[Les gens altruistes sont-il gentils ?] Petite étude cynique sur les mécanismes de la générosité
Un matin, il y a quelques jours, je me réveillai en sursaut, le cœur battant et étreint par l’angoisse, avec une étrange question en tête: « Suis-je une bonne personne? »
À cette question, la réponse OUI me vint instantanément à l’esprit. Après tout, je me lève chaque matin pour aller bosser, je paye mes impôts
(et sur internet, qui plus est)
(donnez-moi une médaille)
je dis bonjour avec le sourire au boulanger du coin quand je lui achète ma baguette, je cède ma place aux personnes âgées dans les transports en commun et, un jour, j’ai même donné 5 euros à un mendiant dans la rue.
Bien sûr, j’ai mes mauvais côtés, aussi. La plupart du temps, je préfère tourner la tête plutôt que d’affronter la misère des plus démunis.
Je tambourine à la porte de mes voisins du dessous, étudiants de leur état, quand ils organisent des fêtes avec une cinquantaine de leurs congénères, en les menaçant de leur péter la gueule s’ils ne baissent pas leur put*** de musique de m*** parce que bordel, y’en a qui bossent demain.
(ceci est une histoire vraie)
Et puis, une fois, alors qu’une gentille personne m’avait ouvert son lit le temps d’une nuit, je lui ai dit, le matin venu, que j’allais chercher des croissants, et je ne suis jamais revenu.
(putain, j’ai honte)
(désolé, on se croirait dans Confessions Intimes)
Mais bon, si je fais le bilan, je pense que je n’ai jamais VRAIMENT fait de mal à personne.
(sauf une fois, en CE1, j’ai volé son goûter au petit William, mais c’était pour me venger parce qu’il m’avait fait un croche-pattes la veille)
(bonjour la terreur de la cour de récréation)
C’est quoi, une bonne personne?
Mais, ne pas avoir fait de mal (ou, du moins, le moins de mal possible) autour de soi suffit-il à se qualifier de BONNE personne? J’eus quelques secondes de réflexion, tentant de cerner la portée d’une telle question. Non, bien sûr… Au mieux, cela nous définit comme une personne qui n’est pas MAUVAISE. Ce qui, au final, n’est déjà pas si mal.
Ce matin-là, donc, j’en vins à touiller mon bol de café noir en me posant LA grande question: c’est quoi, une bonne personne?
(en vrai, c’était en mangeant un bol de Chocapic, mais ça fait carrément pas viril d’avouer ça)
(s’il te plaît, ne me dénonce pas)
Question facile s’il en est… Une bonne personne, c’est une personne altruiste, faisant passer le bien-être de ses congénères avant le sien. Un peu comme moi quand j’ai donné un billet de 5 euros au clochard du coin. Ces 5 euros auraient pu me permettre de me payer mon paquet de clopes, mais j’ai préféré me passer de ce plaisir pour aider mon prochain.
Un acte TO-TA-LE-MENT désintéressé. De l’altruisme pur. De l’héroïsme ordinaire. Ouais, m’sieurs-dames, j’suis un héros, moi.
À ce stade de ma réflexion, mon regard encore vaseux se fixa sur le fond de mon bol. N’étais-je pas en train de me mentir à moi-même? Pouvais-je vraiment affirmer que cet acte était désintéressé, que je n’en avais retiré aucun bénéfice? Parce que, si je me rappelais bien, ça m’avait fait vachement plaisir de le donner, ce billet, à ce vieux monsieur assis par terre dans la rue. Il avait levé les yeux vers moi et m’avait remercié d’un hochement de tête, et j’ai pu voir un sourire s’esquisser sur son visage. Ce regard-là, je m’en souviendrai longtemps.
