[Monuments de Paris] Sainte Geneviève reçoit les Grands Hommes au Panthéon
Préambule
Ma récente visite de la Place de la Concorde, où j’ai pu rencontrer plusieurs personnages prestigieux, m’a donné l’idée de faire du Panthéon ma prochaine étape dans la découverte des monuments de la capitale…
– Mais… Quel est le trait d’union entre la place de la Concorde et le Panthéon? ne peut s’empêcher de me demander Pierre, un ami que j’embarque avec moi dans cette nouvelle visite.
– Drôle de rapprochement, en effet! Et pourtant il y a bien un lien essentiel au niveau de leur origine respective… Une devinette d’un autre genre, ce jour!
Introduction
Metz, an de grâce 1744, mois d’août.
Le roi Louis XV tombe malade et semble proche de l’agonie. Au milieu du brouhaha des médecins, des courtisans, des membres du parti dévot accourus pour la circonstance, Louis XV déclare:
– Si Dieu veut bien m’accorder la guérison, je promets d’élever à Paris, une église splendide en action de grâces!
Et le miracle se produisit… Il fut attribué à l’intercession de Sainte-Geneviève.
Ses sujets à travers la France firent réaliser de nombreuses statues équestres de Louis XV, en particulier à Paris sur la future place de la Concorde, pour remercier Dieu et honorer le Souverain. En reconnaissance de sa guérison, Louis XV, quant à lui, va faire au ciel une offrande digne de son rang…
Ce sera l’église Sainte-Geneviève, le futur Panthéon.
– Pigé, Pierre? Tu vois, ce rapprochement n’est donc pas fortuit. Et tu verras qu’il existe un autre lien, non, deux! entre la Concorde et le Panthéon…
Comme emplacement, le roi choisit donc le sommet de la Montagne Sainte-Geneviève, visible de partout avec ses 60 mètres de haut, dans un quartier latin truffé d’écoles, de bibliothèques et de facultés. Il rejoignait par la même occasion le souhait des chanoines de l’abbaye Sainte-Geneviève toute proche, de voir remplacer leur église vétuste par un monument moderne, avec en plus l’intention d’y transférer les reliques de la Sainte qui reposaient chez eux.
Approche
Nous nous approchons de la place en remontant tranquillement la rue Soufflot. Nous voilà devant l’imposant monument.
– Jette donc un regard circulaire! dis-je à Pierre. C’est vraiment un ensemble exceptionnel avec, depuis notre droite en allant progressivement vers la gauche: la mairie du cinquième arrondissement, le lycée Henri IV, l’église Saint-Etienne-du-Mont, la bibliothèque Sainte-Geneviève et la faculté de droit.
– Il y a de la matière grise, dans le coin!
– Oui! Et retourne-toi aussi vers la rue Soufflot… Quelle belle perspective sur le jardin du Luxembourg vers lequel la rue descend en pente douce!
Un mot sur l’abbaye
– Mais… attends un instant… Et l’abbaye Sainte-Geneviève dont tu me parlais tout à l’heure? Je ne la vois nulle part…
– Eh bien, figure-toi que cette abbaye a été construite au début du VIème siècle…
– Mais c’est l’époque de Clovis, ça!
– Bingo! C’est bien Clovis qui l’a faite édifier, sous le nom de Monastère des Saints Apôtres Pierre et Paul. Tiens, c’est même ton Saint Patron haha!
Ce monastère était destiné à recevoir sa sépulture et celle de son épouse Clotilde. L’église reçut ensuite également le corps de Sainte Geneviève, la Sainte Patronne de Paris. Tu sais, celle-là même qui sauva la capitale de l’invasion d’Attila. La légende ajoute que c’est Saint Éloi, patron des orfèvres, qui aurait ciselé un siècle plus tard la première châsse de cuivre et d’or des reliques de Sainte-Geneviève.
L’abbaye fut reconstruite à plusieurs reprises au cours des siècles, mais la plus grande partie de ses bâtiments disparurent en 1807, lors du percement de la rue Clovis à gauche du Panthéon. Le clocher que l’on peut voir là-bas est appelé Tour de Clovis, à tort d’ailleurs, car c’est un rescapé d’une église du XVème siècle.
Le lycée Henri IV qui occupe maintenant l’endroit conserve de beaux vestiges du monastère, en particulier un réfectoire du XIIIème siècle.
