L’art de la caricature politique n’est pas nouveau… bien avant Plantu, Cabu ou Siné, des hommes ont bravé l’autorité pour dénoncer les dérives d’un système politique, souvent aux périls de leur vie.

C’est le cas de Juvénal, au début du deuxième siècle, qui a vécu à Rome à la même époque que les Empereurs Trajan et Hadrien. Il nous a laissé ses Satires, oeuvres poétiques en 16 volumes dans lesquelles il dresse un portait au vitriol de sa société.

Sa phrase la plus célèbre? Vous allez voir, vous en connaissez la fin:

« Lui [le peuple romain] qui, jadis, distribuait le pouvoir, les faisceaux, les légions, enfin tout, ce peuple déchu ne convoite plus avec anxiété que deux choses: du pain et des jeux! »

« Panem et circenses », « du pain et des jeux »!

Mais, pourquoi donc Juvénal se permet-il de réduire tout un peuple à ces deux activités triviales? C’est très simple: pour garantir la paix et éviter de nouvelles émeutes qui ont éclaté régulièrement au cours de l’histoire de Rome, l’Empereur décide de distribuer gratuitement du pain à la populace. Une fois rassasiée, les Romains, qui n’ont plus besoin de travailler pour subvenir à leurs besoins, s’ennuient. Et un peuple qui s’ennuie, c’est mauvais pour le pouvoir! Pour éviter les débordements, l’Etat lui offre de magnifiques arènes, dont le très célèbre Colisée construit au Ier siècle par Titus, où s’affrontent des gladiateurs dans des combats sanglants, pour le plus grand bonheur des spectateurs. Et ces jeux occupent une part de plus en plus grande dans la vie romaine: près d’un jour sur deux leur sont consacrés!

Bien sûr, on pourrait s’amuser à comparer les dérives antiques critiquées par Juvénal avec notre propre société… Colisée et Stade de France, même combat?