(en fait, cette histoire s’est passée il y a une dizaine d’années donc, techniquement, je m’en souviens DÉJÀ depuis longtemps)
« Tu te rends compte, me dis-je à moi-même, j’ai donné un billet de 5 euros à une personne dans le besoin 10 ans plus tôt, et je me rappelle encore de ce geste, et des émotions contradictoires que j’ai ressenties. »
Alors, je fus bien obligé d’admettre la vérité. Ce geste n’était PAS un geste altruiste. J’ai eu L’IMPRESSION que je ne recevais rien en retour de mon don, mais cela m’a en fait permis de faire plein de choses: de me donner bonne conscience, de me donner le sentiment que j’étais une bonne personne et même, 10 ans plus tard, d’écrire un article sur le sujet qui me rapportera un peu d’argent grâce aux quelques publicités que j’ai disséminés sur mon blog.
(paye ta mise en abyme)
Mais si toutes les actions supposées désintéressées ne le sont pas vraiment, on peut légitimement se poser la question : existent-ils dans ce bas-monde des gens altruistes ? Ou, plus simplement, la notion même d’altruisme existe-t-elle ?
L’altruisme existe-t-il vraiment?
Je venais de finir mes Chocapic mon café noir et me dirigeais maintenant vers la douche. Alors qu’une eau brûlante et salvatrice me massait les épaules, je m’amusai à balayer mentalement les personnes de mon entourage. Bien qu’il y ait dans le lot des personnes très agréables et très sympathiques, je fus assez déçu de constater qu’au final, personne ne pouvait vraiment prétendre au qualificatif d’ « altruiste ».
(mince, je suis entouré d’une bande de sales égoïstes !)
(oh, c’est bon, calmez-vous, les amis qui lisez cet article, je plaisante)
(un peu)
Alors j’étendis le cercle de mes recherches aux personnalités publiques. Deux noms me vinrent immédiatement en tête: l’Abbé Pierre et Mère Thérésa. Mais, outre les bonnes actions indéniables que ces deux personnes ont réalisées dans leur vie, peuvent-elles vraiment être considérées comme altruistes? Leurs actions étaient-elles VRAIMENT totalement désintéressées?
Elles aussi ont gagné beaucoup grâce à leurs actions humanitaires: un train de vie confortable, une renommée internationale, une reconnaissance de leurs pairs. Peut-on être sûr que les actions menées eussent été les mêmes en dehors des feux des projecteurs? Et ça, c’est seulement pour le côté matériel. Car d’un point de vue plus spirituel, elles y ont indubitablement gagné le sentiment d’être utile et, surtout, une place au Paradis (ou du moins un passage au Purgatoire pas trop long), ce qui est un peu le Saint-Graal pour tous les gens de foi.
Donc, l’Abbé Pierre et Mère Thérésa étaient-ils vraiment altruistes ?
Je ne sais pas.
Je ne pense pas.
Je sortis de la douche et m’habillai promptement. Je me retrouvai devant la glace, en train de nouer ma cravate autour du cou. À la lumière blafarde du néon, mon visage semblait triste, mes cernes ressortant comme deux soucoupes sombres et hideuses. Les stigmates de plusieurs semaines d’insomnie commençaient à se lire sur mon visage, et je sentais bien que je n’arriverai plus à tenir longtemps ce rythme. Avais-je seulement le choix?
Pour détendre l’atmosphère entre moi et moi-même, je fis un sourire forcé dans le miroir. Mais mon reflet ne bougea pas d’un cil et continua de me scruter d’un air grave et soucieux. Interloqué, je clignai des yeux et tout revint soudain à la normale, mon reflet suivant de nouveau docilement le moindre de mes mouvements.
Un peu effrayé par cette expérience étrange, j’éteignis la lumière et sortis de la salle de bains. J’enfilai mon manteau en vitesse et, quelques secondes plus tard, j’étais dans la rue. L’air frais qui me balayait le visage me fit du bien. Je tentai d’oublier cette étrange expérience en reprenant le fil de ma réflexion.
« Mais, en fait, c’est quoi, l’altruisme? »
J’avais lu quelques jours plus tôt que l’altruisme était un mot inventé par Auguste Comte, vers 1854 je crois, à partir du mot autrui (alter en latin) pour désigner un comportement caractérisé par des actes n’ayant aucun avantage pour l’individu qui les exécute mais qui sont bénéfiques à d’autres personnes.
