Ce que j’ai appris cette semaine #001
Une semaine, c’est long. On peut en apprendre, des trucs, en une semaine.
Alors, pour ma part, j’ai appris :
– Que Tristan et Isolde est un opéra magnifique.
Entendons-nous bien : je savais jusqu’alors que Tristan et Isolde était un opéra, et je supposais qu’il était beau, puisqu’ écrit par Wagner. Sauf que, jusqu’à présent, je ne l’avais pas encore vu. Eh bien cette semaine, c’est chose faite. Et j’ai découvert que j’avais tort : Tristan et Isolde n’est pas seulement « beau », il est tout simplement le plus bel opéra jamais écrit de tous les temps.
Je sais, je m’enflamme. Mais Wagner lui-même disait :
Tristan devient quelque chose de terrible ! Ce dernier acte !… J’ai peur qu’on interdise mon opéra, sauf si de mauvaises représentations en donnent une parodie. Elles seules lui assureront la vie sauve. Car si elles étaient parfaitement bonnes, les gens deviendraient fous…
La perfection a pourtant été atteinte hier soir (samedi 08/10/2016) au Metropolitan Opera de New-York, avec une distribution grandiose (ce n’est pas pour rien si Nina Stemme est considérée comme la plus grande Isolde actuelle…) et une mise en scène osée mais toujours juste.
Un opéra que je ne conseillerais pourtant pas aux néophytes, ses 5h13 (!!) pourront paraître interminables et l’atmosphère si particulière de la musique de Wagner risque d’en dérouter plus d’un ! Préférez plutôt Le Vaisseau Fantôme ou Tannhauser pour vous initier au compositeur…
J’en entends d’ici : oui, on aimerait bien, nous, mais l’opéra ça coûte cher, c’est élitiste, c’est… STOP !
Les opéras du monde entier font des efforts pour offrir des places à moindres coût (parfois moins cher qu’une séance de cinéma), et beaucoup de cinémas retransmettent en direct les opéras donnés au Metropolitan. Tarifs en 2016 : 35 euros la séance, 20 euros pour étudiants et moins de 18 ans, 250 euros l’abonnement aux 10 séances de la saison.
J’insiste un peu, parce que ça vaut VRAIMENT le coup
(et puis parce que j’en ai marre d’être le seul de moins de 70 ans dans le public !!!)
(j’exagère à peine)
– Qu’Agalloch est un groupe de musique for-mi-da-ble.
Selon Wikipedia, Agalloch joue un style de musique « progressif et avant-garde de folk metal qui englobe une gamme d’influences dark folk, post-rock, black metal et doom metal ». Je ne comprends pas grand chose à ce charabia, mais c’est franchement excellent.
(Mention spéciale aux albums The Mantle et Ashes against the Grain)
Quant au nom Agalloch, il vient du nom scientifique de la résine du bois d’Agar : Aquilaria agallocha, qu’on utilise pour soigner certaines maladies.
Voilà voilà…
– Que le coucou est un oiseau fascinant.
Jugez plutôt : la femelle coucou pond un œuf dans un nid d’une autre espèce d’oiseaux (principalement rousserolles et fauvettes). L’œuf a un développement rapide et sera le premier à éclore : le nouveau-né prend alors soin d’expulser toute la couvée hors du nid… et se fait nourrir tranquillement par ses parents « adoptifs ».
Ce comportement de parasite semble être détestable. Pourtant, la vie de coucou n’est pas si simple: pour réussir son coup, la femelle n’a pas le droit à l’erreur ! D’abord, elle doit détecter un nid d’une espèce compatible. Par exemple, hors de question de pondre dans un nid de granivores : les coucous sont insectivores et le coucou mourrait de faim. Un long travail de guet attend également la femelle : elle doit attendre que les parents du nid-cible soient absents et gober en vitesse un des œufs de la couvée pour le remplacer par le sien. Pour parfaire l’illusion, bien que la femelle coucou soit parfois 5 à 6 fois plus grosse que l’espèce qu’elle parasite, elle parvient à adapter la taille de son œuf à celui de la couvée…
– Que la vantardise et l’immodestie du Douanier Rousseau n’avaient aucune limite…
Fernande Olivier nous rapporte dans son livre Picasso et ses amis (1933) qu’il aurait dit à Picasso, en 1908, lors d’un grand banquet organisé en son honneur :
Nous sommes les deux plus grands des peintres de l’époque, toi, dans le genre égyptien, moi dans le genre moderne.
