[Analyse d’une œuvre] Le Retour du fils prodigue, de Rembrandt
La parabole biblique
Le retour du fils prodigue, c’est un peu l’histoire qui redonne de l’espoir à tous les branleurs de la Terre. Cette parabole que nous rapporte Saint-Luc dans le Nouveau Testament (XV, 11-32) met en scène un père cultivateur aisé et ses deux fils. L’un d’eux est bosseur, l’autre beaucoup moins. Lassé par l’autorité du papa, ce dernier demande une avance sur son héritage que le père lui accorde sans discussion et se barre du foyer familial. Ciao la compagnie, à lui la belle vie!
Oui mais voilà, une fois sa fortune dilapidée, le fiston se rend vite compte que gagner sa vie, c’est dur. Miséreux, affamé, il n’a bientôt d’autre choix que se repentir et revenir la queue entre les jambes chez son père. Il s’attend à une rude correction, mais c’est tout le contraire qui se produit: son père l’accueille à bras ouverts et ordonne même une fête pour célébrer son retour! Alors que le fils l’interroge sur la raison d’un tel enthousiasme, son père lui répond:
– Mon fils, tu étais mort et te voilà revenu à la vie! Tu étais perdu, et te voilà retrouvé! Que Dieu soit loué!
Et les festivités commencent… Le frère du branleur, lui, n’est guère enthousiasmé par cet accueil triomphal. Hey, Padre, tu pousses pas un peu? Moi qui me suis toujours crevé le cul à la tâche et qui t’ai supporté toutes ces années, tu ne m’as même jamais dit merci et lui, tu l’accueilles comme le Messie? Curieuse justice que voilà! Un repentir tardif vaudrait donc mieux qu’une vie de vertu et de dur labeur?
L’œuvre de Rembrandt
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Analyse interactive du tableau Le Retour du Fils Prodigue, Rembrandt, huile sur toile, 205 x 262cm, 1665
Ce qui frappe en premier lieu dans l’interprétation de Rembrandt de la scène de retrouvailles entre le fils prodigue et son père, c’est l’absence totale d’une quelconque allusion religieuse. Nulle trace de veau gras, de festivités et de liesse comme dans le texte biblique qu’il est censé reproduire!
Par contre, le fils n’est pas épargné par le peintre: les pieds en sang, les chaussures usées jusqu’à la corde, une simple cordelette en guise de ceinture et le crâne rasé en signe de repentance, son corps a tout de celui d’un vrai martyr! Mais les représentations traditionnelles de la scène, comme celle de Murillo par exemple, montrent généralement le père et le fils en train de se regarder mutuellement. Ici, point de tout cela: Rembrandt prend grand soin de cacher son visage. Placé de dos, impossible de lire la misère et le repentir dans le regard du fils. Simule-t-il son repentir? Est-il sincère dans ses intentions? Le pardon du père semble en tout cas accordé sans l’attente d’une contrepartie. Mais le regard de celui-ci se perd dans le vide, comme pour signaler ses doutes au spectateur.
Autre version radicalement différente du même épisode biblique: Le Retour du Fils prodigue, Bartolome Esteban Murillo, huile sur toile, 236 x 262cm, 1670
La version de Murillo est quant à elle totalement conforme au texte de la Bible: le veau gras est amené et prêt à être tué, le chien blanc, symbole de fidélité, confirme les intentions pures du fils et tous les serviteurs s’affairent aux préparatifs d’un somptueux banquet. Le contraste avec la version de Rembrandt du même épisode est saisissant!
Rembrandt, un destin similaire à celui du fils prodigue?
Rembrandt est familier du fils prodigue. 28 ans plus tôt, il représentait déjà ce dernier dans sa vie de débauche, en pleine beuverie avec une prostituée sur les genoux. Sous couvert d’illustrer une scène biblique, il se fait plaisir en reproduisant la luxure dans ses moindres détails! Mais là où ça devient intéressant, c’est quand on se rend qu’il s’agit en réalité d’un autoportrait: Rembrandt se donne les traits du misérable festoyeur. Quant à la prostituée sur ses genoux? Il s’agit des traits de sa propre épouse, la richissime Saskia! C’est grâce à cette dernière qu’il obtient le droit de travailler à Amsterdam. Les commandes se multiplient alors et le peintre acquiert une renommée dans toute l’Europe.
Cet autoportait avec Saskia se révèle hélas prémonitoire… On connaît le destin du fils prodigue et la vie de Rembrandt emprunte le même chemin. Son épouse meurt en 1642 et lui-même est complètement ruiné quelques années après.
