[Choc des cultures] Pour vous, je me suis immergé dans le milieu du rap français
Mais qu’est-ce qui m’a pris ?
Ce projet d’immersion dans la culture du rap français s’annonçait plutôt mal. Petite recherche sur Google: « rappeurs français » pour voir l’ampleur de la tâche qui m’attendait. En est ressortie une liste de noms qui m’étaient tous à peu près inconnus, et une succession de visages patibulaires.
Je cherchais frénétiquement dans cette liste I am, seul groupe de rap que j’ai écouté avec une certaine assiduité il y a une vingtaine d’années, à la sortie de leur album fondateur L’école du Micro d’argent. Mais non, pas de I am en vue. Déception… J’aurais pourtant dû me douter qu’en 20 ans, le visage du rap français avait dû bien changer. Et je n’étais pas au bout de mes surprises…
Il m’a fallu une quinzaine de jours, à raison de 5 à 6 heures par jour, pour écouter l’ensemble de ces rappeurs dits « populaires »… sans oublier quelques incursions dans le rap « underground » (comprendre – celui que personne n’écoute).
Comme dans toute plongée dans un univers inconnu, il faut un cap, une destination, pour ne pas se perdre en route. Et moi, à travers mes heures et mes heures d’écoute, j’étais à la recherche du saint Graal. Ce saint Graal qui semblait s’éloigner un peu plus à chaque écoute d’un nouvel artiste. Ce saint Graal, c’était le VRAI rap. Celui qui bouscule les codes. Celui qui te prend aux tripes et qui ne te lâche plus. Celui qui te pousse à l’écouter en boucle, à être déçu que ça ne dure pas plus longtemps.
Ce saint Graal, je l’ai trouvé… on en reparlera.
Je vous livre ici mon analyse, l’analyse d’un mec qui n’y connaissait rien au rap, et qui est bercé par l’opéra et la musique classique.
C’est quoi, le VRAI rap ?
Retracer toute l’histoire du rap, depuis les US jusqu’à son arrivée en France, ce n’est pas vraiment mon but ici. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt le rap comme vecteur de la contestation, de la dénonciation.
Renaud, d’une certaine façon, portait déjà en lui l’ADN du rap. Quand il chantait Hexagone en 1975, ou Où c’est qu’jai mis mon flingue en 1980, il préfigurait dans ses textes ce que deviendrait le rap trente ans plus tard.
Et Boris Vian, quand il écrit le Déserteur en 1954, reprise plus tard par Serge Reggiani? Sans doute ouvre-t-il la voie à la chanson dite « engagée », de celle écrite pour servir de porte-parole à la rue, pour remuer les tripes, pour sensibiliser l’opinion publique.
(…)
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d’obéir
Refusez de la faire
N’allez pas à la guerre
Refusez de partir
S’il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n’aurai pas d’armes
Et qu’ils pourront tirer.
Le Déserteur, Serge Reggiani
C’est ça, le but du rap. « Qui peut prétendre faire du rap sans prendre position ? » Cette question, Arsenik se la posait déjà en 1998. Hélas, presque 20 ans plus tard, la réponse est sans appel: (presque) tout le monde… Et, nous le verrons, ce n’est pas Maître Gims qui vous dira le contraire.
Mesure de la popularité des rappeurs
Difficile notion que celle de « popularité »… En toute subjectivité, j’ai choisi de me baser sur le « nombre de personnes qui écoutent l’artiste par mois » sur Spotify. Ce chiffre ne veut pas dire grand chose en lui-même, mais il faut bien se baser sur quelque chose…
Le rap qui marche aujourd’hui
Le patron du rap français aujourd’hui (en terme d’audience), c’est Maître Gims. Ça fait mal à écrire! Ce chanteur incarne à lui seul ce que le rap ne devrait pas être: voix trafiquée à l’auto-tune, conçu pour amuser les foules, sans aucune recherche sur les paroles (et des échecs de rimes à foison…). Pur produit marketing, sa musique est formatée pour passer sur les ondes radio aux horaires de grande écoute. Rien n’est bon, tout est à jeter. Next.
Son dauphin, le groupe PNL, est déjà un peu plus intéressant.
(j’ai dit « un peu », calmez-vous)
Bon, il est impossible de comprendre les paroles de leur chanson pour les non-initiés au langage des banlieues. Difficile de saisir un message quand on comprend un mot sur deux…
Les Inrocks écrivent sur eux (à propos de leur chanson Mira): « L’instru est lunaire, les paroles aussi: bizarre, bizarre, bizarre… mais tellement cool et sombre à la fois. Bref, le sel de PNL. »
Les mecs ont droit à des centaines de millions de vues sur Youtube, enchaînent les tubes à la vitesse de la lumière… Ce vide intersidéral dans les paroles a néanmoins un côté fascinant:
Deux-trois millions, cette moula juste pour quitter la Terre
J’fais plus taga, QLF se fait le rap FR
L’odeur de la mer, j’sens qu’il est temps d’se refaire
J’suis bien ché-per, j’rattrape les années en l’air
J’aime son accent, j’aime la vie en vrai
Je prends ton temps, je réfléchis après
J’ai souri à la merde, souri à l’envers, sans commentaire
Suce-moi, merci d’avoir douté de moi
J’prends mon oseille, je chante, j’me casse de la te-boi
Bref, un groupe qui cultive son image de mecs branchés (pardon, ché-brans) tout en faisant des ados son cœur de cible. Musique planante (du moins pour du rap, c’est pas du trip-hop ou du post-rock non plus!), paroles aléatoires et langage de banlieue. L’imagerie du groupe est pourtant bien éloignée des poncifs du genre. Ici, pas (trop) d’armes, de cagoules, de bicraves,
(synonyme de vente de drogue)
(je parle comme dans un mec du tier-quar, tavu)
de grosses cylindrées et de mecs qui tiennent les murs. Plutôt cheveux gominés et fiestas en bord de mer.
Rafraîchissant ? Mouais… Commercialement, ça marche, c’est indéniable. Artistiquement, la démarche est plus que douteuse.
Continuons notre tour d’horizon des rappeurs français les plus écoutés aujourd’hui… Le N°3 est Jul (prononcez « djoule »).
Non. Pas lui. À l’aide ! Ce fut un vrai calvaire à écouter… Voix déformée à l’auto-tune, rythmique d’une pauvreté affligeante, textes navrants… Peut-on encore appeler ça du « rap »? Non.
Next.
N°4 : Booba. Là, j’abandonne. Vous voyez Jul? C’était la version marseillaise. Booba, c’est du Jul à la mode parisienne. La différence, musicalement? Aucune. Même bouillie indigeste. Mêmes rythmes insipides dégueulés jusqu’à la nausée. Mais la rivalité entre les deux villes permettront aux auditeurs de choisir leur camp. Whaou, ça vole haut.
On se demande, Booba, on se demande.
