Critique ciné : Shame
Article invité, rédigé par Charles Mintz. Retrouvez-le sur Twitter: @Mad_Mayer
Shame, c’est le dernier film de Steeve McQueen – mais attention, pas le pilote (Le Mans) ni l’évadé (La Grande Évasion) et encore moins le classieux milliardaire (L’affaire Thomas Crow – l’original), mais bien son homonyme britannique. C’est sans nul doute LE pari osé de 2011. Pas de suspense: pari réussi.
Le sujet? Je vous le donne en mille: l’addiction sexuelle. En d’autres termes, il traite de la vie honteuse de Brandon. Honteuse non parce qu’elle est guidée par ses addictions – chacun ses problèmes me direz-vous – mais honteuse car elle est dissimulée par son héros. Le secret est de rigueur bien entendu au travail, d’autant plus qu’il mène une brillante carrière, mais également dans la famille. Sauf que la famille de Brandon est invisible et on devine des liens familiaux dissous par le temps et les conflits. Cependant reste un membre pour lequel la rigueur du secret devra se manifester: sa jeune sœur. Elle débarque à l’improviste dans son appartement luxueux à la new-yorkaise (grande baie vitrée offrant une vue sur les toits illuminés de la Big Apple).
Michael Fassbender dans Shame
Quel meilleur problème pour un trentenaire qui vit sa vie – et son addiction – avec sa solitude et son sang froid qui le caractérise, que de voir sa sœur sans abris s’installer dans cette vie paisible, si l’on peut la qualifier ainsi. On sent l’enjeu du film pointer du nez: la maladie va devoir être savamment gardée pour ne pas contaminer la vie de Brandon et les liens fraternels qui se reconstruisent artificiellement.
Le film offre un scénario original, sur un sujet sensible et bien traité. L’acteur principal Michael Fassbender (à ne pas confondre avec le réalisateur allemand Rainer Werner Fassbinder qui se distingue de tous les autres réalisateurs par sa théâtralité étonnamment réaliste et dramatique – dans Le Mariage de Maria Braun par exemple) est captivant. Il est d’ailleurs justement nommé et récompensé dans les catégories du meilleur acteur (britannique) (dans un drame). Steeve McQueen ne cache pas son talent avec des plans sublimes (notamment une scène en traveling latéral très joliment revisitée, se référant à Rocky sous la pluie, joggant doucement mais surement vers la victoire) et autres effets de caméra dont vous saurez reconnaître le talent.
Néanmoins le talent (du réalisateur comme de l’acteur) est très vite mis à l’épreuve devant des scènes que des âmes sensibles (comme la mienne) ont encore du mal à admettre pour un film interdit au moins de 12 ans. L’obscénité peut être le maître mot du film. On y voit tout. Tout, sauf le charme d’une relation, si physique soit-elle. Les scènes sexuelles n’apportent pas au film. Elles sont nécessaire au réalisme et à l’ambiance mais restent superflues pour la plupart. Paul Verhoeven dans Basic Instinct, via la sulfureuse Sharon Stone, réussit en 1992 à tout nous montrer sans nous choquer. Une provocation réussie mais non nécessaire à mon goût et surtout détenant une forte capacité à éclipser les qualités pourtant nombreuses du film.
Si vous le visionnez, ayez l’œil attentif, et sélectif. Exigeant et tolérant. Paradoxal? Bienvenue dans le bain du film.
La bande-annonce:
____________________________________
Vous avez aimé cet article ? Alors j'ai besoin de vous ! Vous pouvez soutenir le blog sur Tipeee. Un beau geste, facile à faire, et qui permettra à EtaleTaCulture de garder son indépendance et d'assurer sa survie...
Objectif: 50 donateurs
Récompense: du contenu exclusif et/ou en avant-première
Je vous remercie pour tout le soutien que vous m'apportez depuis maintenant 5 ans, amis lecteurs!
Djinnzz
PS: ça marche aussi en cliquant sur l'image juste en dessous ↓↓↓↓