– D’accord! On attaque le Panthéon maintenant?
– Tu es trop pressé! Avant de parler du Panthéon, il faut d’abord dire un mot sur l’église Sainte-Geneviève, cette fameuse église que Louis XV souhaite construire en remerciement de sa guérison….
La construction de l’église
– Le roi choisit l’architecte Soufflot aidé par l’intendant Marigny et sa sœur (la Pompadour en personne) pour réaliser l’ouvrage. C’est dire si Louis XV y était attaché!
Et voilà le second lien avec La Concorde: Soufflot était un ami proche de… Ange-Jacques Gabriel, l’architecte de la Concorde (Place Louis XV à l’époque). Comme le monde est petit! Commencés en 1757, tout comme ceux de la place de la Concorde (troisième lien!), les travaux ne furent terminés qu’en 1790. Et encore…
– A tous les coups, faute de sous, non?
– Oui, mais pas tout de suite… Tiens, à ce propos, les financements pour les premiers travaux furent trouvés de façon disons… ingénieuse. Les prix des trois loteries officielles mensuelles furent majorés de 20% passant de 20 à 24 sols. Cette petite manipulation rapporta la coquette somme de 400.000 livres.
– L’amour des Français pour les jeux de hasard ne date apparemment pas d’hier… Mais au moins, là, on savait où allait l’argent!
– Hum… en principe, oui! Malheureusement, cette somme ne permit de réaliser que les fondations, car les ingénieurs tombèrent sur un os, et de taille! Ils découvrirent que le terrain était truffé de galeries qu’avaient forées 1.600 ans auparavant les potiers gallo-romains pour extraire de l’argile. Au total une centaine de puits, dont sept de plus de 25 mètres de profondeur, qu’il fallut bien combler!
C’est ainsi que la première pierre de l’église ne put être posée par le roi qu’en septembre 1764, soit 20 ans après sa guérison « miraculeuse ». Cependant, la crypte était déjà achevée et reçut alors la châsse de Sainte Geneviève en provenance de l’abbaye. Le projet de construction fut très critiqué à tous les niveaux. Beaucoup de têtes pensantes de l’époque étaient très sceptiques, notamment sur la stabilité de l’ouvrage imaginé par l’architecte… Soufflot vécut très mal ces attaques sur son travail et mourut d’ailleurs en août 1780 sans avoir vu son œuvre terminée. Les travaux furent alors confiés à deux de ses collaborateurs, Rondelet et Brébion. Ils seront les dignes héritiers de la vision de Soufflot et s’efforceront d’être fidèles à l’œuvre qu’il souhaitait…
La construction n’était pas totalement achevée en 1790 et elle ne put guère reprendre avant 1796, alors que le bâtiment commençait à se dégrader. Mais la Révolution allait changer le destin de cette église hors du commun…
La Révolution
– À peine achevée et avant même d’avoir été consacrée, l’église fut désaffectée par l’Assemblée Constituante le 4 avril 1791.
– Tu veux dire qu’elle n’avait jamais été utilisée comme église?
– Exactement! Il fut décidé qu’elle deviendrait un « Panthéon » laïc où l’on déposerait les cendres des grands hommes morts pour la liberté et ceux ayant bien mérité de la Patrie.
– Un peu comme les Grecs et les Romains consacraient leurs propres Panthéons à leurs dieux…
– Oui! Et une dédicace en ce sens fut inscrite sur la façade: « Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante ».
– Je crois d’ailleurs que le premier « impétrant » était Mirabeau, non?
– Oui, mais seulement pour une courte période! Il y fut transporté en grande pompe le 4 avril 1791 pour en être délogé le 12 septembre 1794, après que ses tractations secrètes avec Louis XVI aient été découvertes. Sa dépouille y est remplacée quelques jours plus tard par celle de Marat qui sera à son tour « dépanthéonisé », si j’ose dire, le 8 février 1795, suite à un décret précisant que l’image d’aucun citoyen ne pourra plus figurer dans un lieu public que 10 ans après sa mort!
Logiquement, et comme cela eut lieu pour pratiquement tous les édifices religieux et royaux, tous les attributs religieux de l’intérieur comme de l’extérieur de l’église furent éliminés.
Les « suppressions » les plus significatives portèrent sur 38 des 42 fenêtres qui éclairaient la nef qui furent bouchées pour obtenir un effet disons… sépulcral. Cela, bien sûr, en opposition totale avec le projet initial d’église qui se voulait très lumineuse! La croix et son lanterneau au sommet du dôme furent bien évidemment enlevés. Une « Renommée » embouchant sa trompette vint remplacer la croix.
