Les étranges tableaux de Piet Mondrian
Jaune. Bleu. Rouge. Et c’est tout!
Ces trois couleurs primaires représentent l’unique terrain d’expérimentation de Piet Mondrian. Ainsi fut créée en 1943 Broadway Boogie Woogie, une œuvre abstraite avant-gardiste. Pas grand chose à en dire, n’est-ce pas? Il y a des lignes verticales, des lignes horizontales, quelques carrés bleus et rouges ici et là… Pas de quoi fouetter un chat en somme!
Broadway boogie woogie de Piet Mondrian, 127cm x 127cm, Musée d’art moderne de New-York
Pourtant, la démarche de l’artiste mérite que l’on s’y attarde quelque temps. Son titre, pour commencer, nous invite à y voir une représentation stylisée de la ville de New-York (pour les réfractaires à la géographie américaine, Broadway est un des principaux axes nord-sud de l’arrondissement de Manhattan, le quartier central de New York). Piet Mondrian nous livre donc ici un véritable hommage à la ville qui l’a accueilli durant la seconde guerre mondiale, lui le Hollandais qui a fui l’invasion allemande d’abord à Londres en 1938 puis à New-York dès les premiers bombardements de la capitale anglaise.
Fasciné par le rythme trépidant de la ville, il se fait très vite à l’American way of life. Passionné depuis toujours par le jazz, il s’adonne maintenant au boogie-woogie… Ça y est, vous venez de comprendre d’où vient le titre de son tableau!
New-York City (à gauche) et Victory boogie-Woogie (à droite) de Piet Mondrian
Avec cet éclairage, on ne peut plus rater dans cet enchevêtrement de lignes perpendiculaires les avenues principales de New-York! Les traces jaunes? Représentation stylisée des célèbres taxis de la ville, pardi! Les traces rouges et bleues? Couleurs flashys et agressives des néons des grandes enseignes. Tout dans cette œuvre respire le mouvement et le rythme. Mondrian réalise là l’aboutissement de son rêve: parvenir à mêler peinture et musique, rythme et pulsations lumineuses.
Broadway Boogie Woogie est le premier volet d’une trilogie. Piet Mondrian persiste et signe avec son tableau New York City. Ici encore, vous avez compris le principe, les lignes représentent les avenues de la ville américaine. Hélas, il meurt en 1944 avant d’avoir pu achever son dernier tableau, Victory Boogie Woogie. Ce dernier est néanmoins exposé au musée municipal de La Haye… le musée l’ayant acheté à un collectionneur privé pour plus de 35 millions d’euros!
Un très joli travail graphique sur l’œuvre de Mondrian sur fond de boogie-woogie:
____________________________________
Vous avez aimé cet article ? Alors j'ai besoin de vous ! Vous pouvez soutenir le blog sur Tipeee. Un beau geste, facile à faire, et qui permettra à EtaleTaCulture de garder son indépendance et d'assurer sa survie...
Objectif: 50 donateurs
Récompense: du contenu exclusif et/ou en avant-première
Je vous remercie pour tout le soutien que vous m'apportez depuis maintenant 5 ans, amis lecteurs!
Djinnzz
PS: ça marche aussi en cliquant sur l'image juste en dessous ↓↓↓↓
Je trouve ça joli sans être vraiment « beau ».
Les explications sont indispensables pour comprendre le tableau, et je trouve ça dommage. Une fois qu’on a compris le principe, c’est vrai qu’on le regarde plus tout à fait comme avant et il se dégage une dynamique d’ensemble fort appréciable. De là à acheter le tableau 35 millions d’euros, c’est franchement abusé…
Néanmoins, l’article est tout à fait intéressant et instructif. Par curiosité, j’ai été voir le reste des peintures de ce Piet Mondrian. Tout est à base de formes géométriques simples et de minimalisme en couleur. Je trouve ça plus décoratif que réellement artistique. Mais c’est le premier à s’être lancé dans l’abstraction pure et dure donc rien que pour ça il mérite d’être connu pour se la péter en soirée (c’est le concept de ce site après tout).
PS: la vidéo qui anime l’oeuvre est très réussie. Par contre, dans la vidéo, ce sont les touches rouges et bleues qui bougent comme des voiture et les routes sont jaune. Ce qui est en contradiction avec le fait que les touches jaunes sont censées représentées les taxis et les touches rouges et bleus des éléments du décor. J’imagine de toute façon que tout cela est sujet à interprétation.