Ce que ce pauvre Rousseau ne savait pas, c’est qu’il était l’invité d’un « dîner de cons » où il était la risée de tout le monde !
(source)
Mais bon il fait des beaux tableaux alors on l’aime bien quand même.
(cette dernière phrase était l’analyse « Arts » de la semaine)
– Qu’en informatique, l’obfuscation est un ensemble de techniques permettant de rendre un code source illisible par un être humain.
Dans un premier temps, le programmeur écrit son code de façon lisible et intelligible. C’est une fois son travail terminé que le procédé d’obfuscation commence… Les variables et les fonctions internes du programme sont renommées avec des noms incompréhensibles ; des lignes inutiles sont ajoutées pour brouiller les pistes ; tous les commentaires permettant la compréhension du code sont supprimés. Bref, toute la structure-même du code vole en éclat.
Le résultat est une succession indigeste de caractères, souvent de plusieurs dizaines de milliers de lignes, que seule la force de calculs d’un ordinateur est capable d’interpréter…
Le programmeur garde précieusement la version originale de son travail afin de pouvoir s’y référer dans le futur (ou lui apporter des nouvelles fonctionnalités), et en publie la seule version « obfusquée ».
Ainsi, le programmeur évite que des « petits malins » s’approprient le fruit de son labeur… (et s’assure par la même occasion que nos clients soient obligés de faire appel à nous à l’avenir pour l’ajout de nouvelles fonctionnalités !)
À bien y réfléchir, il en va des sentiments comme des codes informatiques. Point de piratage industriel à éviter ici mais une certaine pudeur qui nous pousse parfois à masquer nos sentiments à nos proches, et à nous rendre impénétrables. Le cœur des hommes est un gouffre insondable…
– Que l’adjectif phatique ( du grec ancien phatis, « parole ») désigne toute la partie du langage qui ne sert qu’à meubler une conversation, sans information contenue dans le message.
– Comment ça va ?
– Ça va et toi ?
– Ben on fait aller, comme un lundi haha
– Y commence à faire froid, hein ?
– etc, etc…
(exemple de conversation phatique)
Le paradoxe, c’est que la fonction phatique, bien qu’inutile en terme de contenu, est absolument primordiale dans les interactions humaines…
Bon ben voilà ce que j’ai appris cette semaine… Et vous ?
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Djinnzz
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Merci pour ce partage très intéressant !
Pour ma part, je n’ai pas appris grands choses… Si ce n’est peut-être que Louis Sarkozy fait des sex-tapes avec sa copine, mais je ne sais pas si ça compte.
On va dire que non lol
Blague à part, j’attends le #002 maintenant, c’est malin 🙂
Si tu veux, je peux t’eclairer sur les genres de metal que tu cites.
Merci pour tes articles. Du plaisir à chaque fois.
Haha pourquoi pas 🙂 Mais j’ai abandonné l’idée de comprendre toutes les mouvances du métal, trop compliqué pour moi 🙂
J’écoute surtout du progressif, et puis d’autres groupes que j’aime bien mais que je suis bien incapable de classer
(Riverside, Arena, Gojira, Faith no more, Deftones, Symfony X, Leprous, Haken, Pain of Salvation, Megadeth, Porcupine Tree, Manson… la liste est longue :p )
Seulement six choses apprises en une semaine ? C’est un peu court ! Vous me décevez maître Djinnzz 🙂
On fait ce qu’on peut ! :p
« l’obfuscation des sentiments » c’est très joli, je vais essayer de retenir.
Pour Tristan et Isolde, je passe mon tour :p
C’est dommage ! Mais si vous changez d’avis, l’opéra est facilement trouvable sur Youtube avec sous-titres en français
Conversation phatique et nécessité sociale : « Intus ut libet, foris ut moris est »
J’adore étaler des locutions en latin que personne ne comprend !
Une question se pose : comment un poussin qui vient de naître peut-il pousser hors du nid des oeufs ?
La réponse est là : Le poussin possède une zone sensible dans le creux de son dos qui provoque des mouvements d’éjection, par-dessus les bords du nid, de tout corps dur, c’est-à-dire des œufs ou des jeunes poussins de l’hôte.
Un par un, tous les œufs ou les jeunes qui reposent à ses côtés seront ainsi basculés au-dehors. Puis le petit Coucou reviendra au fond du nid se reposer de l’effort inouï qu’il aura fourni.