La chasse de Sainte Geneviève qui avait été transférée dans la crypte réintégra l’ancienne église abbatiale, avant que le Conseil Général de Paris ne décide de la brûler avec le corps de la Sainte et ses autres reliques, puis de jeter les cendres dans la Seine en décembre 1793…
– Mais attends… alors la chasse actuelle à l’église Saint-Etienne-du-Mont, c’est du toc?
– Il ne semble pas! La chasse actuelle a été reconstituée avec des fragments de reliques qui avaient été prélevés à Paris, puis distribués dans d’autres sanctuaires avant la Révolution. C’est ainsi qu’elle est censée comporter notamment un avant-bras et quelques phalanges de Sainte Geneviève…
– Mouais…
– Libre à toi d’y croire ou non! Haha! Concernant l’histoire de l’édifice, elle ne s’arrête pas là… En fait, après la Révolution, les attributions officielles du monument vont changer encore six fois en 75 ans!
Après la Révolution…
Voici un aperçu de ces changements à te donner le vertige:
Napoléon rendit son nom à l’église en 1806. Elle cumula alors les deux fonctions de nécropole dans la crypte et de lieu de culte dans sa partie supérieure.
Sous Louis XVIII, en 1816, l’église est rendue intégralement au culte catholique en prévoyant la suppression de tous les éléments étrangers à ce culte.
Louis Philippe voulant honorer « toutes les gloires de la France » redonna à l’édifice sa destination « laïque ». C’est à cette occasion que David d’Angers sculpta sur le fronton du « Temple de la Gloire » le bas relief montrant « la Patrie reconnaissante distribuant à ses grands hommes les couronnes que lui remet la Liberté ». Inutile de te dire que ce bas-relief n’était pas le premier et qu’il y eut plusieurs modèles avant lui! Le lanterneau du dôme que la Révolution avait supprimé fut rétabli.
Sous la seconde République, Louis-Napoléon Bonaparte rouvrit Sainte Geneviève au culte, mais maintint son caractère de sépulture nationale redonné par Louis-Philippe.
Sous le second Empire, l’église devint le siège d’un chapitre de chanoines et fit l’objet de nombreux aménagements (autels, orgues notamment) et les tombes de Voltaire et Rousseau furent cachées aux yeux du public.
En avril 1871, le drapeau rouge de la Commune va flotter quelque temps sur le dôme, après que les petites branches de la croix dorée posée en 1851 aient été sciées. La crypte sert alors de dépôt d’armes et de munitions…
Une nouvelle croix en pierre (l’actuelle) est replacée en 1873.
La Troisième République va laïciser une nouvelle fois ce lieu en 1881 qui reprend son nom de Panthéon et sa consécration à la mémoire des grands hommes honorés par la République. Le décès de Victor Hugo en 1885 sera l’occasion de faire entrer dans les faits cette décision par le transfert de sa dépouille dans l’édifice.
Ainsi, de la période révolutionnaire au début de la IVème République, on peut constater que chaque pouvoir en place utilise cet édifice comme un symbole pour affirmer sa propre conception de l’Etat et de son rapport avec le pouvoir religieux…
– D’accord! Je me rappelle, en mai 1981, donc un siècle après les derniers événements que tu me racontes, François Mitterrand est venu symboliquement célébrer son élection à la présidence de la République au Panthéon en déposant une rose sur les tombes de Victor Schoelcher (abolition définitive en France de l’esclavage en 1848), Jean Jaurès (grande figure du socialisme) et Jean Moulin (figure de la défense du pays).
– Oui, il s’est alors posé, en quelque sorte, en héritier d’une longue tradition… Mais assez parlé d’Histoire!
Le dôme et la façade du Panthéon
– Quand tu regardes ce monument, Pierre, il ne te fait penser à rien?
– Si, à Rome! La façade me semble inspirée du Panthéon romain du Ier siècle avant J.C., non? En fait, l’ensemble du bâtiment donne l’impression par sa taille, son dôme et sa majesté de vouloir rivaliser avec Saint-Pierre…
– Oui, c’est exactement ça. Soufflot chercha à allier l’art antique gréco-romain (portique, fronton triangulaire, colonnes corinthiennes) et l’art gothique (arcs-boutants, nef voûtée à l’intérieur).
