L’humour grinçant d’Erik Satie
Avant-Propos
Parce que lire en écoutant de la musique, c’est beaucoup mieux, je ne saurais que vous conseiller de lancer le lecteur Youtube situé à la fin de cet article avant de poursuivre votre lecture.
J’attends…
C’est bon? Alors on peut y aller!
Les Gymnopédies (1888) sont sans conteste les œuvres les plus connues d’Erik Satie, célèbre compositeur et pianiste français (1866-1925). S’inspirant des danses d’enfants spartiates (gymnos signifie « nu » et paidos, « enfants »), ces pièces sont d’une pureté intemporelle, simples et dépouillées.
Mais le Maître d’Arcueil a plus d’une gymnopédie dans son sac! Découverte d’une personnalité riche et tourmentée à travers quelques-unes des ses œuvres…
La Poire d’Erik Satie, dessin de Man Ray (1960)
« Trois morceaux en forme de poire ». Comment prendre au sérieux un morceau au nom pareil, je vous le demande!
En réalité, la dérision du titre serait une pique lancée à son ami Debussy qui lui avait conseillé quelque temps plus tôt de travailler la « forme » de ces œuvres. Vexé, la réponse de Satie ne se fait pas attendre. Tu veux de la forme, Debussy? Eh bien en voilà!
A moins que Satie, au contraire, adresse un clin d’oeil aux nombreux détracteurs du même Debussy, dont l’opéra Pelléas et Mélisande (1893) reçut quelques années plus tôt un accueil critique mitigé? « Ca n’a pas de forme, ça ne vivra pas! » se seraient écriés certains détracteurs lors de la première…
Petite cerise sur le gâteau, Trois morceaux en forme de poire comporte… sept morceaux. Va comprendre quelque chose à ça, ma pauv’ Suzette…
Erik Satie, compositeur et pianiste
« Fantaisie musculaire »: voilà un morceau on ne peut mieux nommer! La partie du violon est en effet d’une complexité rare, Satie prenant un malin plaisir à faire souffrir le pauvre interprète et son instrument! Trilles, pizzicati, appogiatures et autres glissandi s’enchaînent frénétiquement. Le but affiché du compositeur n’est pas de composer un chef d’œuvre, mais bien de se moquer des virtuoses du violon!
Bon, il n’avait pas non plus épargné les pianistes quelques années plus tôt… Sa pièce Vexations, écrite en 1893, est composée d’un motif à répéter 840 fois de suite sans interruption! Plusieurs pianistes ont d’ailleurs relevé le défi, passant entre 15 et 24 heures (selon le tempo choisi) devant leur instrument… Gageons qu’ils aient maudit le compositeur plus d’une fois durant ce marathon pianistique!
Des générations de pianistes se sont demandés comment bien pouvoir jouer « du coin de la main »!
Dans Danses de travers (1897), le compositeur s’amuse à égrainer sa partition d’annotations énigmatiques « du coin de la main », « un peu cuit », etc. Un procédé qu’il renouvellera dans Embryons desséchés (sic), avec son célèbre: « comme un rossignol qui aurait mal aux dents ». Plus tard, Satie avouera d’ailleurs à propos de cette composition qu’elle est « absolument incompréhensible, même pour moi. D’une profondeur singulière, elle m’étonne toujours. Je l’ai écrite malgré moi, poussé par le destin. Peut-être ai-je voulu faire de l’humour? Cela ne me surprendrait pas, et serait assez dans ma manière. »
Erik Satie croqué par son ami Pablo Picasso, 1920
Qu’on ne s’y trompe pas. Satie n’est pas un comique cherchant à provoquer le rire. Derrière l’humour grinçant et quelques facéties rafraîchissantes, se cache le désespoir et la noirceur qui transpirent à grosses gouttes dans toute sa discographie. Satie le dit lui-même: « Je ne suis pas drôle ni ne désire l’être. Je suis un triste, un mélancolique, un pleureur, comme le saule… » Ou encore, alors qu’il est en pleine composition de ses Nocturnes: « Je ne m’amuse pas. »
Quiconque connaît un peu le répertoire du Monsieur ne peut que lui donner raison.
Erik Satie: Avant-dernières pensées, par Alexandre Tharaud
Cet article vous a donné envie de connaître un peu mieux le répertoire d’Erik Satie mais vous ne savez pas par quoi commencer? Les Gymnopédies (1888) et les Gnossiennes (1890) semblent tout indiquées! Vous pourrez poursuivre, par exemple, par Les Nocturnes (1919): et oui, il n’y a pas que les Nocturnes de Chopin dans la vie! Celles d’Erik Satie sont sublimes également, faîtes-moi confiance.
