La misérable vie de Léon, fils d’Empereur
Napoléon Bonaparte commence sérieusement à s’inquiéter. Voilà onze ans qu’il tente d’avoir un fils avec sa tendre Joséphine qu’il a tant aimée, mais le ventre de cette dernière reste désespérément plat. Joséphine ayant déjà eu deux enfants d’un précédent mariage, se pourrait-il que le problème vienne de lui? Lui, le Corse au sang bouillant, l’homme fier qui fait trembler l’Europe entière? Est-il condamné au triste destin d’Alexandre le Grand dont la plus grande faute fut de ne point avoir d’héritier?
On imagine donc facilement la joie de l’Empereur lorsqu’il apprend que sa maîtresse, la belle Éléonore Denuelle de la Plaigne, vient de mettre au monde son premier fils. Allelujah! Le problème vient donc bien de cette satanée Joséphine… Un jour viendra où il devra définitivement couper les ponts avec cette femme qu’il a aimé comme un fou mais dont les manigances et la vie volage lui a brisé le cœur. En attendant, c’est jour de fête! Car nous sommes en décembre 1806 et ce fils inespéré, c’est un peu la cerise sur le gâteau: Napoléon est au sommet de sa gloire! Il vient d’écraser les Prussiens deux mois plus tôt pendant la bataille d’Iéna et sa Grande Armée semble invulnérable.
Éléonore Denuelle de la Plaigne, maîtresse de Napoléon Ier et mère de Léon
En attendant, comment peut-il bien appeler ce nouveau-né? Ce bâtard, tout fils d’Empereur qu’il est, ne pourra jamais prétendre à la succession de son père. Caroline Murat, la sœur de Napoléon, lui souffle une idée de génie.
– Frérot, et si tu lui donnais la moitié de ton prénom?
– Napo? Tu trouves ça joli, toi?
– Mais non, l’autre moitié! Léon, c’est plutôt mignon, non?
– Ouais, super idée! En plus, c’est aussi la moitié du prénom de sa mère, Éléonore. Merci frangine, t’es trop forte!
Et voilà notre chérubin affublé de la moitié du prénom de son père et de sa mère: à peine né, et le voilà déjà destiné à n’être qu’une demi-portion! Pourtant, son père déploie pour lui des trésors d’amour et de tendresse. Du moins, jusqu’à la naissance du petit frère de Léon le 20 mars 1811. Cet enfant-là, c’est le fruit de l’union entre Napoléon et sa deuxième épouse Marie-Louise d’Autriche: il est l’héritier légitime de l’Empire et toute l’affection de Napoléon Ier se porte naturellement vers lui. Ce fils bien-aimé, l’Aiglon comme on le surnomme, régnera d’ailleurs sur la France sous le nom de Napoléon II pendant une quinzaine de jours, à l’âge de 4 ans!
La naissance de ce petit frère, c’est le coup de grâce pour Léon. Rejeté par ses parents, il est élevé et placé sous la responsabilité de tuteurs. La tâche est ardue pour eux tant l’enfant est désagréable et bon à rien! Arrive l’âge de l’adolescence. Le jeune homme n’a pas vraiment d’ambition et préfère passer son temps à festoyer et dilapider l’argent familial. Car même si son père ne lui a plus témoigné le moindre geste d’affection depuis bien longtemps, il se montre tout de même assez généreux en lui accordant une rente mensuelle confortable et en le couchant sur son testament à hauteur de plusieurs centaines de milliers de francs. A la mort de l’Empereur déchu, le 5 mai 1821, Léon a une quinzaine d’années et se trouve donc à la tête d’une petite fortune.
Abandonnant bien rapidement ses études de droit, il commence alors une vie de débauche entre tripots sordides, salles de jeux malfamées et lupanars. Pour travailler son image et rappeler sa noble origine, il va s’autoproclamer comte en 1826. « Comte Léon », ça en jette quand même plus, non? Ce titre sorti de nulle part lui sera d’ailleurs bien pratique pour convaincre ses créanciers de lui prêter toujours plus d’argent et continuer à mener son train de vie dispendieux.
Le Comte Léon s’enfonce de plus en plus dans la fange. Devenu facilement irritable, très certainement frustré de n’être point à la hauteur de son illustre père, il tente de remonter la pente en s’engageant dans la garde nationale. Cette nouvelle carrière militaire qui s’ouvre à lui le remplit d’espoir et d’orgueil. C’est décidé, il deviendra un Grand Homme et s’illustrera brillamment sur le champ de bataille!
Mais les vieux démons refont très vite surface… Son sale caractère est incompatible avec l’esprit militaire et il se fait révoquer de la garde nationale au bout de deux ans de service. Sans un sou, criblé de dettes, il fait même un petit tour par la case prison.