Tu sais, Booba, les vrais rois n’ont pas à répéter qu’ils sont les meilleurs toutes les 30 secondes… Tu nous ferais pas un p’tit complexe d’infériorité, là ?
N°5 : Soprano. Ca ressemble (un peu) à du rap. Mais la finalité est clairement l’ « entertainment », dans son expression la plus crasse. Faire danser les jeunes en boîte de nuit. Ça vaut ce que ça vaut, mais ça n’a aucun intérêt dans notre dossier, où nous tentons de nous intéresser au rap, au vrai.
N°6 : MHD Un moment, j’ai cru que je m’étais planté de playlist et que j’écoutais du Magic System (vous savez, ce groupe qui nous pond chaque été son « tube de l’été » à base de « On va bouger bouger » pour nous « ambiancer ». Bref, là encore, on est loin du rap…
Allez, pour la forme, on va se faire le N°7 : Black M. Pur produit marketing issu, tout comme Maître Gims, du collectif Sexion d’Assaut. Le mec est super sympa, toujours souriant. C’est le rappeur « gentil » qui véhicule des valeurs positives. Il en fallait bien un…
« La France est belle. Mais elle me regarde d’en haut depuis la Tour Eiffel. »
Ça dénonce, mais pas trop, faut pas déconner. Quand on est aussi lisse que Black M, qu’on passe chez Cyril Hanouna, on ne peut pas vraiment se permettre de faire de la musique contestataire.
Voilà. On a fait le tour des 7 piliers qui écrasent tout le reste du rap français en terme de vente de disques.
Tu m’étonnes que je n’ai jamais eu envie de m’intéresser à cette musique.
L’auto-tune
Pourquoi, mais pourquoi ??
A l’écoute des sept « piliers » du rap français (sic), on remarque l’omniprésence de l’auto-tune.
Ce truc sévit sur les ondes depuis 1997.
C’est un logiciel qui analyse la hauteur de la voix en la recalant si nécessaire à une tonalité souhaitée. En clair, n’importe quelle casserole peut se mettre à chanter juste grâce à la magie de l’auto-tune. Dans le fond, pourquoi pas. L’utilisation du logiciel n’est pas détectable à l’oreille, donc l’auditeur n’y entend que du feu et peut profiter peinard de sa chanson.
Là où ça se complique, c’est quand on pousse les réglages de l’auto-tune beaucoup, beaucoup trop loin. Le but n’est plus de rendre de la justesse à la voix, mais de la transformer complètement. Le résultat est une voix ridiculement aiguë et métallique…
La musique « de masse » (comprendre, celle qui se vend comme des petits pains) est aujourd’hui envahie par l’auto-tune poussé à l’extrême. Et le rap commercial n’échappe pas à cette mode: sur les sept rappeurs dont on a parlé plus haut (Maître Gims, PNL, Jul, Booba, Soprano, MHD, Black M), TOUS ont recours à cet outil à l’excès.
Et voilà le rap qui continue à creuser sa propre tombe… Ajoutons à cela la course effrénée à la punchline,
(dans le jargon, une « rime percutante », que les gens retiendront)
faisant ressembler un texte de rap à une succession de phrases sans queue ni tête… La recherche du buzz est permanente, quitte à en perdre son âme.
Un rappeur commercial cherche à enchaîner les tubes. Le vrai rappeur, lui, cherchera à écrire des « classics », des morceaux de référence qui feront référence et que l’on chantera encore dans 20 ans. (Petit Frère d’I am, Solaar pleure de MC Solaar, sont des classics)
Qu’en penser ? Dans un premier temps, que le rap a bien changé !
Loin du rap « de banlieue » fabriqué à base de flingues, de grosses bagnoles et et de bicraves, tout droit sorti de l’imagerie de la fin des années 90, le rap qui se vend le plus aujourd’hui est le rap le plus lisse qui soit.
D’une lissitude écœurante.
D’une tristitude affligeante.
Conclusion ? On écoute aujourd’hui du rap pour ses mélodies qui font hocher la tête, pour danser en boîte de nuit. Les mecs ont des nouveaux looks : les gros loubards de quartier laissent la place aux minets aux cheveux plaqués et gominés. Ils chantent des chansons un peu mièvres, auto-tunée à outrance.
Avant, le rappeur à succès avait une voix rauque et grave. Un pur mâle plein de testostérones. C’était assez cohérent, en vérité, une attitude congruente avec les messages véhiculés. Aujourd’hui, Booba, Jul, Soprano et compagnie ont des voix qui ressemblent à celle de René la Taupe… tout en se donnant des airs de faux caïds de banlieue. La congruence n’est plus, la crédibilité non plus.
Heureusement, le ridicule ne tue pas.
Il est où, le rap ?
En fait, c’est dans les tréfonds du classement que l’on retrouve l’essence-même du rap.
Durant cette immersion dans le milieu du rap français, j’ai vu des clips qui m’ont remué les tripes comme celui de XY, fruit de l’association entre Kery James et le réalisateur Matthieu Kassovitz (La Haine) qui nous raconte une sombre histoire de règlement de compte en inversant la chronologie… une pure merveille de mise en scène relevée par une musique lourde et violente… mais intelligente.
J’ai trouvé des références culturelles qu’on n’attend pas… Nekfeu qui se compare à Martin Eden, par exemple. Personnage de fiction naît sous la plume de Jack London, ce jeune marin peu éduqué finira par épouser une jeune femme issue de la bourgeoisie et à embrasser une carrière d’écrivain. « Plus il monte, plus il se rend compte que les gens “cultivés” sont moins intelligents que lui. Lui, il a une intelligence de la vie. Il voit les gens retourner leurs vestes et devenir admiratifs de son oeuvre alors qu’ils lui crachaient dessus quelques années avant. » nous explique Nekfeu lors d’une interview. Une analyse étonnamment intelligente pour un rappeur… ou du moins pour l’image que l’on se fait des rappeurs.
Bon, OK, c’est le même rappeur qui chante :
On ne peut pas être TOUJOURS au top…
J’ai écouté la poésie mise en musique d’Abd Al Malik, aussi. Son rap à lui est d’une beauté hypnotique. Les textes sont ciselés, la poésie omniprésente. Merde, je relis son texte Gibraltar, on dirait du Prévert. Non?
