La perfidie du Cauchon : le procès de Jeanne d’Arc (1431)
Cauchon, l’évêque au nom prédestiné
Cauchon ! Cauchon ! Cauchon !
Serpent
Âne
Mouton
Honegger ne s’était pas trompé
En comparant l’évêque de Beauvais à une ménagerie [1Dans la scène 4 nommée “Jeanne livrée aux bêtes” de son oratorio Jeanne au Bûcher (1935), le compositeur Arthur Honegger joue avec l’homonymie entre Pierre Cauchon, l’évêque qui préside le procès de la Pucelle d’Orléans, et un cochon : L’APPARITEUR : Qui se propose pour juger Jeanne d’Arc ? – PORCUS : Moi ! Moi ! Moi ! Moi ! Je me propose pour juger Jeanne d’Arc. – L’APPARITEUR : Qui êtes-vous ? Comment vous appelez-vous ? – PORCUS : Ego nominor Porcus. Je m’appelle Cauchon ! Moi, moi. Je suis, je suis le Cauchon !]
Jeanne entre dans la salle avec sa naïveté déconcertante
sa pureté
l’air décati
mais la verve fraîche.
Cauchon prend la parole.
Premier jour ;
“Jeanne ! Lève-toi !
Jure sur les Évangiles de dire la Vérité”
Jeanne jure
mais affirme qu’elle parlera de façon sincère sur
sa vie
ses faits d’armes
ses faiblesses
Quant aux révélations que Dieu lui a glissées à l’oreille
Celles-là, elle les réserve à son seul roi.
Le décevant petit roi de Bourges
Charles VII.
Le petit roi de Bourges [2Réfugié à Bourges alors que les Bourguignons, alliés aux Anglais, prennent le pouvoir dans la capitale, le dauphin Charles gagne le surnom ironique de “petit roi de Bourges”.]
Ce petit roi devenu grand grâce à elle
Ce grand roi rendu si petit par son inaction
Pas un geste pour l’aider
la soutenir
la sauver.
Quand ses conseillers parlent de Jeanne, il ne sait réprimer un rictus narquois
Son arrestation fait bien ses affaires
Le prestige royal ne saurait souffrir de l’ombre que lui fait une illuminée.
Jeanne devenait encombrante
Lui, il a une guerre à terminer
Une guerre qui n’a d’ailleurs que trop duré. [3Bien sûr, l’expression de la “guerre de Cent ans” est anachronique. Charles VII ne pouvait ainsi penser le conflit séculaire qui opposait la France à l’Angleterre. Ce n’est d’ailleurs qu’au XIXe siècle que l’expression “Guerre de Cent Ans” s’impose pour qualifier le conflit qui dura de 1337 à 1453.]
Que les Anglais fassent ce qu’ils veulent d’elle ;
Que Cauchon joue son rôle ;
Et que le soleil rayonne à jamais sur le royaume de France.
Cauchon ! Cauchon ! Cauchon !
Serpent
Âne
Mouton
Le procès
Les questions fusent, mais Jeanne reste fidèle à ses principes.
Opposant aux hommes d’Église devant elle
la volonté divine qui lui impose le silence.
Malaise dans l’Assemblée.
Les ecclésiastiques pris à leur propre piège.
Comment reprocher à l’accusée
un comportement qu’elle tiendrait du Seigneur en personne ?
Reste à prouver qu’elle est folle.
Ou, mieux, hérétique.
Devineresse.
Fausse-prophétesse.
Sorcière.
Et que fait-on des sorcières ?
Jean Beaupère, ami de Cauchon, trouve enfin la question.
Celle qui n’a pas de bonne réponse.
“Savez-vous si vous êtes en la grâce de Dieu ?” [4On connaît précisément les questions posées à Jeanne et les réponses qu’elle apporta grâce aux manuscrits d’Urfé et d’Orléans qui retranscrivent le contenu du procès.Cette réponse de Jeanne porta un grand coup au moral des ecclésiastiques chargés de la juger (ou plutôt chargés de la condamner). Les réponses de Jeanne étaient brillantes, intelligentes, inspirées. Difficile dans ce contexte de trouver la moindre faille dans son système de défense pour la condamner. ]
Jeanne marque-t-elle un temps de réflexion ?
