Des Gaulois à aujourd’hui, les enceintes de Paris à travers l’histoire
Aujourd’hui, nous vous proposons de nous intéresser à ce sujet particulier en répondant aux questions suivantes : A quelles périodes, par qui et pourquoi Paris s’est-elle vue entourer d’une enceinte ?
1. Période gauloise : sans doute une simple citadelle
– Ave César, une question. Toi, tu dois savoir : de ton temps, Paris a-t-elle été entourée d’une enceinte ?
– “Id est oppidum Parisiorum quod positum est in insula fluminis Sequanae”.
– Pardon ?
– Si tu avais lu mon best-seller, La Guerre des Gaules, tu saurais. En 52 avant ton ère, quand mes cohortes sont arrivées à Lutèce, elles ont constaté l’existence d’un oppidum, autrement dit d’un habitat fortifié sur l’île centrale de la Seine. Mais celui-ci n’était entouré que d’une simple palissade en bois qu’il est difficile de considérer comme une véritable enceinte.
– Donc il n’y a pas eu de muraille à escalader ?
– Non ! Cherchant plutôt à nous couper la route et nous priver de ravitaillement, les habitants, les Parisii, ont abandonné leur ville après l’avoir incendiée et détruit les ponts en bois qui la reliaient aux rives.
– Et finalement ?
– Finalement vaincus, ces Gaulois se sont montrés coopératifs et nous avons ensemble reconstruit Lutèce. Nous, Romains, installâmes notre administration dans une citadelle à l’ouest de cette île et bâtîmes “Lutèce la Haute” sur la colline de la rive gauche.
– Pas de rempart pour protéger cette ville nouvelle ?
– Pourquoi faire ? Les habitants étaient bien à l’abri au sein de notre République ! Les frontières étaient loin et nous avons pu connaître une longue période de tranquillité sous la Pax Romana.
– Oui, je comprends. Avant de me sauver, un petit retour en arrière : as-tu une idée de la situation antérieure à ton arrivée ?
– Tout ce que qu’ont pu établir les historiens, c’est que les berges de la Seine avaient été fréquentées depuis plusieurs millénaires et que la peuplade gauloise des Parisii avait commencé à s’installer ici il y a tout au plus 300 ans. Tu peux t’imaginer que la situation était alors encore trop mouvante pour que l’on puisse songer à mettre en place une quelconque enceinte.
– Vale, Caesar ! Tibi gratias maximas ago !
– Salutatio, voyageur du futur. Et tâche de rappeler à tout le monde combien Julius Caesar était grand !
2. Les grandes invasions : première enceinte gallo-romaine
La Pax Romana mentionnée par César dura un peu plus de deux siècles, avant d’être mise à mal par les grandes invasions entre le IIIème et Vème siècle. En l’absence de remparts pour défendre les rives de la Seine, certains habitants durent alors se réfugier sur l’île en détruisant une fois encore les ponts derrière eux.
Les vagues successives d’envahisseurs les amenèrent à se protéger en construisant sur cette île un mur de pierre de 2 mètres d’épaisseur et de même hauteur, en forme de U à l’est et dont les branches rejoignaient la citadelle romaine à l’ouest, la Seine servant alors de fossé.
Ce fut là sans doute la première ébauche d’une enceinte digne de ce nom. Mais elle ne couvrait qu’une dizaine d’hectares sur les 50 occupés par Lutèce qui comptait à l’époque quelque 8 000 habitants.
Elle disparut dès le VIème siècle, en partie sous l’impact de la construction de la Cathédrale Saint-Etienne, l’aïeule de Notre-Dame.
3. Une période de calme
– À Tolbiac, le Dieu de Clotilde m’a donné la victoire, mais il m’a accordé ensuite de faire de Paris la capitale de mon royaume.
Ainsi aurait pu s’exprimer Clovis au tout début du VIème siècle.
