My Ipod Weighs a Ton
Le snobisme s’infiltre dans les moindres recoins de l’art et la musique qui fait tourner le monde depuis les années 80 ne déroge pas à la règle.
Né dans le frénétique New-York des seventies, le hip hop a accouché d’une véritable contre-culture, avec ses valeurs et ses normes, celles-ci constamment bousculées.
Le hip hop concentre ses puristes et ses profanes. Bien entendu, chacun d’eux connaît dans sa plus exigeante perfection ce qu’est le style, la sophistication, la cohérence, le beau.
Pour retrouver ce hip hop sur le devant de la scène, il faut remonter 20 ans en arrière, lorsque sortaient et se vendaient, tous les mois, durant des années, des dizaines d’albums iconiques.
Il n’était pas nécessaire de creuser dans l’indé’ crasseux pour apprécier du vrai et bon hip hop.
D’ailleurs, le vrai et bon hip hop d’aujourd’hui ne se révélera que des années plus tard, tout comme ses illustres classiques.
Mais voilà, quelques téméraires en quête de personnalité tentent de devancer ce processus. Malgré un manque criant de sensibilité et d’humilité, ils se gargarisent de l’inconnu et du cheap afin de l’imposer à tous comme la quintessence du genre et de la musique.
« Let’s have a toast for the douchebags,
Let’s have a toast for the assholes,
Let’s have a toast for the scumbags,
Everyone of them that I know »
(Traduction)
« Portons un toast pour les abrutis,
portons un toast pour les trous du c**,
portons un toast pour les sacs à m****,
chacun d’entre eux que je connais. »
Kanye West & Pusha T, Runaway.
Cet immanquable animal sévit le plus souvent en soirée.
Pressé de passer aux choses sérieuses et de montrer de quel bois il se chauffe, un Ipod à la main, il en devient rapidement exécrable. A l’affût du moindre Jack qui traîne ou du chargement trop lent de Youtube, il accapare, non, il prend littéralement en otage la musique.
Inutile de s’élever contre ce diktat. Grâce à lui, vous passerez le meilleur moment de votre vie. Il vous le garantit.
Pense-t-il être le disciple du Dieu Hip Hop rapportant la bonne parole à nous autres, païens, avec cette master piece (2) dont il est seul détenteur. Ou plutôt ces master pieces car il n’y a rien de mieux pour faire autorité que de matraquer son auditoire avec…
Avec ce nouveau groupe psychédélique, débarqué d’Oregon, dont personne n’aura connaissance avant 2035. Comprenez, ils sont avant-gardistes.
Avec ce rap strasbourgeois, pauvre en rimes et pire encore, pauvre en beat qui ressemble trait pour trait à ces rythmes nauséeux brandis au fond des bus.
Oui, ton pote « beatmaker » (3) habite loin de la capitale mais lui faire sa pub, vraiment?
I listen to bands that don’t even exist yet
Le hip hop offre déjà une large et légitime diversité, de par son histoire. Il est donc facile de rester dans les clous. A trop vouloir cultiver ses particularités, on devient vite incompris ou juste un c**.
Cachez ce son que l’on ne saurait voir, dites-vous que nous ne sommes pas encore prêt.
(1) « Mon Ipod pèse une tonne », Public Enemy, Miuzi Weighs a Ton.
(2) Pièce maîtresse
(3) « faiseurs de beats »: de vrais compositeurs, révérés pour les plus connus et talentueux.
Public Enemy – Miuzi Weighs A Ton:
Kanye West – Runaway ft. Pusha T:
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Djinnzz
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Merci de faire connaître la culture hip hop au grand public, et de façon non élitiste en plus.
J’adore. 😎
Quant à moi, tout ce vocabulaire bobo me laisse songeur (hip-hop, beatmaker, master piece,…)
De mon temps, un artiste qui produisait de la musique s’appelait un musicien, tout simplement…
Sur ce, je retourne réécouter l’intégrale de Mozart 🙄
Je ne me suis jamais trop intéressée au hip-hop, et encore moins à « l’indé’ crasseux » 😉
Je ne connaissais Kanye West que de nom, et je dois avouer que l’extrait de Runaway m’a laissée sur le cul. C’est beau, c’est dansant, c’est émouvant. Le clip est génial: alliance d’une musique résolument moderne avec des rats de l’Opéra. A ce niveau de maîtrise, est-ce vraiment encore du hip-hop?
En tout cas, merci pour cette découverte qui a illuminé ma journée.
(bon, par contre, le premier morceau de Public Enemy n’est décidément pas ma tasse de thé…)
Carrie
De la culture underground sur #ETC. Bonne nouvelle.
Merci Hortiz, ton commentaire me va droit au coeur.
Quant à toi Histomanie, ton commentaire me laisse dubitatif.
Je préfère croire que c’est du 2nd degré tant il est à des années lumière du bon sens. J’ai beaucoup ri en tout cas.
J’étais comme toi, Carrie, le hip hop « brutal » ne me plaisait pas du tout et puis à force d’en écouter, j’y ai pris goût.
Kanye West,c’est particulier grâce à son vécu et son talent mais ça reste parfaitement dans les clous 😉
De la culture underground qui, j’espère, montera un jour à la surface, BleuRose
J’ai à coeur de faire un gros article de fond, sur la place que mérite le hip hop selon moi. C’est long mais je vais tenter.
Mais de rien 😉
J’ai lu tes 3 articles, et j’aime beaucoup ton style.
On a les mêmes goûts musicaux toi et moi j’ai l’impression. Ca crée des affinitées.
Ouais, Kanye West, ça claque grave comme musique… Mais bon, le personnage est juste insupportable. Petit florilège des choses qu’il a osé dire:
« Je suis trop occupé à écrire l’Histoire pour la lire ».
« Je suis un disciple de Dieu. Mais ma plus grande douleur dans la vie est que je ne pourrai jamais me voir sur scène »
« Ma musique n’est pas seulement de la musique. C’est de la médecine »
« Vous voulez que je sois génial, mais vous ne voulez pas que je dise que je le suis »
On est presque au niveau de Justin Bieber qui a quand même signé le livre d’or du musée d’Anne Franck en écrivant: « Avoir la possibilité de venir ici est une source d’inspiration. Anne était une fille formidable. Elle aurait pu être une de mes fans. »
Face à tant de conneries et de prétention, je passe mon tour. Ces deux-là n’auront jamais le moindre centime de ma part…