Comprend-elle que sa vie est suspendue à cette réponse ?
Si elle dit oui,
elle passe pour orgueilleuse et arrogante,
car un être humain ne peut se prévaloir de la grâce de Dieu.
Si elle dit non, elle signe aussi son arrêt de mort :
ne pas avoir Dieu à ses côtés, et c’est toute sa défense qui s’écroule.
Un silence pesant règne dans le tribunal
Le temps suspend son vol
Les ecclésiastiques ne respirent plus
L’Inquisiteur [5L’Inquisition est bien présente lors du procès de Jeanne d’Arc. Elle est représentée par le vice-inquisiteur de Rouen, le Frère Jean Le Maître. Attention cependant à ne pas tomber dans l’image d’Épinal d’une Inquisition indigne de l’Église, condamnant aux bûchers à tour de bras et faisant régner la terreur sur le territoire. La réalité historique est bien plus nuancée que cela. D’ailleurs, c’est aussi un inquisiteur, Jean Bréhal, qui présidera le procès en réhabilitation de Jeanne d’Arc en 1456.] lance un regard complice à Jean Beaupère.
Gloire à lui pour avoir trouvé la faille !
Bientôt Jeanne prend la parole
Une fois de plus, elle étonne
et détonne.
La réponse de Jeanne qui change tout
“Si je n’y suis, Dieu m’y mette ; et si j’y suis, Dieu m’y tienne.”
Avant d’ajouter :
“Je serais la plus dolente [6dolent, adj. Celui qui a mal, celui qui souffre.] du monde si je savais n’être pas en la grâce de Dieu.
Et, si j’étais en péché, je crois que la voix ne viendrait pas à moi.”
On ne peut piéger quelqu’un qui parle avec son cœur.
Râté, une nouvelle fois
Ses accusateurs désespèrent
et restent silencieux.
Que peut-on reprocher à Jeanne, exactement ?
Elle partit de son village natal quelques années auparavant
Guidée par des voix
Elle se mit au service de son roi
Conquit pour lui Orléans,
Lui fit traverser un territoire occupé par l’ennemi
Le fit sacrer à Reims.
Cette femme est un homme de guerre comme les autres.
Capturée par les Bourguignons
Vendue aux Anglais
Et amenée à Rouen.
Il est alors courant de capturer des personnages importants
On se contentait de réclamer des rançons et de les rendre à leur roi.
Ainsi allait la guerre depuis des siècles.
Alors, pourquoi Jeanne ?
Pourquoi cet acharnement ?
Parce qu’elle était femme.
Par sa foi, elle faisait de l’ombre aux hommes d’Église
Par sa vaillance, elle faisait de l’ombre aux hommes d’armes
Par son prestige, elle faisait de l’ombre au roi.
Un procès politique, bien sûr
Mais les Anglais ont une autre idée en tête
Atteindre Jeanne, c’est atteindre Charles VII.
Faire d’elle une sorcière, c’est faire du roi de France un suppôt de Satan.
Comment le peuple de France pourrait-il accepter un roi
Qui aurait gagné sa Couronne par l’intervention du Malin ? [7Paradoxalement, c’est d’ailleurs pour cela que, quelques années après le jugement de Jeanne, Charles VII lance un procès en révision. La réhabiliter, c’est faire en sorte que l’Histoire ne retienne pas qu’il devait son trône à une sorcière.]
Ainsi réfléchissent les Anglais.
Et ainsi obéit Cauchon.
Cauchon ! Cauchon ! Cauchon !
Serpent
Âne
Mouton
Mais l’accuser d’être sorcière n’est pas suffisant.
Pour marquer les esprits, il faut le prouver par des arguments irréfutables.
Un procès est idéal
Comment une jeune pucelle pourrait-elle faire le poids
face aux 120 esprits les plus brillants du royaume ?
Elle s’effondrera.
