De la différence entre un chef et un dirigeant
Les cas de mal-être (voire de harcèlement) au travail abondent. Je vous propose aujourd’hui une des multiples explications de ce fléau. Avant toute chose, revenons sur la définition de deux termes souvent employés à tort…
- Un chef, c’est quelqu’un qui se sent investi d’une mission. Dans son esprit, ses prérogatives dépassent largement le cadre de l’entreprise: il veut une emprise sur l’ensemble de ses subordonnés, incarnant le rôle d’un chef de famille qui ne tolère pas la désobéissance. Travailler pour un chef, c’est lui devoir respect, obéissance et soumission. Ou s’exposer à son courroux.
- Un dirigeant, c’est l’exact opposé. Son but est de s’appuyer sur ses propres compétences pour remplir des objectifs déterminés à l’avance. Il fait la distinction entre l’individu et la fonction qu’il incarne. Il ne vit pas un écart de conduite d’un de ses salariés comme un affront personnel, mais comme un obstacle à franchir pour parvenir à ses fins.
Dans la culture occidentale, un homme (ou une femme) placé hiérarchiquement au-dessus d’un autre se sent investi du rôle de chef, et ne parvient pas à se placer dans la peau d’un dirigeant. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le travail soit souvent vécu comme une torture, à la fois pour l’employé et pour le chef lui-même!
Et aucune loi contre le harcèlement n’y pourra rien changer…
Et vous, êtes-vous plutôt chef ou dirigeant?
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« Dans la culture occidentale, un homme (ou une femme) placé hiérarchiquement au-dessus d’un autre se sent investi du rôle de chef »
C’est pas un peu rapide comme affirmation?
Si on s’en tient à la stricte définition du mot chef, je ne pense pas, non… En tout cas, je n’ai pas de contre-exemples qui me viennent en tête.
Quelles est votre opinion sur le sujet?
Faut voir ce qui est considéré comme étant la définition stricte.
J’ai pas mon Robert sous la main, du coup, je fais un tour chez Larousse qui me sort un simple : « Chef : Personne qui commande, qui exerce une autorité, une influence déterminante. »
http://www.larousse.fr/dictionnaires/rechercher/chef
On est loin du « chef de famille qui ne tolère pas la désobéissance ».
Ensuite, pour le travers occidental sur le sujet, mon expérience me fait dire que c’est loin de ne concerné que l’occident. A vrai dire, j’attends plutôt un exemple de culture « moderne » ou le dirigeant éclairé est une norme.
Plutôt que la simple définition du dictionnaire, je pensais plutôt aux travaux des sociologues tels que Max Weber ou Pierre Bourdieu, notamment sur les différents types de domination.
Cet article se veut juste être une petite introduction aux différentes façons d’appréhender une fonction hiérarchique. Je rédigerais peut-être un article plus poussé sur la question (mais il faudra pour se faire que je prenne le temps de dépoussiérer un peu mes bouquins de sociologie! 😉 )
Rentrer dans le détail des dominations traditionnelles, charismatiques ou rationnelles est passionnant!
Je suis d’accord avec toi sur le fait que l’Occident n’est certainement pas le seul à être touché par le mal-être au travail, le premier exemple me venant à l’esprit étant la culture asiatique (il n’y a qu’à lire Stupeur et Tremblements d’Amélie Nothomb pour s’en persuader!). Ceci dit, les mécanismes en jeu sont tellement différents des nôtres que j’ai préféré la mettre de côté et me concentrer sur l’Occident.
Le mal-être au travail est davantage imputable à un manque de structure, un manque de communication, un chaos organisationnel, etc.. au sein de l’entreprise ou du département. Pas tellement le fait d’éventuels managers despotiques. Cfr. les suicides en série chez France Télécom…
C’est en Afrique que Mobutu faisait constamment allusion à son rôle de « chef »….
En Occident, les despotes ont toujours été mal vus. Par exemple, tout « monarque absolu de droit divin » qu’il était, un Louis XIV n’a jamais osé user de son pouvoir pour abattre Nicolas Fouquet. Louis XIV a bien insisté pour qu’il y ait un procès, qui n’a finalement pas été dans le sens souhaité par le roi (emprisonnement de Fouquet, au lieu de son exécution).
Plus généralement, aucun monarque européen n’a jamais osé user de son « droit de vie et de mort », lequel est toujours resté une prérogative très théorique….