Autoportrait avec Saskia, le fils prodigue dilapidant la fortune familiale, Rembrandt, huile sur toile, 131 x 161 cm, 1635
Les commandes se tarissent, ses amis lui tournent le dos et il est mis au ban de l’Eglise pour un enfant qu’il a eu hors mariage. Ses dernières œuvres sont d’ailleurs pour la plupart toutes des autoportraits dans lesquels il se représente le visage marqué par les épreuves et le regard empreint de souffrance. Gageons que si, comme le fils prodigue, il avait eu un Père vers qui se tourner, il s’y serait précipité sans hésiter! Tsss… Les belles histoires n’arrivent visiblement que dans les livres.
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Une étude comparative hautement intéressante!
Merci!
J’adore ce site mais « genaoux, ça n’existe pas… 😕
Paye ton commentaire super utile pour relever une malheureuse faute de frappe… 😥
Mais bon, t’as l’air sympa donc t’es pardonné
lol il y a bien plus d une ereure pour croire qu il sagis d un article officiel sur un artiste aussi celebre alor bien jouet mes faudra fair mieux pour me donner envies de voir plus loin chez vous! de MOI pour vous!.
🙂 🙂 🙂
je découvre ce site à l’instant, je me marre, mais j’ai l’impression que tout est très sérieux (le contenu, sinon le style). Bravo ! je vais regarder d’autres articles de plus près.
Pourquoi rien sur la musique classique ? en tous cas je ne l’y vois pas dans le menu du haut.
Bonjour,
C’est vrai qu’il s’agit là d’un vrai manque! Vous trouverez quelques articles sur l’opéra (domaine que je commence à connaître un peu), et certains autres sont en préparation sur mes morceaux ou compositeurs fétiches (La Symphonie Fantastique de Berlioz, le requiem de Mozart, Carmina Burana de Carl Orff, Le Château de Barbe-Bleue de Bela Bartok, …)
Vaste programme que la musique dite « classique »! J’ai un peu laissé de côté l’écriture en ce moment, je vais m’y remettre d’ici quelques semaines.
Merci pour les encouragements en tout cas!
le personnage à droite ne pourrait-il pas représenter le père durant les années d’absence du fils.
attendant, regardant fixement l’horizon en attendant son fils…
d’ailleurs, il est dit que lorsque le fils rentre à la maison, la fête est déjà en cours, et que les serviteurs sont occupés.
alors qu’au moment des retrouvailles, les serviteurs ont pu être attiré par le bruit du père, qui laissant de côté son attente de plusieurs années, couvre son fils de baisers, Avnat la fête et le retour du frère
Question à résoudre….
Le retour du fils prodigue est pour moi, oeuvre sacrée….
Donc, le vocabulaire que vous utilisez pour en parler, m’attriste, me fait « quasiment mal ».
Je souscris au commentaire de Lucienne : quel dommage que ce site, au demeurant très intéressant, soit pollué par la trivialité du texte ; il est possible, en français, sans être « balai dans le cul », comme vous diriez, de s’exprimer autrement ……
Tsss… c’est parce que vous avez rien compris.
La « trivialité » du texte, comme vous dites, est uniquement dans la bouche du frère du fils prodigue, pour marquer sa désapprobation envers le comportement de son père.
Le balai dans le cul, vous l’avez, assurément…
turlututu chapeaux pointu lol le voilas le balais dans le fion lol n en mes sans dec c est quand le bonneur??? oue car la y en a mard de toutes ces mises a l epreuves vers je ne sais quelles future proche ou moin. il est vrait que je crois en demains mes quelle main vas enfin ce tezndre a moi ? n atendez pas que je sois manchaux car il serat trop tard pour un coup de main!!! . MOI.
D’accord…
(???)
Etant enseignant, je suis choqué par le vocabulaire utilisé dans votre site, qui « salit » ce magnifique tableau de Rembrandt. En effet, nous nous battons en collège pour que les jeunes emploient des termes justes, appropriés et non vulgaires. Si nous ne voulons pas que notre belle langue française ne s’appauvrisse de plus en plus, nous devons être vigilants surtout à l’écrit, et encore d’avantage sur un site susceptible d’être lu par des milliers de personnes… ! (L’humour oui, la vulgarité, non ! Le contenu de votre site étant relativement intéressant, je vous serais reconnaissant de modifier les passages de « mauvais gout »).
Excusez-moi, mais je pense que vous êtes totalement à côté de la plaque.
Si vous voulez du bon goût, des dizaines (centaines?) d’autres sites existent qui vous donneront toutes les infos de façon très exhaustive.
Si vous voulez un peu de fun, de surprise à chaque article, d’inventivité dans le langage et les mises en scène, c’est ici que ça se passe.
Non, non, Djinnzz, ne change rien !
Et j’ai un scoop pour vous : les collégiens ne sont pas forcément la cible prioritaire de ce site. Il n’y a qu’à voir la communauté (Facebook + commentaires du site) qui est plutôt adulte et mature…