Bredouillera.
Se contredira.
Et l’estoc final l’anéantira.
Après la réponse de Jeanne à la question de Jean Beaupère
Tous prennent conscience d’une chose.
Jeanne est plus brillante qu’eux.
Le cœur de certains vacille.
Se pourrait-il qu’elle soit portée par Dieu, comme elle le prétend ?
Sont-ils en train de condamner au supplice
une envoyée divine ?
Se faisant, ne seraient-ils pas en train de vouer leur propre âme à l’Enfer
aux infinis tourments ?
Cauchon lève la séance.
Cauchon ! Cauchon ! Cauchon !
Serpent
Âne
Mouton
Il faut remobiliser ses troupes.
Les galvaniser.
Les menacer.
Les contraindre. [8Lors du procès en réhabilitation de Jeanne de 1456, les nombreuses entorses à la procédure sont mise à jour. Des personnes ayant participé au procès témoignent des pressions que l’évêque de Beauvais leur a fait subir pour qu’ils gardent le cap des accusations et ne se laissent pas envahir par le doute.]
Face à 120 juges, Jeanne d’Arc prend l’ascendant
Mais les jours qui suivent,
Les questions posées laissent entendre le trouble des juges.
Cauchon lui-même finit par demander à Jeanne
Quel danger les menace, s’ils la condamnent à mort.
Un juge qui demande à l’accusée s’il peut la condamner sans risque pour sa propre existence !
Un évêque qui s’en remet à une pécheresse pour le Salut de son âme !
Et Jeanne qui irradie.
Et Jeanne qui répond.
Et Jeanne qui menace.
“Vous dites que vous êtes mon juge, je ne sais si vous l’êtes,
mais avisez-vous bien de ne pas juger mal,
vous vous mettriez en grand danger.
Et je vous en avertis,
afin que, si Notre-Seigneur vous en châtie,
j’aie fait mon devoir de le vous dire.”
Elle sème le trouble.
Le procès est un fiasco. Aucune charge ne peut être retenue contre elle.
Mais les Anglais ne peuvent se permettre de perdre la face.
Il faut condamner Jeanne.
Coûte que coûte.
On songe à la torturer
Mais Jeanne, trop affaiblie, risque d’en mourir,
ce qui n’est pas du tout le but recherché.
Alors Cauchon va jouer son rôle de caution morale et judiciaire
à merveille.
Cauchon ! Cauchon ! Cauchon !
Serpent
Âne
Mouton
Une histoire de vêtements
Il y a une accusation contre laquelle Jeanne ne peut se défendre.
Cauchon brandit le Deutéronome [9Livre de l’Ancien Testament qui contient notamment le récit des derniers discours de Moïse aux Israélites. Il y est écrit : “Une femme ne portera point un habillement d’homme, et un homme ne mettra point des vêtements de femme; car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Eternel, ton Dieu.” (Dt, 22,5) ] comme il brandirait le Saint Graal.
C’est écrit noir sur blanc !
Ce n’est même pas soumis à interprétation !
Une femme ne peut porter des habits d’homme
sans être en abomination devant l’Éternel.
Depuis qu’elle a quitté son village de Domrémy
Jeanne chevauche, Jeanne combat
Jeanne a troqué sa jupe longue contre des jambières
Son foulard dans les cheveux contre un chapel de fer [10“Chapel de fer” : ainsi se nommait le casque médiéval à l’époque de Jeanne d’Arc. ]
La mascarade de Saint-Ouen
La comédie a assez duré
Le procès ne donne rien, il faut des actions d’éclat.
Que la prisonnière abjure ses crimes, de gré ou de force.
La séance suivante aura lieu en public
au cimetière de Saint-Ouen
le 24 mai 1431
Jeanne, enchaînée, humiliée, ne tremble pas
tandis que ses juges lisent une cédule d’accusation.
La foule attend, ne comprenant pas tous les enjeux de la scène ;
témoins silencieux, complices malgré eux.
