclure le pacte d’amitié, l’émotion submerge Enkidu: lui qui n’a ni passé, ni famille, voilà qu’il vient de trouver un ami…
Bilan des opérations: non seulement Gilgamesh n’est pas battu, mais il a maintenant un allié aussi fort que lui… La déesse Aruru enrage!
Les deux nouveaux amis vivent ensuite des aventures extraordinaires: ils partent affronter Humbaba, le gardien de la forêt des cèdres où vivent les Dieux, puis un taureau céleste que la déesse Ishtar leur envoie après que Gilgamesh ait repoussé ses avances… Ils reviennent finalement à Uruk, triomphants, main dans la main.
Oui, oui, main dans la main. C’est justement pour cette relation assez ambiguë entre les deux hommes que l’épopée de Gilgamesh peut être considérée à bien des égards comme une ode à l’amour homosexuel. Bien sûr, la notion moderne de l’homosexualité n’est développée qu’au cours du Moyen-Age, notamment avec l’essor du Christianisme. À l’époque de Gilgamesh, amour et amitié sont deux notions étroitement liées, et cela ne choque absolument personne.
(à croire qu’on était plus intelligents il y a plusieurs millénaires…)
Ce recul culturel est absolument nécessaire pour ne pas tomber dans les clichés et les raccourcis un peu trop rapides….
Il y a bien une autre façon d’analyser l’amitié/l’amour qui unit Enkidu et Gilgamesh. En effet, on l’a vu, Enkidu est créé de toutes pièces par la déesse Aruru. Il n’est pas un être comme les autres: constitué d’argile, le texte précise qu’il est le double de Gilgamesh mais, à la différence de ce dernier, son âme est entièrement pure. Le couple Gilgamesh/Enkidu peut donc être vu comme la personnification du bien et du mal qui forment chaque être humain. L’amour qui les unit, dans ce contexte, est l’union entre le bon et le mauvais, le yin et le yang.
C’est ce qui est plaisant dans ces textes anciens, c’est que les interprétations peuvent être multiples et permettent de réfléchir sur le sens de la vie!
En attendant, les deux amis, les deux amants, appelez-les comme vous voulez, rentrent chez eux, à Uruk. Ils fêtent comme il se doit leur victoire face aux Dieux. Mais Ishtar, la déesse délaissée, ne décolère pas! Elle envoie finalement une maladie à Enkidu, qui succombe peu de temps après. À la mort de son alter ego, Gilgamesh est désespéré… Jugez plutôt:
Enkidu ne lève plus les yeux
Gilgamesh lui touche le cœur
Son cœur ne bat plus.
Alors comme une fiancée
Il couvre le visage de son ami
Comme un lion il rugit autour de lui
Il va et vient en regardant Enkidu
Comme une lionne à qui on a enlevé ses petits.
Il arrache ses cheveux et les jette à terre.
(Oui, bon. En fait ils étaient amants et puis c’est tout)
L’histoire se transforme maintenant en une quête pour l’immortalité. Gilgamesh vient, pour la première fois, d’expérimenter la mort d’un être cher. Il réalise alors le caractère éphémère de la vie humaine… L’âme en peine, il part à la recherche d’un certain Ut-Napishtim, seul être humain à avoir survécu au Déluge.
Un déluge? Eh oui, la plupart des civilisations ont leur propre vision du Déluge, c’est-à-dire d’un fléau envoyé par le ou les Dieux pour dépeupler la Terre. On en trouve la trace dans la mythologie sumérienne: les Mésopotamiens, les Grecs anciens, les Mayas les Hindous,…
Après un long voyage initiatique, Gilgamesh trouve finalement le sage Ut-Napishtim. Après lui avoir fait le récit du Déluge, ce dernier lui indique où il pourra se procurer l’herbe magique qui lui conférera la vie éternelle. Après une ultime épreuve, le roi d’Uruk parvient à s’en saisir et repart, le cœur léger, dans son foyer.
Happy end comme on les aime? Non! Car sur le chemin du retour, un serpent, sentant l’odeur de l’herbe magique, parvient à lui dérober…
(vous noterez au passage le parallèle avec le serpent de l’Ancien Testament…)
Son herbe miracle dérobée, Gilgamesh doit bien se résoudre à abandonner à jamais ses rêves d’immortalité… C’est triste.