– Tu as noté quelques dimensions pour se faire une meilleure idée?
– Oui, l’édifice mesure 110 mètres de long pour 84 mètres de large et 83 mètres de haut. Par comparaison, les dimensions de Notre-Dame sont 127m, 48m et 69 m aux deux tours… À sa base, le Panthéon est en forme de croix grecque, c’est à dire avec quatre branches courtes, égales en longueur et en largeur. Mais à ce stade, c’est le dôme extérieur qui doit retenir particulièrement notre attention…
– Aurait-il quelque chose à nous cacher ?
– Exactement ! Situons-le d’abord: il est en pierre et non en charpente, pour une plus grande solidité, pierre recouverte de bandes de plomb. Il est soutenu par les 32 colonnes du « tambour » et par quatre cages d’escaliers cylindriques. Mais, sous son apparente uniformité, il nous masque en fait l’existence de trois coupoles emboîtées les unes dans les autres…
La coupole inférieure est visible de l’intérieur de l’édifice. Elle est ouverte en son centre par un oculus. Elle s’appuie sur la partie basse du « tambour »: la colonnade extérieure.
Entre les deux coupoles se cache une troisième qui est technique. Elle est destinée à supporter la lanterne de pierre qui pèse plus de cinq tonnes. Sur la face intérieure de cette coupole est peinte une œuvre d’Antoine Gros: l’apothéose de Sainte Geneviève que nous pourrons voir tout à l’heure par l’oculus de la coupole intérieure!
– Ça alors, je n’aurais jamais imaginé! Et tout ça, ça pèse combien?
– Plus de 11.000 tonnes!
– Wao…
– Eh oui! Mais la façade n’est pas moins impressionnante… Comme tu le vois, elle est constituée d’un portique aux colonnes corinthiennes de 20 mètres de haut. Au-dessus du portique, un fronton triangulaire où est inscrite l’épigraphe suivante: « Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ». L’épigraphe est elle-même surmontée d’un bas relief montrant « la Patrie distribuant à ses grands hommes les couronnes que lui remet la Liberté ». Parmi ces grands hommes, on peut distinguer les visages de scientifiques, philosophes, écrivains, artistes, grands personnages de l’Etat et même étudiants de Polytechnique du XIXème siècle. Bon! tu prends une photo ou deux avant qu’on ne rentre à l’intérieur?
L’intérieur
– Wao! mais c’est chouette ton truc! Quelle solennité!
– Oui! Tu vois ce vaste volume central, souligné par les rangées de colonnes? Et la puissance qui se dégage des piliers supportant la charge du dôme? Viens, suis moi!
J’amène Pierre sous la coupole, en plein centre de la pièce.
– Lève les yeux, maintenant!
Tout en haut, l’oculus de la coupole inférieure permet de voir la fresque d’Antoine Gros, L’Apothéose de Sainte Geneviève commandée par Napoléon, mais plusieurs fois remaniée. Elle est peinte sur la coupole intermédiaire, elle-même ajourée permettant ainsi à la lumière de passer et d’éclairer le tableau.
Sur les murs (autrefois des fenêtres rendues aveugles à la Révolution) sont fixées des peintures sur toiles (fin XIXe, début XXe siècle) mettant en avant des héros chrétiens qui ont marqué l’histoire de France: Clovis, Charlemagne, Saint Louis, Jeanne d’Arc… et bien sûr Sainte Geneviève à différents moments de sa vie, peinte par Puvis de Chavannes!
Un triptyque intitulé « Vers la gloire » d’Edouard Detaille au tout début du XXème siècle est un véritable hymne à la République. Devant ce triptyque a été placé un autel « républicain » autour duquel sont sculptés des personnages illustrant la «Convention Nationale ».
Plusieurs sculptures du début du XXème siècle, d’un goût parfois discutable, sont consacrées à la Révolution française tels précisément La Convention Nationale, ainsi que l’Hommage à Diderot ou encore la statue de Mirabeau…
Par opposition avec la finalité du Panthéon, deux monuments sont dédiés à des héros inconnus: celui de Paul Landowski dédié « à la mémoire des artistes dont le nom s’est perdu » et celui de Henri Bouchard dédié « aux héros inconnus, aux martyrs ignorés morts pour la France ».
