La Bataille de l’Écluse: la Guerre de Cent ans démarre mal!
Nous sommes le 24 juin 1340, dans le port de l’Écluse situé non loin de la ville de Bruges, dans l’actuelle Flandre.
La Guerre de Cent ans vient de démarrer et le roi de France Philippe VI veut en découdre avec l’armée anglaise. C’est que le roi anglais Édouard III devient plutôt menaçant! Il soutient les Flamands qui le considèrent maintenant comme le seul roi de France légitime. Édouard III compte bien se servir de ce soutien de poids dans sa lutte intestine avec le monarque français et s’apprête à débarquer avec 20.000 de ses hommes à l’Écluse. Bien sûr, Philippe VI ne l’entend pas de cette oreille. Il faut à tout prix empêcher ce débarquement! Il poste donc lui aussi 200 navires de combat et plus de 20.000 hommes au niveau de ce port stratégique. La flotte française, impressionnante, est dirigée par deux amiraux pleins de bonne volonté, Messieurs Bouvard et Pécuchet Quiéret et Béhuchet, mais malheureusement marins très peu expérimentés.
Les deux hommes ont une idée de génie! Pourquoi ne pas attacher les navires entre eux et les disposer de telles sortes à former une muraille infranchissable? Avec un tel dispositif, jamais l’ennemi ne parviendra à débarquer!
– Ah ha ah! Alors, les British, c’est qui les plus malins, hein? C’est qui?
Malheureusement, les deux amiraux mettent leur plan à exécution, contre l’avis des marins génois qui ont rejoint les rangs français. Ils font donc ranger les navires sur trois rangs et les enchaînent les uns aux autres.
– Bon, forcément, ça limite un peu les possibilités de manœuvres…
– Nan, mais on s’en fout, ça… Ce qui compte, c’est de les empêcher de passer!
Les Anglais, voyant cet attroupement de navires, n’en croient pas leurs yeux et se frottent les mains! Profitant des vents et de la marée qui leur sont favorables, ils donnent tout simplement l’ordre aux archers de couvrir de flèches cet ensemble difforme de navires. Et c’est parti pour un massacre en règle – on imagine qu’ils ont dû y aller à cœur joie! Ils passent ensuite à l’abordage. Pris de panique, la plupart des soldats français sautent à l’eau et périssent noyés.
– Putain, Quiéret, je te l’avais dit que c’était pas une si bonne idée que ça, bordel!
– Ouais, mais bon… C’est quand même pas de ma faute, à moi, si nos marins savent pas nager!
Le bilan du combat est désastreux pour les Français: plus de 15.000 morts et la quasi-totalité de la flotte est détruite (à peine quelques vaisseaux français parviennent à se libérer et échappent au carnage), contre 9000 morts côté anglais mais pas le moindre dégât matériel… Quant aux deux amiraux de génie, ils ne déméritent pas pendant la bataille et combattent vaillamment. Ils parviennent même, avec leur nef Le Thomas, à aborder le navire d’Édouard III et à le blesser légèrement. Ils connaissent par contre, comme leurs hommes, un destin funeste: finalement capturés par les Anglais au cours de la bataille, ils sont aussitôt décapité pour l’un et pendu pour l’autre.
Après la victoire éclatante lors de la Bataille de Bouvines en 1214, l’honneur français est de nouveau au plus bas! Quant à la flotte anglaise, elle possède le contrôle des mers pendant de longues années encore… Mais la guerre de 100 ans vient à peine de démarrer. Les Français auront-ils l’occasion de prendre leur revanche? La suite, au prochain numéro!
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Le parallèle entre Bouvard et Pécuchet / Quiéret et Béhuchet est très bien trouvé, j’ai bien rigolé.
Pas grand chose de plus à dire sur cette bataille si ce n’est que les Français vont prendre cher dans les 50 années à venir (Azincourt,…)
Hâte de lire comment vous traiterez toute cette période.
LOL
Je sais pas qui c’est Bouvard et Pécuchet donc j’ai pas compris la vanne. Mais sinon j’aime bien lire ce que vous écrivez, ça donne l’impression de devenir plus intelligent.
L’Amiral Brueys referra exactement la même erreur à Aboukir et encore face au anglais et le fameux amiral Nelson.
Suite à cette erreur grossiere de l’amiral francais, Napoleon perdit tout espoir de gagner la bataiile des mers.
Les décisions absurdes de ce genre sont toujours un régal à analyser des années apres.
Le coup des bateaux liés entre eux m’a fait tout de suite pensé aux bateaux que Xerxès avait attaché entre eux pour former un immense pont entre l’actuelle Istanbul et la Grèce. Le but voulu n’est pas le même, mais la catastrophe est la même: une tempête s’est levée et avait détruite toute la flotte perse. Xerxès avait d’ailleurs fait fouetter la mer pour se venger!
J’avais vu un film asiatique dont je ne me rappelle ni le titre ni le réalisateur… dans lequel l’empereur avait mis cote à cote tous ses bateaux (une flotte impressionnante) et l’armée adverse s’est contentée de craquer une allumette pour tout faire flamber… Quelqu’un s’en rappelle? Je crois que c’était tiré d’une bataille s’étant réellement déroulée…
L’Histoire de la Chine est super intéressante, j’avais lu un livre dessus que j’ai oublié, mais je me rappelle qu’il y avait des épisodes passionnants! Vous pourriez peut-être nous gratifier de quelques articles sur ce sujet à l’occasion?
Bref, l’Histoire nous montre qu’avoir des navires de guerre, c’est bien, savoir s’en servir, c’est mieux!