Sur le détroit de Gibraltar, y a un jeune homme qui va naître, qui va être celui que les tours empêchaient d’être
Sur le détroit de Gibraltar, y a un jeune Noir qui boit
Dans ce bar où les espoirs se bousculent, une simple canette de Fanta
Il cherche comme un chien sans collier le foyer qu’il n’a en fait jamais eu
Et se dit que peut-être, bientôt, il ne cherchera plus
Et ça rit autour de lui, et ça pleure au fond de lui
Faut rien dire et tout est dit, et soudain
Soudain il se fait derviche tourneur
Il danse sur le bar, il danse, il n’a plus peur
Enfin il hurle comme un fakir, de la vie devient disciple
Sur le détroit de Gibraltar y a un jeune Noir qui prend vie
Qui chante, dit enfin « je t’aime » à cette vie
Puis les autres le sentent, le suivent
Ils veulent être or puisqu’ils sont cuivre
Comme ce soleil qui danse, ils veulent se gorger d’étoiles
Et déchirer à leur tour cette peur qui les voile
Gibraltar, Abd Al Malik
J’ai fait des découvertes étranges, aussi… Comme BARABARA, ce chanteur français expatrié au Kenya qui nous raconte le voyage d’un schizophrène ayant survécu à la fin du monde… « En swahili, barabara signifie « la route » mais aussi: « droit, exact, parfait ». C’est la route construite par l’homme blanc, qui passe à travers tout, en opposition au sentier, vivant, qui suit un parcours, serpente et s’adapte au terrain. » Le mec a à peine quelques milliers d’écoutes sur Soundclound et est introuvable sur Spotify et Amazon…
Et puis, j’ai lancé le dernier album de Kery James, et j’ai été soufflé.
Ah ! Kery James ! Un rappeur dont je n’avais JAMAIS entendu parler. Plus de 20 ans de carrière, pourtant. Et des textes IN-TEL-LI-GENTS portés par une instru percutante.
Merde, après des heures et des heures d’écoute de rap de qualité inégale (je reste poli), il est le messie musical que je n’attendais plus. Le digne successeur d’I am et de MC Solaar. J’avais enfin trouvé la perle que je recherchais.
Nous y reviendrons un peu plus tard.
La trahison du rap
Connaissez-vous la série Black Mirror, cette série britannique qui s’interroge au travers de chacun de ses épisodes (des moyen-métrages indépendants les uns des autres) sur les conséquences des nouvelles technologies? L’épisode 2 de la saison 1 (attention, SPOILERS) met en scène un certain Bing Madsen dans une société dystopique où chaque citoyen doit pédaler à longueur de journée sur un vélo d’appartement pour créer de l’énergie. Pour passer le temps, les vélos sont placés devant des écrans de télé où est diffusée, entre autre, une émission musicale façon The Voice, en version XXL.
Bing Madsen est écœuré par le système, et il compte bien le détruire de l’intérieur. Pendant des mois, il économise ses crédits pour se payer un billet d’entrée à l’émission. Une fois sur scène, devant le jury et en direct devant des millions de téléspectateurs, il sort un éclat de verre qu’il met sous sa propre gorge et menace de se suicider si on ne le laisse pas finir ce qu’il a à dire.
Il se lance alors dans une longue tirade pleine de conviction dans laquelle il dénonce tour à tour le « système », la société de consommation et l’immobilisme de ses concitoyens. Grand moment d’émotion dans le public. Moment de flottement où tout le monde se regarde, se jauge, se juge. Un des membres du jury rompt le silence et félicite le jeune Bing. Consécration suprême: il lui propose même de créer sa propre émission hebdomadaire, diffusée en direct à la télévision. Bing comprend qu’il se fait manipuler, mais il accepte. A-t-il seulement le choix? La foule est en délire. La tension est retombée. Candidat suivant.
« Le truc de la gorge tranchée, c’est un pur gimmick » dit un des animateurs. Alors Bing réalisera chacune de ses interventions télévisuelles son fameux fragment de verre à la main. La contestation vient d’être transformée en spectacle.
Et, à peine son émission terminée, notre héros pourra jouir de son somptueux appartement. Le système a gagné. Mieux! Le système s’est offert un faux porte-parole de la contestation. Et, parce que les gens s’y identifient, ils ne prendront plus la peine de former leur propre rébellion…
Pourquoi je vous parle de cette série ? Le lien avec le rap est évident.
Dès 1968, John Edgar Hoover avait conscience que la population noire avait besoin de modèles, d’idoles dont ils pourraient suivre l’exemple. Les Etats-unis sont à cette époque traversées par une montée identitaire inédite: c’est l’âge d’or de la Nation of Islam (fondée en 1930) popularisée par Malcolm X, des Black Panthers (1966), de la Zulu Nation (1973), et celle de Marthin Luther King (assassiné le 4 avril 1968)…
Bref, les Afro-Américains se réveillent, ce qui crée un problème socio-politique majeur.
Le Nègre (sic) veut et a besoin d’être fier de quelque chose. Les jeunes Noirs modérés doivent être amenés à comprendre que s’ils succombent à l’enseignement révolutionnaire, ils seront des révolutionnaires morts. N’est-il pas préférable d’être un héros sportif, un athlète bien payé ou un artiste professionnel, un travailleur en col blanc ou bleu régulièrement payé, un homme pacifique avec sa famille ou une personne qui au moins est acceptée, plutôt qu’un Nègre qui aura peut-être réussi à décimer l’establishment, mais qui, avec cela, aura aussi brûlé sa maison et gagné pour lui et tout son peuple la haine et la méfiance des Blancs pour les années à venir ?
John Edgar Hoover, Note à l’ensemble des agents du FBI, avril 1968
Texte original :
« The Negro youth and moderate must be made to understand that if they succumb to revolutionary teaching, they will be dead revolutionaries. Is it not better to be a sports hero, a well paid professional athlete or entertainer, a regularly paid white or blue collar worker… than a Negro who may have got even with the establishment … and gained for him and all his people the hatred and distrust of the whites for years to come? » A lire ici pour les anglophones.
En clair, ce que voudrait Hoover, c’est un messie black capable de propager la bonne parole. Le rap va lui apporter ce messie (CES messies) sur un plateau d’argent… Des stars issues de la scène rap US émergent au cours des années 70-80. Les jeunes blacks s’identifient à ces chanteurs stéréotypés, et les transforment en porte-parole de leur mal-être. Ils ont maintenant une soupape, un échappatoire, et en oublient leur propre volonté de révolution. Les rappeurs, même s’ils sont motivés par de nobles sentiments, servent à la protection de ce même système qu’ils dénoncent. Comme Bing Madsen avec son fragment de verre contre sa carotide.
En France, le rap est aujourd’hui plongé dans le même paradoxe.
Le cas El Matador…
…et de tous ces autres rappeurs qui font du rap engagé… mais engagé contre quoi, au juste ? Ils ne le savent pas vraiment.
Cet article étant déjà ridiculement long, on ne va pas s’intéresser ici dans le détail au contenu des messages véhiculés dans Polémiquement incorrect, la chanson qui a propulsé El Matador sur le devant de la scène. Pas dans le détail, certes, mais on va se pencher dessus un peu quand même…
J’suis pas l’ennemi d’la France, mais c’lui du bloc identitaire
L’ennemi de ceux qui rythment leur vie sur les chants d’Hitler
Je crie ouvertement ma haine contre l’gouvernement
J’ai qu’un stylo comme arme, pas de cagoule ni d’paire de gants
Jusque là, ça va.