…et j’écoute quel disque?
Le disque d’Alexandre Tharaud semble être un choix tout indiqué! (un des plus grands pianistes français du moment – pour l’anecdote, c’est lui qui joue son propre rôle dans le film Amour de Haneke). Le disque s’intitule Satie: Avant-dernières pensées (lien Amazon) et devrait vous donner un bon aperçu du répertoire du compositeur: 77 titres au programme, voilà de quoi bien vous occuper!
+ d’infos sur le caractère d’Erik Satie dans l’excellent magazine Pianiste.
Un article en musique
Les 3 Gymnopédies et les 6 Gnossiennes d’Erik Satie. Désolé pour les images un peu mièvres!
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Djinnzz
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Très intéressant! Je ne connaissais que les gymnopedies de Satie, un compositeur assez méconnu du public il est vrai.
J’en ai profité pour écouter l’album de Tharaud que vous conseillez, il est splendide!
Plutôt que de l’humour pur jus, je qualifierais plutôt les facéties d’Erik Satie comme de l’anticonformisme, une façon à lui d’envoyer un gros doigt d’honneur au milieu musical de l’époque. Mais il faudrait mieux connaître sa vie pour être catégorique la-dessus…
Plus (+) d’article sur la musique classique s’il vous plaît!
Cordialement,
Langman
« Comme un rossignol qui aurait mal aux dents » : j’adore cette phrase!
Je vais essayer de m’en rappeler et de la ressortir à bon escient!
PS: pour ceux qui ont pas compris le sous-titre de l’article, « Allons-y chochotte » est le nom d’une composition de Satie.
Je me pose une question… Comment prononce-t-on son nom? « Sati » ou « Satié »?
Il était français? Parce que Erik avec un « k » ça ne sonne pas très français mais peut-être me trompe-je…
Histoire que je ne passe pas pour un inculte le jour où je veux étaler ma culture en société! 😀
« Sati », bien sûr…
Quant au « k » de son prénom, en fait, le vrai nom de Satie est « Éric Alfred Leslie Satie, dit Erik Satie »
Pourquoi le c se transforme en k dans son surnom, par contre, mystère…
À mon avis, si Satie a mis un k à son prénom au lieu d’un c, c’est parce que Satie, quelque part c’est un cas (c un k). Il sort de l’ordinaire Satie, discrètement, avec subtilité et, en bon musicien, en jouant sur les sonorités.
En fait c’est bien Eric à la base, il est né le 17 mai 1866 à Honfleur. Il écrira son prénom Erik et celui-ci restera pour la postérité. A noter que sa mère était anglaise…
J’aime bien découvrir de nouveaux auteurs que je ne connaissais pas (ce compositeur a pourtant l’air célèbre mais j’avoue mon inculture)
Son « humour » me laisse assez froid (sans doute parce que je n’ai pas la culture musicale appropriée pour le comprendre), mais je trouve sa musique magnifique (et les images de la vidéo ne son pas mièvres, elles sont juste très belles!)
Bonne continuation!
Son humour est en général pince sans rire. Pas du genre qui réchauffe en se tapant sur les cuisses. Je comprends qu’il puisse laisser froid. Quant aux images, je les trouve belles, c’est vrai, mais il y a comme quelque chose qui cloche avec la musique qui est pourtant belle elle aussi. Une question de rythme dans le montage peut-être. La musique de Satie prend son temps, elle s’étire avec lui progressivement, imperceptiblement, sans passer du coq à l’âne comme le font les images qui zappent trop souvent. De plus long plans et des fondus enchaînés conviendraient mieux, me semble-t-il.
La Gymnopedie Numéro 1 (comme les suivantes d’ailleurs) est l’exemple parfait d’un morceau que l’on mettra quelques heures à apprendre, mais toute une vie à interpréter correctement…
C’est le piano comme je l’aime, sobre, dépouillé.
Cet article est-il un hommage au pianiste Aldo Ciccolini, grand ami d’Erik Satie, il est aussi le premier à avoir enregistré l’intégrale des oeuvres du compositeur.
Il est mort le 1er février 2015, à l’âge de 89 ans.
Après réflexion, c’est sûrement une coïncidence, mais suffisamment intéressante je trouve pour que je la mentionne!
Grand ami? Satie était mort quand Ciccolini est né…..