– Mais alors, Sire, on aurait pu penser que le souvenir de ces terribles moments vous aurait conduits, vous et vos successeurs à vous prémunir contre de nouvelles invasions qui pouvaient surgir par terre comme par le fleuve ?
– L’unité de mon royaume qui s’est alors étendu des rives de l’Escaut aux Pyrénées laissait peu de craintes en ce sens. Mais il faut aussi vous rappeler que mes successeurs, Mérovingiens comme Carolingiens, ne résidaient pas en permanence à Paris. Ils se déplaçaient de résidences royales en résidences royales, ce qui ne les incitait pas particulièrement à construire des lignes de défense autour de cette ville. Par ailleurs, les fréquentes crues de la Seine qui obligeaient les habitants à se déplacer rendaient difficile le choix d’un tracé de telles murailles. Mais, vous verrez, cela changera !
4. L’enceinte carolingienne : la première à franchir la Seine
Et c’est bien ce qui arriva. Au cours des invasions normandes du IXème siècle, Paris fut assiégé, incendié et pillé. Charles le Chauve restaura bien quelques petites fortifications préexistantes et en fit construire d’autres, telles le Grand et le Petit Châtelet, alors en bois, pour garder les ponts, mais pas encore de véritable enceinte.
La toute première « enceinte urbaine » appelée « Le Mur du Roi » ne fut construite qu’entre le Xème et XIème siècles. Elle se limita à la rive droite en protégeant des zones en pleine urbanisation. Elle consistait en un fossé en forme de V de quelque 12 m de large et 3,5 m de profondeur. Celui-ci était surplombé d’un talus de 2 m de haut avec un sommet plan de 3 m de large et surmonté d’une palissade en bois.
Son tracé suivait une ligne pratiquement parallèle à la rue de Rivoli actuelle, mais un peu plus au nord. Elle s’étendait entre l’église Saint Germain l’Auxerrois derrière le Louvre et Saint Gervais derrière l’Hôtel de Ville. Sa longueur couvrait la longueur de l’île de la Cité qu’elle semblait vouloir enserrer en se refermant vers la Seine à chaque extrémité. La modestie de cette enceinte fera qu’elle tombera même dans l’oubli dès la fin du XIVème siècle. Ses traces n’ont été mises en évidence que récemment.
Pour sa part, à cette époque, la rive gauche n’avait pour toute défense que les murs des abbayes !
5. L’Enceinte de Philippe Auguste : ça devient du sérieux !
Au début de ce XIIème siècle, le roi Louis VI qui résidait de plus en plus fréquemment à Paris, fit ériger des murs aveugles et reconstruire le Petit et le Grand Châtelet en dur. Mais c’est sous Philippe Auguste, entre 1190 et 1215, qu’une muraille viendra ceindre véritablement Paris, d’abord au nord, puis au sud.
À la veille de la bataille de Bouvines dans cette morne plaine de Flandres, ce 26 juillet 1214, alors que au même moment les travaux de construction des remparts de Paris arrivent à leur fin, tentons de profiter de la présence du roi pour l’interroger.
– Sire, auriez-vous un peu de temps à m’accorder ?
– Rapidement alors, car vous voyez bien que je suis fort affairé à préparer la bataille qui fera rage demain. J’affronte les Anglais, les Flamands et les Allemands coalisés contre moi, tout de même !
– Sire, permettez-moi tout de même de vous demander pourquoi avoir fait construire une enceinte autour de Paris, cette enceinte en cours d’achèvement au moment où nous parlons ?
– Eh bien ! mes objectifs étaient au nombre de trois : accentuer le prestige et le rôle de capitale de Paris où j’ai installé mon administration et où je séjourne moi-même de plus en plus souvent ; redéfinir les limites de la ville dont la population s’accroît toujours plus vite et, enfin et non le moindre, améliorer sa défense contre un envahisseur toujours possible, en particulier, vous m’avez compris, l’Angleterre des Plantagenêt, ducs de Normandie. La bataille de demain me conforte dans la décision que j’avais prise il ya déjà quelques années.
