Les débuts difficiles d’Henri IV, nouveau roi de France
Cet article fait directement suite à la guerre des Trois Henri durant laquelle Henri de Navarre parvient à tirer son épingle du jeu.
Le 4 août 1589, à la mort d’ Henri III, Henri IV est donc proclamé roi de France par les troupes rassemblées à Saint-Cloud pour le siège de Paris – la capitale étant encore aux mains des Ligueurs catholiques. Seul problème: il n’est pas le seul à se faire proclamer roi! De son côté, sous l’influence de la famille des Guises (encore eux), le parlement de Paris place le duc de Bourbon sur le trône. Celui-ci prend alors le nom de Charles X. Deux rois pour une seule couronne: on voit vite le problème! C’est donc reparti pour une petite guerre, activité très à la mode à l’époque. D’un côté, le protestant Henri IV, de l’autre le catholique Charles X piloté en sous-main par le duc de Mayenne.
Les deux adversaires se rencontrent sur le champ de batailles à Arques (située dans la Seine-Maritime actuelle) le 21 septembre 1589, puis à Ivry. Malgré le soutien du Pape et de Philippe II d’Espagne, l’armée catholique dirigée par le duc de Mayenne perd les deux batailles.
Henri IV à la bataille d’Arques, Anonyme
Entre temps, le « deuxième » roi de France Charles X meurt. Ce qui n’empêche pas les Ligueurs de tenir la ville de Paris et de vouloir continuer la lutte!
– Mais je ne comprends pas… C’était qui ces « Ligueurs »?
– Ce sont les membres de la Ligue de la Sainte-Union fondée par le duc de Guise en 1576 pour lutter contre l’influence protestante.
– Tout se ramène donc encore une fois à l’éternel conflit entre catholiques et protestants?
– C’est tout à fait ça! Pour les catholiques, il est inconcevable qu’un huguenot s’assoit sur le trône de France. Certains d’entre eux ont même des pensées anti-royalistes: lorsque Paris est entre leurs mains, la ville connaîtra un avant-goût de la Terreur républicaine de Robespierre…
Henri IV poursuit ses conquêtes militaires en s’emparant de Chartres en 1591 et en battant définitivement le duc de Mayenne. Sous la pression politique, il est fortement invité à abjurer sa religion et à embrasser le catholicisme. Cela ne devrait pas lui poser de problèmes, lui qui a déjà changé 3 fois de religions au cours de sa vie! Après maintes hésitations, Henri IV abjure finalement le protestantisme le 25 juillet 1593 en la basilique Saint-Denis. C’est lors de cette cérémonie que son conseiller aurait formulé la célèbre phrase : « Paris vaut bien une messe ». Plus tard, le « Jarnicoton » d’Henri IV rentrera dans la légende!
Épilogue
Après 5 ans de lutte acharnée, Henri IV se fait enfin sacrer roi de France à Chartres en 1594 et rentre triomphalement dans Paris. Il est le fondateur de la dynastie des Bourbons qui régnera pendant 200 ans sur la France.
____________________________________
Vous avez aimé cet article ? Alors j'ai besoin de vous ! Vous pouvez soutenir le blog sur Tipeee. Un beau geste, facile à faire, et qui permettra à EtaleTaCulture de garder son indépendance et d'assurer sa survie...
Objectif: 50 donateurs
Récompense: du contenu exclusif et/ou en avant-première
Je vous remercie pour tout le soutien que vous m'apportez depuis maintenant 5 ans, amis lecteurs!
Djinnzz
PS: ça marche aussi en cliquant sur l'image juste en dessous ↓↓↓↓
J’ai lu tout les articles que vous avez écrits sur Henri IV. Cela commence à être complet mais il y aurait encore tant à dire…
J’espère me motiver un jour et vous donner la main en devenant rédacteur sur notre Henri IV national. Cela me démnage mais il faut que je passe à l’acte…
Vive l’histoire de France et vive ceux qui la font découvrir!
En fait, il y a eu deux Charles X? Pourquoi celui du 18e s ne s’est pas appelé Charles XI?
Pour répondre à br: il y a eu en effet deux Charles X, mais le premier n’a pas été reconnu officiellement dans l’Histoire de France.
Je m’explique:
Le Charles X dont parle l’article est en réalité l’archevêque de Rouen, reconnu par la Ligue comme étant l’héritier du trône de France en 1589. Il est proclamé par le Parlement de Paris sous le nom de « Charles X » (1589) avant de mourir l’année suivante.
Et d’une, normalement, un roi ne se « proclame » pas, il tient son pouvoir du droit divin. Une subtilité qui peut paraître anecdotique mais qui a toute son importance: enlever au Roi son sang divin, et ses vassaux n’ont plus aucune raison de lui obéir!
Et de deux, il n’a jamais régné sur la France dans son entier, mais uniquement sur Paris, seul lieu que les Ligueurs avaient en leur possession.
Et de trois, les vainqueurs (donc Henri IV) ont toujours raison (Vae Victis comme dirait Brennus – cf. un autre article sur ce site que je viens de lire ;). Un point c’est tout.
C’est pour cela que « ce » Charles X (qu’on appelle de son vrai titre Charles Ier de Bourbon pour éviter la confusion) ne rentre pas dans la liste « officielle » des rois de France. Il n’y avait donc aucune raison pour que Charles X (le vrai, ce coup-ci, qui régna entre 1824 et 1830) ne s’appele Charles XI!
Pour l’anecdote, et ce que l’article ne dit pas, c’est que le « faux » Charles X n’est ni plus ni moins du propre oncle de Henri IV.
Quel bordel, ces rois de France (mais c’est ça qui est bon)
Erreur dans mon précédent message (pas de bouton « éditer »?). Il fallait lire:
*Pour l’anecdote, et ce que l’article ne dit pas, c’est que le « faux » Charles X n’est ni plus ni moins que le propre oncle de Henri IV.
Merci pour cette réponse complète 🙂
Tout ça pour inventer la poule-au-pot…
Quel gâchis! 😆
Dans cet article, Henri IV sort un peu ex-hihilo pour « fonder la dynastie des Bourbons ».
Pour compléter, les « Bourbons » sont la branche cadette des capétiens, descendants de Louis IX (le Saint) par le le frère cadet de Philippe III « le Hardi », Robert de France (*1256+1317).
Au lieu de s’appeler « Bourbon » ils ont manqué de peu de s’appeler « de Clermont ».
En effet, le frère de Philippe III « le Hardi » s’appelait Robert de France, comte de Clermont.
Il avait épousé en 1272 Béatrice de Bourgogne, héritière de Bourbon. A partir de ce moment, toute la lignée masculine de la branche adopte le nom de cette femme, « de Bourbon ».