(rappelons que le Bloc identitaire est un mouvement d’extrême droite, défendant les « racines et l’héritage » français (sic) contre l’immigration)
Avant de poursuivre :
J’en veux aussi aux rappeurs démago, obsédés
Révolutionnaires dans leurs disques, jamais sur un plateau télé
Ils perdent leurs couilles devant Ruquier ou Michel Denisot
Ils veulent rentrer dans l’moule, parlent de leur rap qu’à demi-mots
Les caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo
T’en as rien à foutre tant qu’ta ‘zique te paye ta Ferrari Enzo
Jusque là, ça va aussi.
(à noter que le clip a été publié en 2012 sur Youtube… donc bien avant les attentats contre Charlie Hebdo)
Il annonce ses intentions, se distingue des « faux » rappeurs qui vendent leur âme au Diable. Ses intentions sont bonnes. Encore faut-il, dans un deuxième temps, avoir un vrai message à faire passer… OK, certains sujets sont intéressants (mais trop vite effleurés), mais d’autres sont tout simplement idiots:
Je commence calmement, pas de lapsus
Rachida Dati a taillé des pipes dans toutes les chiottes du Parlement
OK, référence au célèbre lapsus de Dati (fellation au lien d’inflation). Mais ce genre d’attaque personnelle est-il vraiment nécessaire?
J’fais aucune différence entre Marc Dutroux et Frédéric Mitterrand
Bon, Mitterrand fils a écrit des choses assez « bizarres » dans un bouquin: « Dans chaque club, les garçons se tiennent sur la scène très éclairée par petits groupes de quatre ou six ; ils portent la tenue distincte de l’établissement et de sa spécialité, minimale et sexy: maillot 1900 à bretelles ou cycliste pour les athlètes, boxers shorts, strings… » Frédéric Mitterrand, « La Mauvaise Vie » (2005)
La scène se passe à Patpong, à Bangkok. Mais l’auteur s’est toujours défendu en disant que les « garçons » dont il parlait étaient majeurs. Fin de la polémique. A moins qu’il s’agisse d’une simple homophobie de la part du chanteur? Le message est peu clair. Et le comparer à Dutroux, sérieusement?
Ça commence à faire beaucoup dans une seule chanson. On continue? On continue.
J’pourrais aussi parler de DSK ou Hortefeux
Dans leurs soirées sado-maso, ils font toutes sortes de jeux
Des sociétés secrètes et des confréries satanistes
Face à la populace en masse qui cède à la panique
Hein ?
J’ai pas la vision d’Obama mais celle de Farrakhan
Farrakhan, c’est le dirigeant de l’organisation politico-religieuse Nation of Islam depuis 1981. Mais dans le clip, on voit clairement une image de Malcolm X, ce célèbre prêcheur et militant des droits de l’homme. El Matador rend donc hommage aux deux hommes… Mais entre Farrakhan et Malcolm X, le chanteur doit pourtant choisir! Le premier ayant traqué (et fait assassiner? en tout cas, il écrivit « un tel homme mérite la mort ») le second après que Malcolm X se soit converti à l’Islam sunnite et quitté l’Organisation…
Bon, la chanson est très longue, et continuer l’analyse vers par vers n’apporterait pas grand chose. Entendons-nous bien, je n’ai rien contre El Matador. Je classerais même son rap dans la moitié haute de touts les productions que j’ai pu écouter… Mais il est atteint, à mon sens, du syndrome du dénonciateur-qui-ne-sait-pas-trop-quoi-dénoncer. Et du coup qui dénonce un peu tout ce qui lui passe la tête…
Dommage. Un internaute a écrit un commentaire sous sa vidéo sur Youtube : « Le problème avec ce son, c’est qu’il énonce des points pertinents ainsi que des vérités connues, et puis au milieu il y a des conneries qui passent parce que le reste est bon… «
C’est bien résumé…
Comme dirait Lino dans sa chanson Suicide commercial :
comme chez Ruquier, ils nous prennent pour des gogoles shootés ; Font des « yo yo » avec la casquette sur l’côté.
Ok, c’est très vrai. Raison de plus pour ne pas leur donner le bâton pour vous battre!
La schizophrénie guette…
Le problème structurel du rap, ce sont les rappeurs français qui en parlent le mieux…
Nekfeu essaye un timide :
Je fais pas mon son pour plaire à Laurent Bouneau mais c’est une victoire quand il est diffusé.
dans son titre Ma Dope.
Laurent Bouneau, c’est le Directeur de la programmation de Skyrock, première radio de rap de France. Une diffusion sur Skyrock, et c’est le carton assuré: on parlera de toi dans les cours de récré, tu vendras des milliers d’albums, et, avec un peu de chance, tu passeras peut-être même chez Ruquier. Mais pour obtenir ce saint-Graal, il faut laisser ses couilles dans le vestiaire: aux lois marketing, obéir tu devras.
À l’inverse, Kery James, un des derniers « vrais » rappeurs actuellement (au sens de « porteur d’un message anti-système sincère et réfléchi ») se pose maintenant comme le chef de file du rap libre, indépendant et contestataire. Pour être intègre, il n’y a qu’une solution: s’affranchir des médias de masse…
J’sors en indé, tu m’verras plus jamais mettre les pieds à Skyrock.
Ils n’aiment pas c’que je suis, c’que je défends, c’que je porte. C’est réciproque.
Ils ont travesti le R-A-P. Je fais parti des rescapés.
Ils ont encensé la médiocrité. Ils ont fait du Hip-Hop de la variété.
(…)
J’fais d’la musique contestataire ; vous vendez des espaces publicitaires.
(…)
Fric et violence dans vos playlists ; vous abrutissez les miens, ça plait aux élites.
Racailles, Kery James
Le vrai rap, ou rap conscient, doit donc résoudre une équation impossible: la nécessité d’être écouté et connu (chanter sous sa douche n’a, a priori, pas beaucoup de sens si on veut diffuser un message le plus largement possible…) tout en se privant des médias de masse.
Heureusement, internet et les réseaux sociaux rendent aujourd’hui possible (mais ô combien difficile) cette ascension loin des majors. Kery James s’y essaye, souhaitons-lui encore plus de succès. Le mec le mérite clairement, même s’il se perd parfois un peu en cours de route. Attention aussi au syndrome Black Mirror…
CONCLUSION
Cette petite étude sur le rap français, je l’appréhendais beaucoup.
Je dois l’avouer, ma vision du rap d’aujourd’hui était très mauvaise, et mes premières heures d’écoute m’ont confirmé dans cette vision négative. Comment être enthousiaste en écoutant des voix trafiquées à l’auto-tune chanter fièrement des textes débiles sur des rythmes assourdissants?