– C’était un ambitieux projet…
– Un projet à la hauteur d’un roi tel que moi ! J’ai commencé par faire construire la forteresse du Louvre en face de la Tour de Nesle à l’ouest, afin de protéger la ville des invasions maritimes via la Seine. À l’autre bout, à l’est, entre la tour Barbeau et le palais de la Tournelle, c’est un système de chaînes tendues entre les fortifications et posées sur des bateaux plats qui interdisent le passage des embarcations la nuit.
– Comment la population a-t-elle réagi de se voir ainsi, si j’ose dire, enfermée entre quatre murs ?
– L’édification d’une enceinte apporte la sécurité à des quartiers entiers en plein développement économique et favorise la construction sur des terrains encore en friche tout en conservant des terres labourables. Paris a vu grâce à moi sa surface passer à 250 ha et sa population atteindre 50 000 habitants ! Pourquoi diantre mes sujets se plaindraient-ils d’être protégés ?
– Je vois…
– Sans me vanter, l’enceinte elle-même est impressionnante. La muraille, d’un périmètre de 5,3 km, est bordée de fossés larges et profonds. Elle a une épaisseur de 4 à 6 mètres à la base et mesure jusqu’à 8 mètres de haut avec un chemin de ronde crénelé de 2 m de large. Elle ne compte pas moins de 77 tours semi-cylindriques de 15 m de haut : 39 dans la partie nord (du Louvre à la Tour Barbeau à l’est) et 38 dans la partie sud (de la Tour de Nesle, face au Louvre, au palais de la Tournelle à l’est). Onze portes principales – et bientôt quinze ! – permettent d’accéder à la ville. Le financement n’a pas été une mince affaire, mais le résultat est à la hauteur de mes attentes.
– Merci, Sire, pour le temps que vous m’avez accordé. Puis-je me permettre un dernier mot ?
– Allez-y.
– La bataille de Bouvines sera une victoire éclatante !
– Que Dieu vous entende, mon ami. Et que l’an de grâce 1214 soit celui qui verra mes ennemis mettre genoux à terre.
La muraille de Philippe Auguste restera en place durant plus de 450 ans, mais sera finalement arasée dans les années 1680 sous Louis XIV et deviendra alors pratiquement “invisible”. Il en reste cependant quelques vestiges, sans parler du Louvre, dans les six premiers arrondissements dont certains classés aux Monuments Historiques. La plus longue portion (60 mètres) se trouve dans le 4ème arrondissement à l’angle des rues Charlemagne et des Jardins Saint-Paul, derrière l’église Saint-Paul. Plusieurs parties de murs ont été englobées dans des constructions ultérieures et certaines tours aménagées comme cages d’escalier, ce qui les rend difficilement repérables, a fortiori bien sûr, quand elles se trouvent dans des propriétés privées.
6. L’enceinte de Charles V
La cinquième “enceinte” vit le jour entre 1356 et 1383 à l’initiative des échevins de Paris, alors que Charles V n’était encore que Dauphin.
Ceux-ci poursuivaient, là encore, un triple objectif : repousser les limites de Paris dont la population continuait de croître fortement ; protéger le commerce et l’artisanat qui s’étaient particulièrement développés sur les faubourgs de la rive droite et de façon plus urgente, assurer la défense de la capitale du Royaume de France en pleine période de guerre de cent ans.
En un premier temps, poussé par la défaite de Poitiers de 1356, Etienne Marcel, alors prévôt des marchands, lança les travaux en faisant creuser un large fossé à quelques centaines de mètres de l’ancien rempart.
Ses travaux furent poursuivis par Charles V. Le rempart engloba complètement l’enceinte nord de Philippe Auguste en la débordant largement et en y incluant le Louvre à l’ouest et l’Arsenal à l’est.