Mais cette définition ne me satisfaisait pas vraiment.
Partons du principe que l’homme est un animal rationnel. Par définition, est rationnelle toute action dont le bénéfice attendu est supérieur à son coût. C’est d’ailleurs ce principe qui conditionne toute l’économie: dans toute activité humaine, le but est bien de maximiser les bénéfices pour un coût moindre.
Dans la vraie vie, notez bien que les « bénéfices » ne sont pas forcément des espèces sonnantes et trébuchantes… Il peut s’agir tout aussi bien d’un sentiment de bien-être, de la satisfaction du devoir accompli, de recharger son karma ou de se mettre dans les petits papiers de Saint-Pierre pour qu’il ait un œil bienveillant sur nous lorsque nous serons aux portes de Son domaine…
Les différents types d’altruisme: l’altruisme envers ses proches
Alors que je cogitais intensément sur le sujet, j’en vins à distinguer trois types de comportement altruiste:
Parce que, dit-on, charité bien ordonnée commence par soi-même, l’altruisme envers ses proches me semblait le plus évident. À quoi bon s’occuper de son prochain si notre propre fils, nos propres parents, sont dans le besoin? J’avais lu il y a quelques années un livre très intéressant dont je ne parvenais pas à me rappeler l’auteur. Howard quelque chose, je crois. Il bâtissait sa réflexion autour de « l’interdépendance des utilités ». Dans certains cercles familiaux, ou dans des tribus de certains peuples primitifs, servir les siens revient à se servir soi-même.
Plongé dans mes pensées, ombre parmi les ombres dans la ville qui dormait encore, je me dirigeai, tête baissée et d’un pas rapide, vers la gare où m’attendait le train de 6h22. Je ne vis pas approcher l’homme qui marchait dans ma direction. Nos deux épaules s’entrechoquèrent violemment.
Surpris, je levai la tête, prêt à m’excuser. L’homme s’immobilisa et me fixa sans dire un mot avant de tourner les talons et reprendre son chemin. L’action fut si rapide que je ne trouvai moi-même rien à dire. Je le regardai filer dans la rue peu éclairée et m’apprêtai à reprendre mon chemin.
Mais je m’aperçus qu’un portefeuille traînait par terre. Il semblait évident qu’il avait glissé de la poche de l’Inconnu lors de notre bousculade.
Je ramassai le portefeuille et courut en direction de l’homme. Déjà, il avait tourné au coin de la rue et, quand j’y arrivai à mon tour, la rue était déserte. Étrange, pensai-je.
J’ouvris le portefeuille que j’avais en main à la recherche de papiers qui m’auraient permis d’identifier ce mystérieux inconnu. Le portefeuille était complètement vide, à l’exception d’une carte d’identité américaine au nom de Howard Becker.
Le nom me fit l’effet d’un coup de massue. Howard Becker… Ça me revenait, maintenant. C’est justement le nom de cet auteur que j’avais sur le bout de la langue quelques minutes plus tôt.
Étais-je en train de devenir fou? La vision de mon propre reflet dans le miroir qui me fixait ce matin fit irruption dans mon esprit et une peur panique commença à m’étreindre. Je regardai autour de moi et filai sans demander mon reste, courant sur les quelques centaines de mètres qui me restaient à parcourir jusqu’à la gare. Enfin, je pus m’installer dans le confort rassurant de mon Train Express Régional. Je tentai néanmoins d’éviter soigneusement de regarder mon propre visage qui se reflétait sur les vitres de la rame.
Je sortis mon smartphone de la poche pour en savoir un peu plus sur ce Howard Becker. Né en 1928, il coule aujourd’hui des jours paisibles dans l’Illinois profitant d’une retraite bien méritée. Je sortis de nouveau la carte d’identité trouvée par terre. « Howard Becker born 04/18/1928 ». Aucun doute possible, la date de naissance coïncidait. Le style impersonnel de l’article Wikipedia qui lui était consacré m’ennuya rapidement, et j’éteignis mon téléphone.
