Ralph Alpher (1921 – 2007). À moins que vous ne soyez passionnés d’astronomie, ce nom ne vous dit probablement rien. Pourtant, ce physicien américain est à l’origine d’une découverte majeure concernant le Big Bang: en 1948, c’est lui le premier qui émet l’hypothèse que la création de l’Univers – le terme de Big Bang ne sera popularisé que dans les années 60 – est à l’origine de l’ensemble des éléments chimiques. Il conçoit le phénomène de nucléosynthèse primordiale par lequel les atomes se créent via des réactions nucléaires.

L’ensemble de ses travaux est effectué sous la direction de son chef, George Gamow. Et celui-ci possède un sens de l’humour plutôt développé! Au moment de publier l’article de Ralph Alpher dans une revue scientifique de renom, il trouve très amusant l’idée d’associer un troisième nom à cette découverte, un physicien très célèbre, Hans Bethe. Alpher, Bethe, Gamow – quelle signature géniale pour aborder le sujet de la naissance de l’univers!

– Hein? Pourquoi? J’ai pas compris…

– Alpher, Bethe, Gamow, ça se prononce presque comme alpha, beta, gamma, les trois premières lettres de l’alphabet grec, quoi…

– Ah. Et c’est marrant, ça?

– Laisse tomber, Kevin, c’est le genre de blague qui ne fait rire que les scientifiques!

Le scénario de l’expansion de l’univers depuis le Big Bang jusqu’à nos jours

Quoi qu’il en soit, cette plaisanterie de mauvais goût a des répercussions extrêmement négatives sur la carrière d’Alpher. Bethe et Gamow étant bien plus célèbres que lui, la communauté scientifique en déduit logiquement que ce sont eux qui sont à l’origine de la découverte… et le nom de Ralph Alpher passe totalement à la trappe!

Et sa mésaventure ne s’arrête pas là! Plus tard, il est le premier avec son collègue Robert Herman à réaliser que les radiations émises par le Big Bang doivent encore être détectables. Et George Gamow reprend cette idée à son compte, sans jamais citer ses deux subalternes… Lorsqu’en 1965 les physiciens Penzias et Wilson reçoivent le prix Nobel pour avoir détecté les radiations dont avait parlé Alpher une décennie plus tôt, le rôle majeur de Ralph Alpher est une nouvelle fois totalement occulté… Quand ça veut pas, ça veut pas!

Par dépit, certainement écœuré du manque de reconnaissance de la communauté scientifique, Alpher abandonne en 1955 ses recherches sur la création du Monde et embrasse une carrière on ne peut plus classique chez General Electric.