L’histoire étonnante de la première photographie d’un être humain
Louis Daguerre est un précurseur en matière de photographie. En 1838, il réalise un cliché du boulevard du Temple à Paris. 1838, rendez-vous compte! À quelques années près, on aurait presque pu obtenir un témoignage en images des guerres napoléoniennes…
Louis Daguerre, donc, souhaite immortaliser au petit matin la rue parisienne qui bouillonne alors d’activités. Pourtant, quand on regarde son cliché final, le temps semble avoir suspendu son vol et Paris ressemble à s’y méprendre à une ville-fantôme… Seuls deux mystérieux personnages à la position étrange peuplent la photographie. Mais que diable s’est-il passé?
Le Boulevard du Temple, première photographie faisant apparaître clairement un être humain, prise en 1838 (Voir en HD)
La disparition des habitants de la ville est tout simplement due au procédé utilisé par le photographe. La technique, basée sur une plaque de cuivre recouverte d’une fine pellicule d’argent rendue photosensible au contact de vapeurs d’iode, est rudimentaire. Exposée à la lumière, cette plaque enregistre une image, encore invisible, qui sera par la suite révélée par de la vapeur de mercure. Le mercure va se condenser sur la plaque et réagir avec les particules d’iode aux endroits où la lumière a agi sur la plaque… et voilà notre magnifique image qui apparaît!
Bien sûr, la photographie ainsi obtenue est très fragile et une simple augmentation de température peut provoquer l’évaporation du mercure et donc l’effacement de l’image… Mais que de progrès réalisés depuis le tout premier procédé photographique avec lequel il était impossible, quelques années plus tôt, de capturer la moindre image sans des heures et des heures d’exposition!
Cette bouillie de pixels n’est autre que la toute première photographie de l’histoire de l’Humanité! Prise en 1826 par Joseph Nicéphore Niépce, le temps d’exposition nécessaire est de 8 heures!
On ne dirait pas comme ça, mais le daguerréotype, du nom de son inventeur Louis Daguerre, est absolument révolutionnaire! « Seulement » 20 à 30 minutes d’exposition sont nécessaires pour capturer une photo, contre plusieurs heures auparavant. Oui mais voilà… Même si on salue l’amélioration, cette longue exposition rend toujours impossible la capture de mouvements. Tout objet ou toute personne non immobile est donc totalement floue, voire invisible, sur le rendu final. Et voilà l’explication de la désertion du boulevard du Temple!
Reste une deuxième énigme à résoudre: dans ces conditions, pourquoi deux personnes apparaissent-elles nettement? Car il s’agit d’un cireur de chaussures et de son client, tout simplement! Par chance, ceux-ci restent immobiles durant toute la durée du cliché, devenant du même coup les premiers êtres humains à apparaître distinctement sur une photographie!
Quant au daguerréotype, il connaîtra un succès fou dans les années à venir, au point de créer une véritable daguerréotypomanie: les gens attendaient des heures durant dans des files d’attente interminables pour se faire tirer le portrait. L’ancêtre du photomaton, en quelque sorte…
Caricature de la daguerréotypomanie: des files d’attente interminables de gens attendant patiemment de se faire photographier!
____________________________________
Vous avez aimé cet article ? Alors j'ai besoin de vous ! Vous pouvez soutenir le blog sur Tipeee. Un beau geste, facile à faire, et qui permettra à EtaleTaCulture de garder son indépendance et d'assurer sa survie...
Objectif: 50 donateurs
Récompense: du contenu exclusif et/ou en avant-première
Je vous remercie pour tout le soutien que vous m'apportez depuis maintenant 5 ans, amis lecteurs!
Djinnzz
PS: ça marche aussi en cliquant sur l'image juste en dessous ↓↓↓↓
Peuh! Trop pourri la photo, y’a même pas un filtre Instagram.
Sur cette photo, au début de la seconde rangée d’arbres il y a, si mes yeux ne me trompent pas, deux personnes assises sur un banc, dont l’une à l’air de tenir un journal ouvert… ! ?
Si cette remarque est vraie, vous pourrez (peut-être !!) avec de jeunes yeux voir le titre du quotidien, bien qu’il faille le lire à l’envers !!
C’est peut-être »Le Petit Journal »… ??
C’est tout de même une remarquable réussite.
Hola,
Si je comprend bien, le cireur et le client seraient restes immobiles pendant minimum 20 minutes?
Ca me parait peut plausible…surtout pour le client
@ maxime :
Vous avez raison ! Je n »avais pas pensé au temps qu’il fallait à l’époque pour prendre une photo !!
Peut-être est-ce volontairement que personne ne bouge, en accord avec le photographe !!
Je ne sais mais pourtant, on distingue bien le cireu et le client !!!
Une idée : le cireur est resté peu ou prou à la même place durant les 20 minutes d’exposition, et plusieurs clients ont pu s’enchaîner, donnant une ombre fine correspondant à la superposition des clients successifs.
Et le petit garçon à la fenêtre, personne ne l’a vu ?