L’étonnante histoire de Rudolf Hess
10 mai 1941. L’Europe est en pleine tourmente et la bataille d’Angleterre, durant laquelle les Allemands bombardent les villes anglaises sans interruption, bat son plein.
C’est le moment idéal pour Rudolf Hess. Prétendant vouloir essayer un Messerschmidt BF 110, ce passionné d’aviation s’envole tout droit vers le Nord-Angleterre. De son propre chef, il se rue vers les lignes ennemies et se confronte aux tirs de la DCA qui ne tardent pas à descendre son avion. Il saute alors en parachute et se retrouve, seul et blessé (il s’est cassé la cheville en atterrissant) au Sud-Ouest de l’Écosse. Imaginez un peu la surprise des autorités britanniques qui viennent immédiatement l’arrêter et se rendent compte qu’ils ont attrapé un des bras droits d’Hitler!
La question qui doit maintenant se poser sur toutes les lèvres est: Pourquoi? Pourquoi avoir agi seul? Pourquoi s’être aventuré dans la gueule du loup?
Messerschmidt BF 110 – avion utilisé par Hess pour se rendre en Angleterre
Pour comprendre ses motivations, plongeons-nous dans les relations troubles entre Rudolf Hess et le Führer.
Rudolf Hess rencontre Adolf Hitler pour la première fois en 1920. Très vite, les liens d’une amitié très forte vont se nouer entre les deux hommes. Durant toute la montée en puissance d’Hitler, du putsch râté de 1923 à la prison de Landsberg en passant par son arrivée au pouvoir en 1933, Rudolf Hess n’est jamais très loin. Il est même désigné comme son successeur légitime! Mais peu à peu, son influence auprès du Führer s’étiole, notamment à partir du début de la seconde guerre mondiale. Les autres lieutenants, que ce soient Goebbels, Himmler ou Göring lui font de l’ombre.
Nous voilà de retour en mai 1941. L’attaque Barbarossa, c’est-à-dire l’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie, est imminente. Mais Hitler, même s’il surestime de beaucoup ses capacités d’invasion, a conscience que la tâche sera ardue: la campagne de Russie de Napoléon un peu plus d’un siècle auparavant lui a donné une bonne leçon de stratégie militaire! Avant de s’aventurer vers l’Est, donc, il a au moins besoin de stabiliser la situation sur le front de l’Ouest et cesser les hostilités avec l’Angleterre: le troisième Reich ne survivrait pas à un double front.
Puisque cela fait maintenant des mois qu’Hitler bombarde l’Angleterre sans aucun résultat – pire! ces bombardements semblent souder le peuple anglais plus que jamais! – le Führer aimerait convaincre l’Angleterre de ratifier un accord (ne parlons pas d’un Traité de paix, le terme serait par trop excessif!) et de cesser les hostilités… Cette possibilité de terrain d’entente ne semble pas si utopique à en juger les désaccords politiques entre Churchill et son principal opposant le lord Halifax, ce dernier ne trouvant pas normal que l’Angleterre soit la seule nation à supporter l’effort de guerre contre les Nazis.
Mais Hitler ne se voit pas en train de sonner à la porte de Churchill et lui demander d’ouvrir les négociations… Question de prestige!
Et vous comprenez maintenant beaucoup mieux l’initiative de Rudolf Hess qui, en perte d’affection par son ami de toujours, carresse le doux rêve d’accomplir l’exploit et de briller de nouveau aux yeux d’Hitler…
Hess et Hitler au Reichstag
Revoilà donc notre cher Rudolf en territoire ennemi, arrêté par les forces britanniques. Il clame son nom haut et fort et déclare à qui veut l’entendre qu’il a d’importantes déclarations à faire à Churchill. Il exige de lui être présenté le plus rapidement possible!
Hélas pour notre doux rêveur, il n’obtiendra jamais la possibilité d’entamer les négociations… Deux jours plus tard, le 12 mai 1941, Hitler apprend la folle épopée de son ancien ami. Il rentre, dit-on, dans une colère noire et crie à la trahison! Mais cette colère n’est-elle pas feinte? N’a-t-il pas lui-même secrètement ordonné à Hess, qui connaît le duc de Hamilton (un des alliés de lord Halifax) de tenter cette folie? Bien sûr, chacun se fera sa propre opinion…
Quant à Hess, il est enfermé dans la célèbre tour de Londres et y restera jusqu’à la fin de la guerre. Le procès de Nuremberg scellera par la suite son sort: il est condamné à la prison à perpétuité et est enfermé à la prison de Spandau où il meurt le 7 août 1987.
L’Info du Jour qui te permet de briller en société
Churchill, alerté par les déclarations de Rudolf Hess concernant l’opération Barbarossa et l’invasion de l’URSS, contacte Staline pour l’en informer. Ce dernier fait la sourde oreille et, malgré de nombreux indices qui lui aurait permis de comprendre l’invasion qui se tramait, ne réalise qu’au dernier moment qu’Hitler rompt le pacte germano-soviétique et le trahit.
Ce manque de discernement de Staline en est presque devenu proverbial!
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Djinnzz
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Une histoire étonnante toujours très agréable à lire.
La question qui se pose est donc: Hess a-t-il agi sur ordre d’Hitler ou pas?
Quel est l’avis des historiens sur cette question?
D’après ce que j’en sais, les historiens ne sont pas d’accord entre eux et il existe des thèses contradictoires…
Jamais entendu parler de ce gars… Il faut dire, je ne me suis jamais beaucoup intéressé à la deuxième GM.
Vos articles m donnent envie d’en connaître plus… Dommage que je ne vous ai pas connu il y a quelques années, j’aurais sûrement amélioré mes résultats scolaires!
Une histoire bien étrange avec pas mal de zones d’ombre. Que savait Hitler ? Quel était la part de sa propre initiative et son réel dessein ? Traitre ?
Quel amateurisme dans la préparation du plan en tout cas. Catapulté seul au fin fond de l’Angleterre, à la manière des espions de l’époque, il n’aura le temps que de se fouler la cheville à l’atterrissage avant de se faire braquer par un pecno, fourche à la main. Un dignitaire nazi claudiquant dans son champs de patates, quelle aubaine !
Au final, le dernier de Spandau, alors que d’autres comme Dönitz (« le dernier führer ») ou Speer (très proche d’Hitler sur la fin) furent libérés.