Howard Becker.
Était-ce vraiment LUI qui m’avait bousculé tout à l’heure? Comment expliquer cette coïncidence totalement folle? Je chassai toutes mes interrogations et tentai de reprendre le fil de ma réflexion.
L’altruisme envers ses proches, donc, ne peut pas être considéré comme du vrai altruisme, étant donné que l’auteur de toute action « désintéressée » en récoltera les fruits tôt ou tard. C’est ce même mécanisme qui s’applique quand un mari fait plaisir à sa femme (ou inversement): il sait que, ce faisant, il en retirera tôt ou tard une satisfaction. Idem à propos de l’héroïsme de guerre: aider son copain sur le champ de bataille, c’est obtenir la garantie que lui, ou un autre, fera la même chose pour vous quand vous en aurez besoin.
L’altruisme envers les étrangers
Qu’en est-il de l’altruisme envers les étrangers? Là encore, l’espérance d’un gain différé vient fausser les cartes… Entretenir une attitude altruiste dans sa vie de tous les jours, revient, en quelque sorte, à « accumuler du capital social mobilisable en cas de besoin ».
En gros, faites du bien autour de vous, cela finira par se savoir et changera le regard que les autres portent sur vous. Cet œil bienveillant pourra être bénéfique un jour ou l’autre… Je me rappelai alors de Tom Wolfe, cet auteur américain qui parlait à ce sujet, assez cyniquement, d’ « un dépôt à la banque des faveurs »… dont, bien sûr, la personne « altruiste » ne tardera pas un jour ou l’autre à venir chercher les intérêts!
L’altruisme véritable, là encore, n’était pas de la partie…
Dans ma quête de la bonté de l’âme humaine, j’avais encore un infime espoir. Il restait une catégorie d’actions que je n’avais pas encore explorée: celle concernant l’altruisme envers des étrangers, encore, mais cette fois à l’écart de toute interaction récurrente. Une relation « one shot », sans aucun espoir de retour.
Quand l’acte « altruiste » n’est que résultante de la pression sociale
Le train avait pris sa vitesse de régime, et j’observais le paysage urbain qui défilait sous mes yeux. Les lumières de la ville m’hypnotisaient. J’imaginais ces hommes et ces femmes, là dans leur lit douillet, là s’apprêtant à partir travailler, déposant un dernier baiser sur les lèvres de la personne aimée. Mon esprit vagabondait et, une chose en entraînant une autre, j’en vins à penser au système de pourboire des États-Unis. Là-bas, les prix indiqués sur les cartes des bars et des restaurants n’incluent pas le service… il faut donc y ajouter un pourboire pour payer les serveurs. La norme veut qu’on laisse entre 15 et 25% du montant total de la note, mais, bien sûr, il n’y a aucune obligation à ça. Vous pouvez aussi bien ne donner aucun pourboire, et personne ne viendra vous courir après à la sortie du restaurant… il vous faudra « seulement » affronter le regard désapprobateur (et sans doute une réflexion acerbe) de votre serveur. Donner un pourboire n’est donc pas ici de l’altruisme, ni de l’empathie, mais seulement une façon d’échapper au sentiment de honte ou de culpabilité vis-à-vis du serveur ou des autres clients.
La « charité chrétienne » peut aussi s’expliquer de la même façon… et que dire de la simonie!
On donne donc pour se sentir tranquille, avoir le sentiment d’avoir rempli un impératif moral ou social. Un altruisme normatif, en quelque sorte, guidé par le sentiment de soumission à des normes sociales.
Une autre façon de voir les choses est de considérer un altruisme hédoniste: dans ce cas de figure, je ne paye pas pour éviter une peine, mais pour me procurer un peu de bonheur. La science confirme cette idée: j’avais lu quelque part que, lorsqu’on réalise un don, le corps produit de la dopamine, la même molécule que lors d’un rapport sexuel… Notre corps lui-même nous incite à être généreux!