Jeanne ne veut pas signer
Mais Cauchon doit la faire signer
Il a été engagé pour ça
et compte bien aller jusqu’au bout, dût-il y condamner son âme
Cauchon ! Cauchon ! Cauchon !
Serpent
Âne
Mouton
Jeanne ne tremble pas.
Au contraire, elle en appelle au pape !
Solennellement
Fermement
Publiquement
Cet appel résonne encore à travers les siècles.
Cet appel à l’arbitrage du Saint Siège est censé suspendre la procédure.
Mais Cauchon s’en moque.
Le pape est loin.
On s’approche d’elle avec la cédule
On se met autour d’elle
Puis on brandit le texte devant la foule
Jeanne a signé son abjuration !
C’est une mascarade. [11Cette scène de l’abjuration au cimetière de Saint-Ouen est le passage le plus controversé du procès de Jeanne d’Arc. En 1456, lors du procès en réhabilitation, les langues se délient et la manipulation de Cauchon apparaît au grand jour. Le “guet-apens” judiciaire qu’il a tendu à Jeanne ne fait plus aucun doute, même si, bien sûr, de nombreuses zones d’ombre subsistent. Lien intéressant sur les détails de cette journée folle ici, qui se base sur le livre de Henri Wallon écrit en 1860.]
Peu importe pour Cauchon
Que le document ait été effectivement signé ou non
Il peut maintenant la condamner à la prison à vie.
Sa mission est terminée.
Les Anglais ne l’entendent pas ainsi.
Vivante, elle garde son influence
la question ne se pose même pas
la pucelle doit brûler.
Mais on ne brûle pas une repentie.
Cauchon retourne au charbon.
Le piège se referme
Alors il lui tend un piège.
Cauchon, homme de dieu, de qui tiens-tu ton inspiration ?
Le plan est diabolique.
Jeanne qui croit que tout est fini
Qu’à défaut de recouvrer la liberté
elle obtiendrait enfin un peu de tranquillité. [12En fait de tranquillité, ses geôliers eurent l’ordre de la violer durant 4 jours, du 24 au 28 mai, sur ordre de Cauchon. L’évêque, semble-t-il, pense qu’il a partie gagnée et s’abaisse aux pires des outrages. Miracle ou force de persuasion de Jeanne envers ses agresseurs ? Toujours est-il qu’aucun gardien n’obéit aux ordres et que la Pucelle le demeura jusqu’à sa mort…]
Sur ordre de Cauchon,
le 28 mai 1431
ses geôliers lui posent négligemment des vêtements dans sa cellule. [13Jeanne était attachée au fait de garder des vêtements d’hommes, même durant son procès. C’est par la force, et seulement le 24 mai 1431 – le même jour que la scène du cimetière de Saint-Ouen – qu’on lui enlève ses vêtement et qu’on lui impose de s’habiller comme une femme. Cela fait partie de la stratégie de Cauchon pour se rallier l’opinion publique : symboliquement, le fait de changer de vêtements prouve la prétendue abjuration de ses crimes passés. ]
Des vêtements d’homme.
À nouveau.
Comme des reliques de sa gloire passée.
À peine est-elle habillée que Cauchon fait irruption dans la cellule.
Ah !
Il feint la surprise.
Jeanne, qui a abjuré et renoncé à porter ses habits d’homme
vient de recommencer !
Relapse. [14Relapse : dans la religion catholique, celui ou celle qui est retombé.e dans l’hérésie après l’avoir abjurée.]
Hérétique.
Encore.
Le comportement de Cauchon pose ensuite question.
Il tente encore de faire abjurer Jeanne
Qu’elle abjure vraiment.
Sincèrement.
Il lui parle
La manipule
Rien n’y fait, évidemment.
Il a pourtant toutes les cartes en main pour condamner Jeanne au bûcher.
Ses aveux sont maintenant superflus.
Cherche-t-il seulement à se convaincre que ses actions étaient justes ?
N’œuvre-t-il, à cet instant,
que pour le salut de sa propre âme ?
S’il est fourbe et cruel, Cauchon n’en reste pas moins croyant.
Et derrière sa cuirasse de juge, son cœur se pose mille questions.