En voulant m’immerger dans le rap français, je pensais donc toucher du doigt cette « sous-culture d’analphabètes », pour citer les propos du nauséabond Eric Zemmour. Je voulais faire un petit dossier humoristique, reprenant les punchlines les plus débiles, du genre :
(La liste peut être très, mais alors trèèèèès longue !)
Mais réduire le rap à ces rimes maladroites, à ces fautes de grammaire, à cette vulgarité crasse, ce serait passer à côté de l’essentiel.
Le rap est un des derniers espaces de contestation diffusable à grande échelle. À ce titre, il mérite d’être choyé par ceux qui prétendent l’aimer. Ou il disparaîtra à jamais.
J’ai à peine effleuré du bout du doigt ce qu’était le rap… L’article étant maintenant fini, y reviendrai-je un jour? Sans doute, à petite dose. Un album de Kery James entre deux écoutes d’Otello de Verdi et du Vaisseau Fantôme de Wagner.
On ne se refait pas.
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Djinnzz
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T’es un génie, mec.
Un putain de génie, oui. Pour une fois qu’un media grand public s’intéresse à ma passion.
Merde, j’écoute du rap depuis 20 ans, depuis l’époque d’Assassin et de NTM. J’ai vu ma musique s’enfoncer chaque année un peu plus dans la fange.
Skyrock, première radio de rap en France ? Jusqu’en 1995, peut-être. C’est même eux qui ont contribué à installer le rap dans le paysage français. Mais depuis, cette radio est devenue une radio R’n’b de merde. Plus aucun bon rap, et que des rappeurs comme Kery se barrent de cette radio c’est un putain de bon signe.
Laurent Bouneau a lui-même déclaré que Skyrock était maintenant une radio de la culture « urbaine », et pas de rap. Donc des voix vocodées et des pouff’ qui chantent du r’n’b, c’est ça pour lui la culture urbaine.
Désolé je suis énervé parce que comme dirait Jhon Rachid, « j’ai mal à mon rap »
Il y a plein de bons rappeurs qui ne sont pas cités dans cet article : Lino, Oxmo Puccino, et plein d’autres. Mais c’est vrai que les seuls « rappeurs » qu’on entend à longueur de jurnée sur les ondes c’est du PNL, du maître Gims ou du Black M (même si j’aime bien son dernier album à lui)
Bref, c’est très sympa comme dossier, j’espère que plein de petits trous du cul de bourgeois vont être amenés à le lire pour enfin comprendre que non, le rap c’est pas des flingues des gros nibards et des clash.
Que le rap soit en crise aujourd’hui, c’est pas vraiment un scoop…
Les logiques ne sont plus artistiques mais mercantiles. Il n’y a plus de sincérité quand tu fais tout pour passer à la télé ou à la radio.
Remarque, c’est vrai pour le rap mais c’est aussi pour la chanson française dans son ensemble… Quand on en est à comparer Stromae à Jacques Brel, c’est qu’on manque sérieusement d’artistes de talent…
C’est marrant que tu parles de Stromae, car je pense exactement la même chose… Certes, certaines de ses productions sont de qualité, mais je n’arrive vraiment pas à comprendre les médias qui le comparent à Jacques Brel.
Pourquoi pas comparer Victor Hugo à Guillaume Musso tant qu’on y est?
Sinon, j’écoute trop peu de chanson française pour me faire une idée du niveau actuel… Et je n’ai pas trop envie de passer 15 nouveaux jours en immersion à n’écouter que ça !
Le déserteur, c’est de Boris Vian (mais la chanson a été ensuite reprise par Reggiani).
Donc, ce serait plutôt Vian le précurseur du rap français (lui qui préférait le Jazz).
Exact ! Je corrige 🙂
A noter que cette chanson fut écrite à la fin de la guerre d’Indochine (1946-1954), alors que la bataille de Diên Biên Phu (1 500 soldats français tués) a choqué l’opinion…
#JetaleMaCulture
C’est, avec les vidéos de Jhon Rachid, ce que j’ai lu de plus intelligent sur le rap français.
« Le rap est un des derniers espaces de contestation diffusable à grande échelle. À ce titre, il mérite d’être choyé par ceux qui prétendent l’aimer. Ou il disparaîtra à jamais. »
C’est tellement vrai. Le rap se perd trop dans les clash entre chanteurs (Booba, Rohff, La Fouine…) ou dans les clichés de banlieusards ou (c’est ce que tu dis Djinnzz) dans la variét’ avec les voix trafiquées à l’auto-tune.
En même temps, les medias ne véhiculent que cette image du rap, pour bien donner une image de merde au rap et à la banlieue.
C’est de la manipulation de masse, histoire de bien stigmatiser toute une population. Pour dire aux gens : vous voyez, on ne s’occupe pas des banlieues difficiles mais regardez comme ils sont cons / violents / vulgaires (ou tout autre cliché du genre)
J’adre jhon Rachid, mais il n’est regardé que par les passionnés du rap. Donc il prêche un public qui est déjà converti. J’espère que ton article Djinnzz va être diffusé largement parce que tout le monde devrait le lire.
Je rajouterai que je suis fan de rap et pourtant je sais m’exprimer sans faire de fautes…
A bon entendeur
Pourquoi le « vrai » rap serait uniquement le rap conscient à la Kery James?
Le rap game fait partie de la tradition du rap…
Le rap hardcore aussi (violence des rues, trafic de drogues, d’armes, prostitution : le visage extrême des cités.
Le rap gangsta bling bling (à la mode US ganster)
Le rap commercial : c’est un rap comme un autre ! Si des gens aiment écouter ça, pourquoi on devrait les priver ? Par définition, c’est celui qui s’écoute le plus, puisqu’il est fabriqué pour être écouté par le plus de gens possibles
Le rap poétique : vous en avez parlé : Abd Al Malik ou MC Solaar
Bref, le « vrai » rap, comme vous l’appelez, ça ne veut rien dire. Dites seulement que VOUS n’êtes intéressés que par le rap conscient, et pas par les autres courants. Mais ce que VOUS pensez, ce n’est que VOTRE opinion. Il faut pas généraliser.
D’accord avec toi. Cet article m’a fait mal au coeur.
Il y à différents style de rap comme tu dis, et ne pas aimer ceux qu’on n’arrive pas à comprendre ne reviens pas à en faire de la merde. C’est visiblement un jeu avec des codes qui te sont inconnus Djinnzz.
Tu peux ne pas aimer le jeu en lui même :
– objectif : faire des instrus qui font bouger sans chercher de paroles forcément cohérente ou intelligente – il me semble que Christine and the Queen fait la même chose avec les sonorités – / rap commercial
– objectif : faire des sont de clash ou le rappeur s’invente un personnage qui est le plus fort – / rap hardcore – blingbling – gangsta
etc.
Mais quand tu conclu en citant le nauséabond Eric Zemmour il est normal de remettre ta foi dans la recherche en question.