La Nature est diabolique et merveilleuse à la fois <3
Merci pour l’info ! Je m’étais posée cette même question en lisant l’article !!!!
Eh ben moi je viens d’apprendre le mot immodestie :p
Je n’écoute plus de métal depuis un moment et je n’ai jamais réussi à écouter plus de 10 min d’opéra…. Mais le reste je prends !
Et puis même sans aimer l’opéra, cela me permettra de caser quelques connaissances en soirée.
Pour ma part :
1 – la peinture acrylique de modélisme se dilue avec de l’alcool et non de l’eau, qui l’eut cru ?
2 – le cri d’une baleine peut s’entendre jusqu’à 1000 km,
3 – le diamètre d’une piste de cirque digne de ce nom mesure 13m, mesure donnée dès les débuts du cirque équestre.
J’espère que ça vous ira !
Oui, ça me va ! lol
J’ai d’ailleurs du mal à comprendre comment on peut écouter de l’opéra ET du métal… c’est quand même deux mondes diamétralement opposés…
C’est affligeant, j’ai beau pour ma part me creuser la cervelle pour trouver au moins un truc que j’aurais appris cette semaine, et je ne trouve rien… Il faudrait que j’arrête la télé, moi…
Ça me va aussi haha
Concernant métal et opéra, je ne me suis jamais vraiment posé la question !
Bon, « métal » est un terme générique qui ne veut pas dire grand chose et dans lequel on case des milliers de groupes qui n’ont pourtant rien à voir entre eux.
Mais si on doit chercher un point commun, je dirais que « métal » et opéra sont tous les deux difficiles d’accès et ne peuvent s’apprécier qu’après de multiples écoutes et une culture musicale relativement solide, contrairement à des styles musicaux plus grand public qui flattent l’oreille dès les premières secondes…
Un petit défi blAst, ça te dit ? On se donne rendez-vous ici dimanche prochain et tu nous concocte une liste de ce que tu as appris dans la semaine. C’est bon pour les méninges 🙂
Je n’y connais rien au métal, mais l’opéra je maîtrise.
Je suis d’accord avec vous : il faut une culture musicale pour commencer à apprécier l’opéra. La plupart des passionnés (dont je fais partie) ont été baignés dedans dès leur plus jeune âge. encore faut-il avoir la chance d’avoir des parents eux-mêmes passionnés.
C’est sans doute pour cela que l’image « élitiste » colle à la peau de cette musique : elle se transmet en général de générations en générations, laissant de côté toute une partie de la population qui n’a pas eu la chance d’y être initiée.
Bien sûr, il n’est jamais trop tard pour s’y mettre… Mais le monde de l’opéra possède ses codes, ses stars, ses anecdotes, son vocabulaire, etc. qu’il conviendra de découvrir aux nouveaux « arrivants ». (pourquoi pas un article sur le sujet d’ailleurs ?)
Mais ça vaut le coup. L’acte III de Tristan et Isolde est une splendeur, la mort d’Isolde une apothéose… J’en ai des frissons rien que d’y penser.
Chiche ! 🙂
En réponse à Michel :
Je suis d’accord avec vous.
J’ajouterai que, tout comme le mot « métal » ne veut apparemment rien dire, le mot « opéra » ne veut pas dire grand chose non plus…
Quoi de commun entre un Monteverdi, Gluck ou Haendel (opéra baroque) et Mozart ou Verdi ?
Entre La Belle Hélène d’Offenbach et Wozzeck d’Alban Berg ?
Entre Salomé de Richard Strauss et Orphée et Eurydice de Gluck ?
Pas grand chose en vérité ! Peut-être autant de différences qu’il y a entre Tristan et Isolde et la dernière comédie musicale de Kamel Ouali…
Ben pour ma part, ma fille a partagé avec moi ce bel article.
J’ai pas appris grand chose en quantité mais je pense que la qualité est là; ou tout du moins elle me convient bien. Bonne lecture !
http://archeo.blog.lemonde.fr/2016/10/08/decouverte-de-la-tombe-de-soliman-le-magnifique/
En plus de toute cette liste et d’autres articles que je m’en vais chercher, j’ai appris qu’on pouvait augmenter son QI en pratiquant durant 20 jours (20min) des exercices mis aux points.
Ça n’as pas l’air des plus fastoche et je vous mets au défis de tenir le coup.
http://brainworkshop.sourceforge.net/
Par contre c’est en Anglais mais on comprends facilement, il n’y à pas de test écrit, ce n’est que de l’observation.