Mais il est trop tard.
S’il avait vécu plus longtemps, Dante lui aurait sans doute réservé
une place dans les premiers cercles des Enfers. [15Référence, bien sûr, à la Divine Comédie ; Dante étant mort en 1321 et le procès de Jeanne ayant eu lieu en 1431.]
Épilogue
La mort de Jeanne fut celle d’une sainte.
D’une martyre.
Sacrifiée au nom de la politique de ses ennemis
et par la faiblesse de son propre souverain.
Ses cendres furent jetés à la Seine.
Il fallait que, de Jeanne, il ne reste plus rien.
Illustrations
Illustrations par © Isy Ochoa
Ne pas utiliser les illustrations sans notre consentement.
Notes
1. | ↑ | Dans la scène 4 nommée “Jeanne livrée aux bêtes” de son oratorio Jeanne au Bûcher (1935), le compositeur Arthur Honegger joue avec l’homonymie entre Pierre Cauchon, l’évêque qui préside le procès de la Pucelle d’Orléans, et un cochon : L’APPARITEUR : Qui se propose pour juger Jeanne d’Arc ? – PORCUS : Moi ! Moi ! Moi ! Moi ! Je me propose pour juger Jeanne d’Arc. – L’APPARITEUR : Qui êtes-vous ? Comment vous appelez-vous ? – PORCUS : Ego nominor Porcus. Je m’appelle Cauchon ! Moi, moi. Je suis, je suis le Cauchon ! |
2. | ↑ | Réfugié à Bourges alors que les Bourguignons, alliés aux Anglais, prennent le pouvoir dans la capitale, le dauphin Charles gagne le surnom ironique de “petit roi de Bourges”. |
3. | ↑ | Bien sûr, l’expression de la “guerre de Cent ans” est anachronique. Charles VII ne pouvait ainsi penser le conflit séculaire qui opposait la France à l’Angleterre. Ce n’est d’ailleurs qu’au XIXe siècle que l’expression “Guerre de Cent Ans” s’impose pour qualifier le conflit qui dura de 1337 à 1453. |
4. | ↑ | On connaît précisément les questions posées à Jeanne et les réponses qu’elle apporta grâce aux manuscrits d’Urfé et d’Orléans qui retranscrivent le contenu du procès.Cette réponse de Jeanne porta un grand coup au moral des ecclésiastiques chargés de la juger (ou plutôt chargés de la condamner). Les réponses de Jeanne étaient brillantes, intelligentes, inspirées. Difficile dans ce contexte de trouver la moindre faille dans son système de défense pour la condamner. |
5. | ↑ | L’Inquisition est bien présente lors du procès de Jeanne d’Arc. Elle est représentée par le vice-inquisiteur de Rouen, le Frère Jean Le Maître. Attention cependant à ne pas tomber dans l’image d’Épinal d’une Inquisition indigne de l’Église, condamnant aux bûchers à tour de bras et faisant régner la terreur sur le territoire. La réalité historique est bien plus nuancée que cela. D’ailleurs, c’est aussi un inquisiteur, Jean Bréhal, qui présidera le procès en réhabilitation de Jeanne d’Arc en 1456. |
6. | ↑ | dolent, adj. Celui qui a mal, celui qui souffre. |
7. | ↑ | Paradoxalement, c’est d’ailleurs pour cela que, quelques années après le jugement de Jeanne, Charles VII lance un procès en révision. La réhabiliter, c’est faire en sorte que l’Histoire ne retienne pas qu’il devait son trône à une sorcière. |
8. | ↑ | Lors du procès en réhabilitation de Jeanne de 1456, les nombreuses entorses à la procédure sont mise à jour. Des personnes ayant participé au procès témoignent des pressions que l’évêque de Beauvais leur a fait subir pour qu’ils gardent le cap des accusations et ne se laissent pas envahir par le doute. |
9. | ↑ | Livre de l’Ancien Testament qui contient notamment le récit des derniers discours de Moïse aux Israélites. Il y est écrit : “Une femme ne portera point un habillement d’homme, et un homme ne mettra point des vêtements de femme; car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Eternel, ton Dieu.” (Dt, 22,5) |
