[Anecdote] Tout savoir sur le pataquès
Un pataquès, ça sonne comme le nom d’un petit rongeur qui vivrait en Amérique du Sud…
… mais en fait, non !
(et c’est très étonnant si vous voulez mon avis)
En fait, un pataquès est, à l’origine, une faute de français consistant à faire des liaisons mal-t-à propos. Vous trouvez ça moche? Moi-z-aussi. Mais que vous le vouliez ou non, quand vous prenez quelqu’un entre quatre-z-yeux, par exemple, vous êtes l’auteur d’un regrettable pataquès!
Par extension, dans le langage courant, un pataquès désigne une histoire démesurément alambiquée… « C’était censé être simple, et ils en ont fait tout un pataquès! »
Mais c’est surtout l’origine de ce mot qui vaut le détour… Remontons en 1784, dans une loge du Théâtre-Français. Un jeune homme de bonne éducation trouve un éventail par terre, aux pieds de deux ravissantes jeunes femmes écervelées en pleine discussion mondaine.
« Madame, cet éventail est-il à vous? », demande gentiment le jeune homme à l’une des deux femmes.
– Oh, non, cher ami! Il n’est point-z-à-moi! lui répond-elle avec un sourire factice comme seules les femmes du monde savent le faire.
Le jeune homme, quelque peu agacé par cette faute de français qui lui lacère les oreilles, se retourne vers son amie. « Est-il à vous, dans ce cas? »
Cette fois, c’est un véritable gloussement qui sort de la bouche de son interlocutrice:
– Ah ah ah! Non, non, non, il n’est pas-t-à-moi non plus!
Le jeune homme, très digne, se fend alors d’une réponse qui restera gravée dans l’histoire de la langue française pour les siècles à venir:
« S’il n’est point-z-à vous et qu’il n’est pas-t-à vous, mais alors… je ne sais pas-t-à-qu’est-ce! »
C’est un certain Domergue, (le grammairien et journaliste de la fin du XVIIIe siècle, pas le footballeur) qui nous raconte cette délicieuse histoire dans son Manuel des amateurs étrangers de la langue française. Par contre, il ne nous dit pas si les deux jeunes femmes prirent conscience de leur ridicule… En attendant, la réplique fera date et le mot pataquès fait-z-une entrée fracassante dans le dictionnaire!
Il sera même repris par Charles Baudelaire en personne, avec l’orthographe « pataqu’est-ce », dans ses Curiosités esthétiques (1868)…
Les grossières naïvetés que Charlet prête à ses conscrits sont tournées avec une certaine gentillesse qui leur fait honneur et les rend intéressants. Cela sent les vaudevilles où les paysans font les pataqu’est-ce les plus touchants et les plus spirituels.
Charles Baudelaire, Curiosités esthétiques, 1868
Amusant, non ?
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Djinnzz
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Bravo Djinnz. Maintenant c’est reparti et j’espère pour longtemps. J’arrête là ce com c ar je ne sais plus qoi-z-écrire !!
Merci-t-à vous Eurosix 🙂
Excellentissime
Je ne m’attendais pas du tout a une explication comme celle-ci ! Merci 🙂