Garibaldi, citoyen du monde
Tenter de résumer la vie de Giuseppe Garibaldi (1807-1882) en quelques mots relève de l’impossible, tant la vie de ce combattant-politicien a été riche en aventures. Aujourd’hui encore, presque 150 ans après sa mort, il représente le symbole des révoltés et autres guerilleros de tout poil à travers le monde.
Pour comprendre son combat, il faut se pencher sur le contexte de la péninsule italienne au début du XIXè siècle. Car depuis la chute de l’empire romain, soit plus d’un millénaire, plus jamais l’Italie n’a connu l’unité: son territoire est morcelé en divers Cités-États qui passent leur temps à lutter les unes contre les autres pour accroître leur influence.
L’unification italienne, ou Risorgimento pour les intimes, commence en 1848 et se réalise en plusieurs phases successives (il n’y eut pas moins de trois guerres d’indépendance italiennes) et s’achève finalement le 20 septembre 1870.
Après quelques années passées en Méditerranée à bord de navires marchands, Garibaldi fait une rencontre dans une auberge de Constantinople qui va à tout jamais changer sa vie. Cet homme, un illustre inconnu plein de fougue et de passion, lui expose les idées de l’unité nationale. Ces idées nationalistes qui font leur chemin dans l’esprit du jeune Garibaldi ne le quitteront plus et guideront son action jusqu’à sa mort.
Garibaldi effectue ensuite son service militaire de 5 ans dans la marine de Sardaigne. Mais le jeune fougueux parle trop, beaucoup trop! En criant par dessus les toits ses convictions nationalistes, il s’attire les foudres de la police… Ce qui ne l’empêche pas de participer activement à un coup d’État qui échoue lamentablement, mais pour lequel il écope d’une condamnation à mort par contumace!
– Par contu-quoi?
– Pfff… Par contumace! Cela veut simplement dire que le procès s’est déroulé en l’absence du prévenu qui a pris la fuite.
– Bon bah d’accord! Ça sert à rien de s’énerver!
Désormais hors-la-loi, il fuit vers l’Amérique du Sud et y entame une deuxième vie. Tour à tour corsaire au service de la République de Rio Grande – une région brésilienne luttant pour son indépendance, puis chef de guerre pour l’Uruguay, il est de tous les combats de ceux qui veulent leur liberté.
Le 23 juin 1848, à 41 ans, Garibaldi est de retour en Europe, auréolé d’une gloire immense. 1848 est d’ailleurs une année charnière en Europe, à tel point qu’on la surnomme le « Printemps des Peuples ». D’abord en France, avec la naissance de la deuxième République, puis en Allemagne, en Autriche, en Pologne, en Roumanie, et j’en passe, l’Europe est secouée par une vague de révoltes. La péninsule italienne n’échappe pas au mouvement: c’est le début de la première guerre d’indépendance.
Garibaldi, donc, combat aux côtés des Républicains. Quelques années plus tard, en 1860, sa célèbre « expédition des Mille » à un retentissement international.
Début de l’expédition des Mille – Embarquement à Quarto, un quartier de Naples
– Euh… C’est peut-être célèbre, mais moi, je connais pas…
– Avec seulement un millier d’hommes, il débarque et envahit la Sicile. Soutenu par la population locale, Garibaldi remporte finalement la victoire contre les troupes de Ferdinand II, le roi des Deux-Siciles.
– Ah… Parce que maintenant y’ a deux Siciles?! J’y comprends plus rien!
– Mais non, rassure-toi, Kevin… C’est tout simplement le nom donné à la réunification du royaume de Naples (le bas de la botte italienne) et de l’île de Sicile!
À l’issue de son expédition, Garibaldi parvient donc à libérer la Sicile et Naples. Impressionnés par ses faits d’armes, les États-Unis lui proposent même de devenir Général en chef des Nordistes durant la guerre de Sécession – mais l’Italien décline l’offre. Même les Français acceptent son aide dans la guerre qui les opposent à la Prusse en 1870… Cette fois, Garibaldi accepte et il remporte d’ailleurs une bataille à Dijon contre l’armée prussienne.
Entrée de Garibaldi à Naples
Son surnom devient alors le « héros des Deux-Mondes », en référence à ses victoires en Europe et sur le continent américain. Sans même avoir été candidat, il est élu député à l’Assemblée Nationale française… poste qu’il refuse face à l’hostilité des hommes politiques de droite.
À sa mort, en 1882, Victor Hugo fera une célèbre déclaration : « L’Italie n’est pas en deuil, ni la France, mais l’humanité. » Un des plus beaux hommages qu’un homme puisse avoir. Chapeau bas, Monsieur Garibaldi.
Portrait de Giuseppe Garibaldi en 1866
Cet article a plutôt encensé l’action politique et militaire de Garibaldi. Pour être tout à fait honnête, ce dernier est néanmoins fortement décrié, surtout par les monarchistes, la « droite » et les milieux cléricaux. Sa vantardise et ses frasques vestimentaires hérissent le poil, certains allant même jusqu’à le traiter d' »imposteur ». Quoiqu’il en soit, il reste LE personnage central de la réunification italienne et donc un homme majeur dans la construction européenne.
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Merci pour cet article très intéressant (encore une fois…). Garibaldi, je ne le connaissais que de nom, et ma lacune vient d’être comblée.
Je me laisserais bien tenté par le livre de Max Gallo pour approfondir.
Vous l’avez lu?
Bonjour Hanout,
Non, le livre de Max Gallo sur Garibaldi, je ne l’ai pas encore lu. Par contre, j’en ai lu une bonne dizaine de lui, et c’est un auteur que j’aime beaucoup! Je suis sûr qu’il ne te décevra pas 🙂
Dommage que le sud de l’Italie, après avoir été conquis par les Milles ait été légèrement.. Comment dire? Abandonné peut-être? Je m’explique: il suffit de se pencher un peu sur l’Italie pour s’apercevoir que toute sa richesse est dans le nord du pays (notamment le « triangolo industriale »: Turin-Milan-Gênes) alors que le sud est très pauvres. Comment se fait-ce que ce sud qui était tout de même riche, soit aussi pauvre après l’expédition des Milles?
Il est aussi une autre chose que les italiens que je connais reprochent (mais ici plus à Cavour qu’a Garibaldi, qui lui était républicain si mes souvenirs sont bons)au Risorgimento: la monarchie qui en est issue.
Mais c’est quand même toujours le premier point que j’ai évoqué qui est le plus reproché je crois, par les italiens (du moins par ceux avec lesquels j’ai eu l’occasion d’en parler).
Je signale tout de même au passage que les jeans de Garibaldi sont exposés dans un musée, oui môssieu, et sont les plus vieux existant encore à ce jour. Mais cela, c’est purement anecdotique à coté de ses exploits (dont, *vergogna*, je ne connaissait pas le quart avant de lire cet article, remarquez, le site est fait pour ça non? 😉 )
Quarto est un quartier de Gênes en Ligurie et non un quartier de Naples! Garibaldi part donc du nord de l’Italie pour débarquer en Sicile avec ses mille soldats volontaires.
Garibaldi n’a-t-il pas participé à la victoire de la Commune de Paris en 1871 ?