Mon train était enfin à quai. Alors que je sortais de la gare, je levai les yeux au ciel. Un bleu azur annonçait une belle journée. A côté de moi, un homme assis par terre me demanda un peu de monnaie. Je lui offris mon plus beau sourire, et son visage s’illumina aussitôt. Je sortis quelques pièces de ma poche, m’excusai de lui donner si peu, et poursuivit mon chemin.
C’était une belle journée et rien, pas même Howard Becker, ne pourrait la gâcher.
Dans ma poche, je sentis mon téléphone vibrer. Sans que je ne puisse me l’expliquer, un courant glacé me parcourut l’échine. Je sortis l’appareil et, comme je le pressentais, constatai qu’il s’agissait d’un appel masqué.
– Allo ? fis-je, hésitant.
– Bonjour, Arnaud, dit l’inconnu d’une voix calme et posée. Je crois que vous possédez quelque chose qui m’appartient.
Quelque chose me disait que j’allais enfin comprendre les mystérieux événements qui ponctuaient ma vie depuis quelques temps…
A SUIVRE ?
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Vous avez ce don de toujours me surprendre, article après article…
Merci pour cette brillante démonstration !
Aussi bien le fond que la forme sont géniaux !
Un article que tous les bobos qui se croient « humanistes » ou « voués à des causes humanitaires » (ils te balancent ça la gueule en général comme si TOI et ta petite vie étriquée ne valaient pas le coup d’exister) devraient lire…
Ce n’est pas parce que l’altruisme apporte quelque chose également à celui qui fait l’acte de donner que ça dévalue le concept !
Je ne sais pas si je suis clair, mais j’ai peur que je message sous-jacent de cet article soit: de toute façon, toutes les actions sont intéressées donc ça ne sert à rien d’être généreux.
Donner quelque chose à quelqu’un, même si ça produit de la dopamine ou je ne sais quelle autre connerie, ça n’en reste pas moins une belle action !
Donc je trouve cet article dangereux car il peut être interprété à mauvais escient, d’autant que le style très littéraire utilisé donne du crédit au message…
Bonsoir Sophie,
Je me suis posé la même question , en effet. C’est pourquoi j’ai tenu à conclure l’article sur le visage d’un SDF qui s’illumine après qu’on lui ait donné quelques pièces. Une petite lueur d’espoir dans le cynisme ambiant…
Je suis donc d’accord avec vous !
Néanmoins, on a trop tendance à se sur-valoriser lorsqu’on commet une petite action charitable. Relativisons tout ceci…
De plus, prendre conscience que l’action de donner nous est, même indirectement, toujours profitable devrait nous inciter à plus de générosité.
Mais je comprends tout à fait les craintes que vous mentionnez, et j’espère que ce commentaire vous rassure sur mes intentions !
On se laisse prendre assez facilement dans cette petite nouvelle aux relents philosophiques…
Je reste un peu sur ma faim néanmoins concernant la démonstration de l’inexistence de l’altruisme qui aurait mérité un peu plus de consistance.
Mais je reviendrai ici lire vos productions d’une très bonne qualité !
Eh bien eh bien… Que de gentils commentaires !
J’avais peur que le style narratif de cet article ne plaise pas… me voilà rassuré ! 🙂
Que de gentils commentaires… mérités ! 🙂
Article inspirant…
« Lorsqu’on réalise un don, le corps produit de la dopamine, la même molécule que lors d’un rapport sexuel… Notre corps lui-même nous incite à être généreux! »
Sans doute l’info la plus intéressante de cet article ! Et si ce mécanisme était lié au darwinisme, et que la solidarité entre être humain était une condition sine qua none à notre survie? Si on extrapole, le modernisme étant synonyme de repli sur soi, cela signifie que plus une civilisation devient technologique, moins elle devient altruiste et puis elle risque de s’auto-détruire…
N’est-ce pas un peu de ça dont il est question aux actualités depuis des mois (terrorisme, attentats, migrants, chômage, précarité,…)
Hélas, une société fondée uniquement sur la générosité de ses membres semble bien utopique… (quoi que, comme vous le dites, dans certaines tribus primitives…)
C’est pour ça qu’il faut se battre pour défendre notre système de sécurité sociale ou de retraite: seul exemple au monde de réelle générosité (certes organisée par l’Etat) !