On peut aimer des gens qui sont morts. L’œuvre qu’ils laissent en font vos amis.
Franchement, le morceau Vexations est pas terrible du tout… Au bout de 3 minutes, j’ai les oreilles en sang, alors je n’ose même pas imaginer ce qu’il en est après 24 heures d’écoute!
Un des derniers « marathons » pour Vexations date du 15/04/2011 à Monaco. Je crois que plusieurs pianistes se sont relayés.
Un aperçu du morceau: https://www.youtube.com/watch?v=grVZzbwt63U
Les oreilles en sang !!! Vous êtes bien fragile ; c’est plutôt cool comme musique.
Je viens d’écouter les dix dernières minutes de ce morceau de 840 morceaux identiques, sans saigner (merci pour le lien). Mais il semble qu’il y ait tricherie dans l’interprétation. On entend clairement quelqu’un compter le nombre de morceaux à la place du pianiste. Si en plus ils se sont relayés à plusieurs, ce n’est pas du jeu !
Au hasard de mes recherches sur internet, je suis tombé sur deux petites perles:
http://eriksatiejournalintime.blogspot.fr/ : extrait du journal intime d’Erik Satie. De ce que j’en ai compris, ce n’est pas le vrai journal intime du compositeur, mais un passionné s’est amusé à le créer à partir des grandes étapes de sa vie. Peu importe: le styl est authentique, on s’y croirait!
http://www.erik-satie.com/ : blog d’un passionné du compositeur
Morceaux choisis:
18 novembre 1887
Au moment où naissent ces lignes, je ne sais si ma musique me survivra. Seule certitude : les paroles s’envolent et les écrits restent, raison pour laquelle je commence ce journal. J’ai depuis peu 21 ans et il est grand temps pour moi de marier majorité avec liberté. » Li-ber-té ». J’en ai déjà eu un avant goût l’an passé en réussissant à quitter le conservatoire, inconfortable maison aussi attirante qu’une prison, Dieu me préserve d’y retourner. Mais pour fuir ce carcan musical, il a fallu que je m’engage dans l’armée… d’où, là aussi, j’ai pu m’échapper par la grâce d’une pneumonie volontairement attrapée, je le confesse, poitrine au vent un soir d’hiver: réformé du 3ème régiment d’Arras (ces 4 mois là – haut m’ont semblé 4 siècles). Adieu képi rigide, paletot et retour à Paris. Voilà maintenant 3 mois que j’ai réintégré l’appartement de mon père et le fait est que je m’y sens maintenant aussi à l’aise qu’un hypocondriaque à un congrès de médecine.
13 juin 1890
Ces derniers mois je bois plus que je ne le devrais. Alphonse m’a dit que l’absinthe est l’anesthésique qui permet de supporter l’opération de la vie.
5 mars 1889
Aujourd’hui encore, je me suis réveillé tard… le propriétaire m’a réveillé tard serait plus conforme à la réalité. Ah si ce grigou pouvait être aussi prompt à réparer la fuite qui altère mon sommeil qu’à réclamer ses 15 frs de loyer mensuel!
(…)
L’idéal serait de joindre l’utile à l’agréable. Peut-être devrais je m’arranger pour faire savoir à qui veut m’entendre que je recherche un travail comme tapeur à gages. La musique légère pèsera certainement plus lourd dans mes poches que mes compositions. Ou pourquoi ne pas donner des cours de piano à quelques progénitures de nantis?
C’est très bon, ce journal intime! On s’y croirait effectivement.
Mais le fait de savoir que ce n’est pas Satie lui-même qui l’a écrit fait perdre beaucoup d’intérêt… c’est toujours délicat de faire parler les morts!
La personnalité du musicien à l’air d’être respectée, ce qui es t déjà un bon point.
Une des principales raisons pour laquelle les gens ne connaissent pas bien la musique classique, c’est que les oeuvres, la plupart du temps, n’ont pas de nom « sexy ».
Sonate K330 de Mozart, op.39 n.2 de Chopin, Concerto pour piano n.8 de Grieg, la symphonie n.5 de Beethoven,,… bref, pas évident de s’y retrouver pour le néophyte!
D’ailleurs, ce son souvent les éditeurs de musique qui on donné des noms marketing (comme la Tempête, la Pathétique, etc.) qui permettent une identification plus facile des morceaux.
Chez Satie, c’est tout l’inverse, chacune de ses compositions portent un nom, parfois absurde, certes, mais un nom quand même!
A choisir, je préfère largement Chopin à Satie.