PS : Pour PNL il y à pleins de vidéos de fans pour expliquer leurs ascensions; le pourquoi du comment de leurs clips et pourquoi ils trouvent ça intéressant. PNL ont bousculé les codes, ils ont été outsider dans le milieu, se sont ramener avec un nouveau genre de commercial, style vestimentaire, fanbase fidèles sans jamais d’interview ou de publicités avant la sortie de leurs sons ou albums. Je ne les aime pas (musicalement parlant) et respecte la réussite.
Concernant le jeu avec les codes, tu as sûrement raison, oui…
Pour PNL, ils ont maintenant droit à des articles qui les encensent dans Télérama. Je n’y comprends plus rien…
Quand Afrika Bambataa, un des fondateurs du mouvement, a créé le hip-hop. C’était pour faire danser les gens. Je viens aussi de la musique classique mais je trouve ton analyse mauvaise. Le rap n’a pas forcément un but contestataire. Que ça soit dans les années 90 ou aujourd’hui, il y a toujours eu des rappeurs qui avaient d’autres propos qu’un engagement envers la société. Nous expliquer que Kery James est un « vrai rappeur » n’a aucun sens. Bref si tu tiens à analyser le rap français renseigne toi car ce que tu décris est subjectif et inintéressant.
AFRIKA BAMBAATAA EST PÉDOPHILE CONDAMNE
« Qui prétend faire du rap sans prendre position ? »
Kerry James, Dernier MC
Tout est dit…
Merci beaucoup pour cet article, ça donne vraiment envie de s’y plonger. Je vais gratter un peu du côté de Kerry James…
Les fans de Booba apprécieront…
Mais je pense qu’ils n’ont jamais dû entendre parler d’EtaleTaCulture !
>_<
Vous venez toujours sur des sujets où on ne vous attend pas !
Cet article sur le rap était une vraie prise de risque : il ne faut tomber ni dans le mépris ni dans l’adulation…
Vous vous en sortez plutôt pas mal ! (mais vous ne m’avez pas convaincu de me mettre au rap pour autant haha)
Article facile et recherche bâclée, bravo, nous continuons dans les stéréotypes qu’offrent les médias sur le rap et son instrumentalisation. On ne pouvait pas s’attendre à mieux puisque vous ne ciblez que les rappeurs populaires qui, pour la plupart, sont à vomir.
Si vous voulez vraiment avoir de la matière sur le rap français d’aujourd’hui, penchez-vous sur des artistes tels que D’ de Kabal, Odezenne, Psykick Lyrikah, Lucio Bukowski, Dooz Kawa …
Ces artistes ont des millions de vues sur Youtube, certains d’entres eux affichent complet dans les salles de concerts et vous les occulter dans votre article.
Moyennes des vues sur Youtube :
D’ de Kabal : 39.000 vues
Odezenne : 300.000 vues
Psykick Lyrikah : 3.000 vues
Lucio Bukowski : entre 5 et 10.000 vues, hormis deux ou trois chansons qui ont fit le buzz à quelques centaines de milliers de vues
Dooz Kawa : quelques centaines de milliers de vues
C’est sûr, c’est super représentatif de ce que représente le rap…
A part Dooz Kawa, moi-même je ne connaissais pas tous ces rappeurs. Mais bon, ça fait toujours très classe de citer 2-3 noms que personne ne connaît pour se donner de l’importance…
Ceci dit, je vais écouter et je vous dirai si j’aime bien ou pas. C’est juste inutile de prendre les gens de haut…
Salut R.A.P,
D’, comme son nom l’indique est issue du groupe Kabal, un groupe qui a commencé en 1995 environ et qui vendait des millions de K7, mais ça, impossible de le voir sur Youtube.
D’ de Kabal remplit aujourd’hui des salles de théâtre (oui, parce qu’il écrit aussi des pièces de théâtre (Agamemnon par exemple)) Il est aussi le n°1 en « slam hardcore » (Spoke Orchestra), il fait du Loop, du BeatBox, bref, qui peut parler de rap français sans mentionner D’ ?
Odezenne affiche complet sur presque toutes les scène que le groupe fait (source Facebook, Digitick and co.)
Lucio Bukowski est, avec Kacem Wapalek, l’une des figures les plus populaires du rap lyonnais mais effectivement, il ne fait rien pour « nationaliser » sa musique.
Psykick Lyrikah reste plus abstract et plus marginal dans le domaine, ses trois premières vidéos quand on le cherche sur Youtube c’est 40 000 vues / 7 000 vues / 25 000 vues, donc là j’aimerai savoir comment tu établies le nombre moyen de vues pour chacun des rappeurs dont nous parlons.
J’veux pas paraître classe en balançant des noms ou bien me donner de l’importance, j’veux juste remettre les pendules à l’heure. Et si je prends malheureusement les gens de haut, c’est parce que j’y tiens à cette musique, et je trouve dommage de véhiculer une si mauvaise image de ce qu’est le rap en France, encore aujourd’hui.
Après j’suis bien d’accord, les rappeurs les plus connus sont souvent les rappeurs les moins bons.
ça ne date pas d’aujourd’hui. Le Doc Gynéco disait en 1996 « classez-moi dans la varièt »
Si vous aimez Abd Al Malik, il sort un livre cette semaine dans les librairies : « Camus, l’art de la révolte »
C’est pile dans le thème de votre article…
« Dans une France où une figure internationale, médiatique, cohérente, courageuse, cherchant sans relâche un consensus pertinent et incarnant la grandeur des idéaux intellectuel et humaniste, est totalement absente, voici mon frère, voici notre héros : Albert Camus. »
Abd Al Malik a rencontré Albert Camus dans les pages de ses livres. Et cette rencontre a forgé son devenir d’artiste, de musicien, d’écrivain. Entre les premiers textes dans la cité de Strasbourg, les échecs des débuts et les souvenirs d’enfance, il nous montre ici l’importance qu’elle a prise dans son parcours. Le tirant toujours plus haut, toujours plus loin, précise l’éditeur.
Dans les chanteurs contestataires d’aujourd’hui, il y a SAEZ.
Pas besoin de rapper pour critiquer la société…
Ah, Saez ! J’ai une amie qui me harcèle depuis des mois pour que je m’y mette. Un jour, peut-être !
J’étais une grande fan de rap et de R’n’B dans mon adolescence (années 90). A partir de l’an 2000, je me suis limité à deux rappeurs: Keny Arkana et Kery James.
Bon article Maître Djinnzz.
Je pense que personne ne peut contester le recul (ou la disparation?) du rap conscient et poétique sur les médias grand public et je pense que c’est ce facteur qui pousse les personnes à penser que le rap est de la musique pour les gens écervelés.
Je vous préviens, c’est long et pas forcément plaisant à lire.