belle narration !!! j’adore le style …un style plus américain que francophone….hate de lire la suite 😉
C’est marrant que tu trouves ce style plus américain que français.
Moi, le style me fait plutôt penser à du Guy de Maupassant (Le Horla, notamment) : le héros qui s’installe progressivement dans la folie…
Tu pensais à quel bouquin en particulier, toi ?
Tombée par hasard sur cet article, je suis agréablement surprise par la prose ( et la réflexion).
On entend les gens râler quand le train est en retard mais jamais de compliments quand il est à l’heure .Même principe pour un article,un peu de flatterie ne fait pas de mal( tiens ,c’est être altruiste ça ? )
Je tomberai par hasard plus souvent par ici 🙂
Un texte qui fera date !
Vous n’avez jamais pensé à publier un recueil de nouvelles comme celles-ci ? S’il voyait le jour un jour, je lui prédis un beau succès 🙂
La photo du Kid de Charlie Chaplin est très bien choisie, et le petit dialogue très touchant.
Un sans faute !
Au final, c’est rassurant que l’altruisme véritable n’existe pas…
Puisque il existe des compensations de tout genre à tout acte généreux, cela devrait inciter les gens à aider leurs prochains…
C’est moins cher que se payer une prostituée et ça produit le même effet sur le cerveau ! (dopamine)
On confond peut-être « altruiste » et « généreux » ! On pourrait faire un don tout en étant égoïste et bénévole à la »Ligue contre le cancer ». Et si « altruisme » voulait simplement dire « vivre sa vie autrement » ? J’attends la suite avec impatience.
Oui, vous avez sûrement raison Francis…
Je dois vous faire une confidence: je suis dans l’embarras, je ne sais absolument pas comment continuer cette histoire !
(mais bon, j’y réfléchis, j’y réfléchis…)
🙂
Bonjour,
Votre article est très intéressant.
Avez-vous déjà entendu parler de l’Ennéagramme? Il s’agit d’une théorie selon laquelle il n’existe que 9 types de personnalités, peut-importe l’environnement des individus. C’est types de personnalités (ennéatypes) sont sujets à des passions (excès, mauvais côté qui se dévoile lorsque la personnalité de base est frustrée). Parmi ces neuf types, il y a…l’altruiste (énneatype 2, si cela intéresse quelqu’un).
L’altruiste y est décrit comme une personne qui « se donne aux autres ». Il cherche à aimer et souvent à aider concrètement les gens autour de lui. Il perçoit intuitivement les qualités, les possibilités et les besoins des autres. Il va même jusqu’à anticiper les besoins de son entourage, convaincu qu’il sait ce qui est bon pour chacun. Il a tendance à dire chaleureusement aux autres ce qu’il y a de bien en eux et à les aider à surmonter leurs problèmes. Il est fier de cette image de personne aimante.
Cependant, comme tout énneatype, il est sujet à une passion: l’orgueil.
Bien qu’il revendique que son aide est désintéressée, l’altruiste aimerait bien que son rôle soit apprécié et surtout reconnu. Parfois, il manipule les autres pour obtenir cette reconnaissance et se met en colère s’il ne l’obtient pas. Le souci de son image fait qu’il veut que son aide soit acceptée, utile et efficace. Certains altruistes iraient même jusqu’à n’aider que des gens susceptibles de réussir. Ils sont souvent heureux dans le rôle d’éminence grise de quelqu’un d’important.
Ainsi, l’altruiste serait à fond sur le don de soi…mais pour se sentir exister. Pour combler un besoin personnel, donc. Egoïsme masqué de générosité?