Erik Satie fait partie de ces compositeurs qu’on aime ou qu’on déteste. Moi, sa musique me laisse, au mieux, indifférent et, au pire, me donne l’impression qu’il se moque de moi.
Sincèrement, les Gymnopedies, n’importe quel compositeur bas de gamme aurait pu les écrire… on crie au génie pour le dépouillement, moi je crie à l’arnaque artistique!
Si vous voulez entendre du vrai piano, écoutez donc les préludes ou les nocturnes de Chopin. Ça, c’est de la vraie musique!
J’adore écouter Satie, mais je ne connaissais pas les facéties et les tourments de ce compositeur.
Je savais néanmoins, comme le dit orthosatique plus haut, que son oeuvre était controversée, certains considérant sa musique géniale et d’autres trop épurées pour être intéressante.
Chopin il est vrai ne souffre pas de telles polémiques!
J’aime beaucoup le musique de Satie, elle est apaisante. Mais point trop n’en faut, sinon je deviens neurasthénique. Chopin me fait le même effet, mais il est moins apaisant, ses harmonies plus fébriles et torturées. Je serais curieux d’entendre Satie interprété autrement, avec un tempo plus vif, décalé, une sensibilité plus dynamique, quitte à prendre certaines libertés, un peu comme l’a fait Gould avec Bach. La musique, pour rester vivante, il ne faut pas trop la figer.
À propos d’humour, j’ai lu que Satie accompagnait parfois ses textes et ses partitions de dessins, ou de petits gribouillages, genre « vignette ». Je serais curieux de voir ça. Savez-vous où l’on peut les trouver ?
Bonjour à tous, musicien moi même (musiques « populaires » du monde, jazz…) Je suis et reste ouvert à tout ou presque, pour le « classique » je ne connais que certaines choses, Mozart/Debussy/Chopin/Stravinski et…Satie. Je trouve certaines de ces compos simplement magnifique. Certains le dénigre comme ici et au temps
Bonjour,
Bonjour à tous,
Musiciens moi même (musiques du « monde », Jazz et pour vivre du « commercial » ou comme dirait Satie « de la musique d’ameublement ») Je ne suis pas « spécialiste » du « classique » ni spécialiste tout court mais j’aime Mozart/Chopin/Debussy/Stravinski/Ravel/Bach et…Satie. Certains propos tenus ici me font réagir, qu’est-ce qu’un « compositeur bas de gamme ? » Sur quoi peut-on bien se basé pour affirmer cela ? L’égo de cette personne ne passera pas ma porte (euphémisme) c’est sur…Ce genre de propos existaient à l’époque de Satie et il en a souffert terriblement. Le rôle de la musique n’est -il pas de nous rendre « meilleur », nous les humains ? Nous inspirer ?…seulement à avoir le Prix de Rome pour certains…Tel compositeur ou tel œuvre nous touche ou pas, c’est tout, il n’y a pas de « bas de gamme » en musique, tout est affaire de sentiment. Pour moi Erik est un grand Monsieur, il me touche comme d’autres, profondément, il ne ressemble à personne, sa musique n’a pas « vieillie »…Originale, drôle, bizarre même mais elle ne laisse indifférent ceux qui ont des oreilles qui savent écouter et un…coeur. « L’expérience est une forme de paralysie » n’a t-il pas dit ? c’est tellement vrai et pas seulement en musique…J’aime Woll (un peu plus haut) quand il parle de Satie et l’argument de Langman (citer plus haut) est tout à fait juste, il suffit de lire les livres sur Satie et ses paroles, à ce propos je vous conseille de lire ceux de Mme Ornella Volta (Nombreux ouvrages, 30 ans de passion/écrits sur ce musicien.) Complexe ne veut pas dire forcément beau, « méfiez vous de l’Art il n’est souvent que virtuosité » aurait dit Mr.Satie. Pour finir, que peut-on demander finalement à la musique ? Son rôle s’il y en a un ? Je laisse certains le soin de méditer, en parfaite modestie bien sur…
Puisse qu’il est question d’humour grinçant chez Satie et que ce site a pour vocation votre vernis culturel afin de pouvoir briller dans les salons, sachez que Satie est né à Honfleur (en Normandie) comme Alphonse Allais. Ils firent connaissance à Paris et devinrent amis. Satie connaissait sans doute aussi Alfred Jarry, autre écrivain de son époque au comique grinçant. Je vous recommande l’œuvre littéraire d’Alphonse Allais ou celle de Jarry si vous êtes sensible à une certaine forme d’humour acerbe ou absurde, du genre : « Il vaut mieux qu’il pleuve aujourd’hui, plutôt qu’un jour où il fait beau » (Allais). Ce genre d’aphorisme n’était sans doute pas pour déplaire à Satie qui disait de son côté : « Je suis venu au monde très jeune dans un temps très vieux ». Lisez ces auteurs, en écoutant du Satie, ce qui vous mettra dans une certaine ambiance. Ça vous distraira et vous permettra ensuite de briller en faisant rire dans les salons, ou de passer pour un imbécile auprès de ceux qui ne comprennent rien à ce genre d’humour.