Pour mettre la ville à l’abri des bombardes dont la portée avait augmenté, la largeur de l’enceinte atteignit 90 mètres. Contrairement à l’enceinte de Philippe Auguste, ce fut majoritairement un ouvrage de terre plus que de maçonnerie.
C’était, et pour cause, un vrai « parcours du combattant » pour l’attaquant potentiel qui avait à franchir les obstacles successifs suivants :
– un fossé sec de 15 m de large,
– un monticule de terre d’environ 20 m de large où l’on était à découvert
– un fossé en eau de 30 m de large et 8 m de profondeur
– un rempart de terre de 25 m de large surplombé par une muraille de 4 m de haut et 2 m de large,
– le tout surveillé par un chemin de ronde.
Sept portes d’accès à la ville étaient défendues par des ouvrages fortifiés dont le plus important était la Bastille construite entre 1370 et 1383. L’enceinte ne sera achevée que vers 1420 sous Charles VI. Ouvrage essentiellement en terre, elle ne laissera pratiquement pas de vestiges.
Et la muraille de la rive gauche ? Cette seconde partie de l’enceinte de Philippe Auguste ne fera l’objet que de quelques réparations et d’un aménagement d’un fossé de 12 m de large, la priorité étant donnée à ce moment-là à l’agrandissement de la rive droite de Paris. La surface totale de la capitale atteint alors 440 ha et sa population près de 200 000 habitants.
7. L’enceinte de Louis XIII ou l’enceinte des fossés jaunes
Contrairement à ce que cette appellation laisse à penser, cette nouvelle enceinte ne fut pas initiée par le roi Louis XIII, mais seulement complétée sous son règne par le cardinal de Richelieu. Les guerres de religion, les progrès de l’artillerie furent notamment à l’origine de la construction de cette nouvelle muraille à partir de 1566 sous Charles IX et Catherine de Médicis. L’appellation “des fossés jaunes” vint simplement de la couleur de la terre retournée lors des terrassements.
Destinée à protéger Paris à l’ouest et au nord-ouest, elle fut constituée d’une ligne de six bastions placés à 1 km avant l’enceinte de Charles V. Elle incorpora en particulier les Tuileries. Son tracé peut être facilement reconstitué de la place de la Concorde actuelle, à l’ouest, au boulevard Poissonnière, à l’est, où elle rejoignait l’enceinte de Charles V.
Devenue inutile, la partie ouest de cette dernière, du Louvre à la Porte Saint-Denis, fut abattue en 1633, tandis que sa partie est, de la porte Saint-Denis à l’Arsenal, était renforcée. L’espace compris entre les deux enceintes ainsi libéré facilita l’urbanisation et en particulier la création du Palais Cardinal, futur Palais Royal.
Dans le même temps (1630-1635), Richelieu fit renforcer les bastions et fortifier 6 portes de la nouvelle enceinte qui fut donc terminée sous Louis XIII. Le nouveau Paris atteignit alors une surface de 1350 ha pour un périmètre d’une quinzaine de kilomètres et une population de quelque 450 000 habitants.
8. Disparition des enceintes de défense
Pour Louis XIV, une nouvelle Pax Romana règne sur le pays. Les fortifications établies aux frontières du royaume sont bien suffisantes pour le défendre. Il est donc temps de supprimer les enceintes parisiennes devenues inutiles, voire gênantes pour la population et … la gloire du roi.
C’est ainsi que disparut en 1670 l’ensemble des deux enceintes de Charles V et Louis XIII.
Talus et fossés furent alors progressivement remplacés par une promenade plantée d’arbres, en arc de cercle, allant de nos jours de la Concorde à la Bastille en passant par République : les futurs grands boulevards. Toutefois, le roi fit élever à certains emplacements de ces murailles de petits arcs de triomphe indépendants bien sûr à sa gloire. Ceux des Portes Saint-Denis et Saint-Martin existent encore aujourd’hui.
