Le coup de gueule du Vendredi : Les nouveaux mots du dictionnaire
Qu’il est loin, le temps où le petit Larousse ou le Robert étaient les références incontestées de la langue française. Parce que non, en tant qu’amoureux de la langue française, je ne suis plus du tout d’accord avec ces institutions vieillissantes.
Cette obsession maladive de s’inscrire dans l’ère du temps en devient pathétique.
Naïvement, j’ai longtemps cru que c’était au dictionnaire d’apprendre la langue française aux gens. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Les jeunes de banlieue, les ados prépubères et les réseaux sociaux dictent leur loi grammaticale. C’est triste.
Bon. Que le bobun ou le bento fasse leur apparition dans le dico, passe encore. Etant un inconditionnel de la cuisine asiatique, je ne m’offusque pas.
Que les agences de notation, les dettes souveraines ou autres Indignés se voient consacrés quelques lignes, ça me paraît normal: ça colle avec l’actualité.
Que bobettes, panade ou prépensions, termes d’origine québécoise, se voient ouvrir les pages du dictionnaire, ma foi, pourquoi pas? Un petit côté exotique n’est pas de refus, même si cela ressemble fortement à une opération marketing pour tenter de vendre des dictionnaires outre-Atlantique.
Mais pour les mots psychoter, comater ou pipeauter, là je dis: STOP!
Sérieusement, le dictionnaire a-t-il vraiment pour vocation de cautionner ces dérives du langage? Doit-on vraiment faire croire aux nouvelles générations que la langue française, c’est ça?
Tweeter? Non, mais t’es sérieux, là, mon p’tit Robert?! Tu trouves que c’est français, ça, « tweeter »? Est-ce vraiment ton rôle que de faire de la publicité pour une entreprise commerciale?
– Et, mais, faut arrêter de psychoter, là, M’sieur! Tweeter c’est top fashion! LOL!
– Arghhhhhhh!!!! Jessica, tu sors!!!!
Tenter d’élever le niveau, voilà une action qui serait courageuse de ta part, mon p’tit Robert. Mais, c’est sûr, tu ferais moins le buzz et vendrais moins de papier. Ça serait dommage pour toi.
R.I.P. la langue française. Pour les has-been, ça veut dire Rest In Peace en anglais ou Requiescat In Pace en latin. Repose en paix, quoi. Mais c’est tellement mieux de parler en initiales.
Ah, oui, au fait, j’ai gardé le meilleur pour la fin: LOL est aussi dans le dico!!
Omfg! Wtf??? Je suis mdr!
– +1, M’sieur!
– Bon, Jessica, fpc et gtfo. C klr? J’en ai raf de ce que tu penses, kk?
Pour ceux qui ne comprennent pas les trois lignes ci-dessus, attendez la version 2014 du petit Larousse.
J’ai envie de terminer cet article par le mot de Cambronne. Comprenne qui pourra.
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Djinnzz
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Bonjour,
Je tiens à vous féliciter pour votre site qui est très intéressant, même si je ne suis pas tellement d’accord avec cet article. Je suis linguiste, et pourtant, je ne me considère pas à même de juger les mots dignes ou indignes. Bien sûr, il me paraît normal de préférer un mot bien construit en français à un anglicisme barbare. Mais psychoter, comater ou pipeauter (qui ne sont d’ailleurs pas mal formés) sont aujourd’hui des mots du langage courant, on ne peut le nier. Les dictionnaires ne manquent pas de préciser qu’ils appartiennent au langage familier, mais ne peuvent pas les ignorer. A la différence du Dictionnaire de l’Académie française, le Petit Robert et le Petit Larousse n’ont jamais eu de vocation normative. Ils sont descriptifs, c’est-à-dire qu’ils n’émettent pas de jugement. Leur rôle est d’informer, parce que chaque francophone rencontrant un mot qu’il ne comprend pas doit pouvoir être éclairé sur son sens. Ensuite, libre à lui de l’employer ou pas (je n’emploie ni « psychoter », ni « lol », rassurez-vous).