Ces différents éléments des décors intérieurs reflètent l’histoire de cet édifice et des périodes politiques mouvementées qu’il a traversées : pensées et décors chrétiens, révolutionnaires, patriotiques, républicains, philosophiques… A chaque période ses valeurs.
Le pendule de Foucault
– Voici maintenant une présentation qui détonne dans un tel endroit: tu as déjà entendu parler du pendule de Foucault?
– Bien sûr, mais que fait-il ici?
– Foucault est venu tout simplement chercher d’une part un lieu connu et visité, mais aussi ayant une grande hauteur pour présenter son expérience de façon suffisamment spectaculaire.
Le pendule fut expérimenté pour la première fois au Panthéon en mars 1851, afin de démontrer la rotation de la terre en 24 heures. L’expérience cessa à la fin de cette même année et ne put reprendre qu’en 1905. Une boule de plomb de 28 kg recouverte de cuivre était suspendue à l’extrémité d’un filin d’acier de 67 m lui-même suspendu à la voûte du dôme, constituant ainsi un pendule oscillant qui présenta une déviation de 2,5 mm à chacun de ses battements.
Modifié, le pendule est maintenant en activité depuis 1995, après avoir été brièvement retiré pendant les travaux récents de rénovation.
– Ne pouvait-on pas voir l’installation de ce pendule ici dans un monument tantôt église, tantôt temple de la laïcité, comme un clin d’œil de la science à la position de l’Eglise du temps de Galilée?
– Tiens, je n’y avais pas pensé, mais pourquoi pas!
Tout en discutant, nous empruntons l’escalier qui mène à la Crypte…
La Crypte
Elle couvre toute la surface de l’édifice. Elle est constituée de quatre galeries correspondant aux quatre bras de la nef. Elle reçoit la lumière par le biais de fenêtres ouvertes à hauteur de plafond.
Au centre une vaste salle circulaire voûtée avec une petite pièce centrale juste sous le dôme.
La crypte abrite actuellement 75 « hôtes », mais elle est susceptible d’accueillir jusqu’à 300 dépouilles.
– Tiens, pourquoi ce nombre de places prévues?
– On suppose que l’idée de Louis XV était de faire de l’église un véritable mausolée pour les Bourbons. Il prévoyait donc large!
– On va rendre visite aux 75 occupants?
– Ce serait un peu long! surtout si on veut monter sur le dôme pour admirer la vue sur Paris, car cette visite se fait à des horaires déterminés… En plus, de nombreux mausolées se ressemblent et ce n’est guère passionnant… Mais on va quand même honorer les plus célèbres d’entre eux!
Le premier « hôte » de la crypte, c’est Mirabeau. Mais il ne le fut que pour une courte période! Sic transit gloria mundi.
En 1791, Voltaire y fut transféré. Puis Jean-Jacques Rousseau et Marat en 1794, ce dernier en sera retiré quelques mois plus tard. O tempora, o mores!
Sous l’Empire, ce sont 41 maréchaux et les dignitaires qui y eurent leur sépulture.
Sous la Troisième République, Victor Hugo, Sadi Carnot, Zola, Jaurès, Berthelot, Gambetta y furent également ensevelis…
En 1964, c’est Jean Moulin qui fut intronisé (mais avec un cercueil vide!). Il incarne le symbole de la Résistance… Son entrée au Panthéon fut l’occasion d’un grand cérémonial avec un discours d’André Malraux resté célèbre.
On peut également citer Victor Schoelcher, Pierre et Marie Curie (dont les cercueils sont doublés de plomb pour éviter les rayonnements radioactifs de leur dépouille!), Alexandre Dumas, André Malraux et bien sûr notre cher Soufflot! Que l’architecte de l’édifice ait sa place attitrée, c’est sans doute la moindre des choses!
Les quatre derniers occupants firent leur entrée le 27 mai 2015. Deux femmes et deux hommes dont les noms sont souvent moins connus, tous résistants de la seconde Guerre Mondiale: Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Jean Zay et Pierre Brossolette.
On ne le sait pas toujours, mais plus de mille personnes sont également honorées par simple inscription de leurs noms sur les murs de l’édifice… Parmi ceux-ci, on retrouve des victimes des deux révolutions de 1830 et 1848, les soldats de la guerre de 1870, les écrivains morts pour la France pendant les deux dernières guerres, des personnes célèbres telles Henri Bergson et Antoine de Saint-Exupéry…
Une plaque enfin rend hommage aux « Justes de France » qui ont sauvé des Juifs au cours de la dernière guerre.
