La reine vierge et la mode des braguettes
Les Tudors sont une dynastie fascinante, grandiose et terrible à la fois. Elisabeth Ière, « la Reine vierge », en fut une digne représentante.
Je ne m’attarderai pas ici sur les éléments politiques de son règne, mais sur une mode assez surprenante. Lors d’une visite au Musée du Luxembourg, qui consacrait une superbe exposition aux Tudors, mon œil de lynx s’est attaché à un détail des costumes masculins: la braguette, que le goût de l’époque voulait particulièrement proéminente!
La journaliste Colette Gouvion affirme que cette mode nous viendrait des armures, dont certaines présentaient des pièces particulières pour protéger la virilité de ces messieurs (les coquilles des rugbymen ne datent donc pas d’hier). Une visite à la Tour de Londres, dans la salle consacrée aux armures d’Henri VIII m’avait effectivement permis d’en admirer quelques exemples significatifs.
De la guerre ou des tournois, la braguette passe progressivement au monde civil pour devenir un élément incontournable du costume à la Renaissance : broderies, fils d’or, rubans, tout est bon pour attirer l’œil et affirmer une virilité triomphante.
Les portraits d’Elisabeth, qui affirma au Parlement qu’il lui suffirait « qu’une plaque de marbre déclare qu’une reine, ayant régné tant de temps, vécut et mourut vierge » sont donc entourés d’hommes qui exposent fièrement leur braguette comme des paons leur queue.
Le premier que nous puissions contempler est le roi Henri VIII, son père. Evidemment, quand on est souverain d’Angleterre, que l’on n’hésite pas à défier le pape et à créer sa religion nationale, que l’on s’est marié six fois et que l’on est inquiet de se trouver un héritier, il y a des choses que l’on tient à mettre en avant. « When you see me, you know me » : tout est dit.
La salle suivante est consacrée à son héritier, le petit Edouard VI, jeune frère d’Elisabeth. Si le portrait présente une grande ressemblance avec celui de son père, la chose est beaucoup moins impressionnante, mais Edouard VI est mort à quinze ans et n’a sans doute pas eu le temps d’affirmer les mêmes appétits que son prédécesseur.
Le petit prince a pourtant pu trouver une utilité aux braguettes car elles servaient aussi de poche, pour y conserver quelques pièces, un mouchoir, voire un fruit que la chaleur ambiante faisait mûrir à point et que l’on pouvait offrir à la dame de ses pensées (romantisme, quand tu nous tiens …).
Enfin, l’exposition présente les prétendants d’Elisabeth. Bien qu’elle ne se soit jamais mariée, la reine a envisagé plusieurs alliances et de nombreux princes lui ont envoyé leur portrait, espérant remporter sa main et l’Angleterre. Parmi eux, le duc d’Alençon, fils de Catherine de Médicis, et de vingt-et-un ans son cadet! Plus chanceux que d’autres princes, François-Hercule (on ne rit pas, ça vaut bien Djayson) eut la satisfaction de se voir attribuer un charmant surnom : dans ses lettres, écrites dans un français délicieux, Elisabeth l’appelle sa grenouille, ce qui n’empêcha pas le mariage de tomber à l’eau !
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Sujet cocasse rondement mené ! 🙂
Merci. Heureuse que l’article vous plaise. 🙂
Génial ! Erudit et souriant, tout ce que j’aime !
Merci pour vos articles à la fois amusants et instructifs. J’aimerais pourtant vous signaler que les rugbymen n’utilisent généralement pas de coquilles, contrairement à ce que vous affirmez. Je ne joue plus depuis longtemps, mais je peux vous affirmer que je n’ai jamais vu aucun joueur de rugby porter une coquille et que ce sujet n’apparaissait jamais dans les conversations. Merci encore.