La langue évolue, c’est un fait. Chaque génération enrichit la langue de ses propres mots, qu’on le veuille ou non. Et les mots que nous employons aujourd’hui sans nous poser de questions étaient parfois il y a quelques siècles (ou quelques décennies) aussi décriés que certains mots qui entrent dans le dictionnaire aujourd’hui. Trouvez-vous le français du Moyen Âge plus pur que celui du XXe, ou même du XXIe siècle? Je trouve qu’il est surtout différent.
Bonsoir,
Il existe dans les dictionaires le verbe « ronéotyper » qui découle d’une machine « une ronéo » servant à dupliquer un document et qui était fabriquée par une entreprise qui s’appelait justement « La Compagnie du Ronéo ».
Bien sûr, elle n’existe plus à cause des photocopieurs et de l’informatique.
Est-ce un verbe français (Ronéo était étranger !)?
Mais « Tweeter » n’a pas l’air d’être comparable.
La discussion reste ouverte.
Eurosix
Merci de bien vouloir corriger mes fautes :
-comparable et no compartable
-discussion et non discution
Ce doit être possible pour vous. je suis allé trop vte.
Au fait, j’ai travaillé pour Ronéo en 1960 !!
Eurosix
Note de Djinnzz: Fait! 😉
Bonjour,
je partage votre point de vue. J’ai créer une association dans le but de défendre la splendeur et la rareté de notre langue. Pour plus de détail, rendez-vous sur le site http://www.plecf.weebly.com.
Nous organisons un concours : « mon langage, ma traduction ». Les participants doivent traduire un anglicismes en inventant un mot original.
Pour participer envoyer votre mot à l’adresse plecf.france@gmail.com. Ce mois-ci traduisez le mot anglais « sprint ».
En espérant votre participation,
La PLECF (protection de la langue et de la culture française).
Une image qui illustre parfaitement l’article!
Bonjour,
Je viens de faire un petit tour sur le(s) site(s) de la PLECF. Est-ce une blague ?
– Pas de contenu
– Orthographe : « ACCEUIL » sur le 1er site
– Grammaire : OFF = « Opération Fabriqué en France »
C’est vraiment pour défendre la langue française ? Ou c’est le contraire ?
Tous les « termes » de l’usage courant ne doivent pas forcément se retrouver dans le dictionnaire. Sinon, il faudra que tous les noms de plat (et pas seulement « bobun »), toutes les onomatopées, toutes les expressions (telle que ASAP), et ainsi de suite, doivent aussi y être.
Il faut peut-être garder la raison et le sens de la mesure, sans quoi le dictionnaire deviendra au mieux une encyclopédie des mots, au pire une poubelle.
Je me demande si ceux qui veulent défendre la langue française sont réellement des bons gardiens du temple.
Comment s’amuser au Scrabble dans quelques années au train où vont les choses ?
(scrabble est devenu un mot du dictionnaire, son absence ne m’aurait pas dérangé, je l’aurais écrit avec une majuscule ou entre guillemets pour signifier qu’il s’agit d’un mot non académique, non présent dans le dictionnaire).
PS : Je viens de découvrir ce site, très intéressant, très bien, et j’aurai pu réagir sur un tas d’autre sujet. Merci pour tout votre effort.
Bonjour Toutérelatif,
Il est vrai qu’un site prônant la défense de la langue française et bourré de fautes d’orthographe, ça ne fait pas très sérieux… Je ne connais absolument pas cette association, d’ailleurs j’ai un doute sur le fait qu’il s’agisse d’une réelle association.
Je suis tout á fait d’accord avec le reste de votre propos, et je vous remercie pour vos compliments!
« Chelou » entre dans le Robert ! Non, mais allo ! Cela doit être l’exception culturelle à la française, dans tous les sens du terme.
Bonjour bonjour, je vois que je ne suis pas le seul à m’étonner (voir m’offenser :O) de ces nouveaux mots.
