« Ça, c’est bon pour les gogos! »

Peut-être avez-vous boycotté les boutiques de souvenirs de votre lieu de vacances cet été? Vous, vous êtes un vrai baroudeur dans l’âme et la boule à neige de Saint-Tropez ou le porte-clefs à l’effigie de la Tour Eiffel, c’est vraiment fait pour les gogos selon vous!

Bien.

Rassurez-vous, je suis plutôt d’accord avec vous. Mais savez-vous ce que c’est, un gogo?

On doit ce mot à Frederick Lemaitre (1800-1876), une vedette des planches de théâtre parisiennes de son époque qui incarna notamment le personnage de Robert Macaire, un homme d’affaires sans aucun scrupules qui détrousse ses victimes un peu trop naïves… Parmi elles se trouve un certain monsieur Gogo qui va se faire plumer comme un bleu! Le succès de la pièce est retentissant, à tel point que le terme « gogo » fait son entré dans le dictionnaire de l’Académie en 1932.

Vous voilà maintenant un touriste éclairé. Non seulement vous n’êtes pas un gogo, mais en plus, vous savez d’où provient ce terme! À ce rythme là, vous êtes bien parti pour aller trèèèès loin sur le chemin de l’Étaleur professionnel, croyez-moi. Et pour passer définitivement pour une personne à la culture aussi profonde qu’un gouffre insondable, si vous employiez dorénavant le mot jocrisse? Ça a quand même un peu plus de gueule, vous ne trouvez-vous? Et puis, peu ou prou, les jocrisses et les gogos sont certainement à mettre dans le même panier!

Les origines du mot sont encore plus anciennes et donc, forcément, un peu plus incertaines: c’est un certain Nicolas de Cholières (1509-1592) qui aurait utilisé le nom de jocrisse pour désigner dans une de ses pièces de théâtre un benêt, une andouille, un couillon, quoi! À travers les siècles, le mot apparaît sous la plume d’auteurs célèbres, de Dorvigny au Capitaine Haddock en passant par Molière!

Vous savez maintenant ce qui vous reste à faire: au prochain gogo que vous croiserez sur la plage l’été prochain, traitez-le donc de jocrisse… cela aura peut-être le mérite de lui faire ouvrir un dictionnaire!