– Très intéressant mais, avec tout ça, on a raté la montée au dôme! Grrrr…
– Désolé, Pierre… Ça nous donnera l’occasion de revenir! Peut-être lorsque les travaux de rénovation, ceux en cours et ceux en projet, seront terminés!
Fin de la visite !
Véritable symbole de l’histoire de la France et de ses passions, le Panthéon a été classé aux Monuments historiques en 1920. Il attend aujourd’hui son prochain « grand homme ». Plusieurs prétendants sont sur les rangs, parfois depuis bien longtemps…
– Es–tu candidat? me demande Pierre avec malice.
– Laisse-moi un peu de temps pour me décider, si tu permets!
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Merci, c’est passionnant !
Le sujet n’est pas très grand public, et pourtant c’est passionnant.
Ça me fait regretter de ne jamais avoir mis un pied dans notre belle capitale…
Vous ratez quelque chose, très cher.
Paris est une des plus belles villes du monde, et je ne vous dis pas ça parce que j’y habite depuis plus de quarante ans…
Si le choix de faire rentrer untel ou untel au Panthéon se fait de la même façon que celle des grand croix de la légion d’honneur…
La visite guidée géographique et historique est plaisante.
Me concernant, j’ai toujours eu du mal avec la notion de « Grands hommes », censés fournir des « exemples pour la nation ».
Sur quels critères se baser ? Pourquoi Emile Zola et Victor Hugo, et pas d’autres grands auteurs ?
Pourquoi Sadi Carnot et pas de Gaulle ?
Et cetera, et cetera…
« Les grands hommes ne sont pas toujours ceux qui ont moins de passions, et plus de vertu que les autres : ce sont souvent ceux qui ont le plus d’ambition, et qui sont plus téméraires, ou qui maîtrise l’art de mieux dissimuler leurs défauts que les autres.
Etienne François de Vernage
Je me pose une question : comment sont choisis les personnages qui entrent au Panthéon ? Sur décision d’une instance ? Peut-on être candidat ? La famille peut-elle s’y opposer ? S’il y a 10 ans obligatoires entre la mort et l’entrée au Panthéon, comment fait-on dans la pratique, où est « stocké » le corps en attendant ?
Beaucoup de questions d’ordre « pratique » lol
Merci de votre intérêt et de vos commentaires concernant les entrées au Panthéon. L’article sur cet édifice ne pouvait prendre en compte tous les aspects d’une « panthéonisation ».
Oui, c’est certain, la notion de « grand homme » est éminemment sujette à caution et varie selon les époques et les régimes et intérêts politiques (Révolution, Empire, République).
La décision du choix des impétrants a beaucoup varié également: c’est actuellement le Président de la République qui est décisionnaire. Mais depuis la Révolution cela est d’abord passé de l’Assemblée Constituante à la Convention, puis Napoléon s’en est octroyé le pouvoir. Sous la 3ème et 4ème République, c’est la Chambre des Députés qui votait une loi. Sous la 5ème, les décisions ont été prises par décrets : du Ministère de la Culture, puis du 1er ministre et enfin du Président de la République.
Non, on ne peut pas être soi-même candidat. Il faut être décédé ! Mais la démarche est faite sur proposition (voire lobbying) d’hommes politiques, d’associations de soutien…
Oui, la famille peut s’y opposer : exemples de Charles Péguy et Albert Camus.
La loi des 10 ans n’est sans doute plus en vigueur ! De ce fait les entrées au Panthéon ont pu se faire dans des laps de temps très divers allant de quelques jours (inhumation directe au Panthéon) à plusieurs années, voire décennies.
Dans ce second cas, les restes du défunt sont exhumés du cimetière où ils se trouvent au moment du transfert.
De nombreuses « panthéonisations » se sont faites symboliquement avec des cercueils vides ou ne comportant qu’un peu de terre, soit parce que les restes étaient introuvables, soit parce que la famille s’opposait à leur transfert.
Enfin, certains attendent depuis des siècles de voir exécutée une décision gouvernementale jamais appliquée, tel Descartes !!!
Merci pour ce complément d’infos !
(Spritz: attention, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé)
Pas de souci haha. Même si j’aime bien cette boisson en bonne compagnie ! Merci de ce clin d’oeil.
j’avais le plaisir de visiter le blog.