Critique ciné : Somewhere
Article invité, rédigé par Charles Mintz. Retrouvez-le sur Twitter: @Mad_Mayer
«L’argent ne fait pas le bonheur». C’est ce que nous dit Sofia Coppola dans son dernier film.
En effet, elle met en scène un acteur d’Hollywood en vogue, et père de famille à temps partiels. Cet homme on ne peut plus banal est riche. Très riche. Et sous les palmiers de Californie (que rappelle sa magnifique Ferrari « California »), c’est la lassitude qu’on lit sur le visage de Johnny Marco. Le succès, l’argent, les femmes, tout le lasse. Mais c’est avec un stoïcisme impénétrable que la star vit sa vie de star. Et la vie de star est bien ce qu’elle est. Jacuzzi, suite luxueuse, spa, massages, chauffeur, strip-teaseuse etc.
Néanmoins, cette vie est dirigée par la promotion marketing, magnat du monde du cinéma. De plus, elle prive d’une vie privée, ici, d’une vie de père.
La réalisatrice nous livre ici une dimension de sa vie de fille de star (Francis Ford Coppola), suivant son père dans son luxe et son succès comme une normalité. Mais le père absent se retrouve suite à un départ précipité de la mère, avec sa fille « sur les bras ». La contrainte devient bonheur. La lassitude devient complicité. Et l’alcool devient affection.
Le contraste est saisissant entre la vulgarité, le ridicule et l’aliénation du métier de strip-teaseuse et la grâce de la prestation de patinage artistique que nous joue la fille sage et discrète. Le père désintéressé finit par applaudir sincèrement. Mais le compliment est vite recouvert de la triste réalité du père absent:
– Tu es très doué!
– Merci!
– Quand as-tu appris à faire du patinage artistique?
– J’en fais depuis 3 ans…
Plus tard on voit la mort symbolique de l’acteur mise en scène par un masque de pâte servant à reproduire le visage de la star hollywoodienne – un exercice ridicule et insupportable qui provoque la suffocation du personnage et du spectateur. Les femmes – aussi sexy soient-elles – perdent de l’importance au fur et à mesure. Dans le même temps, la fille grandit et devient une femme (on le voit notamment quand elle se présente à son père avant de se rendre à une cérémonie italienne qui récompense les gens du cinéma).
L’absence de la mère se répercute sur celle du père à travers l’émotion de la fille montrée pour la première fois du film. Elle regrette l’absence de son père et a peur de celle de sa mère.
Le père réalise et s’excuse pour la première fois de sa vie. Il fuira alors sa vie de roi pour retrouver un sourire visible uniquement dans l’intimité familiale.
Ce film est une œuvre sur la solitude, face à laquelle aucun luxe ne peut se mesurer. Malgré une lenteur qui révèle bien la lassitude du héro, le film offre une belle leçon.
Mon verdict: 6,5/10
La bande-annonce:
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