Tout d’abord, le postulat base est faux me semble t il, vous faites une erreur dès le début de votre article en définissant mal les termes du sujet. Larousse définit le rap comme il suit « Style de musique soutenant un chant aux paroles, improvisées ou non, scandées sur un rythme très martelé ». Premier élément, le rap est un style de musique.Qu’est-ce que la musique ? Selon le larousse toujours : « Art qui permet à l’homme de s’exprimer par l’intermédiaire des sons ; productions de cet art, œuvre musicale. ». La musique permet de s’exprimer, c’est donc un langage, donc le rap est un langage (je sais je vais un peu vite). Or un langage évolue, c’est le propre d’un langage, il s’inscrit dans un époque, chaque époque à son langage. Le rap est donc destiné à évoluer (puisque c’est un langage).
Maintenant, dans votre définition, le rap « doit prendre position », vous donnez une définition figée d’un rap qui serait forcément vindicatif. Mais le rap, comme le langage, appartient à son époque, il y a un rap des années 90 qui était vindicatif, il y un rap des années 2010 qui l’est moins. Pour faire une petite analogie sur mon genre musical de prédilection, le rock des années 60 était rythmé et dansant, à partir de la fin des années 70, avec l’émergence du hard rock, le rock est devenu plus virtuose, centré sur la musique et les solos de guitare et ne se dansait plus du tout.
Certes le rap actuel a ses défauts, mais il s’inscrit dans son époque, prétendre que ce n’est pas du “vrai rap” est inepte. Cela reviendrait à prétendre que le Français actuel n’est pas du Français, et c’est faux, il est simplement différent du Français d’autrefois. Si rien n’évoluait, nous parlerions encore latin.
Ensuite, vous critiquez le manque de poésie des textes. Vous voulez de la poésie, lisez de la poésie, le rap ne prétend pas être poétique il me semble, certains textes sont poétiques, mais pas tous et je ne vois pas pourquoi ils devraient tous l’être.
Aussi, vous “décernez” des compliments, affirmant “celui ci est intelligent, celui là non” en citant quelques morceaux de textes, mais vous ne faites que discuter en faisant cela. Pourquoi est plus intelligent de dire une chose plutôt qu’une autre ? Vous ne démontrez rien.
Enfin, votre article est un tissu de lieu commun sur le rap, complètement superfétatoire, on a déjà entendu ce genre de critique des milliers de fois. vous parlez de la scène “underground” en ne citant aucun vrai représentant de cette scène, seulement des artistes au succès plus mitigé
Vous passez un article à faire des jugements de valeur et à faire de la discussion de comptoir, un conseil sur vos prochaines chroniques, soyez rigoureux sur vos définitions et tâchez de rester objectif, moi non plus je n’aime pas Jul ni maitre gimms, mais ce n’est qu’un avis
D’accord avec vous… Mais Djinnzz est clair sur ses objectifs dès le debut: il est en quête d’un rap qui le fasse vibrer, comme il a vibré il y a 20ans en écoutant I am.
Pour moi, il n’y a que deux genres de rap: le rap sincère et le rap commercial.
Le rap commercial ne vaut pas le coup qu’on en parle, puisque c’est un produit purement marketing.
Le rap sincère peut se décliner : rap poétique ou rap conscient. Dans un site de culture générale, ça ne me choque pas que ce soit cette dernière sous catégorie du rap qui soit encensée.
Vous dites que ça ne fait reprendre de que des lieux communs sur le rap. C’est plus ou moins vrai… La « black mirrorisation » des chanteurs contestataires, c’est original et ça fait réfléchir, par exemple.
Après, l’article est déjà super long, cent voulez vous rentrer dans le détail de toutes les mouvances, tous les sous styles et toutes les subtilités ? Pour ça, il faut aller sur les sites spécialisés ionisés, franchement c’est pas ça qui manque.
Il y a des fautes de frappe dans mon commentaire pré édenté, c’est parce que je suis sûr mon téléphone… Désolé…
« La congruence n’est plus, la crédibilité non plus. »
Faudrait voir à expliquer un peu les mots compliqués, on n’a pas tous bac+12 !
« congruence » = Qualité de ce qui est adéquat et coïncide avec autre chose (Larousse)
Donc voix sur-aiguë de tapette + attitude de caïd = pas de congruence
C plus clair comme ça
Je découvre votre site, j’en dévore les sujets les uns après les autres.
Vous êtes e digne successeur de Bernar Werber et de son encyclopédie du Savoir relatif et absolu. Bravo !
Un nouveau fan.
»Petite étude… » Que non, Djinnzz ! Long et bon article qui m’aide à comprendre un peu le RAP ! J’en déduirais que »les premiers seront les derniers » mais je ne sais pas sous quel angle il faut écouter ! En tous cas, 24 coms le lendemain de parution, chapeau ! Il est vrai que je ne suis pas de ce siècle !!
Je laisse ici un des commentaires qui m’a été envoyé en message privé sur Facebook, suffisamment intéressant pour que tout le monde puisse en profiter !
»
Merci pour ton dossier sur le RAP, sympa d’y avoir jeté une oreille.
Juste, une remarque:
– A l’époque du « Micro d’Argent » ou de « Paris sous les Bombes » le Rap avait déjà ses stars, ses travailleurs de l’ombres, ses charlatans, ses messies.
pour rappel, même si ces albums majeurs cités plus haut était bien aux premières places, il devait se battre au milieu d’albums et de groupes bien moins regardant sur la qualité de leurs productions aussi bien que de leurs textes.
Le Rap, à toujours eu besoin d’être gratter, d’en retiré le vernie, nécessité de regarder sous la couche première ce que sont réellement les esquisses du genre. Les coups de crayons Originaux.
J’aimerais que tu ne t’arrête pas là où tu es rendu, mais que pourquoi pas tu cherches depuis les tréfonds, depuis l’underground, et peux être tu trouveras (au même titre que l’effet que t’a produit le Kery james) des abums/groupes/Mc qui te feront vibrés.
Allez deux pistes:
1 – Un super-mix du rap des années 90 comme base:
https://soundcloud.com/para-one/para-one-rinse-fr-spe-cial-rap
Nb: remarque que à l’époque Booba était déjà là et faisait du rap, du vrai, avant son virage auto-thune et déploré de tous:)
2 – Une émission actuelle sur l’underground rap (du punk aussi faut dire) peu de FR par contre, mais de super gars qui connaissent leur sujet.
http://www.prun.net/undergouffre/
Enfin, tu m’excuseras, mais j’étais plus tourné vers les Maths que le français, so pardon pour les fautes d’ortho
Bonnes écoutes, bonnes recherches, et bravo d’être aller Chevauché dans des contrés Fantastiques si éloignées
Supa.Oz
Petit message technique :
Aïe !!! Un gros problème sur le site (un « White screen of the Death », pour ceux qui connaissent…) m’a forcé à réaliser un backup du site. Résultat : une dizaine de vos commentaires ont été supprimés. J’en suis réellement navré !
Le petit bourge qui écoute du rap histoire de s’encanailler un peu, c’est trop cliché. Nan mais allô quoi.