En fait ce qui me gène surtout c’est le caractère éphémère qu’ont ces mots : Qui emploiera encore Triple A dans 50 ans ?
Les dictionnaires essayent d’adopter des mots djeun’z (tiens c’est pas encore dans le dico ça ? ) mais je pense qu’ils ont quoi qu’il arrive un coup de retard, voir être carrément désinformé.
Personnellement je n’entend le mot chelou par exemple (oh le dico de Firefox me propose de le corriger, brave Firefox) que dans des téléréalités françaises, c’est a dire quasiment jamais. Pourtant je ferais partie du « public cible » de ce mot (j’ai 20 ans je suis étudiant).
Eh bien, je crois qu’il y a une grande confusion entre ce que devrait être dictionnaire et ce que devrait une grande encyclopédie des mots.
Pour moi, un dictionnaire devrait être un recueil de mots académiques avec leurs significations pour que nous puissions nous exprimer correctement. En cas de doute sur l’orthographe d’un mot ou de sa signification, nous y référons.
L’encyclopédie, quant à elle, recenserait tous les mots utilisés dans une langue, aussi bien écrite que parlée, en abrégé (exemple : « dtc » – mais je ne pense pas qu’on osera), en verlan (exemple : « cem » – pourquoi pas ce mot et pourquoi « meuf » ou « chelou » ?), en argot (exemple : taf – dans j’ai du taf), expression (exemple : triple A – ceci dit, il faudrait aussi double A et A tout court), etc.
Ce que nous font aujourd’hui nos « lettrés », c’est une sorte d’objet hybride, sans idée claire (me semble-t-il), sans visée lointaine (ça semble évident) et sans cohérence (pourquoi pas « forwarder » ou « ribouter »/ »rebooter » comme verbes dans le Robert ? Va comprendre Charles {ou Kevin, mais il y a déjà copyright de Djinnzz}).
Quelque part, j’aime penser qu’il y a des raisons supérieures qui m’échappent et que tout est entre de bonnes mains.
Au fait, si j’étais Firefox, je tenterais « gestran » comme traduction possible de « chelou ». On ne va pas se laisser faire, non ? Non mais allo ! C’est comme si je te disais « t’as un Robert et t’as pas de Collins ». Au train où vont les choses, la petite dame entrera peut-être dans le Robert des noms propres pour sa contribution à la culture française.
Sur ce, je vais regarder « L’amour est dans le pré » actuellement à la tété. Eux, au moins, ils savent ce qu’est la culture, la vraie.
Il me semble que la seule autorité normative en matière de correction de la langue française en France est l’Académie française qui a été créée dans ce but.
Or plus personne ou presque ne se soucie de ses recommandations. L’exemple le plus récent étant de confondre sexe et genre. L’Académie se plaît à répéter que les mots ont un genre (masculin ou féminin) et non un sexe. Ainsi, pourquoi le mot « porte » est-il du genre féminin ? Pourquoi « une » voiture, « un » avion, etc. ? Par conséquent, dire « la ministre », « la maire » lorsque ces positions sont détenues par des femmes est une aberration grammaticale. De même, pourquoi voir dans l’emploi générique du masculin un signe de machisme insupportable et devoir dire « ils/elles » ou accorder les adjectifs aux deux genres avec les « (es) » dès qu’on parle en général ? Mettre des « e » pour féminiser les noms qui s’y prêtent (auteure, écrivaine…). ? Faudra-t-il un jour créer de nouveaux pronoms asexués et supprimer les accords de genre pour plus de simplicité ?
L’Académie française attend (peut-être un peu trop longtemps, il est vrai) que passent les effets de mode ou d’idéologie avant d’accepter un mot et de torturer la grammaire. Peut-être serait-il utile de la considérer comme seule autorité normative, les autres dictionnaires servant à décrire l’évolution du langage à un instant T. Ils ont leur utilité et rendent bien service parfois pour décrypter les différents jargons actuels.