[Récit] Le Lion de barbarie
Le Lion de Barbarie, ou Lion de l’Atlas vivait en Afrique du nord. Il n’en existe plus en liberté. Ceux qui vivent encore sont dans des parcs ou des zoos. Il paraît que le dernier Lion de l’Atlas a été tué par des colons, en 1922, pour protéger les troupeaux! Pourtant…
En 1954, lorsque Franck a été appelé pour effectuer son Service militaire (il n’avait pas encore été supprimé) il partit d’abord pour Dreux, dans l’Eure-et-Loir, puis à Versailles où il prépara le concours d’Officier de Réserve en pensant arriver à Saint-Maixent. Il fut dirigé vers l’Ecole de Cherchell en Algérie! Ensuite, comme Aspirant, vers le 5ème Régiment des Tirailleurs Sénégalais à Oujda, frontière Algéro-Marocaine, où il fut promu Sous-Lieutenant. Pendant cette période, il eut à commander une Section de Saras, des guerriers noirs, pendant quelques mois. C’est avec eux qu’il reçut la mission de retrouver, dans le sud, une Section de Chasseurs Alpins égarés dont l’Etat Major n’avait plus de nouvelles. Il partit donc vers le sud et poussa jusqu’à l’Atlas Marocain afin de commencer les recherches en remontant vers le nord. Cette mission dura environ 5 jours avant de réussir. Cependant, le soir du 1er jour, ayant établi le campement au pied de l’Atlas, il fut le témoin unique d’un fait incroyable.
Alors, qu’il faisait le tour des sentinelles, en inspection, la zone n’étant pas sûre, il entendit un grognement qui ne semblait pas très éloigné. Il avertit l’homme de garde qu’il allait voir de quoi il s’agissait afin qu’il ne tire pas sur lui à son retour. Il partit donc en direction de l’Atlas, armé de sa carabine et avec une lampe torche puissante pour voir plus loin dans la nuit. Après deux cents mètres environ, il entendit à nouveau, plus proche, le fameux grognement qui l’avait alerté. C’était plutôt une plainte qu’une menace. Il s’approcha lentement, se tenant sur ses gardes, pour en connaître la cause. Ce qu’il vit alors le laissa coi!
Dans un creux de rocher, il aperçut, couché, un superbe Lion de Barbarie! Sachant qu’il n’en existait plus, il se demanda s’il n’était pas l’objet d’une hallucination. Le Lion ne semblait pas dangereux et se plaignait en léchant sa patte qui présentait une large plaie. Franck prit alors une décision qui aurait pu lui coûter la vie. Il s’approcha et, caressant la crinière noire du fauve, il le calma. Dans la poche à soufflet de son pantalon, il tira un nécessaire de soin que tout militaire emportait avec lui en opération. Il désinfecta la blessure et fit un bandage pour la maintenir serrée, ce qui ne sembla pas déplaire au fauve. Quand il eut rangé son attirail, il caressa à nouveau la crinière du fauve et celui-ci lui lécha la main en guise de remerciement. Comme il s’apprêtait à partir, il entendit une voix qui lui assura que la protection symbolique du Roi des Animaux lui était acquise. Dans cette période trouble, il ne risquerait plus rien et serait libéré sans avoir subi une quelconque blessure! Alors qu’il se retournait vers le Lion, il constata qu’il avait disparu! Avait-il rêvé? Sa boîte de pansements entamée lui prouva que non.
Ce souvenir et cette promesse ne quittèrent plus l’esprit de Franck pendant toute la durée de sa présence en Afrique du Nord. Quand le jour de sa libération arriva, il prit le bateau et rejoignit ses pénates sans égratignure. C’était en 1957. L’année suivante, son fils aîné naissait fin juillet sous le signe astrologique du Lion et deux ans après, sa fille voyait le jour également sous le même signe. Franck fut alors certain que sa rencontre avec un Lion de Barbarie n’était pas un rêve. Cependant, il se demande encore pourquoi ?
Note de Djinnzz: J’ai l’extrême honneur de publier ce texte écrit en 2009 par Eurosix, fidèle lecteur qui égaye les commentaires de ce site depuis plusieurs mois (années? le temps passe si vite). Lorsque je lui ai demandé si l’histoire était vraie, Eurosix m’a répondu: « Ce Franck et moi ne faisons qu’un. Mais bien que la recherche des égarés soit vraie, le Lion ne l’est pas. Je l’ai simplement imaginé! »
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Djinnzz
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Une belle histoire, à la simplicité touchante.
Merci pour ce beau moment avant d’aller me coucher…
Oui, je suis d’accord avec vous. Le style est simple et permet de se laisser entraîner dans le récit.
L’occasion aussi de découvrir qu’il y avait des Tirailleurs Sénégalais pendant la guerre d’Algérie et des lions en Afrique du Nord!
Mon grand-père a fait l’Algérie lui aussi. J’aurais tellement aimé qu’il me raconte un peu sa vie là-bas. Il n’en a hélas pas eu le temps, j’étais trop petite et maintenant il n’est plus.
Merci Eurosix pour ce fragment de vie qui me donne l’occasion de penser à mon grand-père.
Il me semble que Dreux est en Eure-et-Loir et non dans l’Eure. En dehors de cela le récit est très bien écrit.
Merci Eurosix
A tous, lecteurs et lectrices,
Grand merci pour vos apréciations et votre indulgence.
Quant à Dreux, la ville est bien en Eure-et-Loir. Pardon pour cette erreur mais je n’ai jamais été très fort en géo !!
Par ailleurs, une autre petite erreur s’est glissée dans le texte : le dernier Lion de Barbarie a été tué en 1922 et non en 1942 !
Encore merci, Eurosix
Je vais corriger ça ce soir!
Une approche originale!
Bravo