10. | ↑ | “Chapel de fer” : ainsi se nommait le casque médiéval à l’époque de Jeanne d’Arc. |
11. | ↑ | Cette scène de l’abjuration au cimetière de Saint-Ouen est le passage le plus controversé du procès de Jeanne d’Arc. En 1456, lors du procès en réhabilitation, les langues se délient et la manipulation de Cauchon apparaît au grand jour. Le “guet-apens” judiciaire qu’il a tendu à Jeanne ne fait plus aucun doute, même si, bien sûr, de nombreuses zones d’ombre subsistent. Lien intéressant sur les détails de cette journée folle ici, qui se base sur le livre de Henri Wallon écrit en 1860. |
12. | ↑ | En fait de tranquillité, ses geôliers eurent l’ordre de la violer durant 4 jours, du 24 au 28 mai, sur ordre de Cauchon. L’évêque, semble-t-il, pense qu’il a partie gagnée et s’abaisse aux pires des outrages. Miracle ou force de persuasion de Jeanne envers ses agresseurs ? Toujours est-il qu’aucun gardien n’obéit aux ordres et que la Pucelle le demeura jusqu’à sa mort… |
13. | ↑ | Jeanne était attachée au fait de garder des vêtements d’hommes, même durant son procès. C’est par la force, et seulement le 24 mai 1431 – le même jour que la scène du cimetière de Saint-Ouen – qu’on lui enlève ses vêtement et qu’on lui impose de s’habiller comme une femme. Cela fait partie de la stratégie de Cauchon pour se rallier l’opinion publique : symboliquement, le fait de changer de vêtements prouve la prétendue abjuration de ses crimes passés. |
14. | ↑ | Relapse : dans la religion catholique, celui ou celle qui est retombé.e dans l’hérésie après l’avoir abjurée. |
15. | ↑ | Référence, bien sûr, à la Divine Comédie ; Dante étant mort en 1321 et le procès de Jeanne ayant eu lieu en 1431. |
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Djinnzz
PS: ça marche aussi en cliquant sur l'image juste en dessous ↓↓↓↓
popopo ! Encore un petit bijou que vous nous offrez là maître Djinnzz.
Certains passages lyriques sont magnifiques, j’en ai eu des frissons. Voilà pourquoi j’adore ce site !
Je ne connaissais pas tous les détails de ce procès… Ce Cauchon était une belle ordure, tout comme Charles VII et les Anglais d’ailleurs.
Jeanne, victime expiatoire de son époque, partie en fumée sur l’autel de la politique
Ne va pas trop vite en besogne non plus .. Charles VII à permis la reconquête de nombreux territoires français. Ce qui va sans dire, étaient controlés par les troupes anglaises. Il arrête donc les nombreux pillages, violes, tortures, une periode de terreur en sommes.
Les Américains ont repris la même technique pour faire tomber Al Capone…
Jeanne d’Arc a été condamnée à mort pour avoir porté des vêtements d’hommes, « délit »qui paraît bien futile face aux enjeux de la situation.
Al Capone, quant à lui, fut condamné à une lourde peine de prison pour… fraude fiscale ! Les enquêteurs n’avait, comme Cauchon pour Jeanne, aucune preuve solide pour le condamner pour des faits plus sérieux.
L’histoire étant un perpétuel recommencement… À qui le tour ?
La note de bas de page n°12 est juste horrible. Rien n’aura été épargnée à cette pauvre Jeanne, pas même le viol par ses geôliers. Je ne connaissais pas ce Cauchon, mais c’était un vrai porc ! (jeu de mot tout à fait approprié)
Cauchon portait bien son nom…
Texte très émouvant !
Isy Ochoa, c’est bien l’auteur de Fritz l’éléphant dont vous nous parliez il y a quelques semaines ?
Honnegger ? !
Quel plaisir d’entendre parler de lui ailleurs que sur France Culture ou Telerama…
zmlbz3