Mais ses aventures lui ont au moins enseigné que la seule destinée possible est d’accepter les limites de notre condition humaine… Le texte renvoie donc à un embryon de philosophie stoïcienne, des siècles avant qu’une telle philosophie ne se développe en Grèce!
Gilgamesh est finalement de retour à Uruk. Mais il n’est pas tout à fait bredouille… Sa quête lui a permis d’acquérir la sagesse. Exit le tyran sanguinaire qui s’octroyait le droit de cuissage sur ses sujets… Il deviendra un roi juste et sage. C’est d’ailleurs son œuvre de bâtisseur – les remparts d’Uruk – ainsi que le récit de ses aventures vers la connaissance qui lui survivront…
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Oui, cette histoire est très jolie.
C’est gentil, certes, mais je ne suis pas d’accord pour dire qu’il sagit du « premier mythe homosexuel de l’histoire de l’humanité ».
C’est très cliché (et surtout faux) et on retombe un peu dans les poncifes du genre « Les Grecs étaient pédés » etc…
L’homosexualité de l’époque est totalement différente des pratiques d’aujourd’hui, à la fois sur le fond et sur la forme.
Bon, sinon l’article est sympa comme d’hab, hein… C’est juste le sous-titre que je trouve trop « racoleur ».
@Julien : Merci! 🙂 Je vais certainement parler d’autres histoires du même genre à l’avenir, les mythes anciens ont tant à nous apprendre.
@Patrick : Pas de soucis, cher Patrick! Les commentaires sont justement là pour donner son avis, et merci de donner le vôtre!
Concernant le titre que vous jugez trop racoleur, vous n’avez certainement pas tort (mais bon, c’est subjectif).
Par contre, si vous relisez plus attentivement l’article, vous vous apercevrez que j’ai justement évoqué l’anachronisme entre homosexualité des temps anciens et homosexualité d’aujourd’hui… Donc, finalement, on est bien d’accord! 😀
Djinnzz, Je ne vous ferai pas injustice en vous disant que vous ignorez que tous les récits de disent pas la vérité. Je ne pense pas que Gilmesh et Endiku aient été des pédérastes. L’Épopée de Gilmesh contient beaucoup d’enseignements qui méritent de loin être exposés au grand public plutôt que de la stigmatiser dans une homosexualité fictionnelle antérieure. Si vous ne l’avez pas compris, vous pouvez toujours reprendre sa lecture plume à la main et les fiches. Vous verrez qui étaient les Sumériens et d’où venait leur influence,e rapprochement avec le Déluge de Noé. un des mythes fondateurs du judéo-christianisme et de lIslam où un Dieu méchant maudit le Noir fils de Cham. Il y a plein de choses…
et quand sera évoqué la mythologie Mésopotamienne (Sumer)
C’est trop cool c’est mon histoire préféré et en plus au collège on va jouer la pièce au Lido devant toute la ville aider moi pour ne pas avoir le trac!!!
Cette epopée je l’ai etudier en cour je trouve ke cela est tres bien mes il manque plus de foto enfin bref la je ft un exposer sur l’epopée de gilgamesh et Enkidu donc je trouve ke c trop bien !!!!
pouvez vous écrire en FRANÇAIS?merci
Salut à tous
Pour ce qui est du serpent, quand il dérobe l’épine qui rend immortel, il la mange apparemment (même si le texte reste assez obscure la-dessus) et mue pour la première fois, ce qui, je suppose, signifie qu’il est devenus immortel, changeant par la même de peau.
Le livre est tros bien j ai adorer:-):-:-)
Bonjour, jaime beaucoup votre style pédagogique et je vous avoue que la plupart de vos articles sont un exemple sur la forme de l’enseignement « ludique ».
En ce qui concerne l’épopée de Gilgamesh, il me semble que vous avez trop résumé en omettant des éléments cruciaux dans la compréhension du texte. En effet, Gilgamesh est un allégorie de la nature. l nature humaine (bipolaire :-)), la nature divine, la nature des relations sociales, et la nature sauvage. Elle représente la complexité de l’organisation de la vie autour de ces natures différentes, hostiles, ambiguës, et fragiles dans leur enchevêtrement.
Il s’agit en réalité du premier écrit de philosophie écologique. Au sens definitionnel du terme (je vous renvoie au dictionnaire pour la définition)….
