God save the Queen: l’hymne britannique a été composé en hommage à Louis XIV!
S’il y a bien une chose dont les Anglais sont fiers, c’est leur hymne national! (et leur dessert à base de gelée, aussi, mais on le leur laisse bien)
Quelle déception pour eux s’ils savaient que cet hymne fut écrit et composé par… un Français!
Des explications s’imposent.
La fistule anale de Louis XIV
An de grâce 1686. Louis XIV est au faîte de sa gloire: il profite d’un petit coup de fatigue de l’Espagne et de l’Angleterre pour enchaîner les victoires et jamais son royaume n’a été aussi grand. Le Roi-Soleil aurait tout pour se réjouir… Pourtant, il souffre depuis des mois (depuis le 5 février 1686, pour être précis) d’une fistule anale qui refuse de guérir… C’est ça que de chevaucher à longueur de journée: ça met les popotins à rude épreuve!
[Moment Doctissimo dans 3, 2, 1…]
Une fistule anale est une communication entre une glande normalement présente à l’intérieur de l’anus (glande d’Hermann et Desfosses) et la peau de la région péri-anale. Petit à petit, un tunnel se creuse et traverse les muscles de l’anus (le sphincter). Résultat: un bouton pas joli à voir qui ne cicatrise pas et par lequel s’écoule régulièrement un liquide purulent.
[Et bon appétit bien sûr]
Le médecin du roi, Antoine d’Aquin, est sur les dents. Il tente bien quelques opérations, dont un nettoyage total de la plaie avec un couteau fin et tranchant. Les cris de souffrance du Roi s’entendent par-delà les jardins de Versailles… pour, au final, une efficacité proche de zéro. La médecine traditionnelle étant impuissante, on se rabat vers des charlatans qui accourent des quatre coins du royaume pour vendre leurs élixirs miracles. Avant de les appliquer sur le popotin royal, on essaye les produits sur des fistuleux de basse extraction. Sans résultats.
Mince.
Il reste un dernier recours… la chirurgie (même si le terme semble un peu fort à cette époque où il n’existe ni anesthésie, ni antibiotique – parler de boucherie serait peut-être plus approprié). Le but: extraire toutes les chairs corrompues, et prier le Seigneur que la cicatrisation se fasse sans encombre. Avant de placer Louis XIV sous ses bistouris, le chirurgien du roi, Charles-François Tassy (dit Félix), se fait la main sur 75 patients souffrant de la même maladie. Beaucoup d’entre eux ne survivront pas. Gloups. Mais au fur et à mesure de ses essais, Félix améliore ses outils, qui ressemblent désormais à de véritables engins de torture.
Le 17 novembre 1686, c’est le grand jour. Allongé nu sur son lit, Louis XIV présente son royal anus au chirurgien. Près de lui se tient le père Lachaise – on n’est jamais trop prudent. Miracle, l’opération est un succès! Un peu moins de deux mois après l’opération, Louis XIV gambade même dans les jardins de son château et peut de nouveau monter à cheval!
Félix sera gracieusement remercié par la coquette somme de 50.000 écus (soit l’équivalent de plusieurs millions d’euros. Ça va.) Mieux, il jouit maintenant d’une réputation internationale et peut se prévaloir d’avoir fait un pas de géant dans l’histoire de la médecine!
La fistule anale de Louis XIV
Mais revenons à nos moutons: quel peut bien être le rapport entre la fistule de Louis XIV et l’hymne anglais?
Pour fêter le rétablissement du roi, sa chère Mme De Maintenon décide d’organiser une petite sauterie. Tout le gratin de la Cour est invité, bien sûr. Une certaine Mme de Brinon, religieuse de son état, se met à entonner un poème de sa composition mis en musique par Jean-Baptiste Lully, sobrement intitulé « Dieu sauve le roi ».
♫ Grand Dieu sauve le roi / Longs jours à notre roi / Vive le roi / À lui la victoire / Bonheur et gloire… ♪
L’air a beaucoup de succès et est bientôt fredonné dans toute la capitale… Trente ans plus tard, en 1714, le compositeur George Haendel (né allemand mais devenu sujet britannique), confortablement installé en Angleterre, fait un voyage à Paris où il entend le fameux hymne à la gloire du roi.
