La Bérézina: ça rime avec Barbarossa
Quand j’étais petit, je croyais que la Bérézina, c’était une marque de céréales. Mais, après, je me suis rendu compte que je confondais avec Blédina.
Alors que les choses soient bien clairs. La bataille de la Bérézina est une défaite de l’armée napoléonienne. Mais en fait, c’est quand même une victoire. Mais ça reste une défaite.
– Euh…
– Quoi, encore, Kevin? Je ne suis pas clair, c’est ça?
– Ben…
– Ok, c’est bon, tu as gagné. Je m’explique.
En 1812, Napoléon est au sommet de sa gloire. Après avoir conquis une bonne partie de l’Europe, il se dit que Moscou serait une belle ville à ajouter à son palmarès. On ne devient pas Maître du Monde en restant les bras croisés! Et puis, il trouverait toujours un frère ou un cousin à installer à la place du Tsar.
C’est ainsi que sa Grande Armée traverse l’Europe de l’Est pour en découdre. Mais, aucune bataille ne se profile à l’horizon. Ces lâches de Ruskoffs s’enfuient et s’enfoncent toujours plus profondément à l’intérieur des terres, en prenant bien soin de tout brûler sur leur passage. C’est la technique de la terre brûlée, utilisée 130 ans plus tard face aux troupes d’Hitler…
L’armée de Napoléon ne trouve donc que cendres et désolation sur leur parcours. Mais comme il n’y a rien à faire d’autre que d’avancer, et ben, ils avancent.
La Grande Armée avance tant et si bien qu’elle se retrouve aux portes de Moscou. Mais après avoir (enfin !) battu les Russes sur le champ de bataille, un incendie monstrueux se déclenche dans la ville…
Napoléon se dit alors que, quand même, il ne va pas avancer comme ça jusqu’à Vladivostok. Et il décide de rentrer. Son voyage retour reste graver dans l’Histoire sous le terme laconique de « retraite de Russie ». Moi, j’aurais plutôt appelé ça la « pitoyable retraite de Russie », parce que ça colle quand même plus à la réalité.
– Et sinon, la Bérézina….?
– Tais-toi, Kevin. C’est moi qui parle.
Je suis sûr qu’une question vous brûle les lèvres… En quoi le voyage retour peut-il être plus pitoyable que le voyage aller?
– M’sieur, en quoi le voyage retour peut-il être plus pitoyable que le voyage aller?
– Très bonne question, Kevin. Je vais te répondre.
Et bien il y a un ennemi qui s’invite: l’hiver! Et en hiver, en Russie, il fait froid! Le thermomètre frise les -30°C! Et les Russes qui, à l’aller, s’enfuyaient devant l’armée, sont maintenant à leurs trousses et les harcèlent!
Bientôt, l’Armée française est acculée à une rivière, la Bérézina, au niveau de l’actuelle Biélorussie. L’armée russe a détruit les ponts, et le seul endroit praticable est au niveau d’un gué, où il est possible aux ingénieurs de Napoléon de construire des ponts à la hâte.
En attendant, la position stratégique des troupes est déplorable: acculées, elles peuvent se faire décimer à tout moment par trois corps d’armées russes qui les prennent en tenaille. Le génie stratégique de Napoléon permet de sauver les meubles. En organisant des opérations de diversion, il permet à son armée de traverser la rivière.
Mais de nombreux retardataires n’ont pas le temps de traverser. Pour protéger son repli, Napoléon donne l’ordre d’incendier les ponts. Des milliers d’hommes et de femmes se retrouvent piégés, se jettent dans les flammes ou dans l’eau glacée. Un dommage collatéral acceptable pour l’Empereur, sans doute…
La Grande Armée était composée de plus de 400.000 hommes au début de la campagne. Moins de 40.000 en rentreront vivants.
Allez savoir pourquoi, la bataille de la Bérézina, au milieu d’une déroute totale, est considéré comme une victoire. Quoiqu’il en soit, le terme est maintenant entré dans le langage courant pour désigner une déroute catastrophique.
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bien sûr il est courant de qualifier Napoléon de tyran sanguinaire. En effet il l’était. Mais il n’était pas que cela, c’était un génie précurseur des temps à venir. Quoiqu’il en soit tous les grands capitaines de l’histoire
ont été adulés et ensuite vilipendés.
Rectification au niveaux des chiffres :
L’armée qui envahit la Russie le 22 juin 1812 est composé de 690 000 hommes environs (et non pas 400 000). Par contre, 400 000, c’est le nombre de français la constituant. Il ne faut pas oublier que parmi cette armée, il y a aussi des autrichiens, des polonais, des italiens et une multitude d’allemand (et j’en oublie !).
Et au niveau du nombre de morts, la campagne de Russie s’est soldée par grosso modo 200 000 morts du côté de Napoléon et ses alliés. Il y a donc eu un peu de moins de 500 000 survivants. Mais 40 000, c’est le nombre d’homme qui ont retraversé le Niémen (frontière entre la zone française et l’Empire russe) avec Murat. Le reste ont été soit fait prisonniers (~ 200 000 h), soit ont déserté avant la prise de Moscou (~ 150 000 h), soit sont restés en russie pour y vivre ou pour demander un abris.
Merci pour ces éclaircissements qui étaient, il est vrai, nécessaires!