[Anecdote] La surprenante prise du château Gaillard
Aujourd’hui, nous allons découvrir le Château Gaillard au travers d’une anecdote fort sympathique, qui devrait ravir petits et grands.
Commençons par les présentations de base: le château Gaillard est une forteresse médiévale, aujourd’hui en ruines, situé à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Paris dans la commune des Andelys.
À ne pas confondre, donc, avec la commune de Château-Gaillard située dans l’Ain, à quelques 600 kilomètres de là !
C’est Richard Cœur de Lion en personne qui décide de sa construction en 1197. Qu’un roi anglais fasse construire un château sur le territoire français peut paraître surprenant, si on oublie le rôle crucial que joua Aliénor d’Aquitaine… Cette dernière, lorsqu’elle fut répudiée par son époux royal Louis VII, alla se consoler dans les bras du roi anglais Henri II. Nous sommes alors en 1152, et, par le jeu des possessions familiales, Aliénor offre ainsi un territoire immense à l’Angleterre et fait entrer le ver dans le fruit !
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos cœurs de lion…
En deux petites années (un exploit en soi), le chantier est bouclé. Lorsqu’il vit pour la première fois la construction achevée, Richard Cœur de Lion se serait exclamé, selon la légende : « Que voilà un château gaillard ! »… le nom est resté.
C’est vrai qu’il semble costaud, ce château. Perché à environ 90 mètres d’altitude, il surplombe la Seine et permet de contrôler toute la région. Cette situation géographique privilégiée et sa masse imposante lui permettent très vite de se tailler une solide réputation d’imprenabilité…
Hélas, le bon Richard ne profitera pas bien longtemps de son beau château, il mourra l’année suivante, en 1199, laissant son trône à son frère, Jean sans Terre le mal-aimé.
Et c’est maintenant que les choses sérieuses vont commencer !
Philippe Auguste commence à en avoir assez de tous ces Anglais qui s’installent sur son territoire. En 1203, il passe ses troupes en revue et décide de passer à l’action… Des milliers d’hommes en armes, des « Français », se dirigent vers le château Gaillard, bien décidés à « bouter les Anglais hors de France ».
(si vous me permettez, bien sûr, le réemploi de cette expression attribuée à Jeanne d’Arc, qui ne verra le jour qu’un siècle plus tard !)
Hélas, le château semble fidèle à sa réputation. Arrivés au pied de la colline, il faut se rendre à l’évidence: lancer une attaque est impossible. Le siège est la seule solution possible… Bon gré mal gré, le roi de France fait creuser deux larges fossés tout autour du château qu’il hérisse de quatorze beffrois. Une technique semblant tout droit empruntée à Jules César quand il assiégea Alésia !
Une longue bataille d’usure commence, chacun des deux camps attendant que l’ennemi présente des signes de faiblesse. Les semaines, les mois passent.
Les Anglais vont être les premiers à craquer. A court de vivre, ils doivent sacrifier les bouches inutiles. 1200 habitants du village voisin qui avaient trouvé refuge au château avant l’arrivée des troupes de Philippe Auguste vont en faire les frais. Chassés du château, les malheureux se retrouvent coincés entre les deux camps et ne tarderont pas à mourir de faim et de froid… Triste sort qui rappelle, une fois encore, la prise d’Alésia par Jules César durant laquelle un groupe d’hommes et de femmes connurent exactement le même sort !
(l’histoire est un éternel recommencement)
(il paraît)
Philippe Auguste est sans doute partagé entre le plaisir de voir son ennemi ainsi affaibli et le spectacle horrible de centaines de malheureux hurlant, se lamentant, implorant la pitié de l’un des deux camps…
L’attente, ça n’a jamais vraiment été le fort de Philippe Auguste. Depuis des mois, il scrute les murailles, inspecte les moindres recoins pour tenter de trouver le moyen de percer les défenses ennemies. La clef de la réussite, c’est un certain Bogis, un homme de petite taille, qui va lui donner… Ce dernier parvient à s’infiltrer dans une toute petite ouverture destinée à l’écoulement des eaux usées… Infiltré au cœur du château, il parvient sans mal à ouvrir les portes de la forteresse aux troupes françaises qui peuvent – enfin ! – passer au fil de l’épée tous ses occupants…
Une belle histoire, n’est-ce-pas ? Malheureusement, l’épisode des latrines semble peu crédible… Il est beaucoup plus probable que les troupes de Philippe Auguste soient entrées dans le château de façon plus « traditionnelle ». Mais qu’importe! Une belle légende vaut parfois mieux qu’une histoire un peu fade…
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Djinnzz
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tres bien sa ma aide pour faire un exposee
Génial ! Merci pour ce joli moment d’histoire dit avec humour qui m’a fait passer un bon moment tout sourire !