Continuez comme ça jeune homme, vous devriez nous rejoindre, nous souhaitons ouvrir un Lycée numérique, ou nous donnerions des clurs sur différents thème philosophiques, géographique, le tout dans le principe du sens du Lycée peripatetitien, une façon plus ludique plus concrète. Nous discuterions des sujets en marchant et en présentant des exemples concrets au contact du vivant (débats en forêt, sur sites de fouilles, châteaux). Cela peut être de l’astronomie en direct de site avec des télescope et une soirée vin chaud. Voilà nous monterions une Web tv.
Très bon travail.
Merci !
Ma foi, votre projet a l’air intéressant. J’y participerais avec plaisir si je peux aider…
Petit complément à l’article: un peu de mythologie sumérienne, si vous voulez bien…
D’abord, il y a Enlil, le roi des Dieux, il dirige les humains qui vivent à la surface du monde.
Enki, son frère, est le dieu du monde souterrain.
Enki et Enlil sont les fils d’Anu, le Ciel.
Aruru est la femme d’Enki. elle est la Déesse-mère, la déesse de la Terre.
Ishtar, la reine de l’amour et de la guerre, est également fille d’Anu. C’est une des déesses la plus vénérée en Mésopotamie.
Voici les Dieux les plus connus de cette mythologie.
Oui, la mythologie Sumérienne, comme vous avez bien lu sur le sujet, vous devez avoir découvert qui étaient les Sumériens, les Chaldéens et qui les ont influencés. Tous tiennent leurs connaissances de Kamit, l’Égypte antique Nègre africaine, comme tous les naturels d’Afrique d’aujourd’hui. Même les noms patronymiques le confirment.
J’aime beaucoup cette histoire !
Vous n’avez rien compris. Vous interprétez cet histoire sans connaître les coutumes des orientaux, les garçons ou les filles qui marchent ensemble main dans la main ou qui s’embrassent, il y’en a tous les jour et partout dans certain pays de l’orient, il n’y a rien avoir avec l’homosexualité, c’est de l’amitié à l’oriental, vous êtes trop dans la fiction et vision à l’européen.
merci bc avec toute c’est informations je pourrais faire un exposée complet
La Mésopotamie , c’était le bassin alluvial d’Asie, en contrebas du Taurus et du Zagros, à l’est du désert syrien, où coulent les cours inférieurs du Tigre et de l’Euphrate (réunis en aval dans le Chatt al-Arab) et celui du Karun.
Ce n’est qu’une partie de Iraq actuel, il faut ajouter une partie de la Syrie.
Puis votre article se base sur le mythe de la version babylonienne, alors que dans la version sumérienne, Gilgamesh vainc Enkidu, qui devient son serviteur.
ps: votre thème enfant n’est pas optimisé, vous utilisez l’ancienne méthode, pas la meilleur pratique, supprimer @import et ajouter un code dans le fichier functions.php que ovus devez créer, voir codex wordpress.org
https://codex.wordpress.org/fr:Th%C3%A8mes_Enfant
Et toujours avoir la dernière version d’un thème
https://presscustomizr.com/release-note-for-hueman-pro-v1-0-8-and-hueman-v3-3-12/
comme pour WordPress, les plugins toujours dernières versions de l’année en cours
votre site n’est pas reconnu là http://whatwpthemeisthat.com/
OVH offre HTTPS ave Lets Encrypt, à faire absolument, Google le réclame !!
https://www.anthedesign.fr/creation-de-sites-internet/protocole-https-se-generalise/
bien à vous !
Vous prenez un mythe Assyrien – Babylonien et l’interpretez avec vos yeux et votre politisation d’européen – Vous n’avez rien compris.
Les us et coutumes entre hommes et femmes, en amitié comme en amour sont vastement différents des européens, notamment la virilité et l’amitié masculine qui y est, aujourd’hui encore, beaucoup plus douce qu’ici –
Vous article pue l’appropriation & l’envie de politiser un mythe qui ne vous appartient pas – Allez écrire sur autre chose et apprenez à respecter l’histoire des assyriens, ce peuple qui existe encore –
Je vois que l’amour entre hommes fait encore polémique… Mais bon, n’oublions pas que personne n’a le monopole de la vérité historique sur quelque peuple que ce soit, surtout aussi ancien. Quant à moi, je partage le point de vue de l’auteur de cet article, n’en déplaise à ceux que l’homosexualité pose encore problème.