« La Bourse, j’en ai rien à cirer! » ou l’histoire d’une boulette qui coûte cher
Le désamour entre les hommes d’État et les marchés financiers ne datent pas d’hier! De Napoléon qui déclare en 1813 « Si la Bourse est mauvaise, fermez-la! » à Vincent Auriol (« La Bourse je la ferme, les boursiers, je les enferme ») en passant par Charles de Gaulle (« La politique de la France ne se fait pas à la corbeille ») ou Édith Cresson, les petites phrases assassines contre les spéculateurs de tous poils ne manquent pas!
Edith Cresson, justement, parlons-en. Elle devient Première Ministre le 15 mai 1991 en remplacement de Michel Rocard. Une femme à la tête du gouvernement: voilà une grande première dans l’histoire de la Ve République! Mais dès le 19 mai, alors qu’elle est interrogée par une journaliste du Journal du Dimanche, elle lance un véritable pavé dans la mare en s’écriant « La Bourse? J’en ai rien à cirer! »
A-t-elle réalisé tout de suite l’ampleur des dégâts que cette saillie allait provoquer? Certainement pas… Car à peine les propos publiés, patatra! Les cours de la Bourse dégringolent.
Rendons lui grâce néanmoins… Cette petite phrase est, à l’origine, une simple boutade adressée au téléphone à son chef de cabinet alors que la journaliste est déjà dans les bureaux mais que l’interview n’a pas encore commencé. Du véritable pain béni pour la journaliste peu scrupuleuse qui ne se privera pas de faire du buzz… Quelques heures plus tard, la petite phrase se retrouve en Une des journaux, et, bien sûr, le contexte dans lequel elle a été prononcée est tout simplement oublié!
Oups, boulette. Un peu honteuse de s’être fait prendre comme une bleue quatre jours seulement après sa nomination à la tête du gouvernement, Édith Cresson tente d’éteindre l’incendie comme elle peut et se risque à l’exercice périlleux du débat télévisé. Invitée de l’émission phare Sept sur Sept, elle s’explique tant bien que mal et tente de nuancer ses propos. Mais le mal est fait et Édith Cresson devient l’ennemie numéro 1 des marchés financiers. Battant des records d’impopularité, elle est contrainte de démissionner moins d’un an plus tard…
Pour l’anecdote, c’est cette phrase célèbre qui inspirera le titre de l’émission radio Rien à Cirer présentée par Laurent Ruquier sur l’antenne de France Inter, émission lancée en novembre 1991, soit moins de 6 mois après les faits. Le malheur des uns fait les choux gras des autres!
À noter que la brave Édith est familière de ce genre de propos disons hum… bizarres. Elle soutient par exemple très sérieusement sur les ondes d’ABC News que l’homosexualité est une pratique différente et marginale (ma foi, pourquoi pas), « plus proche des coutumes anglo-saxonnes que des usages latins ».
Re-oups. Nos amis les Rosbeefs ont dû apprécier.
Les Japonais en prennent également pour leur grade, comparés à des « fourmis » laborieuses. Autant dire qu’ils n’ont pas beaucoup aimé eux non plus…
Mais depuis qu’elle s’est retirée de la vie politique, tout va bien pour elle, rassurez-vous. Elle redore maintenant son blason en s’investissant dans le projet des écoles de la Nouvelle chance (ah ah ah, ironie, quand tu nous tiens) et s’engage dans le comité de soutien de Ségolène Royal pour la course aux Présidentielles de 2007.
Ouf, nous voilà rassurés.
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Un rappel totalement raccord avec l’actualité: Edith Cresson fait en ce moment-même parler d’elle pour s’être exprimée de façon très crue contre un camp de Roms qui stationnent devant chez elle et qu’elle souhaite faire évacuer.
Mais c’est pas grave, elle est de gauche, donc on lui pardonne (sic)
Quant à JM Ayrault, un récent sondage (3 décembre 2013) place sa cote de popularité à 18%. Il réalise l’exploit de battre le record d’Edith Cresson qui était, elle, à 22%.
Mais celle-ci avait eu le bon goût de démissionner…
Vous, on sait de quel bord politique vous vous placez…
Sa démission ne réglera pas le problème. Qui voulez-vous mettre à sa place?
Personne ? Recoller les morceaux devient à la foi le fer de lance et l’excuse préférée des Français, inactifs, à l’affût du moindre pas de travers, parlant de politique comme on parle des peoples…
C’est peut-être une première en France, mais d’autres pays en Europ et et dans le monde avait déjà mis une femme à la tête d’un Etat ou d’un gouvernement (Margaret Thatcher, Golda Meir, Indira Ghandi, Benazir Bhutto,…)
Edith Cresson, à mon avis, n’a pas mesuré l’enjeu de son poste et son plus grand tort est d’avoir eu une stratégie de communication désastreuse. A vouloir trop jouer sur la corde du « franc-parler » elle a accumulé les impairs et l’opinion publique s’est naturellement retourné contre elle.
C’est d’autant plus dommage qu’en tant que première femme premier ministre, elle aurait dû avoir un comportement exemplaire pour faire taire les machistes. Ce qui est sûr, c’est que son échec n’a pas fait avancer la cause du féminisme… (ce que je ne trouve pas plus mal, je suis contre le féminisme érigé en combat socio-politique, mais c’est un autre débat).
La prochaine première ministre sera sans doute Martine Aubry, du moins c’est ce qui se dit parmi les médias bien informés. Pas sûr là encore qu’elle ait les épaules pour endosser le costume de « femme providentielle », car c’est justement de cela dont la France aurait besoin pour que le Français reprennent confiance en les instances et les hommes qui les gouvernent.
Pitié, ne vous mettez pas à parler politique!!!
Ras la casquette de tous ces incompétents qui vivent sur le dos de la République sans en glander une.