Cher monsieur, pourriez-vous je vous prie développer votre assertion au sujet de Jarry et Satie ? Je mène actuellement quelques recherche à ce sujet. Bien cordialement..
Permettez-moi d’insister : Quels sont les éléments qui vous disposent à dire que Satie connaissait Satie ? Ils fréquentaient les mêmes lieux certes, mais connaissez-vous un indice plus précis ?
Que dire de plus…Debussy play Satie…
https://www.youtube.com/watch?v=kVQCo3jTNrw
Merci Aby, et Debussy. C’est très beau. Je me plais à imaginer ces gymnopédies transcrites par un Ornette Coleman ou un Frank Zappa (comme dans certains morceaux de son tout petit sandwich brûlé « Burnt Weeny Sandwich », un titre à la Satie). C’est aussi dans ma sensibilité musicale. J’aimerais entendre Satie interprété par des gens comme ça, ou d’autres, à leur façon…
Magnifique trouvaille!
Oui Woll…Ornette…paix à son Âme…c’eut été une tuerie ! 🙂 L’autre jour j’écoutais une oeuvre de Satie (je m’endors souvent avec lui et Coltrane) et je me suis aperçu qu’un passage correspondait trait pour trait à un thème de Bill Evans (le pianiste) Bill a été influencé par Satie ? ou peut-être l’a t-il écouter, en tout cas cela ne peut-être une coïncidence, je crois que c’était dans « les poires » mais j’en suis pas sur du tout…le monde est petit, beau week-end à tous !
C’est Satie qui a dû copier sur Bill Evans dont la musique est plus diffusée que la sienne, surtout les poires. Plus sérieusement, j’ai lu que Satie composait parfois en contemplant les moisissures qui poussaient sur le mur derrière son piano, moisissures qui lui servaient de source d’inspiration, disait-il. Un microcosme fascinant qui vit à son rythme, celui de la mémoire du temps qui passe imprimée sur le mur, et dont Satie tirait une musique intérieure. Je connais mal Bill Evans. Je viens d’écouter son disque intitulé « Time remembered » (Temps mémorisé). Dans la première partie en piano solo il y a une ambiance paisible, qui prend son temps, assez mélancolique, une ambiance, une musicalité, très Satie. Deux mondes intérieurs voisins qui, sans nécessairement se connaître, se rencontrent dans une même musique. Satie jouait du Bill Evans avec près de cent ans d’avance. Il est vraiment venu au monde trop jeune dans un monde trop vieux pour lui.
C’est marrant Aby, sur les petits logos qui nous personnifient, on a presque la même tête en forme d’étoile violette. Est-ce par hasard, pure coïncidence ? Djinnzz et sa magnifique trouvaille ci-dessus a une tout autre tête. Assez bavardé, je vous laisse. Il fait beau, je m’en va saluer la forme des jeunes poires de mon jardin. Profitez zan vous aussi. Bon week-end et sa suite à vous tous.
Oui Erik était un « moderne », sa fraicheur musicale…Il parlait aussi d’un monde « derrière le miroir »…Pour moi c’est un « mystique », je suis un « romantique amoureux » et je ne suis peut-être pas totalement objectif quand je parle de lui, j’assume 🙂 quand j’aime je ne compte pas, Erik nous délivre du temps, j’ai été me recueillir sur sa tombe à Arcueil, je n’ai pas vu le temps passer…Quand j’écoute « caresse » ou même « je te veux » au piano, je retrouve ce « petit quelque chose »…
Djinnzzz y est pour quelque chose au sujet de nos frimousses c’est sur…
pour finir et laissez certains « à leurs poires » (les veinards) Mon guitariste préféré play B.Evans : https://www.youtube.com/watch?v=E6nZNdP5sfk&list=PLaCZU7uurfEi21-NhqLvE96hA8617TPKO