Les Hébreux, originaires de Mésopotamie et notamment de la ville d’Ür, sont un peuple de nomades. Suivant les directives de Dieu, Abraham et sa famille partent s’installer dans le pays de Canaan. Le « pays de Canaan », c’est le terme employé dans la Bible pour désigner le territoire situé entre le Jourdain et la Méditerranée, qui correspond à peu près à la position actuelle d’Israël.

Abraham a deux fils: Isaac et Ismaël. Isaac aura pour fils Jacob (qui sera renommé plus tard, je vous le donne en mille: Israël!), qui lui-même enfantera treize enfants… dont Joseph. Joseph est le petit chouchou de son père. Forcément, dans une famille nombreuse, cela crée des jalousies. Et comme dans la Bible, on ne fait jamais rien à moitié, Joseph est tout simplement abandonné et laissé pour mort au milieu du désert par ses frères – ça lui apprendra, à ce fayot.

L’histoire aurait pu s’arrêter là… Mais une caravane de marchands découvre Joseph agonisant, le sauve, et l’emmène avec eux en Egypte, où il devient serviteur d’un officier de Pharaon.

Après quelques rebondissements, Joseph parvient enfin à s’illustrer en interprétant un rêve de Pharaon: il prédit que l’Egypte subira sept années de famine qui succéderont à sept années d’abondance, et qu’un homme sage devra assurer la gestion du pays. Ni une, ni deux, Pharaon est conquis par cet homme plein de ressources et le choisit comme gestionnaire… Et c’est ainsi qu’un Hébreu devient l’un des hommes les plus importants d’Egypte!

Pour la petite histoire, Joseph ne s’était pas trompé: la famine s’abat bien sur l’Egypte. La famille de Joseph, elle, continue de vivre dans le pays de Canaan mais, poussé par la famine, Jacob/Israël envoie ses fils (les frères de Joseph, donc, faut suivre…) en Egypte pour acheter des provisions. C’est à cette occasion que, par le plus grand des hasards, Joseph reconnaît ses frères. Il en profite pour leur donner une bonne leçon (franchement, les gars, ça ne se fait pas d’abandonner son frangin au milieu du désert!), puis leur dévoile son identité et leur pardonne. Joseph va ensuite au chevet de son père (qui le croyait mort depuis plus de vingt ans!) qui a juste le temps de lui déclarer, avant de rendre son dernier soupir: « Je peux mourir à présent, mon fils, puisque je t’ai vu ». (Fin de la parenthèse larmoyante.)

Joseph reconnu par ses frères, par Léon-Pierre-Urbain Bourgeois, 1863

Joseph, fils de Jacob, bras droit de Pharaon

Profitant de sa position avantageuse au sein du gouvernement, Joseph incite les Hébreux à venir s’installer en Egypte, et ils ne se font pas prier. Puis, les années passent: Joseph meurt, les pharaons se succèdent à la tête de l’Egypte, et les vagues successives d’immigration d’Hébreux en Egypte continuent… Bien sûr, cette explosion de l’immigration en inquiète plus d’un parmi les têtes pensantes égyptiennes… « Ils nous volent notre travail », disent les uns, « c’est rien que des fainéants », disent les autres, « Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, eh bien le travailleur égyptien sur le palier devient fou! » se serait même aventurer un dignitaire du pays. A ce fléau, une seule solution: hop, on vous réduit en esclavage. Ça tombe bien, on a une poignée de pyramides à construire… (du moins, ceci est la version de la Bible! Parlez à un historien sérieux aujourd’hui, et il vous dira que l’esclavage dans l’Egypte antique n’est qu’un mythe. Croyez bien qui vous voulez.)

Un homme pour les sauver tous: Moïse

Plusieurs centaines d’années passent et la condition des Hébreux au sein de la société égyptienne n’a guère évolué. Naît alors un homme que vous connaissez tous… Moïse! Passons rapidement sur son histoire: le berceau flottant, les dix plaies d’Egypte, la mer Rouge qui s’ouvre en deux, tout ça. Ce que l’on va retenir aujourd’hui, c’est que Moïse a organisé l’exode des hébreux hors d’Egypte. Et c’est déjà pas mal.

Gazouillez les pinsons, à soulever le jour! (Charlton Heston dans Les Dix Commandements)

A sa mort, Moïse nommera un certain Josué comme successeur pour conduire le peuple juif à la Terre Promise. Jusqu’à présent, on nage en plein pays des Bisounours: les méchants égyptiens châtiés par la puissance divine, les gentils Hébreux qui fuient comme un seul homme, unis dans l’adversité… Mais c’est maintenant que les choses commencent à se gâter… Cette fameuse Terre promise à Abraham et à ses descendants, le « pays de Canaan », il faut maintenant aller la conquérir!

Josué, devenu chef des Israëlites, commence le temps des conquêtes en s’attaquant à la ville de Jéricho, 1500 ans avant Jésus-Christ, qu’il rase allègrement au son des fameuses trompettes. Très vite, la quasi-totalité du pays de Canaan tombe entre les mains des Hébreux. L’organisation du territoire commence.

Avançons un peu dans le temps…

Mille ans avant l’arrivée sur Terre d’un certain Jésus-Christ, le célèbre roi David entre en scène, oui, ce même roi David que dans l’épisode de David et Goliath! Goliath était un géant de 2,9m de haut, appartenant au camp philistin qui sema la pagaille au sein de l’armée d’Israël. Il mit les Israélites au défi de trouver un homme suffisamment courageux et puissant pour le vaincre en duel. C’est David, alors jeune berger, qui releva le challenge. La suite, on la connaît tous: David parvient à tuer Goliath à l’aide d’une simple fronde.

David et Goliath, peint par Le Caravage, 1600

Le Royaume de Salomon

Auréolé de cette victoire prestigieuse, David ne tardera pas à prendre les rênes du pays. Il sera un très bon roi qui réussit à conquérir un vaste royaume s’étendant de l’Egypte à la Mésopotamie. A sa mort, son fils Salomon, non moins célèbre que son père, prendra le relais. Lui, c’est sa sagesse et son sens de la justice qui le fera rentrer dans la légende. Vous voulez un exemple? En voici un. Deux femmes se présentent un jour à la cour du roi Salomon, se disputant la maternité d’un nouveau-né. Las de leurs disputes stériles, il ordonne que l’on coupe le nourrisson en deux et que l’on en donne une partie à chacune des deux femmes. Outrage! Vous écriez-vous sûrement. Non! Car l’une des deux femmes se réjouit du jugement, tandis que l’autre implore le roi de laisser l’enfant en vie, quitte à laisser la garde à sa rivale. En elle, Salomon reconnaît la vraie mère de l’enfant et lui donne finalement raison… Depuis, l’expression de « jugement de Salomon » est entrée dans le langage courant!

Le roi Salomon, peint par Pedro Berruguete vers 1500

Hélas, trois fois hélas! La sagesse n’est pas d’un grand secours quand on manque de descendance… Faute d’héritiers, le Royaume de Salomon sera divisé à sa mort. C’est ainsi que naîtront la Judée, au Sud, et Israël, au Nord.

Ici s’achève le premier épisode de notre dossier sur la naissance d’Israël. Il nous reste encore tant de choses à voir! La destruction du temple de Salomon, la conquête d’Israël par les Perses, puis par les Romains, puis par l’empire ottoman, puis par les Croisés, puis par Napoléon, puis par… Bon OK, arrêtons-nous là et ménageons le suspense.

La suite, c’est par ici… [La naissance d’Israël, partie 2]

Sources

– Brève histoire d’Israël, une vraie pépite!

– La Bible, la référence ultime!