– What a wonderful music! Il faut absolutely que je fasse traduire les paroles! s’exclame Haendel.
Et c’est ainsi qu’il demande au poète Henry Carey d’en écrire une version anglaise.
Pas trop préoccupé par les questions de droit d’auteur, Haendel signe alors ce « God save our gracious King » de son nom et le donne à jouer devant le roi anglais George Ier. Succès immédiat! Plus tard, quand la reine Victoria arrive sur le trône en 1837, l’hymne se transforme tout naturellement en « God save the Queen ».
Epilogue
Le « vol » de l’hymne écrit pour le rétablissement de Louis XIV au profit de Haendel et de la Couronne britannique nous est relaté dans les savoureux « Souvenirs de la Marquise de Créquy » dans lesquels la Marquise fait un portrait haut en couleur des mœurs de l’Ancien régime.
Bon, OK, soyons tout à fait honnête… Les historiens anglais réfutent catégoriquement cette version! Encore un point de désaccord entre nos deux nations…
Et, last but not least, faut-il en vouloir à Haendel de nous avoir piqué notre hymne? Non, on lui pardonne aisément. Il est impossible d’en vouloir à un homme ayant composé les plus belles partitions du répertoire baroque, à commencer par son œuvre magistrale Messiah…
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Djinnzz
PS: ça marche aussi en cliquant sur l'image juste en dessous ↓↓↓↓
Tapez « fistule anale » dans les recherche Images de Google et vous ferez des cauchemars pour les 15 ans à venir…
J’veux pas savoir !!!
[…]Le médecin du roi, Charles François Félix[…]
NOOOOOOON !!!!!!!!!! (enfin je crois)
D’après ce que j’ai lu sur le sujet, le médecin de Louis XIV s’appelait Antoine d’Aquin. Charles François Félix n’était juste que le chirurgien du roi et les deux hommes travaillaient souvent ensemble. D’Aquin a sans doute demandé à Félix de faire une opération « chirurgicale », vu qu’il n’arrivait pas à soigner le roi avec ses moyens !
Bon sang mais c’est bien sûr!
Désolé pour cette vilaine confusion que je viens de corriger à l’instant. Ça fait plaisir, y’en a au moins un qui suit! 🙂
Donc les Anglais chantent un hymne à la gloire de la fistule de Louis XIV…
M’étonne pas qu’ils soient pas d’accord avec cette version !
c’est une nouvelle passionnant et aiguiser , je vais le partager cet buzz. merci
Merci pour cette information dont on devine qu’elle ne peut qu’enthousiasmer les Anglais. A-t-on trouvé une partition de Lully ?
J’observe par ailleurs que vous précisez les origines allemandes de Haendel, mais que vous oubliez les origines italiennes de Lully…
Rien n’est simple !
Vous avez oublié de mentionner le traitement de consolidation post-cure de Daquin ( ou d’Aquin) après l’opération de Félix, à base de china-china, liqueur à base de quinquina et d’oranges amères. un vrai miracle !
La vidéo ne semble plus valable. Vous n’aurez pas de mal à la remplacer, à mon avis. Vous avez vu que la partition est disponible en téléchargement gratuit sur https://www.partitionsdechansons.com/ ? Autant en profiter 🙂
L’anecdote,est vraie,sauf que cette chanson et son air était tombé en désuétude,pourquoi,parce que cette création ,ou plutot cet air était associé à un malheur,celui de Lully,lors d’une représentation,Lully dirigeait son orchestre comme à l’ordinaire,en battant la mesure,avec une canne à pommeau comme on le faisait à l’époque ,maintenant il est vrai la baguette est plus pratique,on frappait le sol souvent violemment pour marquer la mesure,l’impensable arriva et Lully tout à sa mesure se trans perça le pied,avec sa canne.La médecine étant ce qu’elle était à l’époque Lully avait peut etre aussi des maladies latentes comme le diabète,la gangrène se mis dans le pied du musicien,et il entra bien vite en agonie et mourut,La chanson et l’air fut abandonné car lié ,à un malheur.Le musicien allemand,a vu que si son avenir était bouché en France,il pouvait l’exploité ailleurs,bien vu.
La partition est téléchargeable en pdf ici : https://www.partitions-domaine-public.fr/pdf/8415/hymne-national-britannique-god-save-the-queen.html