Près de deux mois se sont écoulés depuis la dernière publication sur le site… Je suis impardonnable et je me confonds en plates excuses, lecteurs adorés! Sans entrer dans le détail, sachez juste que c’est devenu un peu plus compliqué pour moi de consacrer du temps à la rédaction d’articles. Mais je ne laisse pas tomber le site, promis!

Rien de tel pour se remettre sur les rails qu’une bonne vieille légende comme on les aime. Et une histoire qui me tient particulièrement à cœur, qui plus est: celle du Hollandais Volant dont Richard Wagner s’emparera en 1843 pour écrire et composer un opéra sublime.

Au large du Cap de Bonne Espérance, un capitaine hollandais est à la barre de son imposant navire. Tout autour de lui, les éléments se déchaînent. Des éclairs effrayants zèbrent le ciel, des vagues immenses menacent à tout moment de renverser le bateau et un masque de terreur recouvre le visage de tous les membres de l’équipage. Pourtant, le capitaine n’abandonnera pas pour si peu. Levant un poing rageur vers le ciel, il jure devant Dieu et le Diable qu’il continuera sa route coûte que coûte, dusse-t-il affronter les hordes infernales!

Coûte que coûte, vraiment? Ses vaines paroles ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd… Car justement, Satan rôde dans le coin et saisit l’occasion pour jouer un mauvais tour:

« Pour qui te prends-tu pour oser défier les forces célestes? Penses-tu que ta simple carcasse de mortel soit capable de triompher contre ma volonté? Je te maudis, toi, présomptueux marin: je te condamne à errer sur les mers du monde… pour l’éternité! Mouahahahaha!!!!!! (rires démoniaques) »

Dieu, lui aussi, s’intéresse de près au sort du marin. Dans sa grande magnanimité, il laisse au Hollandais une possibilité de lever la malédiction de Satan et de trouver le salut éternel. Pour cela, il accorde un seul et unique moyen: tous les 7 ans, le Hollandais Volant aura le droit d’accoster pour tenter de trouver l’amour. Ou plutôt pour trouver l’Amour, avec un grand A! Car les règles du jeu sont diaboliquement simples: sa promise doit l’aimer d’un amour absolu et éternel. Au moindre pet de travers, au moindre petit regard appuyé sur les fesses d’un autre homme et crac! la demoiselle prendra illico presto la direction des Enfers, ne passez pas par la case départ et ne touchez pas 20.000 euros. Et le Hollandais n’aura plus qu’à attendre 7 nouvelles années pour tenter une nouvelle fois sa chance.

Qu’il en soit ainsi, amen, et tout le tralala.

L’immortalité… J’en connais qui aurait damné leur âme pour moins que ça! Fontaine de jouvence, élixir de vie, pierre philosophale,… des générations d’alchimistes de tout poil se sont succédées pour tenter de percer les secrets de la vie éternelle sans le moindre succès, et voilà que Satan l’accorde au premier navigateur venu? La vie est trop injuste. Oui, mais l’immortalité, le Hollandais s’en serait bien passé. Condamné à errer pour l’éternité à la tête d’un équipage cadavérique, il sème la terreur sur les mers des quatres coins du Monde et accumule les richesses dans la cale de son navire. Mais que lui chaut l’or et les saphirs à lui qui n’a ni femme, ni enfant, ni amis?

Au fil des siècles, le Hollandais fait bien la connaissance de charmantes jeunes femmes prêtes à s’offrir à lui mais il se rend compte que l’amour, son bel amour, il ne vaut pas bien cher contre un calendrier…

Le Vaisseau Fantôme, illustration (Opéra de Lyon)

Les cycles de 7 ans s’enchaînent et le Hollandais désespère, avec sa souffrance comme unique compagne. N’y a-t-il sur cette Terre aucune femme capable de l’aimer corps et âme? Son apparence est hideuse, c’est vrai, et peut en effrayer plus d’une… Son teint est cadavérique et dans son regard peut se lire toute la misère du Monde. Partout où il se rend, sa réputation le précède, n’inspirant que terreur et dégoût à tous ceux qu’il croise. Comment trouver l’amour dans ces conditions?

Un nouveau cycle de 7 ans vient de s’achever et le Hollandais a le droit de tenter sa chance sur la terre ferme. Cette fois sera-t-elle la bonne?

Entre temps, Senta, la fille d’un capitaine norvégien, a écho de la légende et se prend de pitié pour le sort du malheureux Hollandais. Rêveuse, elle passe ses journées assise devant la peinture du portrait du navigateur damné. Peu à peu, son obsession se transforme en véritable amour… Au point que l’homme à qui elle est promise, Erik le chasseur, commence à se poser de sacrées questions! Et le pauvre n’est pas au bout de sa peine…

Le père de Senta, un capitaine de navire nommé Daland, est actuellement en mer et s’apprête à rentrer chez lui après un long voyage. A quelques milles de son port d’attache, voilà son bateau pris dans une tempête, ce qui l’oblige à se réfugier dans une baie le temps que les cieux soient plus cléments. Bien sûr, un navire imposant et sinistre piloté par un étrange équipage ne tarde pas à pointer le bout de son nez… C’est le Vaisseau fantôme du Hollandais Volant, vous l’aurez deviné…

Daland et le Hollandais se saluent. Très vite, la discussion tourne autour des richesses immenses que possède le capitaine maudit. Et un accord est trouvé entre les deux hommes: Daland sera un homme riche à une seule et unique condition: qu’il consente à lui offrir la main de sa fille. Le père de Senta est aux anges! Qui ne le serait pas avec un futur gendre riche à millions, je vous le demande?

Une poignée de mains scelle leur accord, et Daland conduit son nouvel ami auprès de sa fille. À peine le voit-elle que Senta reconnaît aussitôt l’homme sur qui elle fantasme depuis des mois! Le coup de foudre est réciproque et après une courte discussion en tête à tête, nos deux tourtereaux décident d’unir leur vie pour l’éternité.

Lorsqu’il apprend la nouvelle, Erik le chasseur, l’amoureux éconduit, tente de convaincre sa mie de le choisir, lui. Comprenez-le, il l’aime plus que tout au monde! Le Hollandais surprend leur conversation qu’il interprète comme une trahison. Quoi?! Quelques heures seulement après lui avoir fait une déclaration d’amour passionnée, Senta se permet de tomber dans les bras du premier venu? C’est inacceptable! Furieux (et malheureux à la fois), le Hollandais ne croit plus les vaines promesses d’amour éternel que lui fait de nouveau Senta. Il remonte sur son navire et lève l’ancre aussitôt. Mû par une force surnaturelle, le Vaisseau Fantôme est déjà loin au large.

Désespérée, Senta grimpe au haut d’un rocher surplombant la mer et, sans un cri, se jette dans les flots. Elle vient de donner sa vie pour la rédemption de l’homme qu’elle aime. La mer s’enfle et tourbillonne. Dans le rougeoiement du soleil levant, les âmes enlacées de Senta et du Hollandais surgissent des flots et s’élèvent vers les cieux.

Rideau.

C’est une jolie histoire, non? Si elle vous plaît, rendez-vous en octobre à l’opéra de Lyon où se joue Le Vaisseau Fantôme de Wagner. Le spectacle s’annonce grandiose! J’y serai… et vous?

Plus d’infos ici: Le Vaisseau Fantôme – Opéra de Lyon

Et si on croise là-bas, on pourrait même se prendre un verre!