[Plongée dans les ténèbres] Monster de Naoki Urasawa
Ça parle de quoi ?
1986. Kenzô Tenma est un neurochirurgien brillant de Düsseldorf. Ses fiançailles avec Eva, la fille de son Directeur, lui ouvrent les portes d’une belle carrière, même si ce jeune et modeste japonais n’avait aucune prétention carriériste à la base.
Réservé, dévoué, respectueux, il accepte sans dire un mot les injonctions de son futur beau-père, tout en ayant conscience qu’il est instrumentalisé. Tenma se rend compte qu’il n’est qu’un pion au service d’une Institution devant se soumettre aux stratégies politiques et financières de l’Hôpital.
Las de devoir piétiner ses principes d’éthique et de déontologie, il tient tête à sa Direction lorsqu’une décision bouleversera son destin : il refuse de s’occuper du Maire de la ville, car ce dernier a été transféré à l’Hôpital après un enfant de 10 ans grièvement blessé à la tête qu’il s’apprête à opérer.
Tenma parvient à sauver l’enfant mais ses confrères échouent et le Maire décède. La sanction ne se fait pas attendre : le Directeur le rétrograde, les fiançailles avec Eva sont rompues et de nombreux confrères le jugent irresponsable.
Quant à Tenma, il se satisfait de son choix, certain d’avoir agi selon ses convictions. La vie de Johann, le jeune patient, n’est plus en danger même si l’enfant est encore plongé dans un profond coma.
Pendant ce temps, Anna, la sœur jumelle de Johann, est en état de choc suite aux événements. Son frère blessé, ses parents assassinés, la jeune fille est traumatisée.
Peu de temps après, deux événements majeurs agitent l’Hôpital : les corps du Directeur et de deux médecins sont retrouvés (l’autopsie conclut à un empoisonnement) et les jumeaux sont introuvables. Une enquête de police débute, Tenma est le principal suspect : il est le seul à qui les trois meurtres profitent. Mais l’enquête finit par être classée, l’Inspecteur Runge ne parvenant pas à réunir suffisamment d’éléments pour étoffer cette hypothèse.
Dix ans plus tard, une série de meurtres ébranle l’Allemagne. Par un concours de circonstances, Tenma comprend que l’auteur de tous ces meurtres n’est autre que Johann, le jeune patient qu’il avait sauvé.
Ça vaut quoi ?
Rassurez-vous, ce long synopsis ne résume pas le dixième de cette série ! Vous comprendrez donc que l’intrigue est riche, complexe… et que je ne vous gâche en rien le plaisir que vous aurez à découvrir ce thriller palpitant. Dès que j’ai ouvert le premier tome, j’ai immédiatement été happée par le grand pouvoir addictif qui émane de ce récit.
Six jours pour lire cette série dans son intégralité et quelques pauses faites à contre cœur.
Un récit haletant et une foule de personnages secondaires pour épauler Tenma.
Des rebondissements à tour de bras, des intrigues bien menées…
Pourtant, une petite lassitude à partir du tome 15 : il faut dire que passer autant de tomes sans obtenir de réponse satisfaisante, autant de tomes qui continuent à ouvrir de nouvelles pistes et qui alimentent sans relâche le suspens, injectent de nouveaux éléments ou de nouveaux personnages… cela m’a agacé.
J’ai pourtant lu les trois derniers tomes sans rechigner mais le dénouement final me laisse perplexe. “Tout ça pour ça !!”. Mais oui, je confirme qu’à la fin, on a bien peu de réponses concrètes… il faut donc savoir se contenter de celles qu’on avait imaginées pendant la lecture.
Cette série a obtenu le Grand Prix du Jury du Prix Culturel Osamu Tezuka en 1999 ainsi que trois Japan Expo Awards (Prix du Jury du Meilleur Seinen et Prix du Scénario en 2006, Prix du Public du Meilleur Seinen en 2007). Quand même!
L’intrigue s’étale sur une durée de 16 ans, période durant laquelle on suit Tenma dans sa cavale sans fin, entre Düsseldorf, Munich, Francfort… puis en République Tchèque. Au passage, il sera question de politique des soins, de manipulation, d’adoption, d’espionnage, de fratrie, de bons et de mauvais sentiments.
Un univers riche et prenant dans lequel on s’attend sans cesse au pire pour finalement sortir des 18 tomes relativement épargnés (une seule scène choc me concernant).
Les personnages sont construits et ce qui m’a plu, c’est qu’Urasawa a réellement pris le temps de dresser le portrait psychologique de chacun au point que, vers les derniers tomes, on en vient à douter de tout le monde tant les pistes d’ouverture sont nombreuses.
L’histoire, OK. Et le dessin ?
Au niveau du dessin de Naoki Urasawa, j’ai peu de choses à dire… le dessin est fluide et on a une bonne perception des mouvements. Les fonds de cases sont riches en détails, les expressions des personnages sont rarement exagérées alors que c’est souvent le cas dans les mangas. En revanche, sortis des héros de la série, les autres personnages se ressemblent trop pour qu’on puisse les identifier du premier coup d’œil. Cela freine légèrement la lecture sur certains passages et crée quelques confusions temporaires.
Enfin, ce qui m’a plu, c’est le contenu des bonus des tomes de la série. Un contenu riche et varié pour ces extras présents en fin de tomes qui contribuent largement à ce que le lecteur accroche à cet univers.
Pour finir
Texte original à cette adresse (critique plus développée).
On se retrouve bientôt pour de nouvelles lectures !
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