Plus difficile à démolir, car en pierre, l’enceinte de Philippe Auguste ne sera supprimée qu’en 1680. Paris restera alors sans enceinte pendant plus de 100 ans jusqu’à la construction du Mur des Fermiers Généraux en 1785.
9. Le Mur des Fermiers généraux : quand il y a de l’argent à prendre
Sous Louis XVI donc, Paris va se voir entourée d’une nouvelle enceinte sensiblement plus grande que les précédentes puisqu’elle couvrira une surface de 3370 ha, soit deux fois et demi celle de l’enceinte de Louis XIII, pour 24 km de périmètre, englobant une population de 600 000 habitants.
Mais cette fois, l’objectif est tout à fait différent. Il ne s’agit plus de défendre la capitale mais de l’entourer d’une enceinte « financière » destinée au paiement de l’octroi, c’est à dire d’un impôt perçu sur les marchandises entrant dans la ville. Cette entreprise est lancée en 1784 à la demande de la Ferme Générale par Calonne, le Contrôleur général des finances de Louis XVI. Cette institution créée sous Louis XIV constitue le corps des financiers, les fermiers généraux, qui gèrent les revenus du roi, en particulier les impôts indirects et les droits de douane qu’ils sont chargés de recouvrer.
Paris se voit alors emmurée, afin que personne introduisant des marchandises dans la ville ne puisse échapper à cette nouvelle taxe. Le mur de 24 km avec 57 « barrières » (passages) gardées est édifié entre 1785 et 1789. Une cinquantaine de bâtiments que l’on affubla du nom de « propylées », telle une porte monumentale conduisant à un sanctuaire chez les grecs, complètent le dispositif.
Cette construction très mal perçue par la population entraîne alors de vives réactions qui viendront s’ajouter aux griefs de la Révolution : « Le mur murant Paris rend Paris murmurant » fait alors florès. Le tracé du mur correspond à la seconde ceinture de nos boulevards actuels suivis tantôt en souterrain tantôt en aérien par les deux lignes de métro : la 2 au nord et la 6 au sud entre Nation et Etoile.
La presque totalité de cette enceinte sera détruite en 1860 après la construction de l’enceinte de Thiers, soit après seulement 70 ans d’existence.
Il en reste quelques vestiges au niveau des “propylées” : la rotonde de la Villette et du parc Monceau et les deux barrières du Trône (Nation) et d’Enfer (Denfert –Rochereau).
10. L’Enceinte de Thiers : l’ultime et non des moindres
C’est sous Louis-Philippe entre 1841 et 45, Thiers étant ministre, que fut construite la dernière enceinte de Paris. Avec ses 34 km de pourtour et ses 7 800 hectares, elle englobait déjà les 24 communes riveraines qui seront finalement intégrées à Paris en totalité ou partiellement en 1860, ce qui portera la population totale à 1,6 million d’habitants.
Avec ses 94 bastions, complétés par la construction de forts sur les hauteurs, cette fortification avait pour objet de protéger Paris d’ennemis potentiels, pour ne pas connaître le même désastre qu’en 1814. Deux objectifs militaires principaux : couvrir l’enceinte contre un assaut d’infanterie et maintenir à distance les batteries ennemies pour éviter que la capitale ne soit touchée par les bombardements.
Le mur des Fermiers Généraux coexistera avec cette nouvelle fortification jusqu’en 1860 lors de l’annexion des communes limitrophes. Il sera alors détruit. Mais l’octroi fut étendu à toute la ville et les services de perception s’installèrent aux portes de la nouvelle enceinte. C’est cette enceinte de Thiers qui donnera à Paris sa configuration actuelle avec la construction progressive, à partir de 1861, des “Boulevards des Maréchaux” (Boulevards Extérieurs) sur la route militaire qui longeait la muraille à l’intérieur. Mais la muraille elle-même ne sera supprimée que dans les années 1920. La Poterne des Peupliers au sud en est l’un des rares vestiges.