Ouais, j’dis « nan mais allo quoi », mais ça fait pas de moi pour autant une tafiole élevé face à un écran de télé réalité. Respecte-moi, un peu, bordel.
Moi, j’m’assure flingue à la ceinture, pour devenir un guerrier. J’suis un vrai bonhomme, alors que toi t’es rien planqué derrière ton écran de PC. Donne pas ton avis sur les vrais mecs de cité, putain.
Maître Gims c’est mon chanteur préféré, tavu. Alors tu touches pas à lui sinon je vais te fumer derrière les cyprès, cousine. T’auras jamais sa classe et je suis sûr que tu chantes comme une chèvre qu’on vient d’égorger pour se baigner dans son sang (c’est très bon pour la peau, y paraît, j’ai lu ça dans Pouffiasse magazine – le magazine pour devenir une parfaite petite pouffiasse.)
Ton Verdi et ton Wagner, Booba il les prend, il les retourne, et il les clashe avec un rap hardcore sur violents breakbeats.
J’t’ai à l’oeil, cousin.
Peace.
Boum.
Je sais pas si t’es un troll ou si t’es juste très drôle… J’hésite encore 🙂
Je vous propose d’écouter Orelsan (qui n’ai pas mentionné dans l’article il me semble) qui a réussi à percer depuis quelques temps déjà, ou encore Stupflip dans un genre différent.
Moi j’aime bien.
Oups vraiment désolé pour le double poste mais je prefere vous orientez un peu plus !
Pour Orelsan vous avez : Suicide Social, Inachevés, Des histoires à raconter
Pour Stupeflip : Stupeflip Vite !!!, The Antidote, Stup Monastère, L.E.C.R.O.U …
Salut, j’ai vu passer pas mal de commentaire qui allaient dans le sens de ce que je vais dire et désolé de remuer le couteau dans la plaie mais je voulais mettre une pierre à l’édifice moi aussi. L’article est bon même s’il enfonce plus le rap que ce qu’il contribue à lui sortir la tête de l’eau. Je suis d’accord avec toi sur beaucoup de points, notamment à propos du septuor de tête ou de la qualité des textes de Kery James. Mais premièrement il y a trop de choses dont tu n’as pas dus comprendre la démarche de base. Je pense par exemple au « *CLAP-CLAP* : C’est le bruit de mes couilles contre des fesses » de Nekfeu. Il ne faut pas oublier que c’est le texte d’un « clash » qui un code du rap depuis toujours. Et quand on le prend comme ça, c’est quand même plus drôle que « Je t’enc*** », non? Mais ça c’est des détails et je ne suis pas fan du tout de Nekfeu en général.
Ce qui m’a le plus frappé (et c’est ça que j’ai vu passer dans les commentaires) c’est le fait que, pour toi, le « vrai rap » c’est uniquement du rap « conscient » (je déteste ce mot parce que comme le rappellent Youssoupha, Sniper et Keny Arkana: « Qui peut prétendre faire du rap sans prendre position? ») et « old school ». Alors oui j’adore le rap engagé de M.A.P. ou de Keny Arkana. J’aime bien le « rap de papas » d’IAM ou Kery James. Je suis passionné par la plume de Gael Faye et j’apprecie beaucoup de coté blasé des deux premiers albums d’Odezenne. Mais le VRAI rap ne s’arrette pas à l’a contestation et à la révolution. Le rap est une très grande famille, un genre musical, qui existe depuis trente ans et c’est normal d’y trouver de tout (et parfois n’importe quoi) comme c’est le cas dans la chanson française, le rock et même le jazz et le classique (si, dans le « classique contemporain » ou trouve tout et n’importe quoi). Mais est-ce que les chansons d’Hippocampe Fou (Qui a une plume et un flow de folie, même si je ne suis pas super fan du résultat général) ou de Lucio Bukowski (qui n’est pas particuliairement engagé) ne sont pas du « vrai » rap?
En fait, je comprend ce que tu veux dire par « vrai » rap. Tu essaie de faire une différence entre le rap Old School d’IAM ou NTM et le rap (la trap, ou la « pop urbaine ») qui cartonne actuellement. Tu as raison, ce n’est pas la même chose. Là le rap évolue pour donner naissance à un nouveau style de musique (comme le « rock » a donné naissance à une multitude de styles). Certains artistes qui ont pu faire ce que tu appelle du « vrai » rap dans le passé (c’est le cas de Soprano avec les Psy 4 de la Rime, de Booba avec Lunatik ou de la Sexion d’Assaut) ont simplement fait évoluer leur musique pour faire autre chose. Mais le rap reste le rap. Comme disait un commentaire plus haut, le rap « conscient, le « gangsta rap »……. tout ça c’est du « vrai rap », même si certains morceau, certains artistes t’intéressent plus que d’autres mais ça c’est comme avec tout autre style de musique.
15 jours, même en s’infligeant 10h de musique par jour, ça permet de découvrir plein de chose mais je pense que dans la musique il faut prendre du recul, il faut trouver des choses (des sons, des mélodies, des voix, des textes) auxquels on accroche vraiment et c’est pas en se contentant de la liste que sort Google (donc du « Top 50 » du rap) que tu peux trouver ça. Aujourd’hui, dans la musique en général, il existe tellement de choses que forcément il y a énormément de merdes mais dans chaque style (et surtout le rap puisque c’est de ça qu’on parle) il y a plein de choses géniales à se mettre sous la dent. Après c’est subjectif et personne n’accroche exactement aux mêmes choses. Il faut fouiller un peu c’est tout.
Bon je crois que ce commentaire est biiiiiiien assez long, merci pour cet article, bonne continuation et bonne écoute!
Je me rend compte que j’ai un peu écrit n’importe comment… La fatigue et l’inspiration débordante sans doute…
Désolé pour les fautes!
Bonjour Djinnzz,
Je suis régulièrement ETC et j’apprécie également le « vrai rap ».
Je me permets donc de te conseiller l’écoute du maxi « désobéissance » de la rappeuse Keny Arkana (il n’y a pas une femme dans cet article ! Aargh). Ça ne te prendrait pas beaucoup de temps (9 morceaux) et tu pourrais découvrir L’Artiste de rap contestataire intelligente.
Sincèrement,
Bonne écoute !
Avant de faire un article sur le rap et surtout contre ce dernier il faut savoir s’informer correctement et ne pas raconter de la GROSSE m*rde comme tu viens de le faire. Je ne perds pas une minute sur ton put*in de blog. Cordialement, une amatrice de ce rap que tu qualifies de « bouillie indigeste » et de « rythmes insipides dégueulés jusqu’à la nausée ». En espérant que tu t’étouffes dans ton sommeil écrasé sous le gros c*l de Booba.
C’est exactement ce qu’il raconte vous êtes une génération de dégénéré même un débat c trop compliqué pour vous va hurler avec tes amis les animaux ici c pour les être humains possédant la raison