Critique ciné – Le Caïman de Nanni Moretti (2006)
Le Caïman comme chacun sait, est un reptile de l’ordre des crocodiles. C’est un redoutable prédateur qui sait faire preuve de discrétion et de férocité quand la situation le demande.
Dans la jungle civilisée, son homologue l’homme politique ne dément pas la réputation dudit reptile. C’est ce que montre le film éponyme de Nanni Moretti sorti en 2006.
Silvio Orlando joue – sur mesure – le rôle de Bruno Bonomo, un producteur de films de série Z plongé dans une dette grecque© (adjectif que je m’empresse de copyrighter pour prévenir d’un plagia certain!). Au cours d’une cérémonie amicalement humiliante, une ravissante-innocente-brillante jeune femme du nom de Teresa (jouée par Jasmin Trinca) lui délivre un scénario inattendu. En passe de produire un film destiné au même sort que les précédents (i.e. l’échec), Silvio décide de lire ce nouveau scénar’.
Suspens, mafia, argent sale, femmes, pouvoir, la jeune femme est rappelée pour ses bonnes idées. Bruno remet la machine en route et s’engage tant bien que mal à convaincre ses anciens amis du monde du cinéma. Une fois toutes les démarches entreprises, le film est en route – sans que personne ne lise vraiment l’histoire. Lorsque le producteur se rend compte que le film n’est qu’une biographie vitriolée de (Silvio) Berlusconi, il est déjà trop tard. Petit à petit tout le monde se retire du projet.
Malgré les doutes palpables de la réalisatrice Teresa et du producteur Bruno, leur persévérance les amène au bout du chemin. Et comme vous le savez, tous les chemins mènent à Rome. Néanmoins le chemin n’est plus exactement le même que prévu, la faute aux nombreux heurts qui firent trébucher le projet. Mais in fine le chemin est inattendu, donc beau. On applaudit le sérieux du final, contrastant avec l’ironie de l’ouverture. La scène initiale est la scène de clôture du dernier navet de Bruno Bonomo: le mariage d’un agent secret luttant contre le socialisme maoïste en Italie. Absurde et délicieux.
Le Caiman, de Nanni Moretti
Nanni Moretti met en scène un héros complexe, pris entre crainte, ténacité, émoi et courage. Sa situation familiale (de père en plein divorce et débordé par son travail) fait de lui un être attachant et réaliste. Silvio Orlando et les autres acteurs étincellent de talent et de sincérité.
Le Caïman est un film politique, qui traite d’une histoire de famille – simple à comprendre mais difficile à vivre. On peut aussi dire que Le Caïman est une histoire de famille, qui traite d’un sujet politique. Une autre lecture peut être « méta-cinématographique » (i.e. lire du cinéma dans le cinéma). On y voit l’envers du décor de façon grandiose. Ainsi Nanni Moretti fait un parallèle entre la difficulté de faire un film et la complexité politique. Chacun aura son interprétation, mais tous me rejoindront sur l’émotion qu’il dégage. Une œuvre d’art. Un morceau du cinéma italien.
La bande-annonce:
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Djinnzz
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Bravo pour cette critique que je trouve très pertinente, ayant moi-m^me vu le film le jour de sa sortie.