La colonisation à travers les siècles
Article invité, rédigé par Mélie Mini-Mélo (Compte Twitter: @FolieMelie).
Le colon est celui qui colonise, qui conquit des territoires, mais lorsqu’on regarde l’étymologie de ce mot et l’histoire de son évolution sémantique, on se rend compte que le colon n’a pas toujours été ce que l’on croit.
En effet, le terme colon vient du latin colonus (colere, cultiver en latin) qui signifie « cultivateur, métayer, fermier » et habitant d’une colonie. Ce mot était très utilisé dans le latin médiéval pour désigner le tenancier d’une terre.
Petit rappel d’orthographe pour briller en société
- Colon ne s’écrit pas comme Christophe Colomb, même si l’analogie est facile, sinon les mots dérivés auraient été *colombiser et *colombisation.
- Si l’on veut parler anatomie, il ne faut pas oublier l’accent circonflexe et écrire côlon pour désigner le gros intestin dans lequel se termine la digestion et où les selles se forment.
- Enfin, en matière d’accent (chose qui n’est pas inutile!) si l’on écrit colòn, on parle alors de la monnaie du Costa Rica ou du Salvador.
Nous serons donc tentés de dire que si l’argent n’a pas d’odeur, les colons et les actes qu’ils purent commettre n’étaient pas en odeur de sainteté auprès de Montaigne qui critiqua vivement tout cela dans le chapitre 6 du livre troisième des Essais:
« A une autrefois, ils mirent brusler pour un coup, en mesme feu, quatre cens soixante hommes tous vifs, les quatre cens du commun peuple, les soixante des principaux seigneurs d’une province, prisonniers de guerre simplement. Nous tenons d’eux-mesmes ces narrations, car ils ne les advouent pas seulement, ils s’en ventent et les preschent. Seroit-ce pour tesmoignage de leur justice ou zele envers la religion ? Certes, ce sont voyes trop diverses et ennemies d’une si saincte fin. S’ils se fussent proposés d’estendre nostre foy, ils eussent consideré que ce n’est pas en possession de terres qu’elle s’amplifie, mais en possession d’hommes, et se fussent trop contentez des meurtres que la necessité de la guerre apporte, sans y mesler indifferemment une boucherie, comme sur des bestes sauvages, universelle, autant que le fer et le feu y ont peu attaindre, n’en ayant conservé par leur dessein qu’autant qu’ils en ont voulu faire de miserables esclaves pour l’ouvrage et service de leurs minieres: si que plusieurs des chefs ont esté punis à mort, sur les lieux de leur conqueste, par ordonnance des Rois de Castille, justement offencez de l’horreur de leurs deportemens, et quasi tous desestimez et mal-voulus. Dieu a meritoirement permis que ces grands pillages se soient absorbez par la mer en les transportant, ou par les guerres intestines dequoy ils se sont entremangez entre eux, et la plus part s’enterrerent sur les lieux, sans aucun fruict de leur victoire »
Et oui, ça pue tout ça.
À partir du XVIe siècle, ce terme va être utilisé pour désigner quelqu’un qui cultive une terre qui ne lui appartient pas, et qui paye en contrepartie un loyer en paiement en nature. Petite précision pour ceux qui auraient l’esprit mal tourné, « en nature » veut dire que le colon donne en échange une partie de ses récoltes (même si Marylin Monroe à dit que « le sexe fait partie de la nature, j’obéis à la nature », ce n’est pas une raison…). C’est aussi à cette époque que le terme colonie est repris dans son sens antique; « propriété rurale » ou « établissement de Romains dans une région contrôlée par Rome. »
Au XVIIe siècle, le terme colonie est introduit avec le sens de « territoire dominé et administré par un étranger » puis « groupe de personnes allant peupler et exploiter un tel territoire ».
Au XVIIIe siècle le terme colonisation fait son apparition. L’évolution du vocabulaire rend ici compte de l’évolution des relations coloniales. Ce mot est la traduction du terme anglais colonization (to colonize qui a donné coloniser) et ces « semi-emprunts marquent la prépondérance britannique dans l’histoire des empires coloniaux » comme on peut le lire dans le Dictionnaire historique de la langue françaiseDictionnaire historique de la langue française sous la direction d’Alain Rey. Cette évolution dans le vocabulaire reflète les nouvelles relations entre les pays d’Europe occidentale et les continents américains, africains et asiatiques.
Ce lexique a donc évolué au gré des pratiques et de l’histoire et si la renaissance humaniste n’avait pas eu pour sympathique manie de revenir à la racine étymologique (oui, j’aime bien les redondances), le terme colon aurait toujours désigné ceux qui cultivent des terres qui ne leur appartiennent (plus) et qui doivent donner le fruit de leur labeur à un autre. En gros, nous aurions appelé colons ceux qui étaient colonisés dans un monde parallèle; il faut peut-être demander à Quinn Mallory s’il a pas visité un monde comme ça! (la petite honte du jour, j’aimais et j’aime encore Sliders: Les Mondes parallèles…)
Sources
- Auteur de l’image d’illustration: Lécroart
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Djinnzz
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Merci pour cet article qui m’est bien util pour la dissertation que je suis en train de préparé.
(je vais peut-être éviter de parler de Sliders les Mondes Parallèles, mon prof comprendrait pas tro je pense ^_^ )
PS: le vieux patois c’est vachement compliquer à lire, nan? Moi, j’ai abandonné au bout de 2 lignes!
Je suis ravie que cela ait pu t’aider! Le texte ne présente effectivement pas une orthographe modernisée, mais si tu veux un petit conseil pour arriver à le lire plus aisément, lis-le à haute voix, ce sera plus facile à comprendre.
Après, pour ce qui est de la référence à cette série, si tu es capable de justifier l’emploi de ta référence, même si elle te semble pas conventionnelle n’hésite pas. Il te faudra juste faire un petit effort d’argumentation en plus, et être sûr que la référence dont tu uses n’est pas hors-sujet et qu’elle apporte réellement quelque chose à ta réflexion! Il n’y a pas de sous culture, ni de savoir inutile!
Bref! Trève de prosélytisme pour la Culture et le Savoir. Je te souhaite bon courage pour ton devoir, n’hésite pas à aller voir un maximum de sources et à confronter les différents éléments que tu trouves, et si je peux me permettre un dernier conseil… pense à soigner ton écriture… Si tu as besoin d’aide, je serais ravie de t’aider, juste parce que j’aime bien qu’on me flatte quand je blablate sur le net 🙂