La vraie question, je pense, c’est « Est-il possible qu’aider nourrisse notre égo, justement parce que l’entraide est une notion profondément encrée en nous, un besoin primaire, un besoin humain? » Peut-on continuer de penser que les altruistes sont « de fausses bonnes personnes » qui font le bien pour se sentir valorisées, si leur besoin de donner est naturel et humain? Dirait-on d’une personne qu’elle est égoïste car elle mange pour répondre à un besoin primaire? Car oui, l’entraide est aussi indispensable que la nourriture. Si on mange pas, on meurt, et si on a de l’aide de personne et qu’on se complet dans une vie de solitude nombriliste, est-on un humain « vivant »?
C’est vrai, il est normal de se sentir heureux et fier lorsque l’on accomplit quelque chose de bien. Alors, pourquoi devrait on dénigrer nos gestes sous prétexte qu’on les a réalisé pour se sentir fier de soi? C’est beau de se sentir fier de soi grâce à quelque chose que l’on a accompli pour quelqu’un d’autre que soi-même. C’est LA, que L’Humanité reprend tout sons sens.
Personnellement, je pense que ce qui donne de la valeur à nos actes sont les motifs auxquels ils sont associés, à l’instant T où nous les réalisons. Lorsque vous avez donné ces 5 euros au SDF, à l’instant T, donc, c’est a rendre service que vous pensiez. Votre motif était beau, alors votre action était belle. La remise en question est venue après cet instant T, c’est une rétrospection. Si vous êtes exigent et dur avec vous-même, ce sont ces traits de caractère qui vous font questionner votre action, pas l’action elle même.
J’irai même plus loin, se remettre en question, justement, peut-être le signe ultime d’une « bonne personne ». Une personne qui se remet en question est une personne humble. L’orgueil, d’après moi, le problème numéro 1 de l’humanité, est le parfait opposé de l’humilité. Une personne qui ne se remet pas en question est une personne orgueilleuse, et une personne orgueilleuse, à terme, est capable de faire de vilaines choses pour nourrir son égo. Etre humble, surtout sur les belles actions que l’on entreprend, ne serait il pas un témoignage fidèle de notre « bon cœur? »
Nous sommes tous humain, il est normal que le fait d’aider son semblable nous satisfasse et nous rende heureux. Car, pendant quelques minutes, nous en revenons au principe même de l’humanité: l’amour.
Pour conclure, Mère Theresa ou L’Abbé Pierre étaient intéressés, ils cherchaient à combler un besoin personnel et une satisfaction personnelle aussi, celle d’aimer et celle de donner pour être bien. Dans un monde où les objectifs de vie son individuels (je veux ma maison mon chien ma femme mes gosses ma carrière mon iPhone mon ordi et ma voiture) renoncer à l’accomplissement des besoins SUPERFICIELS que l’on nous apprend à désirer pour en revenir aux véritables besoins, à savoir l’amour et l’humanité, peut-il vraiment être questionné?
L’humble se nourrit de son altruisme, l’orgueilleux se nourrit de son égoïsme.
Très très très intéressant !
Non, je ne connaissais pas du tout, merci beaucoup !
Un peu tard mais je viens de tomber sur le site…
Parler d’altruisme est aussi parler de don. Marcel Mauss en a fait le fait social total le plus important dans son « essai sur le don » (1924/25). Il y a aussi le site M.A.U.S.S qui est le lieu fondamental des auteurs qui écrivent sur le don. Leurs approches sont essentielles pour comprendre cet invariant anthropologique essentiel.
Pour ceux que l’histoire de l’invention de l’altruisme, conçu par Auguste Comte comme un ensemble d’instincts innés, pourrait intéresser : http://confucius.chez.com/clotilde/articles/psychoac.xml
Et pour ceux qui souhaiteraient lire les textes correspondants : https://www.editions-hermann.fr/livre/systeme-de-politique-positive-tome-i-2-auguste-comte