Le célèbre Nabuchodonosor II, roi de Babylone vers 600 avant Jésus-Christ, a des rêves de conquête. Il envoie son meilleur général, un certain Holopherne, pour soumettre les peuples de l’Ouest de son royaume. À la tête d’une immense armée, le voilà pillant et massacrant tout sur son passage, mettant le Proche-Orient à feu et à sang. Holopherne arrive aux portes de la ville de Béthulie située au coeur d’Israël. Guidés par le grand prêtre de la ville Éliachim, les Béthuliens refusent d’ouvrir les portes à l’envahisseur et se tiennent prêts à défendre coûte que coûte leur pays, persuadés que Dieu leur offrira la victoire.

S’engage alors un siège long et éprouvant: Holopherne attend patiemment que les réserves en eau de la ville soient épuisées. Et sa stratégie marche plutôt bien! Au bout de 20 jours, les citernes sont vides! Les Béthuliens sont soumis au lent supplice de la soif et des tensions commencent à naître entre les habitants.

Le doute commence à s’immiscer dans l’esprit des défenseurs de la ville. Se peut-il que Dieu les ait abandonnés? Le Prince de Béthulie, Ozias, fait alors un discours: « Attendons encore cinq jours, et si le courroux de Dieu ne s’apaise pas contre nous, alors nous nous rendrons. »

Cette déclaration vient aux oreilles de la riche et puissante Judith, fille de Siméon. Sa foi en Dieu est inébranlable et elle ne décolère pas à l’égard d’Ozias qui ose fixer une limite au Seigneur! Elle décide de passer seule à l’action.

Après une longue prière pleine de ferveur, elle sort de la ville accompagnée de sa servante et se dirige droit vers l’armée ennemie. Éblouis pas sa beauté, les soldats assyriens la conduisent directement auprès d’Holopherne. Elle met le Général en confiance et lui fait croire qu’elle est prête à trahir les siens et à lui livrer la ville.

Le quatrième jour de la présence de Judith dans le camp ennemi, Holopherne fait livrer un magnifique banquet dans sa tente et boit plus que de raison. Complètement saoûl, il fait évacuer ses convives pour rester seul avec la belle et séduisante Judith. Grossière erreur! Sans la moindre hésitation, Judith s’empare d’un cimeterre accroché à l’une des colonnes du lit, frappe violemment Holopherne au cou et lui tranche la tête.

Sa servante cache ensuite la tête dans un sac à provisions. Toutes deux, elles retournent à Béthulie. Brandissant la tête du Général ennemi, Judith redonne espoir à son peuple. Elle prend alors le commandement de la ville et sonne une sortie contre les Assyriens qui sont très vite taillés en pièce.

Judith décapitant Holopherne – Le Caravage – 1598

Voilà un épisode célèbre de l’Ancien Testament qui, pour une fois, ne cantonne pas la femme au rôle de potiche ou, pire, d’immonde pêcheresse. Judith a inspiré énormément d’artistes dont le Caravage ou Artemisia Gentileschi. Il faut dire qu’une scène représentant une magnifique jeune femme décapitant un puissant homme de guerre ne manque pas de piquant!