Bilan des enceintes “historiques”
Ainsi, de l’oppidum gaulois à l’enceinte de Thiers, on peut dénombrer jusqu’à 8 enceintes, avec de la bonne volonté : oppidum, île de la Cité, Mur du Roi, Philippe Auguste, Charles V, Louis XIII, Fermiers Généraux et Thiers.
Les enceintes modernes sont d’un autre ordre. Elles sont à la fois réelles et virtuelles…
Les enceintes “réalo-virtuelles”
Si Paris n’a plus de murs ni de fossés, la ville est maintenant cernée par deux ceintures devenues des axes de communication issus de l’enceinte de Thiers.
Les boulevards des Maréchaux donc, larges de 40 mètres, relient les différentes Portes de Paris et reçoivent les automobiles et les piétons.
Le glacis (espace vide sur lequel les soldats s’avançaient à découvert) de 150 mètres en moyenne qui précédait la muraille a permis ultérieurement de construire le Boulevard Périphérique, autoroute urbaine, qui double les Boulevards des Maréchaux sur leur extérieur et a été terminé en 1973.
Quelle sera la prochaine « enceinte » ?
Le 1er janvier 2016 a été officiellement créée la MGP : « Métropole du Grand Paris ». Son objectif : transformer l’agglomération parisienne en un vaste ensemble capable de rivaliser avec les grandes métropoles du monde.
Douze territoires, d’au moins 300 000 habitants chacun, doivent à terme remplacer les agglomérations existantes, soit 130 communes de la petite et de la grande couronne autour de Paris. C’est un minimum de 7 millions d’habitants qui sont concernés par ce changement sur une surface de 815 km2, soit près de 10 fois Paris intra muros. Ce changement s’accompagnera de la création d’un grand réseau de transport en commun par métro : le Grand Paris Express de 200 kms et 68 nouvelles gares d’ici en principe 2030. Celui-ci permettra notamment de relier entre eux les grands pôles d’activité de la région parisienne et servira de support de développement local.
La future ligne 15, pour l’essentiel une rocade de 75 kms, agrandie par la nouvelle ligne 16 à l’est, pourrait constituer, au moins pour un temps, la nouvelle enceinte virtuelle de la Métropole.
Jules César se doutait-il qu’un jour il se ferait encercler par le métro ? “Id est metropolitanum Parisiorum quod positum est circa civitatem”, pourrait-on lui rétorquer en latin de cuisine !
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Djinnzz
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Il faut une fois de plus avoir posé un RTT pour tout lire !
À ma grande surprise, ça se lit très bien et on enchaîne les périodes avec plaisir…
Merci pour tout le travail que vous faîtes, pour apporter la culture au plus grand nombre !
Je me régale à chaque fois de vous lire… Merci ! 🙂
Bon, moi, j’ai pris option grec au lycée… Du coup, je fais comment ?
@DrT –> tu utilises les moyens du 21ème siècle: Google Traduction (même si le résultat est approximatif…)
Je découvre cet article et je l’ai dévoré ! Je cherchais justement une source d’infos sérieuse sur les différentes enceintes de Paris à travers les siècles.
Paris a grandi façon pelures d’oignon !
Une thèse, publiée aux éditions ETC !
On ne s’y perd pas pourtant, c’est très clair, et notamment, bonne idée que ce schéma que l’on retrouve tout au long du texte pour matérialiser les différentes enceintes, ça permet vraiment de bien se rendre compte.
La longueur de l’article, qui m’a un peu surprise au premier abord, s’explique en fait par le nombre d’enceintes successives, c’est impressionnant.
Enfin, je partage cette idée que le périph actuel et le « Grand Paris » peuvent être vus comme les nouvelles « murailles » de Paris, la symbolique est assez parlante en tout cas.
Merci pour ce travail très riche, très fouillé et toujours très instructif.
Je découvre votre site, passionnant, je vais savourer vous lire.
J’apprends tout le temps, c’est si cool! pfff faudrait 10000 vies ^^