Article invité, rédigé par Charles Mintz. Retrouvez-le sur Twitter: @Mad_Mayer

Revolver est en apparence le film qui a tout pour plaire. Un bon réalisateur (Guy Ritchie) qui a su marquer nos esprits avec Snatch – dans lequel on admire un Brad Pitt presque plus énervant que dans Burn After Reading des frères Coen et presque plus violent que dans Fight Club de David Fincher. Un – assez – bon acteur (Jason Statham), qui, bien qu’enfermé dans son rôle de gros bras, arrive toujours à nous donner envie d’être le voyou-bogosse reflétant aussi bien le sang froid que la violence, sans jamais salir son smoking. Un très bon acteur, Ray Liotta, qui a fait ses preuves dans Les Affranchis, Hannibal, Blow, John Q et d’autres encore.

Avec flingues, prison, gangsters et casinos, ce film ne fait pas parti de ces bluckbusters américains où pas une scène ne se fait sans bimbo aussi tunée que la Lamborghini qui leur sert de lit. Autrement dit, que des bons points. Le réalisateur nous propose même un invité surprise: André Benjamin, plus connu sous le nom d’André 3000 – le chanteur des Outkast. Bon chanteur, mauvais acteur. On ne peut pas être bon partout. Cette surprise aurait pu s’avérer concluante mais Mr 3000 perd toute crédibilité devant le rôle de méchant / dresseur de colosses. Il est plus doué pour se dédoubler dans une danse abracadabrantesque et un style très coloré (Cf. le clip Hey Ya). Les répliques du boss méprisant-moralisateur ne lui vont guère. Dommage! Il n’y a peut-être que ça de bien dans ce film, qui en surface à tout pour plaire. Certains plans sont captivants (beaucoup de scène sont tournées dans une pièce à UV ce qui fait ressortir les yeux et le sourire haineux d’un autre méchant, bon cette fois, Ray Liotta – l’autre élément positif). Le montage est bien fait, les effets spéciaux aussi. Le must: un bref passage en dessin animé interactif qui double une scène qui est entrain de se dérouler. Effet réussis, innovation applaudie.

Néanmoins notre héros qui porte la barbe de trois jours comme un gant, arbore ici un accoutrement des plus curieux. Pour le réalisateur, l’ex-tolard parait plus légitime avec une coupe de cheveux mi longue, en arrière, gras ou gominé (on ne sait pas trop). De plus, il porte une moustache qui n’a rien à envier à celle de José Bové, notre moustachu national. Le costume est italien, bleu marine – parfait pour un ponte de la mafia – ce qu’il n’est pas – et la chemise est sortie, le col négligé. Bref, on regrette la tenue propre, sombre et élégante du Transporteur.

Autre détail omniprésent, la voix off. Insupportable! D’autant plus quand elle est doublée/superposée pour mimer un esprit perdu. Sans vous spoiler, l’issue de l’intrigue très moyenne repose sur une pseudo schizophrénie amnésique, très mal ficelée. Après avoir vu l’inattendu et réussi final twist de Fight Club sur le même thème, celle de Revolver est fade. Après Memento de C. Nolan, l’homme perdu dans ses esprits et dans sa quête, mais qui parvient à s’en sortir grâce à son intellect n’a, de mémoire, jamais été égalé. Et ce n’est ni Jason Statham, ni Guy Ritchie qui relèveront ce pari avec succès cette fois-ci.

En somme, les personnages ne sont pas crédibles, les méchants en particulier. L’histoire ne tient pas debout. Le réalisateur feint de perdre le spectateur, en vain. L’apparence du héros est surprenante et décevante. Seuls quelques effets, certaines répliques, Jason Statham (à discuter) et Ray Liotta en gangster archi crédible relèvent le niveau. Ce n’est pas assez pour entrer dans l’histoire.

Si vous êtes surbooké, tant mieux, mais si vous avez deux heures à perdre, n’hésitez pas à confronter votre avis!

La bande-annonce: