Bobby Womack, le soul fighter
Lunettes de soleil noires mates, l’air hagard et l’échine courbée par la vie, Bobby Womack n’a pourtant rien perdu de sa voix rocailleuse, aigüe, gorgée d’aspérités. 60 ans de carrière, près d’une trentaine d’album et un point d’orgue: The Bravest Man In the Universe.
Robert Dwayne Womack, né le 4 mars 1944 à Cleveland dans l’Ohio, débute sa carrière à l’âge de 8 ans, aux côtés de ses quatre frères pour former les Valentinos.
Sous la houlette de l’éminent Sam Cooke, le groupe connaît un de ses grand succès avec It’s All Over Now, écrit par son protégé, en 1964.
Devenu un chanteur et un musicien studio adulé, la comparaison avec les Jackson 5 et le King of Pop est évidente. Frappante tant la vie du chanteur soul mêle magie et tourments.
Bobby Womack collabore avec le King, Aretha Franklin, Wilson Pickett, Dusty Springfield, joue avec Ray Charles, James Brown et part en tournée avec Jimi Hendrix. Il compose Trust Me et Mercedes Benz avec Janis Joplin pour son album posthume avant de travailler avec Marvin Gaye.
Par ailleurs, il laisse à contrecœur les Rolling Stones reprendre son premier bébé, It’s All Over Now, monnayant sa participation et la consolation d’un succès planétaire. D’après lui, Mick Jagger est « un enfant pourri gâté, alors devenu un trou du c*** », pour le dire simplement.
Aigri notre Bobby.
Bobby Womack
En parallèle d’une carrière musicale paroxysmique dans les années 70-80, c’est le chaos.
Sa vie, ponctuée par la mort froide et brutale de ses proches ne l’épargne pas.
Son mentor Sam Cooke, est tué par balle dans des circonstances mystérieuses en 1964. Il est la dernière personne à avoir vu Janis Joplin vivante en 1970. Et la dernière fois qu’il voit Marvin Gaye, c’est la veille de son assassinat en 1984. D’ailleurs, ce jour-là, Bobby Womack rétorque un banal « Meurs! » après que le Prince de la Soul l’ait taquiné sur sa couverture du Rolling Stone Magazine.
En 1978, son fils de 4 mois s’étouffe après avoir été laissé sans surveillance. 8 ans plus tard, un de ses autres fils se suicide. Quant à son frère, il est poignardé par une petite copine jalouse dans la maison des Womack.
Lui-même échappe à une fin tragique quand sa femme Barbara le prend pour cible après l’avoir surpris avec sa fille, Linda… Cooke.
Accro à la cocaïne jusque dans les années 90, souffrant d’une tumeur et sans contrat depuis des siècles, deux hommes vont être à l’origine du retour inespéré du plus grand chanteur soul du monde, pour beaucoup.
« I got a story I want to tell ». Bobby Womack a vécu et nous invite à tendre l’oreille.
Cet album biographique, peut-être même testamentaire n’a rien d’une ode à la Black Music, la gloire passée du chanteur.
Les codes du genre sont torturés, bouleversés, assombris par l’atmosphère électronique et synthétique omnipotente. Le miséricordieux Please Forgive My Heart, le très funky Love Is Gonna Lift You Up et son break beat électro ne parviennent pas à libérer l’œuvre de sa torpeur.
The Bravest Man In The Universe est une réussite incontestable, rendue possible grâce au musicien touche à tout Damon Albran (Blur, Gorillaz) et la bienveillance de Richard Russel, le fondateur de XL Recordings. Ces deux mécènes ont réussi à redresser un mythe, par l’originalité et le renouveau.
L’homme le plus courageux de l’univers est celui qui a pardonné le premier mais aussi le soulman qui s’adonne à l’électro, après 12 ans d’absence.
The Valentinos – It’s all over now:
Bobby Womack – The Making Of The Bravest Man In The Universe:
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Une belle découverte musicale. Merci.