De vaurien à voyou, il n’y a souvent qu’un pas que Léon s’empresse de franchir. À sa sortie de prison, il fait la rencontre de Dame Lesieur, une magnétiseuse, qui devient sa maîtresse. Seul hic: celle-ci vit déjà avec un amant. Qu’à cela ne tienne! C’est en trio qu’ils monteront des escroqueries en tous genres! Les larcins s’enchaînent… Mais, sans doute dans un éclair de lucidité, Léon décide un beau jour (enfin!) de lâcher cette vie peu reluisante et s’embarque pour l’Angleterre à la rencontre de son cousin Louis-Napoléon – le futur Napoléon III. La joie des retrouvailles passée, Léon tente misérablement de récupérer quelques milliers de francs auprès de lui (on ne se refait pas).
Napoléon III, Empereur des Français de 1851 à 1871
Après d’autres aventures en tous genres dont la médiocrité semble être le seul fil conducteur, Léon se marie finalement à une jeune femme qui lui donnera 6 enfants. C’est en sa compagnie qu’il finit sa vie misérablement, dans un appartement miteux dont il dû vendre tous les meubles. Il succombe d’un cancer des intestins – une maladie qu’il a hérité de son père – à l’âge de 74 ans, bourré de chagrin et de regrets. Il y eut un Napoléon III, un Napoléon II et un Napoléon Ier… Léon restera quant à lui gravé dans l’Histoire sous le sobriquet de Napoléon Zéro!
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Petite rectification sur Alexandre le Grand
Alexandre à eu deux fils avec Roxane. Un premier fils nait de cette union donna à Alexandre un fils qui malheureusement qui ne vivra pas. Après sa mort, Roxane lui donnera un fils posthume. Malheureusement, Cassandre fera périr Alexandre IV en 310 av.JC
« Joséphine ayant déjà eu deux enfants d’un précédent mariage » : Oui, il s’agit d’Eugène et d’Hortense de Beauharnais.
Eugène participe d’ailleurs à la campagne d’Égypte avec Napoléon.
On a souvent tendance à taper sur Joséphine (c’est vrai qu’elle a eu un comportement inadmissible avec Napoléon, notamment pendant la première campagne d’Italie et la campagne d’Égypte).
Il ne fau pas oublier qu’à son retour d’Aboukir à sa maison rue de la Victoire, Napoléon a la ferme intention de divorcer.
Mais devant les excuses insistantes (surement pas très sincères – mais Napoléon s’en rend bien compte) il continue de vivre avec elle.
C’est en grande partie grâce à elle que Napoléon réussit son coup d’État face au Directoire et devient premier Consul. (Elle connaît – intimement… – beaucoup de membres influents du Directoire et son action pour l’accès au pouvoir de son mari est déterminante.
Voilà, juste un petit commentaire pour rétablir l’honneur de Joséphine!
Sinon, bon article sur Léon, dont je connaissais l’existence mais par le parcours. Bravo à vous pour votre écriture fluide et très agréable à lire.
Un style très hautain, des références plus que vagues, et un ton qui se veut drôle sans du toutl’être. Il manque le respect du sujet… Ça ne marche pas du tout.
Lorsqu’il apprit qu’Eléonore Denuelle était enceinte et qu’il pourrait être le père de l’enfant à naître, Napoléon a conçu d’abord quelques doutes et ne fut certain de la stérilité de Joséphine qu’après la naissance de son autre fils illégitime : Alexandre Walewski, fruit de ses amours avec Marie Walewska, qui était une femme vertueuse.
Napoléon, homme d’honneur, les éleva au rang de comte et les dota confortablement.
Alexandre Walewski connut un tout autre destin que celui du comte Léon. Il fut ambassadeur puis ministre de son cousin Napoléon III et joua à ce titre un rôle notable durant le second empire.
S’agissant de Joséphine, Napoléon l’a toujours aimée. La décision qu’il dût prendre pour mettre fin à leur union fut très difficile. Mais au delà de l’homme, l’Empereur devait assurer la continuité de sa dynastie.
Napoléon et Joséphine gardèrent des relations affectueuses. Il allait la voir parfois à la Malmaison et pour répondre à la demande de Joséphine, il vint avec le roi de Rome, son fils légitime, à l’occasion de l’une de ses visites.
Napoléon fut informé de la mort de Joséphine lors de son exil à l’Ile d’Elbe et il en conçut un profond chagrin.
Il l’évoqua souvent auprès de ses compagnons de Sainte-Hélène, comme en témoigne la lecture de leurs mémoires, qui se recoupent sur ce point.