Etonnant cet article après votre billet d’humeur d’hier… Comme quoi, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis! 😛
L’article précédent traitait de l’art contemporain. Là, c’est de l’art moderne… Nuance! 😉
Et l’art abstrait est plus intéressant que certains gribouillis ou du grand n’importe quoi de certains « artistes » d’aujourd’hui.
Et c’est quoi la différence? 😕
L’art moderne comporte toutes les oeuvres créées entre 1907 (Les demoiselles d’Avignon de Picasso) et 1965 environ (Pop Art). La liaison entre art moderne et art contemporain, c’est le pop art (andy warhol)
L’art contemporain désigne toutes les oeuvres postérieures à 1945-1960 (les limites sont floues, ce n’est pas une science exacte). pour qu’une oeuvre soit contemporaine, il faut également qu’elle s’inscrive dans la mouvance des choses qui se créent aujourd’hui.
Ce qui est encore plus interessant c’est de voir l’evolution de Mondrian au tout debut du siecle, s’inspirant d’abord du cubisme, puis eliminant petit a petit le superflu, les couleurs, puis les formes, jusqu’a ne representer que des lignes noires horizonvales et verticales, et juste un peu de bleu, de rouge et de jaune. Un excellent documentaire lui a ete consacre il y a une ou deux semaines.
Pour info, dans les années 80. Le maillot de l équipe cycliste La Vie Claire était inspiré de Mondrian. Maillot rendu célèbre par B Hinault, G Lemond et autre JF Bernard
J’en voudrais pas dans mon salon, mais faut admettre que c’est pas si mal. Si on connaît pas l’histoire derrière le tableau, plus aucun intéret.
Pour moi, une oeuvre d’art, c’est comme une blague: si on est obligé de l’expliquer après coup, c’est que l’oeuvre/la blague est mauvaise…
Contre-exemple flagrant de ce que vous dites: l’œuvre de Salvador Dali. Le Grand Masturbateur peut être considérée comme simplement « décorative » si on ne fait que regarder la toile d’un œil distrait.
Mais le tableau prend tout son sens une fois qu’on comprend les motivations de l’auteur. Il ne faut penser que l’art doit être « beau » (d’ailleurs, qu’est-ce que le « beau »?) et « prêt à l’emploi ».
Apprécier l’art demande du travail, beaucoup de travail. Mais pour un peu qu’on prenne la peine de s’y intéresser on découvre un univers à la richesse insoupçonnée. C’est ça qui est génial!
Tout comme il faut apprendre à lire pour apprécier un bon roman, il faut apprendre à « lire » l’art pour apprécier un bon tableau! Et on invite bien des écrivains sur les plateaux de télé/de radio ou dans des interviews dans la presse pour qu’ils expliquent leur démarche intellectuelle. Pourquoi un artiste n’aurait-il selon vous pas le droit d’en faire autant?
J’ai oublié de préciser que concernant Dali, je faisais référence au dernier article paru: http://www.etaletaculture.fr/arts/une-oeuvre-a-la-loupe-a-a-la-decouverte-du-grand-masturbateur/
J’arrive un peu à la traîne mais sachez que des gens ont créé un langage de programmation dont les programmes ressemblent à des peintures abstraites.
Il ne s’agit dont pas de textes comme d’habitude mais de véritables images.
Et devinez comment ce langage est appelé? Piet!
Les auteurs ont d’ailleurs créé quelques programmes qui ressemble aux peintures de ce monsieur!
Pour en savoir plus :
http://www.dangermouse.net/esoteric/piet.html
Et ici pour avoir des exemples :
http://www.dangermouse.net/esoteric/piet/samples.html
Excellent! 🙂
Mais j’imagine que Mondrian doit se retourner dans sa tombe à la simple idée qu’un vulgaire ordinateur tente de reproduire ses toiles!
Non non ce sont les développeurs qui rédigent les programmes (le code source) sous une forme graphique! L’image vient remplacer le code source qui d’habitude est sous la forme d’un texte. Ce n’est pas le programme qui génère la « toile » (de tels programmes existent aussi** mais ce n’est pas le cas ici).
En positionnant des pixels de différentes couleurs aux bons endroits, on crée le programme. Celui-ci sera ensuite interprété et compris par l’ordinateur pour qu’il exécute le programme voulu (l’affichage d’un texte, le calcul des décimals de Pi,…).
** : pour des programmes qui créent des toiles allez jeter un coup d’œil ici : http://hant.li.univ-tours.fr/webhant/media/GalleryPaintingAnts.html
J’ai toujours aimé P. Mondrian car il propose une véritable initiation à la couleur et aussi à l ´art abstrait.Il est recopié partout.